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Pratiquant bouddhiste affilié à la Nouvelle Tradition Kadampa

Sans nom, les choses ne peuvent pas exister

Sans nom, les objets ne peuvent exister. Cette affirmation peut paraître surprenante tellement nous avons l’habitude de nommer les objets par leur simple nom. Il est intéressant de développer cette affirmation avec l’éclairage du dharma et plus précisément à partir d’une autre affirmation enseignée par Bouddha : « Tout est création de l’esprit« . Pour cela, attardons-nous sur le rôle de l’esprit dans cette démarche. Dans le livre « Comment comprendre l’esprit« , du point de vue de sa fonction, l’esprit peut se diviser en esprits principaux ou consciences et en facteurs mentaux. Pour la compréhension de cet article, mais sans entrer dans les détails, précisons ces deux notions.

Un esprit principal est un connaisseur qui appréhende principalement la simple entité, la réalité abstraite d’un objet. Par exemple ausculter une bougie. Pour mieux connaître son objet, un esprit principal est toujours associé à plusieurs facteurs mentaux. Ceux-ci sont des connaisseurs qui appréhendent principalement les attributs particuliers ou caractéristiques de l’objet. Dans le cas d’une bougie, d’ausculter la forme, la couleur, sa position, etc. Esprit principal et facteurs mentaux agissent conjointement, car ils se concentrent sur le même objet, ils apparaissent et disparaissent en même temps. Ils œuvrent en équipe mais cependant ils ont des fonctions différentes. Donc il y a une relation dépendante entre un esprit principal et ses facteurs mentaux, et par conséquent entre l’objet et l’esprit.

Il y a six types d’esprits principaux : la conscience de l’œil, la conscience de l’oreille, la conscience du nez, la conscience de la langue, la conscience du corps et la conscience mentale. Pour illustrer le propos de cet article, prenons la conscience de l’œil à l’état de veille. À chaque seconde de notre vie quotidienne, notre regard « balaie » ce qui nous entoure. L’esprit principal de l’œil, associé en permanence au minimum aux cinq facteurs mentaux qui sont la sensation, la discrimination, l’intention, le contact et la focalisation va « explorer par balayage » tout ce qui est dans son champ. Chacun de ces facteurs mentaux joue un rôle bien particulier dans ce processus.

C’est le facteur mental discrimination qui le premier permet à la conscience de l’œil de distinguer un objet parmi la multitude d’objets en présence. Parce que tout objet possède des caractéristiques qui l’individualise, sur la base de celles-ci, l’objet se manifeste à notre œil par un nom ou pas. Dans ce dernier cas, le nom pourra se révéler plus tard après une autre investigation, au même titre que nous faisons une recherche dans un dictionnaire ou une encyclopédie permettant de lui donner tout de même un nom. Tant qu’un nom ne peut être attribué à l’objet, l’esprit de l’œil ne pourra le connaître correctement et entièrement, et pour lui l’objet n’existe pas. Si notre conscience de l’œil était privée de discrimination, elle ne pourrait pas reconnaître tout objet parmi d’autres.

Dès l’instant où un nom est trouvé pour l’objet en question, le processus de reconnaissance de l’esprit peut se poursuivre. Attribuer un nom à l’objet est une imputation, une simple désignation. L’objet est la base d’imputation et le nom est sa désignation, son étiquette. Ainsi, sans même nous en rendre compte, nous sommes constamment en train de « coller une étiquette » à tout ce que nous voyons. Avec les autres facteurs mentaux mentionnés, l’esprit va se diriger vers l’objet avec l’intention. Il va se centrer sur un attribut particulier au moyen de la focalisation, avec le contact il va percevoir l’objet comme agréable, désagréable ou neutre. Et finalement l’esprit va ressentir l’objet comme agréable, désagréable ou neutre, grâce à au facteur mental sensation. Il est impossible de connaître un objet sans le ressentir. Ainsi chaque facteur mental possède une fonction spécifique permettant à l’esprit ou à la conscience d’appréhender l’objet à partir de son nom. en l’absence de celui-ci, l’esprit ne peut l’appréhender et donc pour lui l’objet n’existe pas.

