Archives de la Catégorie : 3. Textes choisis

Textes choisis qui rapportent des passages intéressants de mes propres études et pratiques

Sans nom, les choses ne peuvent pas exister

Sans nom, les objets ne peuvent exister. Cette affirmation peut paraître surprenante tellement nous avons l’habitude de nommer les objets par leur simple nom. Il est intéressant de développer cette affirmation avec l’éclairage du dharma et plus précisément à partir d’une autre affirmation enseignée par Bouddha : « Tout est création de l’esprit« . Pour cela, attardons-nous sur le rôle de l’esprit dans cette démarche. Dans le livre « Comment comprendre l’esprit« , du point de vue de sa fonction, l’esprit peut se diviser en esprits principaux ou consciences et en facteurs mentaux. Pour la compréhension de cet article, mais sans entrer dans les détails, précisons ces deux notions.

Un esprit principal est un connaisseur qui appréhende principalement la simple entité, la réalité abstraite d’un objet. Par exemple ausculter une bougie. Pour mieux connaître son objet, un esprit principal est toujours associé à plusieurs facteurs mentaux. Ceux-ci sont des connaisseurs qui appréhendent principalement les attributs particuliers ou caractéristiques de l’objet. Dans le cas d’une bougie, d’ausculter la forme, la couleur, sa position, etc. Esprit principal et facteurs mentaux agissent conjointement, car ils se concentrent sur le même objet, ils apparaissent et disparaissent en même temps. Ils œuvrent en équipe mais cependant ils ont des fonctions différentes. Donc il y a une relation dépendante entre un esprit principal et ses facteurs mentaux, et par conséquent entre l’objet et l’esprit.

Il y a six types d’esprits principaux : la conscience de l’œil, la conscience de l’oreille, la conscience du nez, la conscience de la langue, la conscience du corps et la conscience mentale. Pour illustrer le propos de cet article, prenons la conscience de l’œil à l’état de veille. À chaque seconde de notre vie quotidienne, notre regard « balaie » ce qui nous entoure. L’esprit principal de l’œil, associé en permanence au minimum aux cinq facteurs mentaux qui sont la sensation, la discrimination, l’intention, le contact et la focalisation va « explorer par balayage » tout ce qui est dans son champ. Chacun de ces facteurs mentaux joue un rôle bien particulier dans ce processus.

C’est le facteur mental discrimination qui le premier permet à la conscience de l’œil de distinguer un objet parmi la multitude d’objets en présence. Parce que tout objet possède des caractéristiques qui l’individualise, sur la base de celles-ci, l’objet se manifeste à notre œil par un nom ou pas. Dans ce dernier cas, le nom pourra se révéler plus tard après une autre investigation, au même titre que nous faisons une recherche dans un dictionnaire ou une encyclopédie permettant de lui donner tout de même un nom. Tant qu’un nom ne peut être attribué à l’objet, l’esprit de l’œil ne pourra le connaître correctement et entièrement, et pour lui l’objet n’existe pas. Si notre conscience de l’œil était privée de discrimination, elle ne pourrait pas reconnaître tout objet parmi d’autres.

Dès l’instant où un nom est trouvé pour l’objet en question, le processus de reconnaissance de l’esprit peut se poursuivre. Attribuer un nom à l’objet est une imputation, une simple désignation. L’objet est la base d’imputation et le nom est sa désignation, son étiquette. Ainsi, sans même nous en rendre compte, nous sommes constamment en train de « coller une étiquette » à tout ce que nous voyons. Avec les autres facteurs mentaux mentionnés, l’esprit va se diriger vers l’objet avec l’intention. Il va se centrer sur un attribut particulier au moyen de la focalisation, avec le contact il va percevoir l’objet comme agréable, désagréable ou neutre. Et finalement l’esprit va ressentir l’objet comme agréable, désagréable ou neutre, grâce à au facteur mental sensation. Il est impossible de connaître un objet sans le ressentir. Ainsi chaque facteur mental possède une fonction spécifique permettant à l’esprit ou à la conscience d’appréhender l’objet à partir de son nom. en l’absence de celui-ci, l’esprit ne peut l’appréhender et donc pour lui l’objet n’existe pas.

Rédigé d’après les enseignements du Programme Fondamental « Comment comprendre l’esprit » au CMK Genève en 2014 et de mes révisions personnelles.

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Nous faisons toujours les mêmes erreurs

À l’origine d’une erreur, il y a un acte de l’esprit qui tient pour vrai ce qui est faux, ou inversement. C’est du moins ce que dit le dictionnaire dans ce contexte. L’erreur est donc le résultat d’une action. L’erreur est une expérience inéluctable qui a pour origine sa cause. La loi universelle de la causalité explique qu’il n’y a pas d’expérience sans cause et inversement sans cause il ne peut y avoir d’expérience ou résultat. C’est exactement de cette manière que nous devons comprendre le fonctionnement de notre karma. Or nous avons tous un karma négatif considérable accumulé dans nos vies passées, dont les conséquences sont les disfonctionnements, les maladresses, les vues erronées qui nous empoisonne l’existence dans cette vie-ci.

