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Un retour en arrière est toujours un aller puisqu’on évolue

Dans la vie, il nous arrive parfois de vivre des situations qui nous mettent à rude épreuve. Nous sommes confrontés à des problèmes apparemment inextricables qui déchaînent une véritable tempête dans notre esprit. Nous avons beau « tourner et retourner » l’ensemble des circonstances à l’origine de notre inconfort, mais sans succès nous pensons alors que nous sommes incapables de résoudre ce problème. Lorsque le doute s’installe dans notre esprit et que la confusion prédomine dans nos réflexions, parfois nous faisons preuve d’opiniâtreté. Persuadés que la solution à nos problèmes est tangible, nous serrons les dents, dans une débauche d’énergie pour finalement échouer.

Cette attitude alimente le découragement ou la culpabilité dans notre esprit et nous fait penser que nous sommes dans une impasse. Pourtant la seule issue dans l’immédiat, est de cesser toute réflexion et de prendre un peu de distance par rapport aux événements. Tout comme le sable en suspension dans une eau agitée nous semble opaque, une fois que celle-ci se calme, le sable se déposant au fond, fait que l’eau redevient limpide et claire. Il en va de même pour notre esprit, lorsque celui-ci se calme nous pouvons alors poser une nouvelle réflexion libérée de toute perturbation. Notre ignorance de la nature réelle, ou ultime, des phénomènes nous fait saisir la situation désagréable comme existant de manière intrinsèque. Or, cette situation n’est qu’une émanation dans le tissu de notre esprit, une hallucination.

Pour amener un peu de lisibilité dans les méandres de notre ignorance, nous pouvons alors être tenté de faire un retour en arrière, de tout reprendre par le commencement. Au prix de beaucoup de réticences devant ce qui est pour nous un échec, nous nous imaginons revenir au point de départ, là où tout a commencé. Un retour en arrière … ? Quelle horreur ! Pourtant ce retour en arrière n’est pas synonyme d’échec et sera même bénéfique. Comme entre temps nous avons également évolué, ce retour en arrière ressemblera plutôt à aller qui sera différent. Car nous avons changé et nous devons l’accepter avec humilité. Pour illustrer ce propos, prenons la lecture d’un livre dont le contenu est compliqué en première lecture. Notre compréhension s’améliorera dès la lecture suivante.

Ce processus de résilience passe par un questionnement qui pourrait être de la forme : « L’écheveau de cette intrigue est trop embrouillé, je n’y vois rien, reprenons depuis le commencement » ou encore « Qu’est-ce que cet obstacle m’enseigne ? Que dois-je comprendre à l’origine de cette expérience douloureuse ? Dans ce genre d’investigations il est souvent question du JE ou du MOI, que nous saisissons fortement. Nous appréhendons ce JE ou ce MOI comme existant de manière intrinsèque, comme existant de son propre côté en dehors de notre esprit. Grave erreur ! Cette préoccupation de soi est à l’origine de toute notre souffrance. À partir de cette anamnèse de notre esprit, grâce à la méditation, nous pouvons mettre en lumière les facteurs mentaux responsables.

Par ce processus, nous refaisons le chemin que nous croyons avoir déjà fait, mais avec un état d’esprit qui aura changé entre temps. Ce qui nous permet de mieux comprendre la présence de nos expériences difficiles passées et de les voir comme un enseignement. Un retour en arrière est toujours un aller puisqu’on évolue au fil de nos expériences.

Compilation de notes personnelles et de textes du dharma consultés lors de séances d’étude et de méditation durant ma pause sabbatique en 2018

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Et si je donnais un sens à ma souffrance ?

Avant-propos

Quand bien même aucun nouvel article vous a été proposé depuis l’année passée car j’ai pris dans la rédaction de ce blog une période sabbatique en me concentrant sur d’autres aspects importants de ma vie spirituelle, je vais à nouveau périodiquement partager avec mes nombreux lecteurs le fruit de réflexions récoltées pendant tout ce temps.

Lorsque nous traversons une période de souffrance physique, notre corps est malmené et devient le centre de nos préoccupations. Dans de telles conditions nous n’avons que peu d’énergie pour faire autre chose que de nous focaliser sur ce tourment, de serrer les dents, de gémir et de nous plaindre à qui veut bien nous écouter. Notre acceptation et notre patience sont mises à rude épreuve. Nous sentant victime, nous partons en quête d’un coupable à l’extérieur de notre esprit. Et en vain nous recherchons un indice probable de sa présence. Sans réponse satisfaisante, nous conclurons que « vraiment cette souffrance n’a pas de sens ».

Que se passe-t-il dans ces moments-là ? Habituellement toute notre énergie est focalisée sur ce qui nous fait souffrir et nous fonctionnons un peu comme en mode de survie, en « pilotage automatique ». Il nous est difficile de nous projeter dans des activités que nous faisons normalement avec plaisir. La souffrance occupe une grande partie de notre esprit. En réfutant toute explication ordinaire à ce qui nous affecte, c’est dans les enseignements de Bouddha que nous trouvons les vraies raisons à notre souffrance. Et si je donnais un sens à ma souffrance ?

