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Les dangers d’une renaissance inférieure

Bouddha nous enseigne que sans changer de manière significative notre comportement nous allons prendre encore et encore une renaissance dans le samsara. Cette vie que nous possédons actuellement n’est pas la seule que nous ayons eue, et il y en aura d’autres après. Une renaissance humaine n’est pas garantie, loin de là. Il y a un grand danger de renaître dans un autre type de corps qu’un corps humain. Nous pouvons bien prendre une renaissance dans les règnes inférieurs là où la qualité de vie n’est pas aussi favorable que celle que nous avons actuellement. Par exemple, si nous prenons une renaissance en tant qu’animal. Cette situation nous paraît pour le moins étrange, comment cela se peut-il? L’esprit est un continuum sans commencement et sans fin dont la fonction est de percevoir, de connaître les objets et les phénomènes. Ainsi, est-ce qu’un animal perçoit, reconnaît les objets et les phénomènes? La réponse est oui. Nous pouvons facilement le vérifier avec les animaux domestiques qui partagent notre vie, car ils possèdent eux aussi ces capacités qui sont spécifiquement liées à l’esprit.  Nous pouvons donc alors à l’avenir prendre une renaissance en tant qu’animal pourquoi pas.

Danger-Règnes-01 Il nous semble impossible d’imaginer ou de concevoir que l’esprit d’un animal n’a pas toujours été dans le corps de celui-ci. Que par exemple l’esprit de notre chat n’a pas toujours été dans ce corps-là. L’esprit actuel de notre chat a pris dans le passé d’innombrables renaissances, dans un corps différent de celui d’un chat et certainement aussi dans un corps humain. L’esprit présent dans ce corps de chat a le potentiel de prendre à nouveau une renaissance dans un corps humain également. Ainsi l’esprit passe d’une vie à l’autre, d’un corps à l’autre tel un migrateur qui va d’un endroit à l’autre. Nous-mêmes, actuellement dans ce corps humain sommes soumis à ce processus de renaissances incontrôlées. En fait, le type de renaissance à l’avenir dépend essentiellement de la nature de notre karma au moment de la mort. Et notamment dans le cas de karma négatif, nous nous dirigerons vers une destination malheureuse, une renaissance dans les règnes inférieurs. Ces règnes sont : le règne animal, le règne des esprits affamés, le règne des enfers. Renaître dans un de ces trois règnes nous prédestine à de grandes souffrances de plus en plus conséquentes suivant le règne en question.

Quel intérêt y-a-t-il de savoir cela? Pourquoi devons-nous nous intéresser à ce qui se passe dans les règnes inférieurs? Quelles sont les causes qui nous amènent à prendre une renaissance inférieure? Bouddha, avec bienveillance, nous met en garde des dangers d’une renaissance inférieure et nous encourage à nous protéger de ces destinations malheureuses. Alors, nous pouvons avoir différentes Danger-Règnes-02attitudes selon notre état d’esprit.  Soit nous connaissons les conséquences d’une telle renaissance et nous faisons tout ce qui est nécessaire pour nous préserver. Soit nous ne savons pas ou bien nous relativisons son importance et nous créerons sans nous en rendre compte les causes de celles-ci. Soit nous avons pris connaissance de cet avertissement sans trop y croire, ce qui va nous dissuader de faire quelque chose afin de l’éviter. Dans ce dernier cas, nous pouvons nous tirer d’affaire en nous posant la question : « Et si c’était vrai, que cela me projettera dans un des règnes inférieurs? », « N’aurais-je pas intérêt à prendre quand même des précautions? ».

De quelles précautions s’agit-il et quelles sont les causes d’une renaissance inférieure? Il s’agit d’abandonner la non-vertu, de chercher refuge en les trois joyaux, Bouddha, le dharma et la sangha. Et notre protection consiste à pratiquer la vertu qui revient à accumuler du mérite en créant du karma positif tout en évitant du mieux que nous pouvons le mûrissement de karma négatif. Nous devons éradiquer toute potentialité négative de notre karma qui Danger-Règnes-03conduirait à prendre ce type de renaissance. Nous devons contempler les dangers d’une renaissance inférieure afin de mettre en place une protection efficace dans notre esprit. Du moment que nous sommes informés, nous pouvons activer une protection. Maintenant nous avons les meilleures conditions qui soient pour mettre en place celle-ci. Pourquoi? Parce que contrairement aux êtres des règnes inférieurs, avec  notre renaissance en tant qu’être humain, nous avons toutes les libertés et les dotations qui nous offrent la meilleure opportunité d’y parvenir.

Si actuellement nous jouissons d’une précieuse vie humaine, ce n’est pas par hasard. Toutes nos expériences passées y compris le fait de prendre une renaissance humaine sont un ensemble de causes et de conditions que nous procure cette vie.  Du point de vue du karma, toutes nos expériences découlent de causes et de conditions bien précises. Le résultat du mûrissement de celles-ci détermine la nature de notre renaissance. Prendre une renaissance humaine est le fruit d’avoir pratiqué entre autres la discipline morale dans nos vies passées. En d’autres termes d’avoir délibérément et consciemment agit par des actions qui sont causes de bonheur et éviter de faire des actions qui sont causes de souffrance pour les autres. Lorsque nous essayons du mieux que nous pouvons de nous engager uniquement dans des actions bénéfiques et de nous abstenir d’actions qui sont cause de souffrance, nous pratiquons ce qui s’appelle la discipline morale. Si nous comprenons les causes d’une renaissance inférieure, nous comprenons en quoi des pratiques telle que la discipline morale nous protégerons de ce danger.