La sagesse qui comprend le karma nous amène à constater que toutes nos erreurs passées proviennent de notre ignorance et de notre préoccupation de soi. Notre ignorance est un manque de connaissance ou de compréhension, elle est semblable à une obscurité intérieure qui nous empêche de comprendre avec clarté. Cette ignorance entretient notre manque de discernement quant à ce qui vertueux ou non vertueux, autrement dit ce qui est cause de bonheur ou cause de souffrance. Et notre préoccupation de soi nous conduit à nous engager dans des actions qui créent la souffrance et notre malheur. De plus, la préoccupation de soi peut se dissimuler derrière toutes sortes d’apparences pour mieux nous tromper.

Cela dit, pourquoi donc faisons-nous toujours les mêmes erreurs ? Par familiarité, une sorte connaissance intime de nos erreurs. Tout comme nous sommes habitués à faire une tâche quotidienne donnée d’une certaine manière, nous sommes habitués à faire également certaines erreurs de façon répétitive sans effort, presque inconsciemment. Comment expliquer ce comportement compulsif qui, sans cesse nous fait commettre une erreur ? Dans son livre « La Voie Joyeuse », G.K. Gyatso nous enseigne les effets des actions non vertueuses. Dans ce contexte, les effets similaires à la cause d’une action non vertueuse et plus précisément les tendances similaires à la cause expliquent ce mécanisme.

Plus loin dans ce même livre, il nous dit, je cite : « Les tendances similaires à la cause sont des effets où nous continuons à avoir une forte compulsion à répéter le même genre d’actions non vertueuses« . Autrement dit, plus nous faisons une action spécifique et plus aisément nous la ferons à nouveau. Pour illustrer ce comportement, prenons l’exemple du golfeur. Plus celui-ci entraîne la répétition du geste avec son club, plus sa précision augmentera et plus facilement il frappera la balle dans la direction voulue. Du point de vue spirituel, chaque fois que nous faisons une action non vertueuse, nous créons des effets conformément à la loi de causalité définie auparavant, des effets similaires à la cause. Autrement dit, chaque fois que nous faisons une action non vertueuse nous créons la cause de la refaire encore plus souvent.

Comment inverser cette tendance ? Pour cela nous devons agir sur trois niveaux qui sont : Identifier notre erreur, réduire la fréquence de sa répétition, supprimer notre erreur. Tout d’abord c’est de prendre conscience que nous faisons l’erreur en affutant notre vigilance. Toujours dans ce même livre, dans le chapitre « La voie de la libération« , il est dit que : « Sans un esprit consciencieux, nous laisserons notre esprit faire tout ce qu’il veut« . L’esprit consciencieux se pratique de façon concertée avec la vigilance. La vigilance est ce type de sagesse qui comprend les défauts qui sont la conséquence de l’erreur. Si grâce à la vigilance nous avons débusquer l’erreur sur le point de se produire, nous la stoppons immédiatement. En agissant systématiquement de cette manière, progressivement nous ne commettrons plus cette erreur et nous nous désaccoutumerons de celle-ci définitivement. Bien sûr ce ne se fera pas du jour au lendemain, mais avec patience et persévérance nous progresserons dans l’entraînement de notre esprit. Si nos mauvaises habitudes de faire des erreurs nous rendent la vie dure, nous pouvons également rendre la vie dure à nos mauvaises habitudes de faire des erreurs.

Compilation de notes personnelles et de textes du dharma consultés lors de séances d’étude et de méditation durant ma pause sabbatique en 2018

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Pourquoi pas, … ? Oui mais … !

Englués dans nos occupations ordinaires, nous ne cessons de remplir notre emploi du temps par une multitude de choses futiles laissant bien peu de place pour les choses importantes comme par exemple notre pratique spirituelle. Pourquoi cette obsession ? Parce que les préoccupations de ce monde ordinaire sont à nos yeux bien plus appréciables que les activités liées à notre pratique du dharma. Ces dernières se trouvent le plus souvent au bas notre liste des tâches à faire. Or cette attitude entretient l’insatisfaction dans notre quête du bonheur et n’engendre finalement que de la souffrance. Depuis des temps sans commencement, nos mauvaises habitudes, produites par nos perturbations mentales, induisent cet état d’esprit jour après jour. Pour remédier à cette situation, nous devons impérativement changer d’attitude, mais comment ?

Les perturbations mentales, telles que la colère, l’attachement, la préoccupation de soi, etc. sont le résultat du mûrissement de notre karma, dans ce cas négatif. Alors que de toutes les activités provenant de l’application du dharma engendrent un karma positif. Nous serions bien inspirés de pratiquer la patience, l’amour, la compassion et ainsi de suite pour créer un tel karma. Rappelons que karma en sanscrit signifie l’action. Celui-ci sera vertueux si nos actions sont positives et correctes et malheureux si nos actions sont négatives et incorrectes. Or, nos actions dépendent principalement de notre intention. Dans son livre « Comment comprendre l’Esprit », vénérable G. K. Gyatso précise la définition de l’intention, je cite : « L’intention est, par définition, un facteur mental dont la fonction est de centrer son esprit principal sur un objet ».