La manifestation même de la souffrance fait référence à sa cause, l’origine de nos propres actions négatives. Il n’y a pas d’effet sans cause, nous explique la loi du karma. Autrement dit simplement, c’est la loi de causalité qui stipule : « Pas de cause sans effet et réciproquement pas d’effet sans cause. Dès l’instant où nous comprenons que notre actuelle souffrance est le fruit de notre propre karma négatif, nous pouvons donner un sens à celle-ci. Nous allons donc nous abstenir de commettre des actions non vertueuses aux effets préjudiciables qui nous apporteront encore plus de souffrances.

Bien que nous ne sachions pas de manière formelle quelles actions négatives passées engendrent notre mal-être d’aujourd’hui, et quelles sont celles qui nous feront souffrir à l’avenir, nous serons bien inspirés de faire quelque chose pour remédier à cette situation par une purification. Plus notre situation est pénible et difficile à supporter, plus nous devrions ressentir le besoin de pratiquer l’une des méthodes de purification enseignées par Bouddha. La puissance de celles-ci dépendra essentiellement de la sincérité de notre regret, de la confiance en le karma, en appliquant l’antidote approprié et en promettant de ne plus commettre d’actions négatives.

Lors de l’enseignement du livre « La Compassion universelle« , mon enseignante Guèn Kelsang Jikgyob commentait un passage du chapitre « La préparation qui purifie les négativités » et disait, je cite : « Nous avons besoin de nous identifier à notre potentiel de bouddha, à notre extraordinaire potentiel. Et voir que nos précédents « JE » ont été dans la confusion, notre « JE » actuel est dans la confusion, mais notre « JE » n’est pas cette confusion, n’est pas ces perturbations mentales, n’est pas ces négativités. Nous devons vraiment s’identifier et se relier à notre potentiel pur ».

En donnant un sens à notre souffrance et à l’aide de la purification de notre karma négatif nous résoudrons nos problèmes et nous obtiendrons les réalisations spirituelles les plus significatives dans notre vie et dans toutes nos vies futures. Oui, notre souffrance a un sens, c’est bien vrai.

Compilation de notes personnelles et textes du dharma relatif à une période de souffrance passée durant l’automne de l’année dernière

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Les vues erronées nous font la vie dure

Une vue erronée est une vue qui fait entrave à notre progrès spirituel. En s’érigeant comme un obstacle, elle nous empêche d’atteindre l’illumination. En d’autres termes, c’est une vue qui s’oppose à notre progression vers la libération de la souffrance. Une vue erronée est nécessairement un esprit négatif nous orientant dans la mauvaise direction. La mécompréhension de la signification exacte des enseignements de Bouddha nous amènera à nous engager dans des actions néfastes pour notre développement spirituel. Pour nous libérer de toute souffrance, nous devons en fait savoir quelles sont les vues qui nous conduisent vers la souffrance. Les vues erronées les plus importantes étant par exemple le fait de nier l’existence des vies futures, le bien-fondé de la loi du karma et ainsi de suite, adhérer à celles-ci nous conduit irrémédiablement vers la souffrance sous tous ses aspects.

Le grand danger qui nous guette sur notre voie spirituelle est de banaliser les vues erronées qui hantent notre esprit.  Ce qui se traduit chez beaucoup de personnes par une attitude : « Oui, bien sûr … mais … ». C’est-à-dire que nous en avons une compréhension intellectuelle, mais que foncièrement nous ne sommes pas convaincus et nous ne nous sentons pas en accord avec ces vérités. Pourtant, chacune de nos actions, effectuée dans notre vie quotidienne crée les expériences futures dont nous éprouverons à coup sûr les résultats. Selon les vues que nous choisissons, nous allons développer certaines intentions à partir desquelles nous nous engageons dans certaines actions qui produiront les résultats correspondants. La relation existante entre nos actions et leurs résultats n’est pas une invention de Bouddha ni de quelqu’un d’autre, c’est la loi universelle de la causalité.

La facilité avec laquelle parfois nous acceptons une vue erronée est directement proportionnelle à notre manque de sagesse. Si nous ne prenons pas garde, une vue erronée nous maintient dans une zone de confort que notre préoccupation de soi affectionne particulièrement et nous avons du mal à la lâcher. Pour cette raison, nous faisons preuve d’ingéniosité pour argumenter en notre faveur en blâmant les conditions extérieures plutôt que de réaliser que nous sommes victimes de nos perturbations mentales. Or, si nous ne voulons plus souffrir des conséquences de nos vues erronées, nous devons les abandonner. Mais comment faire ? Sachant que la base d’imputation de nos vues erronées est notre manque de sagesse, notre ignorance, nos croyances et finalement nos perturbations mentales, nous prenons la ferme détermination de focaliser notre esprit sur celles-ci afin de les annihiler, de les éradiquer.