Rédigé d’après les enseignements du Programme Fondamental « Comment comprendre l’esprit » au CMK Genève en 2014 et de mes révisions personnelles.

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Intermède

À toutes mes fidèles lectrices et à tous mes fidèles lecteurs,

Il n’y aura pas de nouvel article ce mois d’octobre. Des soucis de santé ayant fortement interféré avec la rédaction de celui-ci. Le prochain article sera publié vers la fin du mois de novembre.

Merci de votre compréhension.

Un retour en arrière est toujours un aller puisqu’on évolue

Dans la vie, il nous arrive parfois de vivre des situations qui nous mettent à rude épreuve. Nous sommes confrontés à des problèmes apparemment inextricables qui déchaînent une véritable tempête dans notre esprit. Nous avons beau « tourner et retourner » l’ensemble des circonstances à l’origine de notre inconfort, mais sans succès nous pensons alors que nous sommes incapables de résoudre ce problème. Lorsque le doute s’installe dans notre esprit et que la confusion prédomine dans nos réflexions, parfois nous faisons preuve d’opiniâtreté. Persuadés que la solution à nos problèmes est tangible, nous serrons les dents, dans une débauche d’énergie pour finalement échouer.

Cette attitude alimente le découragement ou la culpabilité dans notre esprit et nous fait penser que nous sommes dans une impasse. Pourtant la seule issue dans l’immédiat, est de cesser toute réflexion et de prendre un peu de distance par rapport aux événements. Tout comme le sable en suspension dans une eau agitée nous semble opaque, une fois que celle-ci se calme, le sable se déposant au fond, fait que l’eau redevient limpide et claire. Il en va de même pour notre esprit, lorsque celui-ci se calme nous pouvons alors poser une nouvelle réflexion libérée de toute perturbation. Notre ignorance de la nature réelle, ou ultime, des phénomènes nous fait saisir la situation désagréable comme existant de manière intrinsèque. Or, cette situation n’est qu’une émanation dans le tissu de notre esprit, une hallucination.

Pour amener un peu de lisibilité dans les méandres de notre ignorance, nous pouvons alors être tenté de faire un retour en arrière, de tout reprendre par le commencement. Au prix de beaucoup de réticences devant ce qui est pour nous un échec, nous nous imaginons revenir au point de départ, là où tout a commencé. Un retour en arrière … ? Quelle horreur ! Pourtant ce retour en arrière n’est pas synonyme d’échec et sera même bénéfique. Comme entre temps nous avons également évolué, ce retour en arrière ressemblera plutôt à aller qui sera différent. Car nous avons changé et nous devons l’accepter avec humilité. Pour illustrer ce propos, prenons la lecture d’un livre dont le contenu est compliqué en première lecture. Notre compréhension s’améliorera dès la lecture suivante.

Ce processus de résilience passe par un questionnement qui pourrait être de la forme : « L’écheveau de cette intrigue est trop embrouillé, je n’y vois rien, reprenons depuis le commencement » ou encore « Qu’est-ce que cet obstacle m’enseigne ? Que dois-je comprendre à l’origine de cette expérience douloureuse ? Dans ce genre d’investigations il est souvent question du JE ou du MOI, que nous saisissons fortement. Nous appréhendons ce JE ou ce MOI comme existant de manière intrinsèque, comme existant de son propre côté en dehors de notre esprit. Grave erreur ! Cette préoccupation de soi est à l’origine de toute notre souffrance. À partir de cette anamnèse de notre esprit, grâce à la méditation, nous pouvons mettre en lumière les facteurs mentaux responsables.

Par ce processus, nous refaisons le chemin que nous croyons avoir déjà fait, mais avec un état d’esprit qui aura changé entre temps. Ce qui nous permet de mieux comprendre la présence de nos expériences difficiles passées et de les voir comme un enseignement. Un retour en arrière est toujours un aller puisqu’on évolue au fil de nos expériences.