Rédigé d’après ma transcription et mes notes d’un enseignement du Programme d’Étude reçu au Centre Atisha de Genève en 2013

Réflexions sur la dépendance

Tout le monde sait plus ou moins ce que dépendance veut dire. Pour mieux comprendre son fonctionnement du point de vue de l’esprit, il est intéressant d’approfondir cet état que nous connaissons tous. Nous pouvons être dépendants aussi bien de personnes  que de choses matérielles. Dans cet article, nous contemplons la dépendance aux choses matérielles . Celle-ci se développe essentiellement à partir de trois perturbations mentales qui sont l’ignorance,  l’attachement et la préoccupation du soi. Qu’est-ce que la dépendance ? C’est un état d’esprit qui nous convainc que notre bonheur dépend de la possession d’un objet ou que son manque et notre séparation de celui-ci nous rend malheureux. Pourquoi ?

Parce que notre ignorance de saisie d’un soi nous persuade qu’il y a bien un objet là à l’extérieur de notre esprit, nous croyons fermement que l’objet possède le pouvoir de nous donner ce bonheur. Or, il n’y a aucun objet qui existe en dehors de l’esprit. Bouddha nous dit que le monde dans lequel nous vivons est semblable à un rêve. Et tout ce que nous connaissons depuis toujours est qu’une simple illusion. Pour assouplir et faire disparaître cette croyance nous devons nous familiariser avec cette vérité : le monde du rêve et le monde de notre quotidien sont pareils et leurs apparences sont fallacieuses. Pourtant dépendance-02nous faisons continuellement cette discrimination. Ou encore lorsque par exemple nous sommes au cinéma, bien que le film soit une succession d’images projetées sur un écran, nous nous laissons prendre par l’histoire et ressentons les mêmes impressions que dans la réalité à l’extérieur de notre esprit. Lorsque nous sommes devant une publicité pour l’objet de nos rêves, celui-ci nous paraît bien réel et attise notre désir de le posséder.

dépendance-03La préoccupation de soi est un état d’esprit par lequel nous nous préoccupons plus de nous-mêmes que de toute autre personne. C’est un état d’esprit qui considère que nous sommes suprêmement importants et que notre bonheur est plus important que celui de tout autre personne. Et persuadés que certains objets nous sont indispensables nous aménageons notre vie autours de ceux-ci. Finalement nous sommes entourés de choses qui conditionnement notre existence. Il suffit alors qu’une de ces choses vient à manquer pour que nous soyons malheureux. Notre société tend à créer une forte dépendance de l’être humain que nous sommes à une multitude dépendance-01de produits. Par exemple,  la plupart d’entre nous avons un ordinateur, un téléphone portable. Qu’est-ce-qui se passe si l’un ou l’autre vient à manquer ? Nous sommes désemparés, nous souffrons de cette perte,  même momentanée. Pour ne pas succomber à ces dépendances à toutes ces choses, nous devons relativiser leur importance dans notre vie.

L’attachement est un état d’esprit qui voit son objet d’attachement comme attirant, exagère ses qualités, développe une vue exaltée de celui-ci et cherche à se l’approprier. Par la préoccupation du soi qui magnifie notre importance et notre attachement, nous développons toutes sortes d’arguments en notre faveur pour justifier la possession de l’objet. De notre propre expérience nous pouvons voir à quel point l’attachement trouble notre esprit et nous fait perdre le contrôle. La société de consommation dans laquelle nous vivons a bien compris notre faiblesse et l’exploite sous toutes les formes pour nous faire succomber à la tentation. Et si nous ne pouvons assouvir notre envie de possession nous sommes malheureux. Bouddha nous enseigne que le monde des humains se trouve dans le règne du désir parce que nous sommes sous l’emprise de l’attachement désirant. Et il est très difficile pour nous de faire cesser cet état d’esprit en nous.

En conclusion pour diminuer l’effet néfaste de la dépendance dans notre vie, nous pouvons profiter des choses matérielles que nous avons mais sans attachement. Ceci me rappelle une citation de mon enseignant qui nous disait : « Prendre plaisir,  sans saisir ». Nous pouvons encore avec profit pratiquer l’opposant à la dépendance qui est le contentement (Voir L’Art du contentement déjà publié). Dans « La lettre amicale », Nagardjouna dit : « Soit toujours satisfait. Si tu pratiques le contentement, tu est riche même si tu ne possède rien ».

  Compilé d’après mes notes d’un enseignement donné par Kadam Ryan sur le thème de « Surmonter la dépendance aux autres » et mes lectures de la « Voie Joyeuse » de Guéshé Kelsang Gyatso, aux Ed. Tharpa.

Notre démarche spirituelle

Comme cette démarche est un cheminement intérieur, celui-ci est balisé par des observations importantes décrites ci-dessous qui nous ont été transmises en introduction au programme fondamental « Huit Etapes vers le Bonheur » au Centre Atisha de Genève en 2008. J’ai revisité l’enregistrement de cet enseignement que je voudrais partager avec mes lectrices et mes lecteurs.

Dem-spirit-01Première observation. Chaque être sans exception, même le plus petit insecte, possède le désir fondamental, un objectif commun, celui d’être libre de toute souffrance et d’être heureux tout le temps. Toutes nos actions et tout ce que nous faisons contribuent à l’accomplissement de ce but. Au premier abord, ce n’est pas forcément évident de comprendre à quel point cela est vrai pour tous les êtres. Il nous semble plutôt que notre motivation principale est par exemple d’avoir un bon travail ou de fonder une famille ou tout autre objectif personnel dans la vie ordinaire. Et tout ce que nous faisons qui va dans cette direction nous paraît être la vraie raison. Mais si nous nous posons la question : « Pourquoi mon travail est-il si important, pourquoi tel objectif personnel est si important », nous ne tarderons pas à formuler la réponse : « C’est parce que cela contribue indirectement à notre bonheur ». À l’origine de tout objectif de notre vie se trouve la motivation d’être heureux et libre de souffrance, de faire uniquement l’expérience du bonheur.