En prenant chaque vue erronée comme objet de notre méditation, nous pouvons contempler de manière objective les conséquences de cette dernière en vérifiant sa validité, son impact sur notre esprit. Nous pouvons par exemple dresser la liste de ses inconvénients d’une part et les avantages de l’abandonner d’autre part. Nous devons par exemple nous poser honnêtement la question suivante : « Qu’est-ce qui m’empêche de croire à l’existence des vies passées et des vies futures ? … ou de croire au karma ? », ou toute autre vue erronée. Il est dit dans le livre « La Voie joyeuse » de G. K. Gyatso à la page 140, je cite : « Il est possible de maintenir une vue erronée de façon dogmatique ou par entêtement, suite à un raisonnement incorrect ou imparfait ». À nous de trouver la faille nous permettant laisser tomber une vue incorrecte et de persévérer jusqu’à sa complète destruction.

Lorsque nous réaliserons que toute la souffrance vient des perturbations mentales, et à quel point elles font énormément de dégâts, notre envie de nous en libérer va forcément augmenter. Il n’existe aucune autre méthode que de travailler sur notre esprit pour nous libérer de la souffrance. Au fur et à mesure que nous développons notre sagesse, à travers nos expériences nous allons voir que les causes réelles du bonheur et les causes réelles de la souffrance résident dans notre esprit. Donc pour nous dégager de ces vues erronées qui nous font la vie dure, et atteindre un bonheur réel et durable, seul un vrai travail sur notre esprit nous permettra d’y arriver. C’est pour cette raison que nous avons recourt à la pratique de l’entraînement de l’esprit.

Réflexions sur l’enseignement de la Compassion universelle dans le cadre du programme fondamental donné au Centre de méditation Kadampa à Genève, automne 2017

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Ce qui fait le développement d’une perturbation mentale

Les perturbations mentales animent constamment notre manière d’être et notre façon d’agir dans la vie de tous les jours. Cette affirmation doit être vue sous l’éclairage de notre sagesse, car notre ignorance veut nous convaincre que notre attitude dépend essentiellement de causes et de conditions extérieures à notre esprit. Alors que tout ce que nous percevons n’a pas d’existence intrinsèque, la nature ultime de tous les phénomènes est la vacuité. Dans les enseignements sur la vacuité Bouddha nous enseigne que tous les phénomènes ne sont qu’une simple manifestation de la vacuité. Cet enseignement est très profond et demande de la patience et de la persévérance pour être bien compris.

Une compréhension intellectuelle de cet enseignement n’aura pas le pouvoir de changer en profondeur notre esprit. Nous sommes actuellement comme ce malade qui, bien que voulant guérir et ne plus souffrir, se contente de lire plusieurs fois par jour la notice du médicament que le docteur lui a prescrit. La présence même des perturbations mentales dans notre esprit en est le principal obstacle. À notre niveau, et avant même d’utiliser l’opposant ultime qui est la sagesse réalisant la vacuité des phénomènes, les opposants temporaires et spécifiques à chaque perturbation nous apporte une paix intérieure temporaire nous permettant de réduire leur effet néfaste.

Pour comprendre comment agissent ces opposants, nous devons connaître les principales causes des perturbations mentales. Parmi les principales causes, quatre de celles-ci sont nécessaires pour qu’une perturbation mentale se produise : la racine, la graine, l’objet et la focalisation inappropriée. Dans son livre « Comment comprendre l’Esprit », Vénérable G. K. Gyatso nous décrit celles-ci, je cite : « La racine de toutes les perturbations mentales est la saisie d’un soi. La graine d’une perturbation mentale est un potentiel laissé précédemment sur le continuum mental par des perturbations mentales similaires, potentiel qui agit en tant que cause substantielle de cette perturbation mentale. L’objet est tout objet contaminé. Enfin, la focalisation inappropriée est un facteur mental qui se concentre sur l’objet d’une manière incorrecte« .

Il faut donc la présence de ces quatre causes pour qu’une perturbation mentale se développe. Mais il suffit qu’une d’entre-elles manque pour que la perturbation mentale ne puisse se développer. Parmi ces quatre, celle que nous pouvons le mieux cibler est en fait la focalisation inappropriée. À savoir, notre manière de nous focaliser sur un objet. Autrement dit, si nous réussissons à travailler sur les causes de la focalisation inappropriée, nous empêcherons le développement de la perturbation mentale en question. Bien que cette pratique empêche le développement de celle-ci, elle n’élimine pas pour autant les graines en dormance qui subsistent dans notre esprit. Ces dernières peuvent être détruites par des pratiques de purification, (Le Soutra des Trois cumuls ou la pratique de Vajrasattva avec récitation de son mantra).