Compilation de notes personnelles et de textes du dharma consultés lors de séances d’étude et de méditation durant ma pause sabbatique en 2018

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Nous faisons toujours les mêmes erreurs

À l’origine d’une erreur, il y a un acte de l’esprit qui tient pour vrai ce qui est faux, ou inversement. C’est du moins ce que dit le dictionnaire dans ce contexte. L’erreur est donc le résultat d’une action. L’erreur est une expérience inéluctable qui a pour origine sa cause. La loi universelle de la causalité explique qu’il n’y a pas d’expérience sans cause et inversement sans cause il ne peut y avoir d’expérience ou résultat. C’est exactement de cette manière que nous devons comprendre le fonctionnement de notre karma. Or nous avons tous un karma négatif considérable accumulé dans nos vies passées, dont les conséquences sont les disfonctionnements, les maladresses, les vues erronées qui nous empoisonne l’existence dans cette vie-ci.

La sagesse qui comprend le karma nous amène à constater que toutes nos erreurs passées proviennent de notre ignorance et de notre préoccupation de soi. Notre ignorance est un manque de connaissance ou de compréhension, elle est semblable à une obscurité intérieure qui nous empêche de comprendre avec clarté. Cette ignorance entretient notre manque de discernement quant à ce qui vertueux ou non vertueux, autrement dit ce qui est cause de bonheur ou cause de souffrance. Et notre préoccupation de soi nous conduit à nous engager dans des actions qui créent la souffrance et notre malheur. De plus, la préoccupation de soi peut se dissimuler derrière toutes sortes d’apparences pour mieux nous tromper.

Cela dit, pourquoi donc faisons-nous toujours les mêmes erreurs ? Par familiarité, une sorte connaissance intime de nos erreurs. Tout comme nous sommes habitués à faire une tâche quotidienne donnée d’une certaine manière, nous sommes habitués à faire également certaines erreurs de façon répétitive sans effort, presque inconsciemment. Comment expliquer ce comportement compulsif qui, sans cesse nous fait commettre une erreur ? Dans son livre « La Voie Joyeuse », G.K. Gyatso nous enseigne les effets des actions non vertueuses. Dans ce contexte, les effets similaires à la cause d’une action non vertueuse et plus précisément les tendances similaires à la cause expliquent ce mécanisme.

Plus loin dans ce même livre, il nous dit, je cite : « Les tendances similaires à la cause sont des effets où nous continuons à avoir une forte compulsion à répéter le même genre d’actions non vertueuses« . Autrement dit, plus nous faisons une action spécifique et plus aisément nous la ferons à nouveau. Pour illustrer ce comportement, prenons l’exemple du golfeur. Plus celui-ci entraîne la répétition du geste avec son club, plus sa précision augmentera et plus facilement il frappera la balle dans la direction voulue. Du point de vue spirituel, chaque fois que nous faisons une action non vertueuse, nous créons des effets conformément à la loi de causalité définie auparavant, des effets similaires à la cause. Autrement dit, chaque fois que nous faisons une action non vertueuse nous créons la cause de la refaire encore plus souvent.

Comment inverser cette tendance ? Pour cela nous devons agir sur trois niveaux qui sont : Identifier notre erreur, réduire la fréquence de sa répétition, supprimer notre erreur. Tout d’abord c’est de prendre conscience que nous faisons l’erreur en affutant notre vigilance. Toujours dans ce même livre, dans le chapitre « La voie de la libération« , il est dit que : « Sans un esprit consciencieux, nous laisserons notre esprit faire tout ce qu’il veut« . L’esprit consciencieux se pratique de façon concertée avec la vigilance. La vigilance est ce type de sagesse qui comprend les défauts qui sont la conséquence de l’erreur. Si grâce à la vigilance nous avons débusquer l’erreur sur le point de se produire, nous la stoppons immédiatement. En agissant systématiquement de cette manière, progressivement nous ne commettrons plus cette erreur et nous nous désaccoutumerons de celle-ci définitivement. Bien sûr ce ne se fera pas du jour au lendemain, mais avec patience et persévérance nous progresserons dans l’entraînement de notre esprit. Si nos mauvaises habitudes de faire des erreurs nous rendent la vie dure, nous pouvons également rendre la vie dure à nos mauvaises habitudes de faire des erreurs.