Deuxième observation. Depuis des temps sans commencement nous avons eu ce désir essentiel pour nous de faire l’expérience d’un bonheur permanent, sans la moindre souffrance. Hélas. À ce jour nous n’avons pas réussi à accomplir ce que nous cherchions. Oui, bien sûr par moment nous rencontrons de courtes périodes de bonheur exemptes de souffrance. Mais souvent aussi nous sommes fatigués, stressés; nous nous sentons épuisés par les difficultés et les problèmes. Nous sommes parfois très impatients lorsque nos désirs ne se réalisent pas immédiatement dans notre vie. Il arrive que nous sommes déçus par la tournure de notre vie et pensons : « Ce n’est pas ainsi que j’avais imaginé ma vie! ». Nous avons l’impression que les problèmes et les contrariétés se succèdent comme les vagues d’un océan. Toutes ces expériences ont quelque chose en commun, c’est leur impermanence. Nous croyons avoir trouvé le bonheur que déjà il nous échappe, nous avons soulagé une souffrance que déjà une autre se manifeste.

Dem-spirit-02Troisième observation. La raison pour laquelle nous n’avons pas trouvé le bonheur est que nous n’avons pas adopté la bonne stratégie pour le trouver. Jusqu’à ce jour, nous recherchons principalement le bonheur dans les conditions extérieures, la possession de biens matériels, un bon travail, de l’argent en suffisance, un statut social, des amis, une famille et ainsi de suite. Dans notre société, nous pensons que le bonheur dépend de ces choses extérieures. Il suffit de regarder les innombrables publicités en tous genres qui nous font miroiter le bonheur comme un bien de consommation. Nous rencontrons dans notre entourage des gens qui ne sont pas reconnus pour la simple raison qu’ils ne possèdent pas ce qui est jugé comme la normalité dans notre société. Nous souffrons de vouloir trouver le bonheur par l’assouvissement de nos désirs samsariques. Nous n’avons pas le contrôle de notre réputation, de notre situation. Nous sommes comme un cerf-volant qui est poussé dans la direction du vent dans tous les sens, les vents de notre karma.

Quatrième observation. Le bonheur est un état d’esprit. Le bonheur est un phénomène intérieur. C’est une impression intérieure, une quantité d’émotions et de sensibilité manifestée dans notre esprit. Et s’il s’agit d’un phénomène intérieur sa cause doit forcément être intérieure. Notre bonheur dépend de notre esprit. Toutes les conditions extérieures de leur côté sont neutres, elles sont ni bonnes ni mauvaises, mais dépendent de notre esprit. Si nous sommes heureux avec un certain environnement et malheureux avec un autre, cela dépend uniquement de notre état d’esprit. Les conditions extérieures existent en relation dépendante de notre esprit. Si nous adoptons un point de vue positif et constructif, même si les conditions extérieures sont exécrables, nous sommes heureux.
Au contraire, si nous avons un point de vue négatif dans un environnement parfait, nous resterons malheureux. Et au lieu de se poser la question « Qu’est-ce qui se passe dans le monde extérieur? », posons-nous la question « Qu’est-ce qui se passe dans mon esprit? ».

Dem-spirit-04Cinquième observation. Si le bonheur est quelque chose d’intérieur, quel est l’ingrédient-clé qui permet de nous approprier cette sensation de bonheur? Que devons-nous ajouter à nos états d’esprit pour obtenir ce résultat? Bouddha nous enseigne que ce qui nous manque est la paix intérieure. Si notre esprit est en paix, nous sommes heureux. Si notre esprit n’est pas en paix, même si les choses extérieures sont parfaites, nous ne sommes pas heureux. Malgré toutes les améliorations que nous propose le monde actuel, les conditions extérieures seules ne nous rendront jamais heureux. Si nous voulons atteindre notre but qui consiste à être heureux tout le temps, nous devons apprendre à maintenir notre esprit en paix en toute circonstance. Aussi longtemps que notre esprit est privé de cette paix intérieure, de changer les conditions extérieures n’apportera aucune solution viable. Rien ne sert de vouloir transformer le monde pour qu’il soit conforme à nos désirs arbitraires il suffit juste de changer notre état d’esprit pour avoir cette paix intérieure.

Sixième observation. Quelles sont donc les causes de notre paix intérieure? Nous connaissons tous les états d’esprit qui détruisent notre paix intérieure. Ceux-ci sont le fruit de nos perturbations mentales. La colère, la jalousie, l’attachement, l’aversion, le doute, l’ignorance sont autant de causes de l’absence de paix intérieure dans notre esprit. Ce qui fait croître notre paix intérieure sont les états d’esprit vertueux tels que l’amour, la compassion, le contentement, l’appréciation de notre précieuse vie humaine. Plus nous cultiverons ces qualités plus notre esprit sera en paix. Sans perdre de vue le but de notre vie spirituelle qui est d’obtenir un vrai bonheur, libre de toute souffrance, nous devons progressivement abandonner toutes nos perturbations mentales et les remplacer par des états d’esprit vertueux. Nous n’avons plus besoin d’être malheureux dans les situations extérieures parce que chacune d’entre-elles nous offrent l’opportunité de générer le bonheur en contrôlant notre esprit.

Compilé d’après un enseignement de Kadam Ryan lors de l’introduction au Programme fondamental donné en septembre 2008 au Centre Atisha de Genève.

Les autres nous révèlent qui nous sommes

Reveler-01Lorsque nous vivons notre quotidien, nous avons de temps à autre un peu d’estime pour ce que nous sommes. Parfois même nous exagérons ce sentiment en pensant que nous sommes un super héros, en maximisant ce que nous croyons être nos qualités et en minimisant ce que nous savons être nos défauts. Sans ambages, c’est du moins de cette manière que sincèrement nous nous percevons. Parfois nous avons une piètre image de nous-même que nous voudrions pourtant améliorer. Alors comment faire? Milarepa disait ne pas avoir besoin de livres, car tout autour de lui pouvait être pris comme un enseignement du dharma. Nous pouvons très bien nous inspirer de cela.

