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D’où vient le bonheur et d’où vient la souffrance

Actuellement nous, les êtres humains, vivons dans le règne du désir. Ce désir se manifeste dans notre vie principalement par deux aspirations : celle d’être heureux et celle de ne pas souffrir. Malheureusement notre quête du bonheur est continuellement anéantie par la souffrance produite par nos perturbations mentales. Et lorsque nous croyons enfin être heureux, ce bonheur n’est que de courte durée, emporté par une grande insatisfaction. Nos désirs ne se concrétisent jamais complètement. Dans la méditation d’une personne de capacité intermédiaire du livre « Comment comprendre l’Esprit », G.K. Gyatso écrit, je cite : « Nous avons d’innombrables désirs, mais quels que soient nos efforts pour les satisfaire, nous n’avons jamais l’impression d’y parvenir. Même quand nous obtenons ce que nous voulons, nous ne l’obtenons pas de la manière dont nous l’aurions voulu« .

Si nous contemplons l’explication de G.K. Gyatso, naturellement une question profonde surgit dans notre esprit : Mais alors : « D’où vient le bonheur et d’où vient la souffrance », si nous avons tant de difficultés à réaliser notre bonheur et à supprimer la souffrance dans notre vie ? Nous persistons à croire que dans le samsara, il doit bien exister quelque chose qui puisse nous rendre heureux durablement et faire cesser nos souffrances définitivement. En fait, notre grande ignorance nous fait croire cela. Bouddha nous dit pourtant que dans le samsara, il n’y a absolument rien qui puisse nous rendre heureux et que nous devons renoncer à lui sous peine de souffrir encore et encore. Le samsara n’est pas un endroit géographique, c’est une création de notre propre esprit impur sous l’emprise de l’ignorance de la saisie d’un soi et des perturbations mentales.

Pour développer le renoncement au samsara, nous devons appliquer dans notre vie un nouveau paradigme. A savoir que tout ce que manifeste le samsara dans notre esprit est trompeur et nous serions bien inspirés d’en tenir compte à chaque instant. Ce ne sont que des apparences ou des illusions qui habitent notre esprit. Cela va-t-il vouloir dire que nous devrions renoncer à notre logement, notre travail, notre partenaire, nos amis et ainsi de suite et vivre comme un ermite dans une caverne loin de toute civilisation ? La finalité de tout objet samsarique ne peut nous éviter la souffrance et nous procurer le bonheur durable que nous recherchons depuis toujours. Alors que faire ? Il est très important de bien comprendre ce à quoi nous renonçons. Depuis des temps sans commencement nous nous sommes trompés à ce sujet. Plus précisément, nous nous sommes trompés sur la vraie origine du bonheur et de la souffrance.

Notre erreur vient du fait de croire que le bonheur et la souffrance viennent de l’extérieur de notre esprit. Notre bonheur semble dépendre de la possession de choses samsariques ou au contraire du rejet de ces mêmes choses samsariques. Nous pensons : « Il faut que je possède et accumule certaines choses » ou bien : « Il faut que je me débarrasse de certaines autres choses ». Ce faisant nous pouvons passer d’un extrême à l’autre, à savoir de la possession maladive de tout ce qui nous fait envie au rejet le plus total. Ni l’un ni l’autre ne nous rendront heureux et sans souffrance. Ne comprenant pas leur véritable provenance, nous échouons dans toutes nos tentatives de libération de ceux-ci. Cette erreur cruciale, nous la commettons tous. Ce manque de compréhension nous fait penser que le bonheur vient de la richesse provenant du monde ordinaire dans lequel nous vivons et que la souffrance provient de causes et de conditions issues de ce même monde ordinaire.

Nous attribuons la capacité de nous rendre heureux à quelque chose se trouvant à l’extérieur de notre esprit. De même nous attribuons la cause de nos souffrances à quelqu’un ou quelque chose d’extérieur. Ne comprenant pas que le bonheur et la souffrance viennent de l’intérieur, intellectuellement oui nous comprenons cela, mais nous devons vraiment le vivre au quotidien en contemplant nos réactions aussi bien lorsque nous sommes fatigués ou en colère, que tout va de travers dans notre vie que lorsque nous avons l’impression d’avoir goûté au bonheur, fusse-t-il même de courte durée. Nous blâmons ou nous exaltons uniquement des causes extérieures dans ces moments-là. Si nous possédons un esprit insatisfait et perturbé, où que ce soit et quelles que soient les conditions extérieures nous serons malheureux.

Nous avons besoin d’isoler notre esprit des perturbations mentales. Lorsque nous utilisons des moyens extérieurs pour dompter notre esprit, nous allons de fait dépendre de ces moyens extérieurs ainsi nous allons nous attacher à ces conditions extérieures pour maintenir notre esprit paisible. Le danger réside dans l’attachement à ces conditions extérieures. Le moyen de se libérer des perturbations mentales est l’entraînement spirituel. Ce qui veut dire : identifier les perturbations mentales, les réduire et les abandonner, en cultivant leurs opposants qui sont l’amour, la compassion, la sagesse et la patience. L’obtention du vrai bonheur, la désagrégation de notre souffrance et de manière ultime la libération, ne peuvent être faits qu’avec une action de l’esprit.

Rédigé et compilé à partir d’un enseignement du Programme fondamental sur la base du livre « Comment comprendre l’Esprit », les méditations, reçu au Centre Atisha à Genève

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Tara, notre Mère spirituelle

En Suisse, traditionnellement un événement annuel à lieu le deuxième dimanche du mois de mai. Cette fête est la fête des mères, occasion de rendre hommage à toutes les mamans. Or, cette année il se trouve que cette fête à lieu le 8 mai. C’est donc une occasion unique et spéciale de fêter notre mère spirituelle Tara, jour qui Tara-verte-05coïncide avec la fête des mères de notre vie ordinaire. Que le 8 mai tombe sur un dimanche n’est pas courant, la prochaine fois se sera en 2022.