Pour empêcher le développement d’une perturbation mentale, comment ne pas tomber dans la focalisation inappropriée ? Vénérable G. K. Gyatso, toujours dans son livre « Comment comprendre l’Esprit », nous dit ceci, je cite : «  … en ne permettant pas à notre esprit de ressasser le caractère plaisant ou déplaisant des objets contaminés et de l’exagérer« . Somme toute, en quoi la focalisation inappropriée sur un objet plaisant nous est-elle néfaste ? Le fait de fixer notre attention sur un objet plaisant, en exagérant ses qualités contribue à développer une autre perturbation mentale, l’attachement. La plupart d’entre nous sommes incapables de vivre une expérience plaisante sans développer de l’attachement. Une sorte de « viscosité mentale » s’établit entre notre esprit et l’objet contaminé, nous privant de notre liberté.

Rédigé d’après mes révisions et mes transcriptions d’un enseignement du PF basé sur le livre « Comment comprendre l’Esprit » reçu au Centre Atisha de Genève en 2016

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D’où vient le bonheur et d’où vient la souffrance

Actuellement nous, les êtres humains, vivons dans le règne du désir. Ce désir se manifeste dans notre vie principalement par deux aspirations : celle d’être heureux et celle de ne pas souffrir. Malheureusement notre quête du bonheur est continuellement anéantie par la souffrance produite par nos perturbations mentales. Et lorsque nous croyons enfin être heureux, ce bonheur n’est que de courte durée, emporté par une grande insatisfaction. Nos désirs ne se concrétisent jamais complètement. Dans la méditation d’une personne de capacité intermédiaire du livre « Comment comprendre l’Esprit », G.K. Gyatso écrit, je cite : « Nous avons d’innombrables désirs, mais quels que soient nos efforts pour les satisfaire, nous n’avons jamais l’impression d’y parvenir. Même quand nous obtenons ce que nous voulons, nous ne l’obtenons pas de la manière dont nous l’aurions voulu« .

Si nous contemplons l’explication de G.K. Gyatso, naturellement une question profonde surgit dans notre esprit : Mais alors : « D’où vient le bonheur et d’où vient la souffrance », si nous avons tant de difficultés à réaliser notre bonheur et à supprimer la souffrance dans notre vie ? Nous persistons à croire que dans le samsara, il doit bien exister quelque chose qui puisse nous rendre heureux durablement et faire cesser nos souffrances définitivement. En fait, notre grande ignorance nous fait croire cela. Bouddha nous dit pourtant que dans le samsara, il n’y a absolument rien qui puisse nous rendre heureux et que nous devons renoncer à lui sous peine de souffrir encore et encore. Le samsara n’est pas un endroit géographique, c’est une création de notre propre esprit impur sous l’emprise de l’ignorance de la saisie d’un soi et des perturbations mentales.

Pour développer le renoncement au samsara, nous devons appliquer dans notre vie un nouveau paradigme. A savoir que tout ce que manifeste le samsara dans notre esprit est trompeur et nous serions bien inspirés d’en tenir compte à chaque instant. Ce ne sont que des apparences ou des illusions qui habitent notre esprit. Cela va-t-il vouloir dire que nous devrions renoncer à notre logement, notre travail, notre partenaire, nos amis et ainsi de suite et vivre comme un ermite dans une caverne loin de toute civilisation ? La finalité de tout objet samsarique ne peut nous éviter la souffrance et nous procurer le bonheur durable que nous recherchons depuis toujours. Alors que faire ? Il est très important de bien comprendre ce à quoi nous renonçons. Depuis des temps sans commencement nous nous sommes trompés à ce sujet. Plus précisément, nous nous sommes trompés sur la vraie origine du bonheur et de la souffrance.

Notre erreur vient du fait de croire que le bonheur et la souffrance viennent de l’extérieur de notre esprit. Notre bonheur semble dépendre de la possession de choses samsariques ou au contraire du rejet de ces mêmes choses samsariques. Nous pensons : « Il faut que je possède et accumule certaines choses » ou bien : « Il faut que je me débarrasse de certaines autres choses ». Ce faisant nous pouvons passer d’un extrême à l’autre, à savoir de la possession maladive de tout ce qui nous fait envie au rejet le plus total. Ni l’un ni l’autre ne nous rendront heureux et sans souffrance. Ne comprenant pas leur véritable provenance, nous échouons dans toutes nos tentatives de libération de ceux-ci. Cette erreur cruciale, nous la commettons tous. Ce manque de compréhension nous fait penser que le bonheur vient de la richesse provenant du monde ordinaire dans lequel nous vivons et que la souffrance provient de causes et de conditions issues de ce même monde ordinaire.

Nous attribuons la capacité de nous rendre heureux à quelque chose se trouvant à l’extérieur de notre esprit. De même nous attribuons la cause de nos souffrances à quelqu’un ou quelque chose d’extérieur. Ne comprenant pas que le bonheur et la souffrance viennent de l’intérieur, intellectuellement oui nous comprenons cela, mais nous devons vraiment le vivre au quotidien en contemplant nos réactions aussi bien lorsque nous sommes fatigués ou en colère, que tout va de travers dans notre vie que lorsque nous avons l’impression d’avoir goûté au bonheur, fusse-t-il même de courte durée. Nous blâmons ou nous exaltons uniquement des causes extérieures dans ces moments-là. Si nous possédons un esprit insatisfait et perturbé, où que ce soit et quelles que soient les conditions extérieures nous serons malheureux.