Ainsi, la nature de notre karma positif ou négatif dépend de notre intention à nous centrer sur les objets rencontrés dans nos activités quotidiennes. Selon l’orientation de notre intention, une action bénéfique ou malheureuse s’en suivra. Puisque notre intention est à la genèse de toutes nos actions, il est très important de mieux cibler nos intentions. Dans le flux incessant de nos pensées, celles qui nous sont bénéfiques sont « en compétition » avec celles, plus nombreuses, qui produisent notre malheur et notre souffrance. Le choix dépendra de notre état d’esprit basé soit sur notre sagesse intérieure, soit sur les suggestions trompeuses de notre préoccupation de soi. À ce propos, je lisais l’autre jour à l’entrée d’un restaurant, la célèbre citation d’Epicure « Hâtons-nous de succomber à la tentation, avant qu’elle ne s’éloigne », une manière de s’enfoncer encore plus dans le samsara.

Comme la tentation de céder aux objets samsariques nous est hélas très familière, nous devons opter pour une stratégie plus efficace pour ne pas la suivre. Alors comment faire ? Dans notre fonctionnement habituel, la question « Pourquoi pas … ? » nous sert de support pour développer l’intention. L’action subséquente est souvent subordonnée à un argument introduit par une phrase commençant par « Oui mais … « . Ainsi les tergiversations et les atermoiements de notre esprit peuvent nous conduire aussi bien dans des actions vertueuses que dans des actions non-vertueuses. « Pourquoi pas … » ouvre une possibilité d’action et pourra être annihilée par la considération subséquente « Oui mais … « . Ce canevas s’applique dans notre vie de tous les jours aussi bien pour des intentions vertueuses que pour celles qui ne le sont pas . Alors « Pourquoi pas redoubler de vigilance pour réduire notre karma négatif ? » ou bien encore « Pourquoi consacrer du temps à méditer ? à quoi vous répondrez peut-être « Oui mais … !

Compilé à partir de notes personnelles inspirées de mon parcours  et de mes expériences du dharma, ces années passées

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Comprendre ce qui se cache derrière cette colère

Dans son livre « Comment comprendre l’Esprit » G. K. Gyatso écrit, je cite : « La colère peut se diriger contre n’importe qui, même contre nos amis. Nous pouvons aussi nous mettre en colère contre des objets, ou bien si nos désirs ne sont pas exaucés« . Nous avons tous de nombreuses expériences de la colère et nous en aurons encore bien d’autres tant que nous donnerons une légitimité à nos accès pathologiques de colère. Succinctement, la colère est un état d’esprit qui nous dit : « Ça m’énerve !!! » et nous voulons détruire ce qui nous énerve. Nous trouvons tout à fait normal de ressentir cette colère, confrontés à diverses situations de notre vie.

Ce n’est pas parce que nous nous heurtons à une difficulté ou à une contrariété que nous devons forcément nous mettre en colère. Quoi qu’il arrive, ce n’est pas une justification. Sans une véritable compréhension, c’est hélas la riposte la plus courante que nous adoptons. La colère peut naître également de la préoccupation de soi, de l’attachement à ce qui nous concerne. Parfois nous pouvons nous mettre en colère simplement parce que nous ne pouvons pas admettre que nous avons tort dans une situation bien précise. Une sorte de réaction d’autodéfense, qui soi-disant est un moyen stupide de se défendre, préférant rejeter la faute sur quelqu’un d’autre ou quelque chose d’autre.

Comment franchir les premiers pas pour se libérer de la colère. Générer une ferme détermination de ne plus se laisser prendre par la colère. Pour cela nous devons avoir une profonde conviction des dangers de la colère. La colère n’est pas simplement « crier », « taper du poing » et exploser. La colère est comme un feu qui peut se manifester sous la forme de petites étincelles mais aussi sous la forme d’un important incendie. Ainsi, la colère peut s’exprimer sous plein d’aspects différents. Lorsque par exemple, sous l’emprise de la colère nous crions, ce n’est qu’une extériorisation de notre esprit de colère. Mais nous pouvons aussi être dans une colère noire sans manifester quoi que ce soit.

Selon son tempérament, la colère d’une personne se manifeste de manière plus ou moins visible. D’où l’importance de bien comprendre celle-ci pour apprendre à la déceler rapidement dans notre esprit. Il n’y a rien de plus dangereux qu’une colère non identifiée. Elle se traduit par un comportement tel que : « Non, pas du tout, je ne suis pas en colère ! », alors que cramoisie, sa respiration s’emballe et que ses mains deviennent moites. Cela revient à contenir la pression dans une cocotte-minute prête à exploser, et qui finalement explosera. Mais parfois la colère se déclenche à la suite d’une circonstance banale ou sous forme de rancune insidieusement accumulée qui finit par se manifester.

En toute circonstance, nous devons dire non à cette colère qui se développe dans notre esprit plutôt que de l’accepter en argumentant pour la justifier. En amont de la colère règne dans notre esprit une confusion qui ne fait pas la distinction entre la situation extérieure, cause circonstancielle et le facteur mental colère cause substantielle présente dans notre esprit. Avoir un esprit de colère n’arrange pas les choses et ne se justifie jamais car elle fait du mal à nous-même et aux autres et de plus ne nous aide jamais. Tous nos états d’esprit perturbés proviennent du fait de notre vision incorrecte et de notre perception déformée du monde. Si la solution ultime à la colère est la réalisation de la vacuité, nous pouvons dès maintenant méditer et utiliser les opposants à la colère que sont la patience et l’amour.