Le bouddha féminin qu’est Tara a pour nous tous pratiquants du dharma une signification particulière. Ainsi, dans son commentaire sur la sadhana d’Arya Tara, G.K. Gyatso nous dit dans l’introduction, je cite : « Tara est un être illuminé. C’est sous la forme d’une femme qu’elle a généré la bodhitchitta, mené à terme toutes les étapes de l’entraînement du bodhisattva et finalement atteint l’illumination. Elle est appelée la ‘Mère de tous les bouddhas’ « .

Tara est donc une manifestation de la sagesse illuminée, elle est très puissante et très rapide pour nous aider. Il y a une raison pour expliquer la rapidité de Tara à satisfaire nos désirs. Quand nous atteignons l’illumination, les cinq éléments impurs (terre, eau, feu, vent et espace) qui nous constituent sont entièrement purifiés. Comme l’élément vent a la nature du mouvement, il est plus rapide que les autres éléments. Par conséquent Tara, qui la manifestation Tara-verte-06de l’élément vent purifié, est très rapide dans sa manière de nous aider et de nous protéger. Lire anecdote ci-dessous.

Si nous nous ne remettons à Tara avec une grande foi, nous recevrons rapidement sa protection et ses bénédictions. De nombreux écrits bouddhistes relatent la relation très proche de maîtres avec Tara, comme Atisha, Tchandrakirti et bien d’autres. Et pour ceux qui ont une familiarité avec les prières adressées à Tara, ils pourront ce jour-là la sadhana « Libération hors de la douleur » une pratique très bénie et très facile à pratiquer.

Extraits et notes tirées à partir du « Commentaire sur la sadhana d’Arya Tara » de Vénérable G.K.Gyatso, fondateur de la Nouvelle Tradition Kadampa, l’Union Internationale du Bouddhisme Kadampa.

Anecdote

J’ai personnellement vécu un événement semblable à ceux rapportés dans les écritures concernant la protection de Tara. Ce Devant-chez-moi 03jour-là je faisais justement la pratique de Tara chez moi. Durant celle-ci, alors qu’un  violent orage sévissait, un torrent sortit de son lit empruntant les routes pour traverser le quartier. Tel fut ma surprise en sortant plus tard de mon immeuble. En me renseignant j’appris que de nombreuses caves avaient été inondées, notamment dans les deux immeubles de part et d’autre de celui où j’habite. Et sans explication rationnelle les caves de mon immeuble furent épargnées de l’inondation. Merci Tara !

Les avantages de chérir les autres

L’esprit qui chérit les autres est simplement l’esprit qui considère que le bonheur des autres est quelque chose d’important. Il est sinon plus aussi important que notre propre bonheur. Nous pouvons alors penser : « Pour moi, cette personne est importante, son bien-être est important, ses désirs et son bonheur sont importants ». Ce qui veut dire que nous avons de la considération pour autrui, tout en faisant abstraction de notre préoccupation de soi, de notre ego. (Voir aussi Réflexion sur la préoccupation de soi). Dès cet instant, nous acceptons que les autres également puissent avoir les mêmes aspirations, les mêmes désirs d’être heureux que nous. Nous accordons une place au bonheur et à l’accomplissement des désirs des autres. Nous leur attribuons une valeur à nos yeux. Dans son livre « La Voie Joyeuse » Ghéshé Kelsang Gyatso cite Shantidéva qui disait que tout le bonheur de ce monde vient de l’esprit qui désire que les autres soient heureux.

avant-cher-01Comment mettre en application cet état d’esprit? Parmi les nombreuses situations de la vie de tous les jours, prenons par exemple une relation de couple. Conditionnés par la préoccupation de soi, généralement nous tentons par tous les stratagèmes de convaincre l’autre de mettre en œuvre tout ce qu’il sera capable de produire pour que nous soyons heureux. Ce mode de faire, tôt ou tard aboutira à une relation dysfonctionnelle. Alors que l’esprit qui chérit consiste pour nous à essayer d’aider notre partenaire à accomplir ses propres aspirations pour être heureux. Concrètement, c’est dire à l’autre : « Tu es quelqu’un d’important à mes yeux, que puis-je faire pour t’aider à réaliser ton bonheur? ». Avec la préoccupation de soi, nous essayons de contrôler l’autre personne pour l’amener à accomplir nos désirs égoïstes. Alors qu’un amour qui chérit est juste le contraire, c’est-à-dire un amour qui mettra tout en œuvre pour que l’autre réalise ses buts dans la vie.

Finalement, lorsque mutuellement les personnes appliquent cette démarche l’une envers l’autre, il en résulte que les deux sont satisfaites. Mais cette manière de faire doit être bien comprise sinon elle risque de prendre la forme d’une sorte de contrat inexprimé, soumis à conditions. Nous pourrions dans ce cas mettre une exigence du style : « Si tu m’aimes, je ferai tout ce que tu voudras! avant-cher-02Sous-entendu : Si tu ne m’aime pas, je te laisse te… « . Nous devons bien faire la différence entre l’esprit qui chérit les autres et l’attachement au bonheur des autres qui nous convient bien. Plus précisément, dans le premier cas, l’esprit qui considère que le bonheur de l’autre est important pour lui et dans le deuxième cas l’attachement au bonheur de l’autre qui pense que celui-ci passe au préalable par notre propre bonheur égoïste. Chérir les autres se traduirait par exemple par : « Ton bonheur est une chose importante pour moi, je souhaite t’aider à le réaliser ».