Compilation de notes personnelles et de textes du dharma consultés lors de séances d’étude et de méditation durant ma pause sabbatique en 2018

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Sans motivation … stagnation

Tout le monde possède une petite idée de ce qu’est la motivation. Mais au juste connaissons-nous précisément sa fonction, ce qui la caractérise ? Oui, le dictionnaire nous dit bien que : « La motivation est un ensemble de facteurs déterminant l’action et le comportement d’un individu pour atteindre un objectif ou réaliser une activité« , mais encore.  Ainsi, nous réalisons bon nombre de nos activités quotidiennes, bonnes ou mauvaises, avec une motivation nuancée selon l’action à entreprendre. Il y a des choses que nous aimons bien faire et d’autres pas, pourquoi ? Il y a des choses qui nous paraissent difficiles, voir insurmontables ou impossibles tandis que d’autres nous semblent faciles et gratifiantes, pourquoi ? Chacun pourra dresser une liste non exhaustive illustrant ce propos. Ne serait-ce qu’une question de motivation qui caractérise l’une ou l’autre de celles-ci ? Il vous est sûrement déjà arrivé de faire une tâche sans motivation, n’est-ce pas. En résultat, si ce n’est pas une catastrophe, l’aboutissement de cette activité s’en ressentira.

La motivation est à l’origine de toutes nos activités, qu’elles soient positives ou négatives. Dans notre vie ordinaire, le manque de motivation se traduit généralement par un comportement passif, une apathie, une nonchalance ou un manque de conviction dans la réalisation de nos actions et de nos entreprises. C’est aussi un obstacle à la réussite d’une activité ou d’un projet. Que ce soit dans la vie professionnelle ou la vie privée le manque de motivation peut conduire souvent à de cuisants échecs. Les conditions adverses qui semblent entraver l’accroissement de notre motivation, contrairement à ce que nous pensons, ne sont pas extérieures mais intérieures. Nos actions passées, même si nous n’en connaissons pas l’origine, ont créé les potentialités karmiques responsables des difficultés que nous rencontrons actuellement. Pourtant la motivation est une force que chacun peut activer expressément dans sa vie. Sitôt les raisons et les intérêts réunis, elle nous pousse dans notre action. La motivation qui se manifeste alors peut être à la base des succès les plus retentissants.

Puisque c’est « un outil merveilleux » pour notre vie ordinaire, en quoi cela peut-il l’être également dans notre vie spirituelle ? Dans son enseignement de « Comment intégrer toutes nos pratiques quotidiennes », Bouddha nous dit de pratiquer les cinq forces, dont la première de toutes est la motivation. C’est un grand désir de pratiquer le dharma. Et comment naît et s’entretient ce désir ? Par notre motivation. Celle-ci est parfois grande et parfois moins évidente. Tant que nous ne sommes pas des êtres réalisés, notre motivation fluctue en passant par des hauts et des bas et nos réalisations sont en rapport avec elle. Nous pouvons à chaque instant accroître notre motivation en contemplant ses bienfaits. Dans son livre « La Voie joyeuse », Vénérable G. K. Gyatso nous dit, je cite : « Il est sage d’accomplir des actions vertueuses avec la meilleure motivation possible. Si nous sommes motivés par la foi, toutes nos actions vertueuses deviennent très puissantes« .

Dans notre vie spirituelle, le manque de motivation favorise la paresse qui est un état mental attiré par ce qui est futile et non vertueux ; l’attirance pour la tranquillité mentale et physique ; le découragement qui nous fait perdre tout plaisir dans notre pratique. Il y a une relation dépendante entre une forte motivation et un effort puissant et continu qui nous permet d’atteindre ces réalisations. Cet effort n’est pas ordinaire, c’est une énergie spirituelle joyeuse. L’effort dans le bouddhisme c’est se délecter dans la vertu. Ainsi, cette joie de pratiquer, cette envie de pratiquer, cette énergie vient de notre motivation, de notre intention de le faire. Et cette intention vient de notre foi en les enseignements de Bouddha.

Il s’agit d’utiliser le dharma dans toutes nos expériences agréables et même désagréables pour remotiver notre esprit. Il y a rien de tel que le dharma, car franchement sans le dharma rien ne fonctionne. Sans motivation … c’est la stagnation dans le samsara.