Nous avons besoin d’isoler notre esprit des perturbations mentales. Lorsque nous utilisons des moyens extérieurs pour dompter notre esprit, nous allons de fait dépendre de ces moyens extérieurs ainsi nous allons nous attacher à ces conditions extérieures pour maintenir notre esprit paisible. Le danger réside dans l’attachement à ces conditions extérieures. Le moyen de se libérer des perturbations mentales est l’entraînement spirituel. Ce qui veut dire : identifier les perturbations mentales, les réduire et les abandonner, en cultivant leurs opposants qui sont l’amour, la compassion, la sagesse et la patience. L’obtention du vrai bonheur, la désagrégation de notre souffrance et de manière ultime la libération, ne peuvent être faits qu’avec une action de l’esprit.

Rédigé et compilé à partir d’un enseignement du Programme fondamental sur la base du livre « Comment comprendre l’Esprit », les méditations, reçu au Centre Atisha à Genève

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Un précieux mentor

Porté par la foi et l’envie d’être heureux, l’aspiration nous incite à faire des efforts pour maintenir une discipline morale impeccable dans notre vie quotidienne. À chaque fois que nous avons suffisamment envie de faire une action spécifique, nous agissons en fonction de critères produits par l’état momentané de notre esprit. Seulement voilà, nos actions sont parfois telles que, au lieu de nous rendre la vie facile et nous conduire vers le bonheur, elles nous plongent dans les difficultés et la souffrance. Pourquoi ? Parce que nous donnons notre assentiment à nos préoccupations ordinaires produites par nos perturbations mentales.

Pourtant, nous avons toutes et tous le moyen de nous tirer de pareils faux pas malheureux. Parmi les onze facteurs mentaux vertueux présent dans notre esprit, il en est un très précieux que nous avons intérêt à apprécier davantage si nous voulons être heureux : le sentiment de honte. Là encore, il ne faut pas s’y méprendre car ce n’est pas ce que dit la croyance populaire, bien au contraire. Dans son livre « Comment comprendre l’Esprit », G. K. Gyatso nous donne la définition du sentiment de honte, je cite : « Le sentiment de honte est, par définition, un facteur mental dont la fonction est d’éviter les actions inappropriées pour des raisons qui nous concernent« .

Ainsi, lorsque nous nous retenons de faire une action négative, en pensant que pour une raison valide elle n’est pas judicieuse, nous donnons raison à notre sentiment de honte. Autrement dit, lorsque nous nous abstenons de produire une action négative, parce que nous comprenons que cette action ne correspond pas à la ligne de conduite dictée par notre discipline morale, nous évitons de créer des conséquences fâcheuses. Le sentiment de honte agit en amont de l’action que nous nous prêtons à commettre. Si par contre, l’action est déjà effectuée, nous ne pouvons qu’avoir du regret mais en aucun cas un sentiment de honte.

Le sentiment de honte fonctionne à la manière d’une alarme préventive. Celle-ci va se déclencher en étant simplement attentif à ce qui se passe dans notre esprit au moment où nous avons détecté le danger de commettre une action négative. Grâce à l’attention et à la vigilance qui observent le signal du sentiment de honte, nous nous surprenons sur le point de commettre quelque chose pouvant porter un préjudice. Nous pouvons alors immédiatement interrompre notre mauvaise intention avant de passer à l’acte. À ce moment précis, le sentiment de honte nous en a empêché.

Sans lui, nous pouvons bien dire et faire tout ce qui nous passe par l’esprit, sans retenue et sans contrôle. Les effets collatéraux d’une telle attitude, non seulement vont à l’encontre de notre vœu de discipline morale, mais surtout seront sans considération pour les autres. Nous générons ainsi beaucoup de souffrances autours de nous parfois même sans nous en apercevoir. Nous devons « écouter » cette petite voix qui nous murmure : « Non, je ne vais pas faire telle ou telle action, parce que cela ne correspond pas à l’attitude que j’ai choisie pour ma vie spirituelle ». C’est dans notre intérêt de suivre les conseils de ce précieux mentor.

Rédigé et compilé d’après mes révisions du Programme fondamental d’après le livre « Comment comprendre l’Esprit » de G. K. Gyatso, suivi au Centre Atisha en 2016.

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À quoi reconnaît-on une perturbation mentale ?

Nous sommes nombreux à subir un continuum de situations plus ou moins désagréables dans la multitude d’expériences quotidiennes de notre vie. Et, par ignorance, inlassablement nous mettons toute notre énergie à trouver la cause de tels événements. Par habitude, nous recherchons la cause de nos désagréments, de nos échecs, de nos vicissitudes, finalement de notre souffrance dans le monde qui nous entoure. Qui n’a pas une fois incriminé son supérieur, son conjoint, son collègue d’être responsable de ses divers tourments ? D’une manière générale, nous avons une tendance innée à rechercher « le coupable » à l’extérieur de notre esprit dans les personnes et les objets qui nous entourent.