Les lois du karma sont incontournables. Ainsi toutes nos actions négatives ont pour origine notre préoccupation de soi, tandis que toutes nos actions positives proviennent de l’esprit qui chérit les autres. Toutes les bonnes choses qui se manifestent dans notre vie sont le fruit d’avoir chérit les autres dans le passé en nous engageant dans des actions vertueuses. D’avoir pratiqué alors  la discipline morale et le don, un être jouira d’une vie humaine. Si de plus celui-ci a développé un fort intérêt pour la voie spirituelle il profitera d’une précieuse vie humaine. Ce qui différencie une vie humaine d’une précieuse vie humaine est l’opportunité d’avoir la motivation pour s’engager dans la voie spirituelle. Elle est précieuse dans le sens qu’elle ne va pas de soi et ne dure pas forcément toute notre vie humaine ordinaire. Elle peut prendre fin à n’importe quel moment. De fait, ceux qui ont une précieuse vie humaine sont du reste nettement moins nombreux que ceux qui jouissent simplement d’une vie humaine.

Dans ce contexte, l’action de la discipline morale peut s’expliquer de la manière suivante. Étant donnée une situation, notre préoccupation de soi nous incite à répondre par une action non vertueuse, notre propre intérêt égoïste. Il se peut que nos avant-cher-03perturbations mentales nous encouragent à le faire. La discipline morale est alors cette attitude qui nous invite d’aller dans le sens contraire et de répondre par une action vertueuse, l’amour qui chérit les autres. Si actuellement nous avons la bonne fortune de jouir d’une précieuse vie humaine, c’est parce que dans nos vies passées nous n’avons pas donné suite aux incitations de notre préoccupation de soi à faire du mal aux autres en pensant qu’à nous-même. Motivés par un esprit qui chérit les autres, nous nous sommes alors engagés dans une discipline morale pure. C’est pourquoi nous pouvons aujourd’hui apprécier à sa juste valeur ce cadeau qui nous échoit, une précieuse vie humaine.

Inspiré d’un enseignement de « La Voie Joyeuse » donné par Kadam Ryan au Centre Atisha en 2006 à Genève.

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De précieux amis

Nous avons tous envie d’avoir de puissants et précieux amis. Quelqu’un qui puisse nous aider en toute circonstance, que les conditions soient bonnes ou mauvaises. Le plus souvent c’est lorsque les conditions sont mauvaises que nous recherchons leur Precieux-amis-01aide. Nous appelons de tels amis à la rescousse lorsque nous nous sentons en danger, que avons besoin de protection ou bien que nous manquons de moyens pour résoudre un problème insurmontable. Mais lorsque tout va bien dans notre vie nous les oublions peut-être. Lorsque nous sommes confrontés à une difficulté ou un problème, très rapidement notre sérénité et notre bonheur disparaît remplacé par la souffrance et l’inconfort. Tous les êtres vivants sans exception souhaitent être heureux et ne pas souffrir.

Si actuellement nous avons peut-être ce souhait, c’est que nous ne sommes pas vraiment heureux et que nous rencontrons des problèmes. Ce qui veut dire que nous n’avons pas encore trouvé ce qui nous rendrait heureux et ce qui nous épargnerait de souffrir. Si nous n’avons pas encore trouvé cela veut dire que nous n’avons pas cherché au bon endroit. Et si nous persistons dans notre recherche nous disposons de deux seules possibilités : soit ce que nous recherchons est impossible à trouver, soit nous ne cherchons pas au bon endroit. De plus ces deux possibilités ne s’excluent pas l’une l’autre. Nous pouvons chercher quelque chose qui n’existe pas au mauvais endroit! Quelle est la réponse à ce dilemme ? Pourquoi sommes-nous si souvent malheureux et continuons de souffrir ? En fait ce que nous recherchons est impossible à trouver à l’endroit où nous le cherchons habituellement.

Precieux-amis-02Quand nous rencontrons des problèmes et des situations difficiles, vers quoi nous tournons-nous ? Que cherchons nous immédiatement à changer ? Ce vers quoi nous nous tournons ou ce que nous recherchons semblent se manifester à l’extérieur de notre esprit. Si nous nous sentons si mal, notre réflexe est de chercher à l’extérieur ce qui ne va pas. C’est-à-dire les gens, notre partenaire, notre travail, le climat et ainsi de suite. Nous cherchons une raison externe à notre mal-être. Or, combien de fois n’avons nous pas tenté de changer les gens, notre partenaire, notre situation ? Combien de fois n’avons-nous pas ambitionné l’amélioration de notre existence ? Si la clé pour être heureux et ne plus souffrir consiste à changer et améliorer les conditions extérieures, alors pourquoi sommes-nous encore insatisfaits ?

Cela peut paraître puéril de dire que le bonheur est avant tout un état d’esprit. Les causes et les conditions extérieures ne font pas le bonheur. Qu’est-ce qui changerait dans notre vie si nous étions profondément convaincus que ce que nous avons à changer avant tout, lorsque nous avons des problèmes, c’est notre esprit. La source de tous nos problèmes et de toutes nos souffrances se trouve à l’intérieur de notre propre esprit. Ce sont tous ces états d’esprit qui nous mènent dans la mauvaise direction. Si nous apprenons à connaître notre esprit et à différencier les états d’esprit cause de bonheur des états d’esprit cause de souffrance, à cultiver les uns et se libérer des autres, alors nous allons progressivement faire l’expérience d’une paix intérieure de plus en plus grande.