« Bien! Mais tout autour de moi, je ne vois que de la violence, de la colère, de l’intolérance! En quoi tout cela peut être profitable pour moi? » En aucun moment nous nous identifions à ce que nous voyons constamment autour de nous. Nous sommes tellement habitués à percevoir les fautes chez les autres que nous ne voyons plus correctement ce qui se passe dans notre propre esprit. Pourtant, nous pensons aussi : « Moi, je ne suis pas comme cela! Je n’ai pas de telles attitudes fautives! C’est aux autres de changer de comportement et de façons d’agir dans leur vie ». Et nous pensons que les autres ont la responsabilité entière d’éliminer les fautes que nous percevons en eux.

Cette conclusion hâtive est la conséquence de notre ignorance de saisie d’un soi. Celle-ci nous persuade que les autres existent vraiment de manière intrinsèque là en dehors de notre esprit. De ce fait, leur comportement et leurs actions sont entièrement imputables à leur propre esprit et ne nous concernent pas. Mais c’est oublier que la fonction de l’esprit est de tout percevoir et de tout connaître. Par conséquent, le monde que nous expérimentons est le monde auquel nous prêtons notre attention. Et en pensant plus Reveler-02profondément à cela, nous réalisons que nous sommes l’unique responsable de tout ce que nous percevons et même des fautes chez les autres.

Si nous investissons la quasi-totalité de notre attention à observer uniquement les fautes des autres, il nous semble que la presque totalité des gens que nous percevons sont mauvais et sous l’emprise de leurs mauvaises intentions. Mais ce que nous voyons chez les autres est la manière subjective de notre esprit de projeter sur eux ce que nous croyons leur appartenir de leur propre côté. C’est de cette façon que nous créons « des ennemis », « des amis », « nos collègues aimés ou mal-aimés » et ainsi de suite. Généralement, nous créons tous les êtres qui se manifestent dans notre vie. C’est une réalité que nous avons souvent de la peine à admettre, parce que nous n’avons pas suffisamment de compréhension de la vacuité des objets et des phénomènes.

Reveler-03Il y a différentes possibilités d’approfondir notre compréhension sur ce sujet. Nous pouvons par exemple prendre le mécanisme du rêve. Lorsque nous rêvons, les personnages de notre rêve nous paraissent exister vraiment car nous sommes capables de vivre avec eux toutes sortes de sensations et d’émotions. Avec l’esprit du rêve, nous n’avons aucun doute quant à leur existence et à leurs actions bonnes ou mauvaises. Sommes-nous responsables des fautes et des actions des personnages de notre rêve? Oui, car l’intégralité du rêve, les personnes et leurs actions sont l’expérience créée par l’esprit du rêve. Si de telles personnes faisant de telles actions existaient vraiment de manière intrinsèque, elles continueraient d’exister au moment de notre réveil. Pourtant, toutes ces personnes disparaissent complètement. Elles ne sont ni venues d’un quelconque endroit ni reparties nulle part. Alors, finalement où sont ces êtres violents, colériques et intolérants que nous rencontrons tous les jours? Si nous voulons améliorer notre vision du monde, cela se produira qu’en dépendance des changements que nous faisons dans notre esprit en fonction de ce que nous percevons chez les autres.

Inspiré de mes lectures des enseignements transmis par Kadampa Ryan sur son blog en 2013

Les bienfaits de la purification de notre esprit

Purification-01Ces bienfaits se concrétisent lorsque nous générons une profonde envie de purifier notre karma négatif. Pour réaliser cela, nous devons avant toute chose bien comprendre ce qu’est le karma, pour ensuite s’intéresser au lien qui existe entre le karma et la purification de l’esprit. En lisant les enseignements tels que ceux que nous trouvons dans le livre « La Voie Joyeuse »(*) nous comprenons que ce lien est évident. Ainsi, sans croire et comprendre les mécanismes du karma, nous n’aurons aucun désir de le purifier. À l’inverse, si nous comprenons le karma et si surtout nous croyons à son implication dans notre vie nous aurons un grand désir fort et constant de le purifier. Dans ces conditions, nous allons naturellement nous engager dans des pratiques de purification. Notre succès dépendra de la force et de la constance avec lesquelles nous maintenons notre désir et notre envie de le faire. Car si nous agissons à contrecœur ou sans grande conviction des bienfaits de le faire, nos actions de purifications seront moins puissantes. Sans cette motivation il nous sera facile d’abandonner notre objectif de purification.

La compréhension de la loi du karma nous amène directement à appliquer des pratiques de purification. En mettant en place une méthode efficace pour éliminer de notre esprit toutes les potentialités négatives responsables de nos souffrances nous avons la possibilité de purifier notre esprit. Du karma négatif actuellement dans notre esprit résultent directement toutes nos expériences en cours. Le karma négatif que nous créons maintenant par nos actions négatives nous conduira à faire encore l’expérience de la souffrance dans le futur. Le karma négatif est semblable à une multitude de bombes à retardement qui vont inéluctablement exploser tôt ou tard. Lorsque nous purifions notre esprit, nous désamorçons ces mêmes bombes. Nous éliminons ainsi de notre esprit les causes racine de tous nos problèmes et de toutes nos souffrances à venir.

Purification-02Comment avoir cette forte envie de purifier notre esprit? En connaissance de cause, cela devrait être quelque chose que nous aurions envie de faire continuellement tous les jours. Purifier notre esprit devrait être aussi évident  qu’entretenir et soigner notre corps. Comment arriver à avoir le souhait de « laver » notre esprit aussi souvent que nous allons laver notre corps? Tout simplement en constatant l’intérêt de le faire et le danger de ne pas le faire. Cela revient à contempler dans les deux cas ce qui nous attend. La présence actuelle de karma négatif qui mûrit est décelable à travers nos expériences en cours. Ainsi par exemple, si nos objectifs tardent à se réaliser cela est dû aux obstructions qui font obstacle à ceux-ci. Si nous répétons inlassablement les mêmes erreurs, si nous avons de la difficulté à obtenir satisfaction de ce que nous entreprenons, si nos relations sont instables, tout ceci est dû à la présence de graines karmiques négatives qui agissent dans notre esprit. Tout ce qui entrave nos objectifs spirituels, nous fait « ramer », est le résultat du mûrissement de notre karma négatif.

