Lorsque nous vivons notre quotidien, nous avons de temps à autre un peu d’estime pour ce que nous sommes. Parfois même nous exagérons ce sentiment en pensant que nous sommes un super héros, en maximisant ce que nous croyons être nos qualités et en minimisant ce que nous savons être nos défauts. Sans ambages, c’est du moins de cette manière que sincèrement nous nous percevons. Parfois nous avons une piètre image de nous-même que nous voudrions pourtant améliorer. Alors comment faire? Milarepa disait ne pas avoir besoin de livres, car tout autour de lui pouvait être pris comme un enseignement du dharma. Nous pouvons très bien nous inspirer de cela.
« Bien! Mais tout autour de moi, je ne vois que de la violence, de la colère, de l’intolérance! En quoi tout cela peut être profitable pour moi? » En aucun moment nous nous identifions à ce que nous voyons constamment autour de nous. Nous sommes tellement habitués à percevoir les fautes chez les autres que nous ne voyons plus correctement ce qui se passe dans notre propre esprit. Pourtant, nous pensons aussi : « Moi, je ne suis pas comme cela! Je n’ai pas de telles attitudes fautives! C’est aux autres de changer de comportement et de façons d’agir dans leur vie ». Et nous pensons que les autres ont la responsabilité entière d’éliminer les fautes que nous percevons en eux.
Cette conclusion hâtive est la conséquence de notre ignorance de saisie d’un soi. Celle-ci nous persuade que les autres existent vraiment de manière intrinsèque là en dehors de notre esprit. De ce fait, leur comportement et leurs actions sont entièrement imputables à leur propre esprit et ne nous concernent pas. Mais c’est oublier que la fonction de l’esprit est de tout percevoir et de tout connaître. Par conséquent, le monde que nous expérimentons est le monde auquel nous prêtons notre attention. Et en pensant plus profondément à cela, nous réalisons que nous sommes l’unique responsable de tout ce que nous percevons et même des fautes chez les autres.
Si nous investissons la quasi-totalité de notre attention à observer uniquement les fautes des autres, il nous semble que la presque totalité des gens que nous percevons sont mauvais et sous l’emprise de leurs mauvaises intentions. Mais ce que nous voyons chez les autres est la manière subjective de notre esprit de projeter sur eux ce que nous croyons leur appartenir de leur propre côté. C’est de cette façon que nous créons « des ennemis », « des amis », « nos collègues aimés ou mal-aimés » et ainsi de suite. Généralement, nous créons tous les êtres qui se manifestent dans notre vie. C’est une réalité que nous avons souvent de la peine à admettre, parce que nous n’avons pas suffisamment de compréhension de la vacuité des objets et des phénomènes.
Il y a différentes possibilités d’approfondir notre compréhension sur ce sujet. Nous pouvons par exemple prendre le mécanisme du rêve. Lorsque nous rêvons, les personnages de notre rêve nous paraissent exister vraiment car nous sommes capables de vivre avec eux toutes sortes de sensations et d’émotions. Avec l’esprit du rêve, nous n’avons aucun doute quant à leur existence et à leurs actions bonnes ou mauvaises. Sommes-nous responsables des fautes et des actions des personnages de notre rêve? Oui, car l’intégralité du rêve, les personnes et leurs actions sont l’expérience créée par l’esprit du rêve. Si de telles personnes faisant de telles actions existaient vraiment de manière intrinsèque, elles continueraient d’exister au moment de notre réveil. Pourtant, toutes ces personnes disparaissent complètement. Elles ne sont ni venues d’un quelconque endroit ni reparties nulle part. Alors, finalement où sont ces êtres violents, colériques et intolérants que nous rencontrons tous les jours? Si nous voulons améliorer notre vision du monde, cela se produira qu’en dépendance des changements que nous faisons dans notre esprit en fonction de ce que nous percevons chez les autres.