Precieux-amis-03Malgré la succession possible des événements malheureux, nous nous sentons bien quand même. Si notre esprit est paisible quelles que soient les conditions extérieures nous sommes heureux. Dans le cas contraire, nous sommes malheureux dans les mêmes conditions. Il est donc tout à fait possible d’être profondément déprimé dans un environnement idyllique et parfait. Ceci est donc une bonne nouvelle. Parce que vouloir contrôler ou changer les conditions extérieures est une tâche épuisante et inefficace. Si nous comprenons les bienfaits des réalisations spirituelles telles que les réalisations intérieures de la sagesse, de l’amour et de la compassion nous les acceptons en toutes circonstances. Ces richesses intérieures nous protègent face aux situations difficiles, ce sont de vraies amies.

Compilé d’après une transcription et mes notes personnelles d’un enseignement sur le Refuge dispensé par Kelsang Jikgyob au Centre Atisha de Genève au mois de septembre 2013

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Comment faire grandir l’amour qui chérit

Tant que notre esprit contaminé considère les êtres en se basant sur une perception discriminatoire nous ne pouvons développer valablement un amour qui chérit. Nous devons éliminer la partialité que nous avons envers certaines personnes afin d’obtenir un amour égal inconditionnel. De la même manière que le soleil éclaire également tout ce qui se trouve sous ses rayons, nous devons considérer ceux qui se trouvent avec nous sans discrimination. Nous Grandir Amour-01devrions avoir un amour semblable au rayonnement du soleil pour tous les êtres qui gravitent dans notre vie. L’amour dans notre cœur devrait briller également pour tout le monde.

Avant de pouvoir apprécier la qualité d’un tel amour, nous devons reconnaître les problèmes que notre partialité nous crée. La plupart de nos problèmes dans ce sens viennent lorsque par exemple nous devons être en présence de gens que nous n’apprécions guère. Nous avons tous vécu de telles expériences que ce soit au travail, dans nos familles, avec nos amis ou ennemis. Dans certaines circonstances nous préférerions éviter leur présence et nous faisons tout notre possible pour nous soustraire à une situation embarrassante. Parfois, malgré tous nos efforts pour nous dérober, nous sommes obligés d’affronter cette présence. À ce stade un grand inconfort s’installe dans notre esprit, n’ayant pas de stratégie d’évitement.

Et dans ce cas, quand nous sommes avec de telles personnes, nous les rendons responsables de notre inconfort. Ce qui nous semble du reste tout à fait logique puisque lorsque nous ne sommes pas avec cette personne indésirable, nous ne ressentons aucun inconfort particulier. Alors qu’en sa présence le trouble se manifeste. Donc, de notre point de vue, la personne en question est la cause de notre Grandir Amour-02incommodité, raison pour laquelle nous cherchons à l’éviter. En réalité notre sensation d’inconfort ne vient pas de la personne, mais provient du fait que notre esprit ne sait pas comment interagir d’une manière saine et confortable  avec celle-ci.

À l’origine, face à cette personne, ce sont nos propres perturbations mentales qui se manifestent dans notre esprit. Elles sont la cause de notre inconfort, quelque chose hors de notre contrôle due à la situation. Et les empreintes karmiques potentielles relatives à la présence de l’autre se manifestent sous la forme d’une certaine aversion. En l’absence de telles empreintes karmiques, aucune réaction ne peut se manifester et nous pouvons aisément être en présence de qui que ce soit sans problème. Cet embarras que nous pouvons ressentir est le principal obstacle qui nous empêche de développer un amour inconditionnel pour tous sans discrimination.

Habituellement nous aimons bien les gens qui nous plaisent et nous avons de l’aversion pour ceux qui ne nous plaisent pas. Si nous pouvons apprendre à voir tout le monde d’une manière plaisante, nous aurons une bonne perception pour tous et cela nous sera facile d’aimer tout le monde. Certainement nous pouvons dire que nous aimons tout le monde, mais d’une manière nuancée. Il est bien clair que nous ne pouvons aimer tous les autres de la même manière. Grandir Amour-03Ainsi nous n’aimons pas notre partenaire de la même façon que nous aimons notre chef de bureau ou que notre concierge. Ceci vient du fait que nous partageons des karmas mutuels différents les uns avec les autres.

En chaque être nous apprécions des qualités et des caractéristiques différentes et de cette manière nous pouvons donner une cohérence à notre équanimité. Par ailleurs, cet amour pour les autres ne se limitera pas à un amour superficiel et hypocrite qui ne présente aucun intérêt pour notre développement spirituel. Une telle attitude est aussi le plus souvent très mal perçue par les autres, ne sachant pas comment le recevoir parce que manquant de sincérité et trop accommodante.  Cela provient de ne pas savoir adopter une manière appropriée à chaque situation. Nous devons être capables d’adopter la manière d’aimer les autres en fonction de leur diversité.

Compilé d’après transcription et notes d’un enseignement d’après « Huit Etapes vers le Bonheur » du Programme Fondamental transmis par Kadam Ryan au Centre Atisha de Genève en 2009

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Notre démarche spirituelle

Comme cette démarche est un cheminement intérieur, celui-ci est balisé par des observations importantes décrites ci-dessous qui nous ont été transmises en introduction au programme fondamental « Huit Etapes vers le Bonheur » au Centre Atisha de Genève en 2008. J’ai revisité l’enregistrement de cet enseignement que je voudrais partager avec mes lectrices et mes lecteurs.