Compilation de notes personnelles et textes du dharma consultées lors de séances d’étude et de méditation durant ma pause sabbatique en 2018

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Et si je donnais un sens à ma souffrance ?

Avant-propos

Quand bien même aucun nouvel article vous a été proposé depuis l’année passée car j’ai pris dans la rédaction de ce blog une période sabbatique en me concentrant sur d’autres aspects importants de ma vie spirituelle, je vais à nouveau périodiquement partager avec mes nombreux lecteurs le fruit de réflexions récoltées pendant tout ce temps.

Lorsque nous traversons une période de souffrance physique, notre corps est malmené et devient le centre de nos préoccupations. Dans de telles conditions nous n’avons que peu d’énergie pour faire autre chose que de nous focaliser sur ce tourment, de serrer les dents, de gémir et de nous plaindre à qui veut bien nous écouter. Notre acceptation et notre patience sont mises à rude épreuve. Nous sentant victime, nous partons en quête d’un coupable à l’extérieur de notre esprit. Et en vain nous recherchons un indice probable de sa présence. Sans réponse satisfaisante, nous conclurons que « vraiment cette souffrance n’a pas de sens ».

Que se passe-t-il dans ces moments-là ? Habituellement toute notre énergie est focalisée sur ce qui nous fait souffrir et nous fonctionnons un peu comme en mode de survie, en « pilotage automatique ». Il nous est difficile de nous projeter dans des activités que nous faisons normalement avec plaisir. La souffrance occupe une grande partie de notre esprit. En réfutant toute explication ordinaire à ce qui nous affecte, c’est dans les enseignements de Bouddha que nous trouvons les vraies raisons à notre souffrance. Et si je donnais un sens à ma souffrance ?

La manifestation même de la souffrance fait référence à sa cause, l’origine de nos propres actions négatives. Il n’y a pas d’effet sans cause, nous explique la loi du karma. Autrement dit simplement, c’est la loi de causalité qui stipule : « Pas de cause sans effet et réciproquement pas d’effet sans cause. Dès l’instant où nous comprenons que notre actuelle souffrance est le fruit de notre propre karma négatif, nous pouvons donner un sens à celle-ci. Nous allons donc nous abstenir de commettre des actions non vertueuses aux effets préjudiciables qui nous apporteront encore plus de souffrances.

Bien que nous ne sachions pas de manière formelle quelles actions négatives passées engendrent notre mal-être d’aujourd’hui, et quelles sont celles qui nous feront souffrir à l’avenir, nous serons bien inspirés de faire quelque chose pour remédier à cette situation par une purification. Plus notre situation est pénible et difficile à supporter, plus nous devrions ressentir le besoin de pratiquer l’une des méthodes de purification enseignées par Bouddha. La puissance de celles-ci dépendra essentiellement de la sincérité de notre regret, de la confiance en le karma, en appliquant l’antidote approprié et en promettant de ne plus commettre d’actions négatives.

Lors de l’enseignement du livre « La Compassion universelle« , mon enseignante Guèn Kelsang Jikgyob commentait un passage du chapitre « La préparation qui purifie les négativités » et disait, je cite : « Nous avons besoin de nous identifier à notre potentiel de bouddha, à notre extraordinaire potentiel. Et voir que nos précédents « JE » ont été dans la confusion, notre « JE » actuel est dans la confusion, mais notre « JE » n’est pas cette confusion, n’est pas ces perturbations mentales, n’est pas ces négativités. Nous devons vraiment s’identifier et se relier à notre potentiel pur ».

En donnant un sens à notre souffrance et à l’aide de la purification de notre karma négatif nous résoudrons nos problèmes et nous obtiendrons les réalisations spirituelles les plus significatives dans notre vie et dans toutes nos vies futures. Oui, notre souffrance a un sens, c’est bien vrai.

Compilation de notes personnelles et textes du dharma relatif à une période de souffrance passée durant l’automne de l’année dernière

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Pourquoi pas, … ? Oui mais … !