Purification-03 Ainsi, plus nous purifions notre esprit et plus cela deviendra facile pour nous dans tous les domaines. Pour cela, nous devons faire place nette dans notre esprit. Car si nous ne le faisons pas notre karma négatif au lieu de diminuer va s’alourdir et nous allons avoir de plus en plus de problèmes tant extérieurs qu’intérieurs, nous plongeant dans la confusion, le découragement, la colère et ainsi de suite. Lorsque nous purifions notre esprit nous nous libérons de tout cela, nous nettoyons tout cela de notre esprit. Dans ce sens nous pouvons alors parler de la légèreté d’un esprit pur. Tout devient plus facile. Ceci se passe dès l’instant où nous comprenons le mécanisme de fonctionnement du karma. Chaque action engendre quatre effets différents qui sont l’effet mûri, l’effet qui est une tendance similaire à la cause, l’effet qui est une expérience similaire à la cause et l’effet environnemental. Pour plus de détails sur ces quatre effets : voir l’article « Pratiquer la purification de son esprit » sur ce blog. Lorsque nous nous engageons dans des actions négatives sous l’emprise de nos perturbations mentales, nous créons de la souffrance pour nous-mêmes et autour de nous et lorsque nous nous engageons dans des actions positives nous créons des expériences heureuses.  Nous ne pouvons pas échapper à ce scénario tant que nous n’avons pas purifié notre esprit. Par sa propre expérience, Bouddha nous a montré comment nous pouvons le faire en appliquant les quatre pouvoirs d’opposition.

(*) »La Voie Joyeuse » de Ghéshé Kelsang Gyatso, aux Ed. Tharpa
Cet article est composé à partir de mes transcriptions d’un enseignement reçu de mon enseignante Kelsang Jigkyob au Centre Atisha de Genève.

L’Art du contentement

Contentement-02L’art du contentement consiste à être satisfait indépendamment de ce qui se passe. C’est comme un sourire qui, prenant naissance en nous, finit par se manifester à l’extérieur. Peu importe notre statut social ou notre condition matérielle, peu importe l’endroit où nous vivons, nous sommes satisfaits. Habituellement, les gens pensent rarement à ce qu’ils ont mais le plus souvent à ce qui leur manque et par conséquent sont insatisfaits. Dans son livre « Huit étapes vers le bonheur » Géshé Kelsang Gyatso définit le contentement par : « Être satisfait de ses propres conditions intérieures et extérieures motivé par une intention vertueuse. Si nous arrivons à cultiver le contentement, cet esprit extraordinaire nous amènera à être heureux tout le temps.

En fait que se passe-t-il lorsque nous n’arrivons plus à être satisfaits, le contraire du contentement? L’insatisfaction de nos propres conditions intérieures et extérieures, motivés par une intention non vertueuse. Alors nous sommes conditionnés par un esprit trompeur à qui il manque toujours quelque chose pour être heureux. Ou encore nous avons ce sentiment de ne pas pouvoir aboutir à ce que nous voulons. Quoi que nous entreprenions, il subsiste toujours ce sentiment d’insatisfaction, d’inachevé. Dans « Les conseils qui viennent du cœur d’Atisha »(*) ce grand enseignant nous dit : « Mes amis, les choses que vous désirez ne donnent pas plus de satisfaction que boire de l’eau de mer. Pratiquez donc le contentement ». Jamais, boire de l’eau de mer nous apportera le sentiment de satiété. En d’autres termes chercher à être heureux en se procurant de telles choses, en réalité ne peuvent pas produire la profonde satisfaction désirée. Atisha poursuit en disant : « Sans la sagesse qui comprend ce qu’est vraiment le bonheur, ce qui produit vraiment le bonheur, nous sommes semblable à quelqu’un qui boit de l’eau de mer ».

Contentement-01Arriver à posséder un esprit heureux et content, quelles que soient les conditions, se produit en dépendance de la sagesse qui comprend ce qu’est vraiment le bonheur et comment les plaisirs du samsara sont par nature une souffrance. Notre bonheur se produit en dépendance de nos états d’esprit et non en dépendance des choses extérieures. Aussi longtemps que nous croyons que c’est en dépendance de tel objet, de telle personne ou de tel autre phénomène, nous continuerons à chercher sans jamais être satisfait de ce que nous allons trouver. Nous ne réalisons pas que le bonheur est si proche, à l’intérieur de notre esprit et nos investigations erronées ne peuvent pas le produire. Comprenant que notre bonheur et notre satisfaction ne proviennent pas des plaisirs ordinaires du samsara nous cessons  de les rechercher là où il est impossible de les trouver. Le jour où nous comprendrons vraiment cela, beaucoup de soucis et de frustrations vont disparaître.

Supposons par exemple un objet tel qu’une montagne. Si la montagne, produisait du bonheur, de manière intrinsèque, voudrait dire que toute personne sans exception allant à la montagne devrait être heureuse. Or, il est possible de ne pas être heureux à la montagne, ne serait-ce que parce que nous avons oublié nos gants. Ceci montre clairement que ce n’est pas la montagne qui produit le bonheur et nous rend heureux, c’est quelque chose d’autre. Le fait d’être à la montagne sans gants n’est pas de son propre côté la véritable cause d’insatisfaction. Ceci illustre que le bonheur, le contentement vient de notre esprit exclusivement, lequel génère des états d’esprit sources de bonheur. Ce ne sont pas les conditions extérieures qui nous rendent heureux ou malheureux mais bien nos états d’esprit correspondants. Alors nous allons progressivement cesser de nous attacher aux conditions extérieures, en pensant que nous n’avons pas de ceci, que nous manquons de cela, que si nous ne sommes pas avec une certaine personne nous sommes malheureux.