Nous devons être particulièrement vigilants quand nos souhaits ne se réalisent pas, lorsque nous éprouvons des déceptions ou des contrariétés ou lorsque nous sommes amenés à faire quelque chose que nous n’aimons pas. Ce sont généralement de telles situations qui nous mettent en colère. Nous pouvons à tout moment décider de ne pas donner notre assentiment à cette colère et orienter notre esprit dans une direction plus constructive. Comment ? En nous souvenant que la colère est inutile, mais que sa présence renforcera notre détermination à détruire notre préoccupation de soi, la racine de tous nos problèmes. À travers de telles situations nous approfondirons notre compréhension du karma, en pensant : « Là, j’ai moi-même créé la cause de me mettre en colère dans cette situation, est-ce que peux vraiment ne plus jamais me mettre en colère ?« .

Rédigé d’après mes études et réflexions sur un enseignement tiré du livre « Comment comprendre l’Esprit », reçu dans le cadre du PF au Centre de Méditation Kadampa de Genève en 2015

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Ce qui fait le développement d’une perturbation mentale

Les perturbations mentales animent constamment notre manière d’être et notre façon d’agir dans la vie de tous les jours. Cette affirmation doit être vue sous l’éclairage de notre sagesse, car notre ignorance veut nous convaincre que notre attitude dépend essentiellement de causes et de conditions extérieures à notre esprit. Alors que tout ce que nous percevons n’a pas d’existence intrinsèque, la nature ultime de tous les phénomènes est la vacuité. Dans les enseignements sur la vacuité Bouddha nous enseigne que tous les phénomènes ne sont qu’une simple manifestation de la vacuité. Cet enseignement est très profond et demande de la patience et de la persévérance pour être bien compris.

Une compréhension intellectuelle de cet enseignement n’aura pas le pouvoir de changer en profondeur notre esprit. Nous sommes actuellement comme ce malade qui, bien que voulant guérir et ne plus souffrir, se contente de lire plusieurs fois par jour la notice du médicament que le docteur lui a prescrit. La présence même des perturbations mentales dans notre esprit en est le principal obstacle. À notre niveau, et avant même d’utiliser l’opposant ultime qui est la sagesse réalisant la vacuité des phénomènes, les opposants temporaires et spécifiques à chaque perturbation nous apporte une paix intérieure temporaire nous permettant de réduire leur effet néfaste.

Pour comprendre comment agissent ces opposants, nous devons connaître les principales causes des perturbations mentales. Parmi les principales causes, quatre de celles-ci sont nécessaires pour qu’une perturbation mentale se produise : la racine, la graine, l’objet et la focalisation inappropriée. Dans son livre « Comment comprendre l’Esprit », Vénérable G. K. Gyatso nous décrit celles-ci, je cite : « La racine de toutes les perturbations mentales est la saisie d’un soi. La graine d’une perturbation mentale est un potentiel laissé précédemment sur le continuum mental par des perturbations mentales similaires, potentiel qui agit en tant que cause substantielle de cette perturbation mentale. L’objet est tout objet contaminé. Enfin, la focalisation inappropriée est un facteur mental qui se concentre sur l’objet d’une manière incorrecte« .

Il faut donc la présence de ces quatre causes pour qu’une perturbation mentale se développe. Mais il suffit qu’une d’entre-elles manque pour que la perturbation mentale ne puisse se développer. Parmi ces quatre, celle que nous pouvons le mieux cibler est en fait la focalisation inappropriée. À savoir, notre manière de nous focaliser sur un objet. Autrement dit, si nous réussissons à travailler sur les causes de la focalisation inappropriée, nous empêcherons le développement de la perturbation mentale en question. Bien que cette pratique empêche le développement de celle-ci, elle n’élimine pas pour autant les graines en dormance qui subsistent dans notre esprit. Ces dernières peuvent être détruites par des pratiques de purification, (Le Soutra des Trois cumuls ou la pratique de Vajrasattva avec récitation de son mantra).

Pour empêcher le développement d’une perturbation mentale, comment ne pas tomber dans la focalisation inappropriée ? Vénérable G. K. Gyatso, toujours dans son livre « Comment comprendre l’Esprit », nous dit ceci, je cite : «  … en ne permettant pas à notre esprit de ressasser le caractère plaisant ou déplaisant des objets contaminés et de l’exagérer« . Somme toute, en quoi la focalisation inappropriée sur un objet plaisant nous est-elle néfaste ? Le fait de fixer notre attention sur un objet plaisant, en exagérant ses qualités contribue à développer une autre perturbation mentale, l’attachement. La plupart d’entre nous sommes incapables de vivre une expérience plaisante sans développer de l’attachement. Une sorte de « viscosité mentale » s’établit entre notre esprit et l’objet contaminé, nous privant de notre liberté.

Rédigé d’après mes révisions et mes transcriptions d’un enseignement du PF basé sur le livre « Comment comprendre l’Esprit » reçu au Centre Atisha de Genève en 2016

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Réflexions sur le samsara

La raison pour laquelle les enseignements de Bouddha parlent de manière très détaillée de la souffrance est pour nous faire comprendre la nature du samsara. S’il n’y avait pas une alternative à cette souffrance, nous serions tous condamnés à y rester et il n’y aurait aucun besoin d’en parler. Si la seule possibilité offerte à nous serait un endroit où la souffrance serait omniprésente, non seulement nous devrions l’assumer, mais elle nous ôterait toute illusion de Ref-Samsara-01croire à un bonheur existant quelque part dans le samsara. Nous pouvons continuer de voir les choses ainsi en vivant notre fiction dans le samsara devenu pour nous un jardin de plaisirs.