Dem-spirit-01Première observation. Chaque être sans exception, même le plus petit insecte, possède le désir fondamental, un objectif commun, celui d’être libre de toute souffrance et d’être heureux tout le temps. Toutes nos actions et tout ce que nous faisons contribuent à l’accomplissement de ce but. Au premier abord, ce n’est pas forcément évident de comprendre à quel point cela est vrai pour tous les êtres. Il nous semble plutôt que notre motivation principale est par exemple d’avoir un bon travail ou de fonder une famille ou tout autre objectif personnel dans la vie ordinaire. Et tout ce que nous faisons qui va dans cette direction nous paraît être la vraie raison. Mais si nous nous posons la question : « Pourquoi mon travail est-il si important, pourquoi tel objectif personnel est si important », nous ne tarderons pas à formuler la réponse : « C’est parce que cela contribue indirectement à notre bonheur ». À l’origine de tout objectif de notre vie se trouve la motivation d’être heureux et libre de souffrance, de faire uniquement l’expérience du bonheur.

Deuxième observation. Depuis des temps sans commencement nous avons eu ce désir essentiel pour nous de faire l’expérience d’un bonheur permanent, sans la moindre souffrance. Hélas. À ce jour nous n’avons pas réussi à accomplir ce que nous cherchions. Oui, bien sûr par moment nous rencontrons de courtes périodes de bonheur exemptes de souffrance. Mais souvent aussi nous sommes fatigués, stressés; nous nous sentons épuisés par les difficultés et les problèmes. Nous sommes parfois très impatients lorsque nos désirs ne se réalisent pas immédiatement dans notre vie. Il arrive que nous sommes déçus par la tournure de notre vie et pensons : « Ce n’est pas ainsi que j’avais imaginé ma vie! ». Nous avons l’impression que les problèmes et les contrariétés se succèdent comme les vagues d’un océan. Toutes ces expériences ont quelque chose en commun, c’est leur impermanence. Nous croyons avoir trouvé le bonheur que déjà il nous échappe, nous avons soulagé une souffrance que déjà une autre se manifeste.

Dem-spirit-02Troisième observation. La raison pour laquelle nous n’avons pas trouvé le bonheur est que nous n’avons pas adopté la bonne stratégie pour le trouver. Jusqu’à ce jour, nous recherchons principalement le bonheur dans les conditions extérieures, la possession de biens matériels, un bon travail, de l’argent en suffisance, un statut social, des amis, une famille et ainsi de suite. Dans notre société, nous pensons que le bonheur dépend de ces choses extérieures. Il suffit de regarder les innombrables publicités en tous genres qui nous font miroiter le bonheur comme un bien de consommation. Nous rencontrons dans notre entourage des gens qui ne sont pas reconnus pour la simple raison qu’ils ne possèdent pas ce qui est jugé comme la normalité dans notre société. Nous souffrons de vouloir trouver le bonheur par l’assouvissement de nos désirs samsariques. Nous n’avons pas le contrôle de notre réputation, de notre situation. Nous sommes comme un cerf-volant qui est poussé dans la direction du vent dans tous les sens, les vents de notre karma.

Quatrième observation. Le bonheur est un état d’esprit. Le bonheur est un phénomène intérieur. C’est une impression intérieure, une quantité d’émotions et de sensibilité manifestée dans notre esprit. Et s’il s’agit d’un phénomène intérieur sa cause doit forcément être intérieure. Notre bonheur dépend de notre esprit. Toutes les conditions extérieures de leur côté sont neutres, elles sont ni bonnes ni mauvaises, mais dépendent de notre esprit. Si nous sommes heureux avec un certain environnement et malheureux avec un autre, cela dépend uniquement de notre état d’esprit. Les conditions extérieures existent en relation dépendante de notre esprit. Si nous adoptons un point de vue positif et constructif, même si les conditions extérieures sont exécrables, nous sommes heureux.
Au contraire, si nous avons un point de vue négatif dans un environnement parfait, nous resterons malheureux. Et au lieu de se poser la question « Qu’est-ce qui se passe dans le monde extérieur? », posons-nous la question « Qu’est-ce qui se passe dans mon esprit? ».

Dem-spirit-04Cinquième observation. Si le bonheur est quelque chose d’intérieur, quel est l’ingrédient-clé qui permet de nous approprier cette sensation de bonheur? Que devons-nous ajouter à nos états d’esprit pour obtenir ce résultat? Bouddha nous enseigne que ce qui nous manque est la paix intérieure. Si notre esprit est en paix, nous sommes heureux. Si notre esprit n’est pas en paix, même si les choses extérieures sont parfaites, nous ne sommes pas heureux. Malgré toutes les améliorations que nous propose le monde actuel, les conditions extérieures seules ne nous rendront jamais heureux. Si nous voulons atteindre notre but qui consiste à être heureux tout le temps, nous devons apprendre à maintenir notre esprit en paix en toute circonstance. Aussi longtemps que notre esprit est privé de cette paix intérieure, de changer les conditions extérieures n’apportera aucune solution viable. Rien ne sert de vouloir transformer le monde pour qu’il soit conforme à nos désirs arbitraires il suffit juste de changer notre état d’esprit pour avoir cette paix intérieure.

Sixième observation. Quelles sont donc les causes de notre paix intérieure? Nous connaissons tous les états d’esprit qui détruisent notre paix intérieure. Ceux-ci sont le fruit de nos perturbations mentales. La colère, la jalousie, l’attachement, l’aversion, le doute, l’ignorance sont autant de causes de l’absence de paix intérieure dans notre esprit. Ce qui fait croître notre paix intérieure sont les états d’esprit vertueux tels que l’amour, la compassion, le contentement, l’appréciation de notre précieuse vie humaine. Plus nous cultiverons ces qualités plus notre esprit sera en paix. Sans perdre de vue le but de notre vie spirituelle qui est d’obtenir un vrai bonheur, libre de toute souffrance, nous devons progressivement abandonner toutes nos perturbations mentales et les remplacer par des états d’esprit vertueux. Nous n’avons plus besoin d’être malheureux dans les situations extérieures parce que chacune d’entre-elles nous offrent l’opportunité de générer le bonheur en contrôlant notre esprit.