Contentement-03Tant que des perturbations mentales s’activent dans notre esprit, inexorablement ce qui nous apparaît sera source d’insatisfactions et de souffrances.  Tant que subsistent des perturbations telles que l’ignorance, la préoccupation de soi, la colère toutes nos expériences seront imparfaites et contaminées à l’image de notre esprit. Ces états d’esprit ne pourront jamais produire la satisfaction et le bonheur que nous recherchons. Quand notre esprit deviendra pur, tout ce qui nous apparaîtra sera pur. Pur dans ce contexte veut dire qui produit du bonheur et élimine la souffrance. Pourquoi n’arrivons-nous pas à obtenir ce bonheur que nous voulons, parce que nous sommes piégés dans le samsara.

Et de conclure, toujours dans les mêmes conseils du cœur d’Atisha : « Mes amis, il n’y a pas de bonheur dans ce marécage qu’est le samsara! Aussi allez jusqu’à la terre ferme de la libération.

(*) Les conseils qui viennent du cœur d’Atisha, dans le livre « Huit Étapes vers le Bonheur », Ed. Tharpa.
Texte compilé d’après un enseignement reçu de Kelsang Jigkyob au IMC-Kailash, le mois passé.

Il faut du temps pour devenir ce que l’on est déjà

Devenir-01La quête primordiale de tout être vivant est d’éviter la souffrance et d’obtenir un bonheur vrai et permanent. Persuadés que les causes substantielles de ce bonheur se trouvent hors de notre esprit dans le samsara, finalement nous ne rencontrons qu’une diminution temporaire de notre souffrance que nous croyons être un bonheur véritable. Ainsi, nous développons beaucoup d’ingéniosité à accumuler des biens matériels et des relations ordinaires convaincus que ce sont des sources de bonheur. Tôt ou tard, ces préoccupations mondaines se révèlent être des sources de souffrance. Puisque le samsara est la création de notre esprit contaminé par ce poison que sont nos perturbations mentales, forcément les objets de notre création seront contaminés.

Devenir-02Le bonheur tant convoité par chacun d’entre-nous se trouve en nous, dans notre esprit-racine, notre graine de bouddha et nous ne le savons pas. Partant d’une eau polluée, pour obtenir de l’eau propre il n’y a rien à ajouter, mais à enlever tout ce qui l’empêche d’être une eau claire et limpide. Cette clarté et cette limpidité, un état de bonheur permanent, sont dans la nature de notre esprit-racine en notre cœur. Par conséquent, cessons de polluer notre esprit par des actions négatives et cessons d’encombrer celui-ci par des objets samsariques qui ternissent notre vraie nature. Tout comme pour l’eau, pour qu’elle garde sa limpidité, pour que notre esprit révèle sa vraie nature nous devons le désencombrer de tout ce qui nous empêche d’être heureux.

Devenir-03Ne comprenant pas la vraie nature des choses et des phénomènes, nous les percevons comme ayant une existence indépendante à l’extérieur de notre esprit. Ainsi, nous développons un fort attachement pour les choses sur lesquelles nous projetons les qualités susceptibles de nous procurer le bonheur et développons une forte aversion pour celles que nous croyons être un obstacle à ce même bonheur. D’où viennent toutes ces obstructions qui dissimulent notre vrai bonheur? À la manière de la gangue qui cache une pierre précieuse, les graines karmiques forment une carapace empêchant notre esprit de se réaliser pleinement. Ces mauvaises graines proviennent d’échos karmiques résultants des actions négatives de nos vies passées.

Pour devenir ce que nous sommes déjà nous ne pouvons changer le passé et pas même le présent. Nous ne pouvons que les accepter tels qu’ils sont. Nous ne pouvons pas empêcher l’effet mûri de notre karma. En revanche nous pouvons préparer les conditions d’un avenir meilleur. Comment? Simplement en cessant de commettre des actions négatives et en purifiant notre esprit de toutes les potentialités qui font obstacle à notre paix intérieure, notre vrai bonheur. Évidemment la tâche est ardue étant donnée la quantité de graines potentielles négatives que nous possédons. Mais si nous ne faisons rien, ce sera encore plus difficile. Et chaque fois que nous succombons à l’une d’entre-elles nous réaffirmons notre volonté de bonheur authentique en développant la perfection de l’effort pour la surmonter. Ne dit-on pas que le succès c’est de se relever une fois de plus que l’on est tombé!

Chercher refuge

Refuge-Ch1En excursion en montagne par une belle journée d’été, nous ne sommes pas à l’abri d’un orage soudain. Dans ce cas nous chercherons au plus vite un abri sûr afin de ne pas être mouillés jusqu’aux os ou pire d’être victime de la foudre. Pourtant, la journée semblait si belle et sans problèmes de météo. Les événements sont parfois imprévisibles. Ce n’est pas seulement dans ce cas précis que nous allons chercher refuge. Ainsi dans la vie trépidante et agitée qui est souvent la nôtre, naturellement nous cherchons des environnements et des endroits paisibles, alors que nous sommes continuellement dans le bruit, le stress et la peur de ce qui peut arriver. Nos portes sensorielles, nos cinq sens, sont continuellement sollicitées par tout ce que perçoit notre esprit. Incapables de discerner l’aspect non-duel des phénomènes, par ignorance nous sommes convaincus de leur existence en dehors de notre esprit. Le plus souvent, nous n’avons pas la force nécessaire et ou la capacité de comprendre cela. C’est pourquoi, nous nous laissons envahir, nous nous laissons prendre en otage par certains aspects de notre quotidien. Alors nous souffrons, nous nous plaignons : « C’est trop de ceci! »; « Pas assez de cela! »; « C’est trop injuste! »; « Il fait trop chaud »; « Cette rue est peu engageante » et bien d’autres situations.