Heureusement pour nous, il y a une alternative à ce monde de souffrance, un endroit qui est au-delà de toute souffrance. Raison pour laquelle nous devons contempler et étudier la nature du samsara. Nous comprenons qu’en réalité notre situation actuelle dans le samsara est peu enviable en comparaison à un monde sans souffrance. Réalisant cela, naturellement nous aurons envie de tout mettre en œuvre pour changer, en comprenant qu’il existe quelque chose de beaucoup mieux pour nous. Mais comment pouvons-nous avoir la certitude que la totalité du samsara est de nature souffrance ? N’existe-t-il pas une partie du samsara si petite soit elle qui n’est pas cause de souffrance ?

Plus notre conviction dans l’existence de cette partie augmente et plus grande sera notre déception. Notre ignorance de la saisie d’un soi entretient cette certitude oubliant que le samsara n’existe pas en dehors de notre esprit. Le créateur du samsara, de notre samsara est notre esprit. Lui seul projette le monde dans lequel nous vivons. Ce dernier aura donc les caractéristiques semblables à celles de notre esprit, à savoir un esprit contaminé par les Ref-Samsara-02innombrables perturbations mentales qui s’y manifestent. En d’autres termes, si nous avons un esprit impur, le monde que nous créons à chaque instant sera impur et si au contraire nous avons un esprit pur le monde créé par notre esprit sera également pur.

Ainsi, nous sommes le créateur de notre propre samsara. Plus précisément, c’est notre préoccupation de soi et notre ignorance de saisie d’un soi qui, en engendrant toutes sortes de perturbations mentales telles que l’attachement, l’aversion, l’ignorance, etc., posent le décor de notre vie samsarique. De ce point de vue, nous persistons de croire que tout cela existe de son propre côté à l’extérieur de nous alors ce ne sont que de simples illusions semblables à un rêve. En contemplant la nature profonde du samsara nous réalisons que tant que celui reste notre choix, ses effets sont inévitables, un monde par nature souffrance. Tant que nous nous référerons à des objets samsariques pour réaliser un bonheur durable et authentique, nous serons tristement déçus.

La libération du samsara passe par le changement radical de notre mode de fonctionnement au niveau de notre esprit. D’habitude, lorsque nous avons des problèmes avec notre travail nous avons envie d’en trouver un autre. Lorsque nous avons des problèmes relationnels avec certaines personnes, nous leur attribuons la responsabilité de notre malaise et désirons les éviter. Ou encore, si la vie de citadin nous étouffe nous aspirons vivre à la campagne et nous aurons alors l’ennui d’être seul et isolé de tout. Lorsque nous sommes dépressif et malheureux, nous recherchons le réconfort dans l’alcool, la fumée et des Ref-Samsara-03plaisirs mondains. Lorsque nous réalisons que nous pouvons chercher de cette manière le bonheur jusqu’à la fin des temps sans jamais le trouver, nous cessons immédiatement de nous focaliser sur de tels objets.

Pour en finir avec le samsara, nous devons générer des états d’esprit purs en abandonnant une après l’autre toutes nos perturbations mentales. Le monde que nous créerons ainsi sera complètement pur. Sachant qu’il n’y a pas un monde pur qui existe de son propre côté, de manière intrinsèque, ce monde pur n’existe qu’en relation dépendante de notre propre esprit. Pour illustrer ces propos, si nous avons choisi d’assister à la projection d’un film et que celui-ci ne nous plaît absolument pas, nous sommes libres de nous lever et de sortir de la salle, en nous promettant de mieux choisir une prochaine fois. En conclusion et pour notre grand bonheur, il y a une alternative au samsara qui est au-delà de toute cette souffrance et nous pouvons tout mettre en œuvre pour choisir définitivement celle-ci.

Compilé d’après un enseignement du Programme Fondamental sur le livre « La Voie Joyeuse » de G.K. Gyatso, reçu à Genève au Centre Atisha en 2004

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Aimer l’effort, pourquoi pas

Lorsque nous entendons autours de nous certaines personnes parler d’effort, c’est généralement pour faire état d’une expérience difficile ou pénible. Dans ce sens l’effort a une connotation négative et c’est quelque chose à éviter. Nous voulons tout faire sans effort. Et lorsque celui-ci nous paraît trop important, nous nous décourageons et abandonnons. Il suffit d’observer notre monde moderne, tout est mis en œuvre pour nous éviter de faire un effort. L’homme s’ingénie à créer les moyens parfois astucieux pour rendre sa vie facile et sans difficultés. Parfois, le manque d’effort peut conduire à l’échec. Ainsi au lycéen non promu, ses parents lui diront : « Quand même, tu aurais pu faire un effort pour réussir! ». Ou bien encore : « Ses efforts Effort-pourquoi-01auront été inutiles ». D’après le dictionnaire, l’effort se défini comme une mobilisation volontaire de forces physiques, intellectuelles en vue d’obtenir quelque chose de convoité.