Compilé d’après un enseignement de Kadam Ryan lors de l’introduction au Programme fondamental donné en septembre 2008 au Centre Atisha de Genève.

Éveiller en nous le sens des mots

Si nous cherchons la définition d’un mot dans le dictionnaire, dans la plupart des cas plusieurs significations nous sont proposées. Elles dépendront du contexte où ce mot est utilisé. Le sens, du point de vue de notre esprit, est donc une caractéristique se trouvant imputée par celui-ci et non une propriété intrinsèque du mot lui-même. Les Sens-Mots-02esquimaux, par exemple, ont des douzaines de façons différentes de définir la neige. Ainsi dans le même ordre d’idées, le simple mot « Bonjour » est tout en nuances, et dépend de l’état d’esprit de la personne qui le dit et également de l’état d’esprit de celui qui le reçoit. Étymologiquement bonjour veut dire : « Ayez un bon jour ». Ce peut être une simple formule de politesse, mais cela peut également être un souhait provenant d’un esprit bienveillant. Et c’est là que cela devient intéressant.

Dans la vie courante, nous sommes en interaction avec les autres. Fort est de constater que l’échange verbal que nous avons parfois avec l’autre souvent est un rituel dans lequel nous ne nous impliquons pas vraiment. Ainsi, lorsque nous croisons notre voisine Sens-Mots-01de palier, nous répondons à son « Bonjour » sans nous impliquer vraiment dans cet échange. Pourquoi? Parce que nous sommes plus absorbés dans nos pensées ou encore attentifs à son allure, à son habillement plutôt qu’à ce qu’elle vient de dire. Et nous répondons également par un « Bonjour » tout en continuant notre observation. Mais avons-nous vraiment pensé à ce que nous avons dit, avons-nous vraiment écouté ses paroles?

Ce simple mot « Bonjour » peut aussi être une action vertueuse, parce que nous souhaitons à l’autre de vivre cette journée pleinement sans souffrance et remplie de bonheur. Si nous mettons toute notre attention sur le fait de souhaiter quelque chose de bénéfique pour l’autre, nous serons de moins en moins prédisposés à un jugement sur la personne en question. Parce que le bonheur des autres est également important, par ce simple bonjour, nous pouvons partager avec tous le bonheur qui se manifeste en nous. En éveillant le sens de ce simple mot nous renforçons notre bodhitchitta, notre intention de libérer les êtres vivants de leur souffrance et les conduire vers l’illumination. Nous construisons un lien karmique avec la personne par lequel nous pourrons vraiment l’aider dans le futur.

Sens-Mots-03Ce qui est valable pour le mot « Bonjour » ci-dessus s’applique également à une conversation. Lorsque nous parlons avec notre interlocuteur, si nous voulons comprendre son propos, nous devons d’une part être à son écoute et pas seulement mais d’autre part aussi capter le sens de ses paroles. Alors seulement nous pouvons recevoir correctement son message et lui répondre de manière qualifiée. Si notre intérêt pour ce qu’il nous dit est manifeste cela mettra à l’aise ce dernier qui se sentira accueilli avec ce qu’il veut partager avec nous. Qui n’a pas déjà entendu une remarque pertinente du genre « Tu écoutes ce que je suis en train de te dire? ». C’est en effet très désagréable de ressentir l’absence d’intérêt dans les yeux de celui qui est censé nous écouter. Au lieu de l’aider nous lui infligeons une souffrance supplémentaire sous la forme de la frustration de ne pas être entendu. Souvent, le piège consiste à interpréter ce que nous dit l’autre personne en portant un jugement de valeur à son propos. Ce jugement se basant sur nos propres projections dénaturera probablement ce que veux dire l’autre personne. Notre écoute doit être active mais centrée sur notre interlocuteur et non sur notre esprit subjectif. Nous devons élargir notre perception pour y inclure son expérience. Comment pourrions-nous être vraiment à l’écoute de l’autre si nous n’éveillons pas en nous le sens des mots?

Apprendre à gérer le stress

Le stress est un mal de société moderne qui concerne beaucoup de gens. Souvent abordé dans les medias sous ses aspects psychologiques et neurologiques, il est rarement abordé sous l’aspect spirituel. Samedi dernier, j’ai eu l’occasion de recevoir un enseignement sur le stress d’une perspective bouddhiste, par Kadam Hélène Oester  du Centre Dromtönpa de Bern. Ce précieux enseignement présente le stress et comment y faire face d’une manière différente et intéressante dont je voudrais partager ma compréhension avec vous mes lecteurs.

Stress-01Si d’un certain point de vue le stress possède un aspect positif, parce qu’il nous stimule dans l’aboutissement de nos objectifs, il reste surtout négatif, parce que source de beaucoup de problèmes et de souffrances. Il suffit pour en rendre compte d’écouter les réflexions du commun des mortels que nous sommes : « Il me stresse! », « Mon patron me stresse ! », « Le travail me stresse en ce moment! », « Je me sens stressé par ma situation », etc. Si l’aspect positif du stress peut temporairement nous aider, parce qu’il peut augmenter notre capacité d’obtenir le résultat escompté, nous ne devons pas en abuser. À trop vouloir bien faire avec cette adrénaline nous finirons par l’épuisement de notre énergie. Arrivés à ce stade nous sommes dépourvus de force et de vigueur et nous disons : « Je n’en peux plus! », « Je ne sais plus quoi faire », « Je ne sais plus où j’en suis! ». En faisant trop et trop longtemps cela peut même se terminer par un burnout.