Alors, comme lorsque nous sommes pris par l’orage en montagne, naturellement nous cherchons à nous soustraire à toute situation inconfortable ou désagréable. C’est du moins ce qu’il serait bénéfique de faire. Pourtant, souvent nous ne le faisons pas. Pourquoi? Par manque de capacité à le faire, par complaisance, par paresse, par ignorance, par curiosité, par familiarité. Nous jugeons mal les situations et continuons à en subir les méfaits. Souvent ceci à notre insu.
Refuge-Ch4Paradoxalement, certaines personnes se laissent volontiers distraire par toutes sortes de stimuli extérieurs pour se soustraire au silence de peur d’aller à la rencontre d’eux-mêmes et d’affronter leurs démons intérieurs. Le besoin de distractions devient alors une sorte de fuite pour ne pas assumer la réalité de la vie. Il suffit d’observer combien de personnes sont littéralement scotchées à leur téléphone portable qu’elles tiennent toujours dans la main ou bien qui ont les écouteurs plantés dans les oreilles du matin au soir. Je me suis même demandé si elles les gardaient pour dormir! Leur téléphone devient une sorte de bouée de sauvetage les empêchant de se noyer, rassurées d’exister, de pouvoir appeler et être appelées et la musique, souvent très forte, les absorbe complètement dans un univers virtuel. À tort ces personnes prennent cela comme un refuge, mais ne trouvent certainement pas en lui la paix intérieure.

Refuge-Ch3Rappelons que dans les enseignements de Bouddha, il est dit que tout est création de l’esprit. Les conditions extérieures qui nous semblent si inconfortables sont pourtant la manifestation des perturbations mentales qui agitent notre propre esprit. Ce que perçoit notre esprit reflète exactement ce qui se manifeste en lui. Par ignorance, nous sommes persuadés de l’existence de ce que nous voyons, ressentons, aimons ou détestons comme étant à l’extérieur et séparé de nous. Et au lieu de rechercher leur signification nous les éludons tout en nous laissant absorber par les distractions, l’influence des autres, les mauvaises habitudes, la familiarité et l’attention inappropriée. Du point de vue spirituel, cette attitude est irresponsable et nous prend au piège plus profondément dans le samsara. De se réfugier dans les distractions et les plaisirs du samsara, ne résout en aucun cas les problèmes générés par les perturbations mentales actives dans notre esprit. Le fait de les ignorer, ne va pas les faire disparaître pour autant. Cela revient à dissimuler la poussière sous le tapis, et celle-ci ne tardera pas à faire une bosse bien visible.

Les situations engendrées par nos états d’esprit perturbés sont une opportunité essentielle pour comprendre ce qui nous arrive et ce que nous expérimentons. Avec discernement et sagesse, nous pouvons rechercher une issue favorable. Mais pour cela nous avons besoin de calme, de silence et de paix intérieure. Ces conditions s’avèrent bien plus difficiles, si nous sommes noyés dans les distractions de toutes sortes, dans le bruit et l’agitation. Concrètement, si nous sommes dans une situation pénible et inconfortable, il est clair que nous ne pouvons faire disparaître immédiatement les gens, les bruits ou tout autre phénomène nuisible par notre seule intention. Par contre, nous pouvons choisir une autre alternative, comme par exemple celle d’éviter les nuisances de toutes les sortes et si nous y sommes déjà plongés de nous en éloigner au plus vite.

Refuge-Ch2Pour maintenir notre paix intérieure, seule source de bonheur, nous cherchons à nous protéger de toutes les situations qui viennent la troubler. Et la façon la plus simple pour rétablir cette paix intérieure, c’est de s’accorder un moment de répit, un moment privilégié de silence et de calme. Pour cela, il suffit de quelques minutes de méditation sur la respiration pour déjà en ressentir les bienfaits. Nous pouvons visualiser un endroit calme et paisible qui nous est familier dans lequel nous nous installons le temps de quelques profondes respirations. Les bienfaits de cette petite pause se traduisent très vite par une sensation de sérénité et de clarté nous permettant de nous confronter à nos véritables problèmes. Pour cela nous cherchons refuge dans notre cœur, à l’endroit même de notre sagesse intérieure, de notre vraie nature de bouddha. Ce désir émerge sitôt que nous comprenons la nature trompeuse du samsara et la nécessité de s’en libérer.

Jeux de rôles, le chemin de l’illumination

Mieux comprendre les notions d’imputation et de base d’imputation.

Rôle-01Ces deux notions souvent plongent le néophyte dans une grande perplexité quand bien même nous les expérimentons constamment inconsciemment dans notre vie. Chaque expérience que nous faisons est subordonnée à la situation mise en scène par notre esprit ou si vous préférez due à l’activité faite dans une situation donnée. Par exemple, si nous sommes un parent : lorsque nous sommes avec nos enfants nous assumons totalement notre fonction avec les attributs et les qualifications d’un père ou d’une mère ; mais lorsque nous sommes au bureau, à notre place de travail nous utilisons nos compétences professionnelles. Dans un cas comme dans l’autre, il s’agit d’une activité exclusive. Lorsque que nous sommes un parent nous ne sommes pas simultanément celui ou celle qui travaille. Soit nous sommes à la maison soit au bureau, pas aux deux endroits simultanément. Tout se passe comme si nous jouerions différents personnages au fil du temps.

Rôle-02Étymologiquement, le mot « personne » provient probablement de l’étrusque qui désigne le masque que portaient les comédiens au théâtre. Ainsi, tout au long de notre vie nous changeons continuellement de masque donc de personnage. Nous pouvons dire que les propriétés et les caractéristiques de chaque personnage constituent la base d’imputation pour imputer le nom spécifique qui lui correspond. Et à chaque nom, chaque personnage, correspond une base d’imputation différente. Partant de l’idée que le JE de nous-mêmes a pour base d’imputation ce corps actuel, nous avons eu par le passé différents corps, celui d’un nouveau-né, d’un enfant, d’un adolescent et maintenant un corps d’adulte. Il est évident que tous ces corps ont eu un aspect temporaire différent les uns des autres. En conclusion nous avons continuellement changé de base d’imputation. Ces changements se sont fait naturellement de façon continue.