Dans ses enseignements des « Quatre Nobles Vérités », Bouddha nous apprend que la cause de notre souffrance n’est pas extérieure mais intérieure. La cause se trouve au niveau de notre esprit dont le fonctionnement est contaminé par des perturbation mentales. Pour remédier à cette malheureuse situation, nous serons bien inspirés de reconnaître ces perturbations mentales et de les neutraliser afin de reconstruire la paix intérieure de notre esprit. Mais qu’est-ce au juste qu’une perturbation ? Dans son livre « Comment comprendre l’esprit », G.K. Gyatso nous livre sa définition, je cite : « Une perturbation mentale est, par définition, un facteur mental qui provient de la focalisation inappropriée et dont la fonction est de rendre l’esprit agité et incontrôlé ».

La seule et unique fonction d’une perturbation mentale est donc de nous faire souffrir. Pour reconnaître à coup sûr si nous avons une perturbation mentale ou pas, il nous suffit de savoir si notre esprit est agité et incontrôlé, autrement dit de savoir si nous sommes bien ou pas à un moment donné. La focalisation inappropriée sur les objets de nos perturbations mentales se fait à travers nos portes sensorielles, l’œil, l’oreille, le nez, la langue, le corps. Simultanément le facteur mental discrimination appréhende ce qui différentie l’objet particulier de la perturbation mentale des autres objets, nous permettant de le reconnaître et de maintenir l’activité de celle-ci. Une mauvaise focalisation associée à une discrimination insuffisante entretient la confusion dans notre esprit qui lui donne alors son assentiment.

Pour remédier à cette pénible situation, nous devons impérativement contrôler l’accès à nos portes sensorielles. La qualité de notre esprit dépend des états d’esprit qui l’accompagnent. Les états d’esprit négatifs notamment sont causés par les perturbations mentales et non par les objets et les conditions extérieures. Ce que nous croyons être perçu à l’extérieur n’est qu’une image générique, une illusion dans notre esprit. Comment pouvons-nous être tributaires d’une illusion ? Simplement par ignorance, l’ignorance de saisie d’un soi qui nous fait croire que les phénomènes et les objets existent indépendamment de notre esprit, de leur propre côté ou de manière intrinsèque. Les perturbations mentales nous induisent en erreur et nous font rechercher le bonheur au mauvais endroit.

Bien que nous développions les perturbations mentales dans notre esprit, nous avons besoin de connaître avec précision les états d’esprit résultants. Les états d’esprit perturbés sont la cause de toutes les actions négatives et la source de toutes les souffrances et de tous les dangers. En identifiant puis en éliminant nos perturbations mentales nous pouvons résoudre tous nos problèmes.

D’après un enseignement sur le thème « Se guérir du passé » avec Kelsang Jigkyob au IRC de Kailas en 2014 et de mes notes personnelles

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Réflexion sur la souffrance changeante

Cette souffrance mérite d’être contemplée pour en comprendre la signification profonde. La souffrance qui résulte de nos problèmes quotidiens provient essentiellement du fait que nous cherchons la satisfaction dans les plaisirs du samsara. Or, les plaisirs du samsara ne peuvent nous procurer que de l’insatisfaction. Bouddha nous enseigne que la nature même du samsara est souffrance. En ce sens, les plaisirs de ce monde se conforment aux règles de l’impermanence. Initialement peut-être ils nous gratifient d’un bonheur éphémère, En recherchant le bonheur dans des plaisirs aussi limités, il ne tardera pas à se transformer en souffrance.

Ce bonheur éphémère n’est autre que ce que Bouddha appelle la souffrance changeante. Le bonheur que nous ressentons habituellement lorsque nous bénéficions de conditions propices ne n’est pas un véritable bonheur mais une souffrance changeante, c’est-à-dire un soulagement temporaire de notre souffrance précédente. Nous pouvons mieux comprendre ce fonctionnement en considérant les objets d’addiction tels que l’alcool, la cigarette, la drogue, le sexe et ainsi de suite. L’expérience initiale de bonheur reste le plus souvent insatisfaisante et nous incite à recommencer tout en créant une assuétude perfide.

Notre expérience de souffrance changeante s’éternise aussi longtemps que nous ignorons qu’il existe autre chose. Cette accoutumance nous est néfaste car elle nous soustrait à l’idée qu’un vrai bonheur existe. souf-chang-01Nous devons pouvoir distinguer une véritable cause de bonheur d’une souffrance changeante. Cette distinction nous est donnée par Aryadéva dans le Traité en quatre cents versets qui dit, je cite : « Bien que nous puissions voir que l’augmentation de bonheur est détruite par sa cause, il ne peut jamais être observé que l’augmentation de la souffrance est détruite par sa cause ». Plus simplement, en augmentant la cause de notre bonheur de ce monde, celui-ci se transformera en souffrance. Mais jamais l’augmentation de la cause d’une souffrance ne transformera celle-ci en bonheur.

