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Nous vivons dans le règne du désir

Combien de fois n’avons-nous pas succombé au désir irrésistible d’obtenir la même chose que son voisin, d’acheter le vêtement tendance dont tout le monde rêve. Pourquoi sommes-nous si envieux de la réussite d’une telle personne à qui tout paraît facile. Pourquoi certaines personnes s’exposent-elles  au scandale pour assouvir leurs désirs de conquêtes, d’argent et de réussite. La peur de ne pas obtenir l’objet de leur désir pousse certains à commettre l’irréparable tricherie à le vouloir à tout prix. Pourquoi l’herbe du voisin nous paraît toujours plus verte et plus savoureuse?
Désir-01D’après les écrits bouddhistes les êtres samsariques tels que les humains vivent dans le règne du désir. C’est l’environnement des êtres qui jouissent des cinq objets de désir, tels que les belles forme, les sons agréables, les odeurs parfumées, les saveurs délicieuses et les objets doux et stimulants. Autrement dit, tout ce qui est perçu par nos sens et qui génère habituellement de multiples attachements désirants et qui conduisent finalement à la souffrance.

Dans son livre « La Voie joyeuse, VGL explique : « L’attachement désirant est un facteur mental qui observe son objet contaminé, le ressent comme attirant, exagère son attrait, le trouve désirable et développe le désir de le posséder. » Le fait de ne pas obtenir l’objet désiré nous pousse à commettre des actions non-vertueuses, entraînant diverses souffrances qui laissent des empreintes négatives sur l’esprit. Si notre attachement désirant est très fort, personne n’arrivera à nous dissuader d’obtenir ce que nous désirons.
Non contents de ce que nous possédons, notre préoccupation de soi nous fait ressentir que nos désirs sont plus importants que ceux de toute autre personne. Cette préoccupation de soi nous incite à nous comparer constamment aux autres et souvent à entrer en compétition avec eux. C’est la une grossière erreur due à notre grande ignorance de saisie du soi, car celle-ci nous fait croire que les choses existent de la manière que nous les percevons.

Désir-03Dans quelles circonstances se développe cet attachement qui est la racine de toutes nos perturbations mentales? Il faut savoir que nous cherchons la satisfaction dans les plaisirs du samsara. Ce faisant, nous créons beaucoup de mauvaises habitudes compulsives, sources  de problèmes et de souffrances. De manière subjective, notre esprit fonctionne souvent selon un mode de comparaison. Par exemple, si en fin d’année notre employeur nous accorde une gratification pour notre travail, nous sommes content. Mais si nous venons à savoir que nos collègues ont reçu le double, nous sommes mécontent et malheureux. De manière générale nous passons beaucoup de temps à comparer notre statut, nos possessions, nos richesses, etc., toujours avec le désir de savoir si nous sommes mieux ou moins bien lotis que l’autre.
Nous pouvons alors penser qu’il vaudrait mieux se détourner complètement de tous ces objets de plaisir et de se couper du monde et des autres. Ce n’est évidemment pas la solution non plus. Nous devons nous libérer du joug de l’attachement en ne considérant pas ces objets de désir comme inconditionnellement indispensables à notre bonheur. Comme le disait si souvent mon enseignant : « Prendre plaisir, sans saisir! » Ainsi nous pouvons apprécier la compagnie de nos amis, aimer posséder des choses matérielles sans attachement désirant. Et si nous venons à nous séparer d’un ami ou perdre un objet inestimable, nous ne devrions pas être déprimés pour autant.

Désir-02La souffrance engendrée par le désir vient entre autre du fait que nous envions toujours ce que les autres possèdent au lieu de nous contenter de ce que nous avons. Ce qui revient à nous comparer continuellement aux autres et de préférence à ceux que nous croyons plus fortunés qu’à ceux qui le sont moins. Notre bonheur et notre malheur dépendra essentiellement de la référence qui nous servira de base de comparaison. Le désir trouve sa source dans la préoccupation de soi, l’attachement, la haine, la jalousie et bien d’autres perturbations mentales. À peine un désir est satisfait qu’un autre survient. Sitôt l’objet de notre désir acquis, très vite nous le trouvons inintéressant et cherchons à le remplacer par un autre.

En conclusion, pour nous libérer des souffrances et des malaises occasionnés par nos nombreux désirs impossibles, cessons de nous comparer aux autres que nous regardons avec des yeux envieux. Regardons et contemplons nos acquis en pensant à tous ceux qui, moins fortunés que nous, se trouvent démunis dans un environnement misérable et qui manquent de l’essentiel pour vivre. Par la méditation sur ce thème sensible, nous purifierons notre esprit de la domination du désir.

Rédigé d’après ma lecture de « La Voie joyeuse », de Kelsang Gyatso aux Editions Tharpa et de mes notes prises lors des enseignements reçus au Centre Atisha à Genève.