Du point de vue spirituel, une clé importante est de faire la distinction entre la base d’imputation et l’imputation elle-même. Nous venons de comprendre qu’il s’agit bien de deux choses distinctes. De la même manière, notre JE n’est rien de plus qu’un nom, une simple étiquette que nous imputons sur la collection de notre corps ordinaire et de notre esprit ordinaire. La seule raison pour laquelle nous sommes un être humain est que de par notre karma nous imputons notre JE sur un corps humain. Rôle-03Rien ne nous empêche d’apposer cette étiquette sur une autre base. Et de toutes les bases d’imputation possibles, la meilleure est celle d’un bouddha. Si nous ne le faisons pas, c’est parce que d’une part nous croyons que ce corps humain existe vraiment de son propre côté et d’autre part que nous y sommes très attachés.

Or les enseignements sur la vacuité nous expliquent que tous les objets sont vides d’existence intrinsèque et n’existent qu’en relation dépendante de leurs parties, de causes et de conditions et de l’esprit qui les perçoit. C’est pour cette raison que si nous considérons que ce JE est plus qu’une simple désignation et existe de son propre côté attaché à ce corps existant de manière intrinsèque, nous ne pouvons imputer ce JE sur autre chose. C’est parce que ce JE est vide d’existence intrinsèque et que c’est juste un nom que nous pouvons imaginer d’échanger sa base d’imputation actuelle avec le corps et l’esprit d’un bouddha. C’est la voie à suivre pour atteindre l’illumination d’un bouddha.

Nous vivons dans le règne du désir

Combien de fois n’avons-nous pas succombé au désir irrésistible d’obtenir la même chose que son voisin, d’acheter le vêtement tendance dont tout le monde rêve. Pourquoi sommes-nous si envieux de la réussite d’une telle personne à qui tout paraît facile. Pourquoi certaines personnes s’exposent-elles  au scandale pour assouvir leurs désirs de conquêtes, d’argent et de réussite. La peur de ne pas obtenir l’objet de leur désir pousse certains à commettre l’irréparable tricherie à le vouloir à tout prix. Pourquoi l’herbe du voisin nous paraît toujours plus verte et plus savoureuse?
Désir-01D’après les écrits bouddhistes les êtres samsariques tels que les humains vivent dans le règne du désir. C’est l’environnement des êtres qui jouissent des cinq objets de désir, tels que les belles forme, les sons agréables, les odeurs parfumées, les saveurs délicieuses et les objets doux et stimulants. Autrement dit, tout ce qui est perçu par nos sens et qui génère habituellement de multiples attachements désirants et qui conduisent finalement à la souffrance.

Dans son livre « La Voie joyeuse, VGL explique : « L’attachement désirant est un facteur mental qui observe son objet contaminé, le ressent comme attirant, exagère son attrait, le trouve désirable et développe le désir de le posséder. » Le fait de ne pas obtenir l’objet désiré nous pousse à commettre des actions non-vertueuses, entraînant diverses souffrances qui laissent des empreintes négatives sur l’esprit. Si notre attachement désirant est très fort, personne n’arrivera à nous dissuader d’obtenir ce que nous désirons.
Non contents de ce que nous possédons, notre préoccupation de soi nous fait ressentir que nos désirs sont plus importants que ceux de toute autre personne. Cette préoccupation de soi nous incite à nous comparer constamment aux autres et souvent à entrer en compétition avec eux. C’est la une grossière erreur due à notre grande ignorance de saisie du soi, car celle-ci nous fait croire que les choses existent de la manière que nous les percevons.

Désir-03Dans quelles circonstances se développe cet attachement qui est la racine de toutes nos perturbations mentales? Il faut savoir que nous cherchons la satisfaction dans les plaisirs du samsara. Ce faisant, nous créons beaucoup de mauvaises habitudes compulsives, sources  de problèmes et de souffrances. De manière subjective, notre esprit fonctionne souvent selon un mode de comparaison. Par exemple, si en fin d’année notre employeur nous accorde une gratification pour notre travail, nous sommes content. Mais si nous venons à savoir que nos collègues ont reçu le double, nous sommes mécontent et malheureux. De manière générale nous passons beaucoup de temps à comparer notre statut, nos possessions, nos richesses, etc., toujours avec le désir de savoir si nous sommes mieux ou moins bien lotis que l’autre.
Nous pouvons alors penser qu’il vaudrait mieux se détourner complètement de tous ces objets de plaisir et de se couper du monde et des autres. Ce n’est évidemment pas la solution non plus. Nous devons nous libérer du joug de l’attachement en ne considérant pas ces objets de désir comme inconditionnellement indispensables à notre bonheur. Comme le disait si souvent mon enseignant : « Prendre plaisir, sans saisir! » Ainsi nous pouvons apprécier la compagnie de nos amis, aimer posséder des choses matérielles sans attachement désirant. Et si nous venons à nous séparer d’un ami ou perdre un objet inestimable, nous ne devrions pas être déprimés pour autant.

Désir-02La souffrance engendrée par le désir vient entre autre du fait que nous envions toujours ce que les autres possèdent au lieu de nous contenter de ce que nous avons. Ce qui revient à nous comparer continuellement aux autres et de préférence à ceux que nous croyons plus fortunés qu’à ceux qui le sont moins. Notre bonheur et notre malheur dépendra essentiellement de la référence qui nous servira de base de comparaison. Le désir trouve sa source dans la préoccupation de soi, l’attachement, la haine, la jalousie et bien d’autres perturbations mentales. À peine un désir est satisfait qu’un autre survient. Sitôt l’objet de notre désir acquis, très vite nous le trouvons inintéressant et cherchons à le remplacer par un autre.

En conclusion, pour nous libérer des souffrances et des malaises occasionnés par nos nombreux désirs impossibles, cessons de nous comparer aux autres que nous regardons avec des yeux envieux. Regardons et contemplons nos acquis en pensant à tous ceux qui, moins fortunés que nous, se trouvent démunis dans un environnement misérable et qui manquent de l’essentiel pour vivre. Par la méditation sur ce thème sensible, nous purifierons notre esprit de la domination du désir.

Rédigé d’après ma lecture de « La Voie joyeuse », de Kelsang Gyatso aux Editions Tharpa et de mes notes prises lors des enseignements reçus au Centre Atisha à Genève.