Il est correct d’avoir de l’insatisfaction avec ce que nous propose le samsara. Dans le monde extérieur nous ne trouverons jamais de quoi nous satisfaire en matière de bonheur durable. En réalisant que c’est notre esprit qui est le créateur de tout, si nous purifions notre esprit nous pouvons tirer plaisir de tout sans faire l’expérience d’une souf-chang-02souffrance changeante. Les objets extérieurs, de leur propre côté ne peuvent faire quoi que ce soit pour nous procurer du bonheur ou de la souffrance, puisqu’ils n’ont pas d’existence intrinsèque. Alors, nous établissons une relation différente avec les objets et pouvons prendre plaisir de l’état d’esprit résultant. Et du moment que notre esprit perturbé construit un objet contaminé, celui-ci est une vraie souffrance même si apparemment c’est un objet de plaisir.

Alors, quelles sont ces véritables causes de bonheur que nous avons tant de peine à trouver ? S’il ne nous reste pas d’autre alternative, il peut paraître normal de nous investir dans l’obtention d’objets samsariques. Par contre, s’il existe quelque chose qui est une vraie cause de bonheur, nous réalisons le gaspillage de notre temps à s’obstiner dans le samsara. Les vraies causes de bonheur ne sont pas à rechercher dans les choses extérieures mais intérieures dans notre esprit. Pour cela nous pouvons examiner nos perturbations mentales telles que la colère, la jalousie, l’attachement et ainsi de suite. Plus ces perturbations mentales se développent dans notre esprit et plus nous souffrons. Mais finalement, qu’est-ce qui peut nous apporter le vrai bonheur : l’amour, la compassion, la réalisation de notre précieuse vie humaine, etc.

Inspiré d’un enseignement tiré du livre « La Voie Joyeuse » reçu au Centre Atisha de Genève en 2005 ainsi que de mes notes personnelles.

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En finir avec la colère

Dans la plupart des situations, le mobile de la colère est l’échec de nos attentes. C’est parce que nos attentes ne sont pas satisfaites que la colère se développe dans notre esprit. Nous sommes souvent tellement obnubilés par la réalisation de nos attentes que la frustration engendrée par une telle situation parasite complètement notre esprit qui se laisse alors submerger par un état perturbé appelé colère. Et que ce soit pour nous- même ou pour les autres les effets de la colère sont tous sans exception négatifs et dommageables. Ainsi, chaque déception, chaque contrariété, chaque perte, chaque désappointement, chaque crève-cœur va engendrer une forme de colère dans notre esprit. Selon nos antécédents karmiques, nous serons plus ou moins familiers avec des états de colère.

Pour en finir avec nos colères, nous devons en premier lieu les identifier. La colère est par définition un état d’esprit perturbé qui appréhende un objet animé ou inanimé, le ressent comme déplaisant, exagère ses défauts et désire lui nuire. Nous allons nous focaliser essentiellement sur les aspects négatifs de la situation qui nous irrite jusqu’à ce que nous ayons construit une image mentale défavorable qui existe de manière intrinsèque en dehors de notre esprit. Bouddha nous enseigne comment venir à bout de cette maladie mentale appelée colère, une des plus grandes sources de souffrance dans notre vie. En l’espace d’un court instant, tous les aspects désagréables et négatifs d’un objet ou d’une situation s’amplifient fortement au détriment des apparences agréables et positives.

Parfois, il nous semble normal et légitime de nous mettre en colère. Suivant les circonstances, nous trouvons des bienfaits à la colère. Mais ce n’est qu’une apparence trompeuse, car la colère dans tous les cas détruit notre paix intérieure et apporte la souffrance dans notre vie. Donc, pour en finir avec la colère, il est nécessaire d’analyser son origine, sa nature pour développer le moyen d’y remédier. Quelle que soit l’objet de notre expérience future, naturellement nous projetons une stratégie pour parvenir à atteindre notre objectif et inévitablement nous entretenons le désir de réussir. Notre ignorance alliée à notre fort attachement au résultat va conditionner toutes nos attentes. Et comme souvent celles-ci ne sont pas comblées, notre esprit est l’objet d’une grande déception.

Plus nos attentes seront assujetties à un esprit égoïste qui n’accepte pas un résultat contraire, plus notre colère se développera et plus nous souffrirons. Pour ne pas se laisser emporter par ce processus destructeur, nous devons assouplir notre esprit et qui peut accepter que les choses ne se déroulent pas forcément toujours comme prévu. Rappelons-nous que nous ne pouvons changer les conditions extérieures à notre avantage afin qu’elles soient conformes à nos attentes. Par contre, nous pouvons changer notre état d’esprit envers ces mêmes conditions extérieures, en reconnaissant la présence de la colère qui s’amorce, ne pas s’identifier à elle et accepter une alternative possible qui sauvegardera notre paix intérieure.