Englués dans nos occupations ordinaires, nous ne cessons de remplir notre emploi du temps par une multitude de choses futiles laissant bien peu de place pour les choses importantes comme par exemple notre pratique spirituelle. Pourquoi cette obsession ? Parce que les préoccupations de ce monde ordinaire sont à nos yeux bien plus appréciables que les activités liées à notre pratique du dharma. Ces dernières se trouvent le plus souvent au bas notre liste des tâches à faire. Or cette attitude entretient l’insatisfaction dans notre quête du bonheur et n’engendre finalement que de la souffrance. Depuis des temps sans commencement, nos mauvaises habitudes, produites par nos perturbations mentales, induisent cet état d’esprit jour après jour. Pour remédier à cette situation, nous devons impérativement changer d’attitude, mais comment ?

Les perturbations mentales, telles que la colère, l’attachement, la préoccupation de soi, etc. sont le résultat du mûrissement de notre karma, dans ce cas négatif. Alors que de toutes les activités provenant de l’application du dharma engendrent un karma positif. Nous serions bien inspirés de pratiquer la patience, l’amour, la compassion et ainsi de suite pour créer un tel karma. Rappelons que karma en sanscrit signifie l’action. Celui-ci sera vertueux si nos actions sont positives et correctes et malheureux si nos actions sont négatives et incorrectes. Or, nos actions dépendent principalement de notre intention. Dans son livre « Comment comprendre l’Esprit », vénérable G. K. Gyatso précise la définition de l’intention, je cite : « L’intention est, par définition, un facteur mental dont la fonction est de centrer son esprit principal sur un objet ».

Ainsi, la nature de notre karma positif ou négatif dépend de notre intention à nous centrer sur les objets rencontrés dans nos activités quotidiennes. Selon l’orientation de notre intention, une action bénéfique ou malheureuse s’en suivra. Puisque notre intention est à la genèse de toutes nos actions, il est très important de mieux cibler nos intentions. Dans le flux incessant de nos pensées, celles qui nous sont bénéfiques sont « en compétition » avec celles, plus nombreuses, qui produisent notre malheur et notre souffrance. Le choix dépendra de notre état d’esprit basé soit sur notre sagesse intérieure, soit sur les suggestions trompeuses de notre préoccupation de soi. À ce propos, je lisais l’autre jour à l’entrée d’un restaurant, la célèbre citation d’Epicure « Hâtons-nous de succomber à la tentation, avant qu’elle ne s’éloigne », une manière de s’enfoncer encore plus dans le samsara.

Comme la tentation de céder aux objets samsariques nous est hélas très familière, nous devons opter pour une stratégie plus efficace pour ne pas la suivre. Alors comment faire ? Dans notre fonctionnement habituel, la question « Pourquoi pas … ? » nous sert de support pour développer l’intention. L’action subséquente est souvent subordonnée à un argument introduit par une phrase commençant par « Oui mais … « . Ainsi les tergiversations et les atermoiements de notre esprit peuvent nous conduire aussi bien dans des actions vertueuses que dans des actions non-vertueuses. « Pourquoi pas … » ouvre une possibilité d’action et pourra être annihilée par la considération subséquente « Oui mais … « . Ce canevas s’applique dans notre vie de tous les jours aussi bien pour des intentions vertueuses que pour celles qui ne le sont pas . Alors « Pourquoi pas redoubler de vigilance pour réduire notre karma négatif ? » ou bien encore « Pourquoi consacrer du temps à méditer ? à quoi vous répondrez peut-être « Oui mais … !

Compilé à partir de notes personnelles inspirées de mon parcours  et de mes expériences du dharma, ces années passées

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Jeu de miroirs … jeux de dupes

Si vous observez un chien qui se trouve soudainement face à un miroir, que se passe-t-il ? Le chien, voyant un congénère dans le miroir prend peur et se met à grogner. Ne comprenant pas qu’il s’agit de son reflet, sous l’emprise de son ignorance, il est persuadé qu’en face de lui se trouve un autre chien qui semble avoir aussi peur que lui car il grogne également en guise de réponse. Dans l’esprit du chien, son ignorance de saisie d’un soi induit la présence d’un véritable chien qui lui fait face. Vu de notre point de vue extérieur, il nous est facile de comprendre la supercherie dont le chien est victime.

Mais au fait, en quoi cette situation peut-elle révéler notre propre fonctionnement ?