Il n’y a pas de recette miracle pour enrayer le stress. Faire une liste de toutes les situations qui génèrent du stress est impossible. Néanmoins les quelques indications ci-dessous peuvent nous donner des pistes pour identifier les sentiments et les perceptions révélatrices du stress en nous.

  • Avoir un sentiment d’être sous pression, d’être contraint à faire quelque chose, d’être pressé ou accablé par des conditions difficiles.
  • Avoir un sentiment d’agitation intérieure et de perdre son calme.
  • Avoir le sentiment de perdre le contrôle et d’être une machine qui ne peut plus s’arrêter-
  • Avoir un sentiment d’être submergé parce que tout nous semble trop difficile et que les tâches les plus simples prennent une dimension disproportionnée.
  • Tout en déclinant une aide, nous pensons continuellement à tout ce que nous devons faire et que nous n’avons pas encore fait.
  • Avoir le sentiment d’être épuisé, de manquer de concentration
  • Les situations stressantes perturbent notre sommeil et même dans nos rêves
  • Etc.

Remarquons dans les exemples ci-dessus qu’il s’agit systématiquement d’une perception de notre esprit. Pourtant nous sommes le plus souvent persuadés de l’existence de quelque chose ou quelqu’un à l’extérieur de nous qui nous stresse. Plutôt que de nous limiter à une compréhension intellectuelle nous devons vraiment voir ce qui nous affecte sentimentalement.  Nous devons investiguer sur ce que nous ressentons pour savoir où nous en sommes dans notre vie. Alors d’où vient ce sentiment de stress? Provient-il de notre travail, de notre chef ou de notre partenaire? Est-ce la situation familiale ou encore la société moderne qui nous stresse? En réponse à cela les enseignements de Bouddha sont on peut plus clairs. Si toutes les situations mentionnées sont des causes circonstancielles qui peuvent induire un état de stress, la vraie cause substantielle de notre stress se situe dans notre esprit. La raison de notre bonheur, de notre souffrance tout comme la raison de notre stress se trouve dans notre esprit. Nous devons donc changer notre vision des choses : La racine du stress se situe à l’intérieur de notre esprit et non dans les conditions extérieures. Contrairement aux idées reçues, ne perdons pas de vue que les possibilités de faire quelque chose existent vraiment. Nous avons la possibilité de nous libérer de ces circonstances, même difficiles, par un travail visant à changer notre état d’esprit, c’est le but à atteindre. Cessons de croire que ce sont le travail, le ou la partenaire, le chef, etc. qui nous stressent. Ce ne sont que des circonstances externes projetées par notre esprit qui entretiennent notre état de stress.

Stress-02D’une manière générale nos actions prennent naissance par une intention dans notre esprit. Une action ne peut se concrétiser sans qu’il y ait une intention préalable. Toutes nos actions mentales, verbales ou physiques sont le résultat d’une intention. Ainsi notre mode de pensée et nos habitudes peuvent dans certaines cas être à l’origine de notre stress lorsque notre esprit est préoccupé par :

  • Se contraindre à faire quelque-chose
  • Avoir de très hautes exigences envers soi-même et les autres, que ce soit dans le travail ou la vie
  • La perfection devient un trouble obsessionnel compulsif
  • Croire que le succès s’obtient en travaillant durement
  • Croire que la fuite dans le travail est la seule issue à nos problèmes.
  • Etc.

Malgré notre quête incessante de la perfection à l’extérieur nous ne pourrons jamais être parfaits tant que nous ne changeons pas quelque chose à l’intérieur de notre esprit. Et nous ne changerons pas les conditions extérieures aussi longtemps que nous ne changerons pas notre état d’esprit. Du point de vue bouddhiste, seul Bouddha est parfait parce que complètement libéré de toutes les obstructions qui empêchent d’atteindre la perfection. C’est pourquoi, nous devons nous aussi cultiver des qualités d’amour, de sagesse, de force, de joie avec patience pour espérer un jour lui ressembler. Si nous possédons ces qualités intérieures, toutes nos tâches extérieures se feront d’autant plus facilement.

Stress-04Comment pourrions-nous changer la situation intérieure de notre esprit? Bien que parfois une situation extérieure soit également nécessaire, celle-ci est rendue possible dès l’instant où nous entreprenons un changement intérieur. Ce changement passe par la pratique de la méditation. En pratiquant par exemple une méditation sur la respiration chaque jour 5 à 10 minutes ou une méditation sur notre précieuse vie humaine, nous nous couperons de cette pression et de ce sentiment et nous prendrons l’ascendant sur notre stress. (Pour ceux que cela intéresse, vous trouverez une explication détaillée de ces deux méditations dans le livre de Ghéshé Kelsang Gyatso, « Le nouveau manuel de méditation » aux Editions Tharpa). Immergés dans le travail et les difficultés nous oublions cette chance, cette possibilité de travailler notre esprit, de nous aider nous-mêmes à être heureux. Dans ce sens notre vie humaine est pleine de sens. Habituellement, nos préoccupations sont dirigées vers nos activités ordinaires, notre travail, nos amis, nos problèmes et ainsi de suite. Et l’idée de reconnaître la chance que nous avons d’être un homme, une femme n’est de fait pas dans nos habitudes mentales. Si vraiment nous réalisons la valeur de notre vie humaine, alors nous pouvons entrevoir la possibilité de changer notre point de vue sur notre travail, nos problèmes et ainsi de suite. Les enseignements de Bouddha nous ouvrent  à de nouvelles structures, de nouveaux modes de pensée qui, progressivement nous donnent le moyen de supprimer le stress de notre esprit.