Si, dans le feu de l’action il nous est difficile d’appliquer une solution instantanément aux conditions adverses, nous pouvons à posteriori analyser une expérience vécue dans le passé et contempler quelles auraient été les alternatives possibles qui nous auraient évité une grande colère. Avec la méditation et l’entraînement à contempler nos expériences de colère, nous allons progressivement identifier les mécanismes de celle-ci. Par l’exercice, nous assouplirons peu à peu notre esprit afin d’avoir une vision plus large de nos attentes. Et pour conclure de rappeler que la plupart de nos attentes ne se réaliseront jamais comme nous le souhaiterions ou peut-être même ne s’accompliront pas du tout.

Inspiré d’un Atelier sur le thème « La colère » donné par Tania Médina au Centre Atisha de Lausanne en 2012

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Devoir rencontrer ce que nous n’aimons pas

Notre existence est loin d’être un fleuve tranquille où tout se déroule de façon harmonieuse et sans problèmes. Nous pouvons dire que chaque jour a son lot de contrariétés, de vicissitudes et de frustrations. N’avez-vous pas remarqué que certains jours sont pires que d’autres et là vraiment vous souffrez. Alors, comme pour nous justifier et trouver un apaisement temporaire avant qu’une autre expérience difficile nous affecte, nous cherchons des excuses et surtout un responsable de toutes nos infortunes et de tous nos Rencontre_pas-01tourments. Et dans notre grande ignorance, nous recherchons à l’extérieur la cause de notre inconfortable situation en pensant : « Il doit bien avoir un élément, une personne, un objet que je dois pouvoir considérer comme coupable de ce qui m’arrive. Pourquoi ? ».

Pourquoi, rencontrons-nous tant de choses que nous n’aimons pas ? La réponse nous est donnée dans les enseignements de Bouddha. Nous rencontrons ce que nous n’aimons pas parce que les situations, les personnes et les objets à l’origine de notre état malheureux ne se présentent pas de manière à nous satisfaire et nous rendre heureux. En d’autres termes, nous sommes contrariés, agacés parce que les situations, les personnes et les objets ne répondent pas à nos attentes. Nous attachons beaucoup d’importance à nos critères de bien-être pour être contents. Malheureusement pour nous, plus nous avons de l’attachement et plus nous avons des problèmes, parce que les choses rarement ne correspondent entièrement à nos désirs, même pour un court instant.

Rencontre_pas-02Ainsi, dans certaines phases de notre vie, nous sommes alors continuellement dans une situation de frustration. Plus nous voulons que les choses se passent selon nos désirs, plus grande sera notre frustration. Si nous regardons notre vie, nous ne manquerons pas d’exemples qui le démontrent. Parmi le florilège de situations quotidiennes, voici quelques exemples concrets : « Mon chef doit agir de cette façon », « Le bus a de nouveau du retard ce matin, je vais manquer mon rendez-vous », « Son attitude m’agace, pourquoi ne change-t-il pas ? » et tant d’autres. Alors, si nous avons l’impression d’avoir beaucoup de frustration dans notre vie, il est peut-être temps de se questionner pour supprimer ou atténuer ses effets dévastateurs.

La frustration engendrée est la création de notre propre esprit. Celui-ci impute ou attribue à une situation donnée des aspects et des caractéristiques en conformité avec nos propres critères de satisfaction. Et lorsque ces mêmes critères ne sont pas remplis nous éprouvons pour le moins de la contrariété ou plus une noire colère et nous souffrons. La situation donnée nous semble exister en dehors de nous. Pourtant elle n’existe pas de manière intrinsèque, indépendamment de notre esprit. Oui, bien sûr les choses existent de manière conventionnelle, c’est-à-dire en dépendance de la manière que nous les percevons. Et dans ce sens, il y a autant de manières conventionnelles d’exister pour une chose qu’il y a d’êtres en ce monde.

Rencontre_pas-03Si nous projetons que les choses doivent être d’une certaine manière, ce que nous faisons habituellement, tout devient un obstacle à nos attentes. Plus nous projetons que les choses doivent obligatoirement être d’une certaine manière, toutes les autres alternatives qui vont à l’encontre de cette projection deviennent impossibles et seront un motif de frustration. La raison de rencontrer ce que nous n’aimons pas est due à notre fort attachement à cette manière de percevoir. La solution consiste donc à accepter les choses et les situations comme elles se manifestent à notre esprit sans vouloir à tout prix les rendre en accord avec ce que nous voudrions qu’elles soient. Si nous plaçons avec sagesse le niveau de nos attentes dans notre vie à une valeur raisonnable et possible, nous serons de moins en moins frustrés et malheureux lorsque nous rencontrons ce que nous n’aimons pas.

Rédigé et inspiré d’un enseignement sur « La méditation sur les vraies souffrances » du livre « La Voie Joyeuse » de G. K. Gyatso aux Ed. Tharpa

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