Alors pourquoi tant de sentiments négatifs concernant l’effort? Tous les êtres sensibles, dont nous faisons également partie, n’ont pour principal objectif dans la vie, que celui d’être heureux et de se libérer de la souffrance. Dans cette perspective, nous faisons d’innombrables efforts pour y arriver. Ainsi par convoitise, nos efforts sont dirigés vers les choses ordinaires de ce monde qui, nous le savons pourtant ne durent pas. À peine sommes-nous satisfaits de nos acquis que déjà nous nous orientons vers autre chose qui attise nos désirs. En d’autres termes, cela même qui nous procure un certain bonheur contient déjà la graine de ce qui va bientôt nous faire souffrir. Si nos efforts n’ont pas été à la hauteur de nos attentes, nous sommes déçus, découragés et nous pensons : « Tous ces efforts pour rien! On ne m’y reprendra plus! ». Nous avons œuvré avec tant d’acharnement pour posséder l’objet de nos rêves et celui-ci est malencontreusement détruit.

Heureusement pour nous, il y a une autre perspective bien meilleure. Dans son livre « Comment comprendre l’esprit », G. K. Gyatso donne une définition de l’effort, je cite : « L’effort est, par définition, un facteur mental grâce auquel son esprit principal prend grand plaisir à la vertu ». Et il nous dit également que : « L’effort a pour fonction de rendre notre esprit heureux ». Il doit contribuer à la croissance de qualités vertueuses et mener à bien les pratiques vertueuses. Ainsi, contrairement aux idées reçues telles que : « Je dois travailler dur », « Je dois faire quelque chose que je n’ai pas envie de faire » et ainsi de suite, l’effort selon les enseignements de Bouddha est à l’opposé de cette vue. L’effort doit avoir un caractère ludique, être joyeux en nous engageant dans l’action. Ainsi, nous faisons un effort qui n’est pas pénible du moment où nous créons de bonnes causes pour le bien de notre esprit dans le futur. Notre effort correspond dans ce cas au degré de plaisir que nous avons de nous engager dans des actions vertueuses.

Effort-pourquoi-02Sincèrement, est-ce qu’il y a quelque chose d’autre que nous préférerions faire avec notre temps libre que d’entraîner notre esprit. Honnêtement nous connaissons la réponse, car toutes les suggestions proviennent de l’esprit. Ainsi, nous trouvons toujours le temps pour des activités de loisirs, ou d’être attiré par ce qui est futile et non-vertueux. Or, nous devons utiliser notre temps à bon escient et nous l’utiliseront naturellement sans effort si c’est pour créer de bonnes causes pour nos vies futures. Même si ceux-ci sont faibles, nous ne devons pas les mésestimer en acceptant juste le point où nous sommes sur notre voie spirituelle en bannissant tout sentiment d’obligation sur notre esprit. Mieux vaut faire moins avec un effort joyeux que davantage avec un sentiment de culpabilité. Si notre motivation est perturbée par la culpabilité et ou un  caractère obligatoire, elle ne peut durer très longtemps.

Même si sur le court terme nous faisons peu ou pas beaucoup mais avec joie, sur le long terme nous seront capables de bien plus. Il est dit dans les enseignements que la voie spirituelle est longue et demande de la persévérance et de la patience. Stratégiquement, il nous sera bien plus bénéfique de rester dans l’effort joyeux quoi qu’il advienne. Alors, pourquoi ne pas aimer faire cet effort?

Rédigé à partir de mes notes personnelles d’un enseignement du Programme Fondamental basé sur le livre « La Voie Joyeuse » de G.K. Gyatso reçu au Centre Atisha de Genève

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Verre à moitié plein, verre à moitié vide

Imaginons que Vincent et Pierre observent deux verres posés sur la table devant eux et soyons attentifs à leurs propos. Des deux verres observés, quel est celui qui est à moitié plein et quel est celui qui est à moitié vide ? Vincent dira : « C’est celui de gauche qui est à moitié plein et celui de droite qui est à moitié vide ! » Non, rétorquera Pierre : « C’est le verre de gauche qui est à moitié vide et celui de droite qui est à moitié plein ! » Qui de Vincent ou de Pierre a raison?

D’un certain point de vue les deux ont raison. Pourtant, d’un autre point de vue les deux verres, de par leur aspect ils sont identiques. Alors, par exemple, qu’est-ce qui fait dire à Vincent que c’est le verre de gauche qui est celui à moitié plein? Il doit bien y avoir une caractéristique du côté de l’objet qui atteste cela. Mais si tel était le cas, cette caractéristique serait contestée par Pierre qui dit exactement le contraire. Cette contradiction nous amène logiquement à la conclusion que les caractéristiques intrinsèques « à moitié plein »  et « à moitié vide » ne peuvent coexister simultanément du côté du verre. De la même manière qu’un objet ne peut être à la fois noir et blanc. En d’autres termes, le verre ne possède pas de telles caractéristiques puisqu’elles s’excluent l’une l’autre.

Verre-moitié-moitié-02Pourtant, Vincent et Pierre sont de bonne foi dans leur affirmation. Alors comment comprendre cela? Chacun a la conviction d’avoir raison, pourquoi? Parce que leur état d’esprit est différent, et selon l’état d’esprit du moment, l’un voit le verre à moitié plein et l’autre à moitié vide. Chacun désigne l’objet qu’il voit soit avec l’étiquette « verre à moitié plein » soit avec l’étiquette « verre à moitié vide ». Cette étiquette, cette désignation ou encore cette imputation est créée par l’esprit en relation dépendante de l’objet perçu. Cette caractéristique du verre est un attribut ou une qualité affectée par l’esprit qui le perçoit. En fait, nous attribuons des noms, des caractéristiques et des états à tout ce que nous percevons. Et au cours de toute notre vie, nous avons appris à désigner et nommer les choses perçues.