Contrairement à notre observation extérieure du chien ci-dessus, où nous pouvons prouver la non-existence du chien dans le miroir, nous ne pouvons le faire dans notre cas. Tout ce que nous percevons est bel et bien une image projetée dans notre esprit, comme dans un miroir. Et comme le chien qui perçoit son image dans le miroir, nous percevons tout ce qui est extérieur à notre esprit comme ayant une existence de son propre côté. Où que nous posions notre regard, quelque chose se trouve bien devant nous à l’extérieur. Comme le chien nous sommes persuadés de cette présence qui suscite en nous attirance, répulsion ou indifférence.

Dans ce sens, nous avons le même comportement que notre chien décrit ci-dessus. En effet, nous avons la certitude que tout ce qui apparaît à notre esprit a bien une existence réelle, intrinsèque. Ne pouvant être à la fois acteur et observateur de notre propre situation, nous ne pouvons vérifier si oui ou non quelque chose existe « derrière le miroir ». En conclusion, nous sommes également victime d’une semblable tromperie, car aucun objet ou phénomène que nous percevons, que nous voyons n’existe de la manière dont il nous apparaît,  pas plus que le chien dans le miroir.

À méditer …

Réflexion sur un passage d’un enseignement lors de la transmission de Mandjoushri donné par Kelsang Jikgyob au Novotel de Genève le mois passé.

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La préoccupation de soi, cet esprit perfide

Tout au début de son livre « Comment comprendre l’esprit« , G. Kelsang nous explique, je cite : « Du point de vue de sa fonction, l’esprit peut se diviser en esprits principaux et facteurs mentaux. Un esprit principal est, par définition, un connaisseur qui appréhende principalement la simple entité d’un objet. Un facteur mental est, par définition, un connaisseur qui appréhende principalement un attribut particulier d’un objet. » Pour illustrer ces deux définitions, disons plus simplement l’esprit principal perçoit par exemple un objet et est capable de le nommer. Et les facteurs mentaux appréhendent par exemple la forme, la couleur, la matière de l’objet et ainsi de suite qui sont spécifiques à l’objet.

Ainsi, nous possédons les six types d’esprits principaux suivants : la conscience de l’œil, la conscience de l’oreille, la conscience du nez, la conscience de la langue, la conscience du corps et la conscience mentale. Chacun de ces esprits principaux ou consciences est accompagné d’au moins cinq facteurs mentaux qui sont : la sensation, la discrimination, l’intention, le contact et la focalisation, chacun étant une partie de l’esprit principal auquel il appartient. Un esprit et ses facteurs mentaux appréhendent ensemble des objets et ou des phénomènes. Autrement dit un esprit principal connaît son objet ou son phénomène grâce à ses facteurs mentaux.

Il en va de même pour l’esprit de préoccupation de soi. Avec la particularité que, tant l’esprit principal que les facteurs mentaux l’accompagnant sont corrompus par les aspects négatifs de notre karma. Les informations perçues par nos facteurs mentaux contaminés par l’ignorance nous poussent à rester dans l’erreur. De ce fait, nous continuerons à croire de bonne fois que nous sommes si importants et que par ignorance nous saisissons notre JE comme bien réel.

Nous avons besoin de reconnaître que cet esprit de préoccupation de soi est un poison, un ennemi intérieur. Depuis des temps sans commencement nous avons cru que cet esprit était notre ami, alors qu’il nous a continuellement trompé. Pourquoi cela se passe ainsi ? Parce que, usant de toute sa malice, de sa fourberie, il profite de notre naïveté et de notre ignorance pour faire de nous son esclave et nous rendre malheureux. Victimes de ses insinuations et de ses propos fallacieux nous avons accumulé un lourd karma négatif. En fait, nous n’arrivons pas à soumettre notre préoccupation de soi, même dans les situations banales qui se manifestent dans notre vie quotidienne. La présence de ce karma, lorsqu’il mûrit, nous fait commettre des actions négatives qui nous emprisonne dans le samsara.