Enseignement donné le samedi 12 octobre 2013, dans le cadre du programme du Centre Atisha de Fribourg par Kadam Hélène Oester, enseignante du Centre Dromtönpa de Berne

Que se cache-t-il derrière le sourire de Bouddha

Nous avons tous observé des images, des tankas ou des statues de Bouddha et nous l’avons fait de diverses manières selon notre état d’esprit du moment. Samedi dernier, j’ai eu l’occasion d’assister à un enseignement qui nous a fait découvrir le sourire de Bouddha et que je partage avec vous.

Sourire-01Observer le sourire de Bouddha est comme regarder dans un kaléidoscope. Derrière ce regard il y a toutes les qualités de Bouddha. Son sourire est l’expression de ses nombreuses qualités. C’est l’expression de son bien-être mental. Un bien-être mental que nous ne pourrons jamais expliquer avec des paroles. Nous pouvons tout au plus faire des comparaisons, de donner des exemples qui reflètent les expériences même de l’esprit de Bouddha. C’est un état d’expérience que nous pouvons à peine décrire tant il est vaste. Néanmoins nous pouvons tenter de comprendre certaines de ses qualités qui apparaissent comme très importantes.

  • Le sourire de Bouddha est l’expression de sa tranquillité et de sa paix profonde. Vous pouvez vous imaginer une paix profonde qui ne s’arrête jamais, qui n’a pas de commencement et pas de fin. Une tranquillité qui n’est jamais bouleversée par le mécontentement, le stress, les soucis. C’est une paix intérieure semblable à un immense océan tranquille, limpide et clair.
  • Le sourire de Bouddha est l’expression de son calme. Un esprit calme qui n’a plus besoin de réagir aux choses extérieures. C’est l’expression de son imperturbabilité, parce c’est un esprit qui est capable de laisser les choses comme elles sont, sans vouloir les changer.
  • Le sourire de Bouddha est l’expression de sa certitude. Cette certitude qui n’a pas de doutes, pas de peurs. Un esprit qui peut agir de manière juste et sans hésitations. Cette certitude intérieure qui agit spontanément.
  • Le sourire de Bouddha est l’expression d’un amour infini et d’une compassion universelle. L’amour infini et la compassion universelle de Bouddha sont comme un soleil qui rayonne de manière égale dans toutes les directions, sans faire de distinctions quant aux bénéficiaires de ses rayons. Toutes les qualités d’un bouddha sont spontanées, sans effort.
  • Le sourire de Bouddha est l’expression de sa sagesse. L’esprit de Bouddha n’est pas séparé de la vacuité. Tout ce que voit un bouddha est dans la nature de la vacuité. Il nous dit notamment : « Les choses qui nous apparaissent ne sont pas comme elles existent véritablement, ce n’est pas la réalité ». Bouddha voit les choses comme elles existent grâce à sa réalisation de la vacuité. La sagesse de Bouddha comprend le karma, la loi de cause à effet.

Ces quelques aspects révélés de manière très subtile ont fait que chaque fois que je regarde une représentation de Bouddha, derrière son expression souriante je me rappelle de ses innombrables qualités. Il a dit aussi : « Ce que j’ai fait, chacun d’entrevous peut le faire également ». Puissiez-vous en faire de même.

Enseignement donné le samedi 14 septembre 2013, dans le cadre du programme du Centre Atisha de Fribourg par Kadam Hélène Oester, enseignante du Centre Dromtönpa de Berne

Le pardon, mode d’emploi

Pardon-01Comment pardonner? Si nous sommes l’objet d’une action négative, pour pardonner il faut en premier lieu que la personne qui nous a fait du mal ne se réduise pas simplement à ce qu’elle a fait, mais à une personne qu’était sous l’emprise de ses perturbations mentales. En pardonnant à l’autre, nous lui accordons la possibilité de ne plus être sous l’influence du karma négatif généré par son acte et nous nous libérons également de ce cycle karmique d’éventuelles représailles ou d’une punition égale à l’offense.

À cause de notre ignorance, nous trouvons difficile de croire au karma, et de prendre la responsabilité de nos actions et de nos expériences. À cause de notre ignorance, nous trouvons difficile de nous retenir de commettre des actions négatives. À cause de notre ignorance, nous trouvons difficile d’accepter de croire que tous nos problèmes proviennent de notre esprit et non pas de l’extérieur. Alors qu’en fait, tous nos problèmes et toutes nos souffrances proviennent de notre esprit.

Le seul aspect positif d’un karma négatif réside dans le fait qu’il peut être purifié. Il faut bien comprendre que lorsqu’une personne fait du tort à une autre personne, il y a deux karmas distincts qui sont en jeu. Celui de la personne qui fait du mal et celui de la victime qui subit ce mal. Les deux sont sous l’emprise du mûrissement de leurs karmas respectifs. Chacun a créé les causes et les conditions pour être dans l’un de ces deux rôles.

Pardon-02Pardonner n’est pas un attitude de supériorité de quelqu’un qui, tout en accordant une faveur, fait sentir au demandeur qu’il pourrait la refuser. En accordant le pardon demandé, nous nous pardonnons à nous-mêmes et refuser de pardonner serait commettre  une action qui renforcerait notre préoccupation du soi et notre orgueil. Le pardon n’est pas la sentence d’un juge, mais un acte de compassion afin que le karma produit par cet acte ne se reproduise plus.

Pardon-03Accorder le pardon, c’est renoncer à la colère et au ressentiment envers notre offenseur en développant notre empathie et notre compassion envers lui. Pardonner, étymologiquement  « perdonare » en latin, traduire par « pour donner », revient à faire le don de quelque chose à quelqu’un. Dans ce contexte, il s’agit du don que l’on fait de son droit de se venger d’un tort ou d’une injustice en s’efforçant de voir l’autre avec compassion et amour.