À ce propos, les enseignements de Bouddha sont sans équivoque. Tout est création de l’esprit. Rien n’existe de manière intrinsèque, de son propre côté en dehors de notre esprit. Oui bien sûr, ils existent d’une manière conventionnelle mais de manière ultime ce n’est pas le cas. C’est là que cela devient intéressant. Chaque fois que nous percevons un objet et que nous avons la conviction qu’il existe de la manière dont il nous apparaît, nous sommes sûrs de nous tromper. Chaque fois que nous avons l’évidence d’un objet qui existe en face de nous, nous sommes piégés par notre ignorance. Comprendre l’existence vraie d’un objet fera appel à notre esprit de sagesse qui, par une analyse méthodique, arrivera à la conclusion qu’un tel objet est vide d’existence inhérente. En conclusion, aussi bien « le verre à moitié vide » que « le verre à moitié plein » n’ont d’existence indépendamment de notre esprit.

Compilé d’après mes notes prises durant une période de retraite en 2015 d’après une transcription d’un cours au Centre Atisha de Genève

Se méprendre sur qui nous sommes

Aussi longtemps que nous nous identifions à quelque chose qui par nature est contaminé, nous sommes terriblement limités dans notre développement spirituel. Or du fait même de notre renaissance samsarique, nous sommes piégés dans un corps contaminé et dans un esprit contaminé. Cette contamination n’est pas due à un microbe ou à un virus ordinaire, provenant du monde extérieur, elle est due à Méprendre-01la présence d’innombrables perturbations mentales sur le continuum mental à l’intérieur de notre esprit. Et les effets de celles-ci nous font rencontrer des situations qui sont la cause de notre souffrance. Pourquoi? Parce que nous pensons que ce corps et cet esprit, nos agrégats contaminés, sont géniaux et peuvent nous procurer le bonheur que nous recherchons.

En octroyant des qualités susceptibles de nous rendre heureux à nos agrégats contaminés, nous nous trompons complètement. Ils ne sont rien d’autre qu’un piège dans lequel nous nous trouvons. Et plus nous essayons de tirer profit de ces agrégats contaminés, plus nous nous amalgamons avec eux. Parce que nous sommes convaincus que là est la source de notre bonheur, essayer d’extraire un quelconque plaisir de nos agrégats contaminés, est un piège fatal. Nous n’avons pour cela pas besoin de contempler longuement le bilan des avantages et des désavantages de nos agrégats contaminés pour conclure qu’ils nous procurent nettement plus de souffrances que de plaisirs. À vrai dire, notre vie dans le samsara est essentiellement remplie de souffrances.

Méprendre-02Ce corps que nous chérissons tant nous a fait souffrir dès notre naissance entretiendra cette souffrance jusqu’à notre mort en passant par la maladie et le vieillissement. Lorsque nous rencontrons quelques instants de plaisir, tôt ou tard nous serons déçus et trahis par les conséquences des souffrances qui en résulteront. Notre esprit ordinaire est quant à lui encore moins fiable que notre corps ordinaire. Notre esprit ordinaire nous trahit à chaque instant. Notre esprit ordinaire nous donne systématiquement le conseil à l’opposé de ce qui serait bon pour nous. La fonction de nos perturbations mentales est de nous induire dans l’erreur. Comment pouvons-nous vraiment faire confiance en ce corps et à cet esprit qui nous font tant souffrir alors que nous attendions d’eux un bonheur durable?

En conclusion de ce qui précède, nos agrégats contaminés, notre corps et notre esprit ordinaires ne sont pas dignes de confiance. Ils ne sont pas fiables! Et si nous avons choisi ceux-ci pour établir la base de notre bonheur, nous avons effectivement fait le mauvais choix. Mais heureusement, nous ne sommes pas ces agrégats contaminés. Nous sommes bien le possesseur de ceux-ci, mais nous ne sommes pas ceux-ci. Nos agrégats contaminés sont le résultat de notre karma négatif depuis des temps sans commencement. Ils sont la preuve même de notre manière de fonctionner depuis des temps sans commencement. Si nous voulons vraiment développer notre confiance en qui nous sommes, nous devons réaliser qui est notre vrai soi.

Méprendre-03Qui nous sommes est notre potentiel pur, notre graine de bouddha, notre vrai Soi. Tenant compte de cela, arrêtons de nous identifier à notre corps et notre esprit ordinaires en les considérant source de bonheur. Actuellement, de manière aveugle nous nous en remettons aux mauvais conseils de notre esprit ordinaire. Nous suivons inconditionnellement celui-ci systématiquement. Mais en fait il y a une autre source de conseils dans notre esprit, notre potentiel pur que nous pouvons considérer comme un guide spirituel. Notre travail consiste d’apprendre à comment nous en remettre exclusivement à lui avec confiance. Une des raisons principale pour laquelle nous nous n’en remettons pas à lui est tout simplement parce que nous ne l’entendons pas ou que nous ne l’écoutons pas.

Pourquoi fonctionnons-nous ainsi? Parce que nous n’avons pas encore compris le fait que les conseils de notre esprit ordinaire sont faux et que nous n’avons pas saisi le bienfondé des conseils de notre guide spirituel. Nous faisons de la résistance envers le plan du guide spirituel. De cette attitude soit nous pensons qu’il n’a pas un bon plan pour nous, soit nous pensons ne pas mériter celui-ci parce nous ne nous sentons pas capables de le mettre en pratique dans notre vie. Nous pensons peut-être savoir ce qui est le meilleur pour nous. Une lutte incessante dans notre esprit nous accapare ne sachant discerner entre notre vie ordinaire et notre vie spirituelle. Seule la foi nous dirigera vers la voie spirituelle. C’est normal que cela suscite des peurs de changer d’habitude.

Inspiré du Cours du Programme fondamental basé sur le livre « Huit Etapes ver le Bonheur » reçu au Centre Atisha de Genève en 2009.

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Réflexions à propos du guide spirituel

Tout comme pour soutenir une voute d’un édifice existe une pierre particulière importante appelée clef de voute, le guide spirituel est en quelque sorte la clef de voute de notre pratique spirituelle.

Guide spirit-01Sans lui, construire une pratique efficace nous conduisant vers l’illumination sera quasi impossible. Parce que si nous maîtrisons la pratique qui consiste à « s’en remettre à un guide spirituel », nous pouvons faire autant de progrès en un seul instant que de pratiquer d’autres pratiques durant mille éons. La pratique suprême consiste à considérer tout ce que nous percevons comme quelque chose émané par notre guide spirituel. En d’autres termes, cela consiste à ramener toutes nos pratiques à une seule, « s’en remettre à notre guide spirituel », communément appelée le gourou-yoga. Comment comprendre cela? Si nous imaginons par exemple Bouddha Shakyamouni dans l’espace devant nous, c’est l’endroit où nous imaginons un bouddha. Appliquer le gourou-yoga, c’est imaginer notre guide spirituel dans l’aspect de Bouddha Shakyamouni. De manière plus étendue, lorsque nous disons « C’est mon guide spirituel dans l’aspect de … », c’est en fait une pratique du gourou-yoga.

Un bouddha est apte à manifester différentes formes dont celle de notre guide spirituel. De ce point de vue, nous pouvons également considérer tout ce que nous percevons comme une manifestation de notre guide spirituel émané par Bouddha Shakyamouni. Pourquoi cette manière de pratiquer est si puissante? Tout simplement parce que : où nous imaginons un bouddha, un véritable bouddha se manifeste à cet endroit; à l’endroit où se manifeste un bouddha, celui-ci accompli la fonction d’un bouddha qui est d’accorder ses bénédictions. Ainsi, d’une manière générale, nous pouvons nous souvenir des quatre reconnaissances principales relatives au guide spirituel.

  • Toutes les formes, et en particulier nos proches, nos amis du dharma sont le corps de notre guide spirituel.
  • Tous les sons que nous entendons, et en particulier les instructions elles-mêmes sont les paroles de notre guide spirituel.
  • Toutes les activités mentales, et en particulier les idées du dharma sont les pensées provenant de l’esprit du guide spirituel.
  • Et que tout ce qui est présent actuellement se passe dans l’esprit omniscient de notre guide spirituel, le dharmakaya.

Guide spirit-02Grâce à cette vue, en intégrant ces quatre reconnaissances nous imaginons recevoir les bénédictions de toutes les formes, de tous les sons, de toutes les pensées et toutes les actions de notre guide spirituel qui nous amène à l’illumination. Dans son livre « Huit étapes vers le bonheur », Ghéshé Kelsang Gyatson écrit à la page 178, je cite : « En entrainant notre esprit à voir des enseignements spirituels dans tout ce que nous vivons, nous pouvons en arriver à considérer tout être et toute chose comme notre enseignant spirituel, et nous pouvons  transformer à notre avantage toute situation sans exception ». Donc, si nous imaginons qu’absolument tout est émanation de notre guide spirituel dans l’aspect de quelqu’un ou quelque chose, véritablement celui-ci entre dans les formes et les objets. Et en faisant le rapport avec n’importe quelle chose en la considérant comme une émanation de notre guide spirituel, nous recevrons ses bénédictions à travers cette chose.

Tout se passe comme si nous prenions la décision de ne plus voir les choses et les objets comme ordinaires, mais de les percevoir comme des émanations de notre guide spirituel. Habituellement nous n’avons pas cette capacité de considérer notre existence et notre environnement. Ceci est dû à notre renaissance contaminée dans un corps ou un esprit contaminé et nos obstructions nous empêchent d’avoir un point de vue autre que celui d’un esprit grossier et impur. Mais en fait, en considérant qu’il s’agit d’une émanation de notre guide spirituel, à travers ses bénédictions nous purifions notre esprit en le soustrayant à l’apparence ordinaire des choses. C’est comme si une nouvelle perception motivée par la sagesse transforme notre vision des choses. Si nous considérons les personnes et les choses comme ordinaires, nous faisons avec elle un rapport ordinaire. Par contre, si nous faisons un rapport avec ces mêmes personnes et ces mêmes choses d’une manière pure, en les considérant comme une émanation du guide spirituel, tout apparaîtra comme étant pur.

Compilé et inspiré d’un enseignement du Programme Fondamental d’après le livre « La Voie Joyeuse » de Kelsang Gyatso, Ed. Tharpa, donné par Kadam Ryan au Centre Atisha en 2004

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