C’est pourquoi, nous avons besoin de chasser cet esprit de préoccupation de soi, de le bannir, de le détruire. Ce n’est pas une mince affaire, mais heureusement pour nous, Ghuéshé Tchékhawa, dans « L’entraînement de l’esprit en sept points » nous conseille de rassembler tous les blâmes en un seul. Il veut dire par là de réaliser que tout ce qui ne va pas dans notre vie a pour seule cause notre esprit de préoccupation de soi. Toutes nos difficultés, tous nos problèmes, toutes nos souffrances, tout ce qui se passe dans notre vie découlent de notre préoccupation de soi. Notre esprit de préoccupation de soi tire profit de toutes les situations quotidiennes et à plus forte raison lorsque nous sommes malmenés ou que nous faisons face à un événement inattendu et difficile. C’est lui et lui seul qui nous enchaîne dans le samsara.

La sagesse qui comprend le karma nous amène constater que la préoccupation de soi est une absurdité totale si nous voulons être heureux. Parce qu’elle nous conduit à nous engager dans des actions qui créent la souffrance. Elle nous incite à croire que se préoccuper de soi-même en négligeant les autres va nous rendre heureux. Sur le court terme cela peut sembler à notre avantage, mais sur le long terme cela n’apporte que des difficultés et des problèmes. Avec la préoccupation de soi nous épuisons nos ressources de bonheur tout en créant les ressources de nos futures souffrances. L’esprit de préoccupation de soi nous rend au contraire très confus car c’est un esprit perfide et trompeur qui nous fait croire qu’il a raison.

Réflexions sur l’enseignement de la Compassion universelle dans le cadre du programme fondamental donné au Centre de méditation Kadampa à Genève, Janvier 2018

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Les vues erronées nous font la vie dure

Une vue erronée est une vue qui fait entrave à notre progrès spirituel. En s’érigeant comme un obstacle, elle nous empêche d’atteindre l’illumination. En d’autres termes, c’est une vue qui s’oppose à notre progression vers la libération de la souffrance. Une vue erronée est nécessairement un esprit négatif nous orientant dans la mauvaise direction. La mécompréhension de la signification exacte des enseignements de Bouddha nous amènera à nous engager dans des actions néfastes pour notre développement spirituel. Pour nous libérer de toute souffrance, nous devons en fait savoir quelles sont les vues qui nous conduisent vers la souffrance. Les vues erronées les plus importantes étant par exemple le fait de nier l’existence des vies futures, le bien-fondé de la loi du karma et ainsi de suite, adhérer à celles-ci nous conduit irrémédiablement vers la souffrance sous tous ses aspects.

Le grand danger qui nous guette sur notre voie spirituelle est de banaliser les vues erronées qui hantent notre esprit.  Ce qui se traduit chez beaucoup de personnes par une attitude : « Oui, bien sûr … mais … ». C’est-à-dire que nous en avons une compréhension intellectuelle, mais que foncièrement nous ne sommes pas convaincus et nous ne nous sentons pas en accord avec ces vérités. Pourtant, chacune de nos actions, effectuée dans notre vie quotidienne crée les expériences futures dont nous éprouverons à coup sûr les résultats. Selon les vues que nous choisissons, nous allons développer certaines intentions à partir desquelles nous nous engageons dans certaines actions qui produiront les résultats correspondants. La relation existante entre nos actions et leurs résultats n’est pas une invention de Bouddha ni de quelqu’un d’autre, c’est la loi universelle de la causalité.

La facilité avec laquelle parfois nous acceptons une vue erronée est directement proportionnelle à notre manque de sagesse. Si nous ne prenons pas garde, une vue erronée nous maintient dans une zone de confort que notre préoccupation de soi affectionne particulièrement et nous avons du mal à la lâcher. Pour cette raison, nous faisons preuve d’ingéniosité pour argumenter en notre faveur en blâmant les conditions extérieures plutôt que de réaliser que nous sommes victimes de nos perturbations mentales. Or, si nous ne voulons plus souffrir des conséquences de nos vues erronées, nous devons les abandonner. Mais comment faire ? Sachant que la base d’imputation de nos vues erronées est notre manque de sagesse, notre ignorance, nos croyances et finalement nos perturbations mentales, nous prenons la ferme détermination de focaliser notre esprit sur celles-ci afin de les annihiler, de les éradiquer.

En prenant chaque vue erronée comme objet de notre méditation, nous pouvons contempler de manière objective les conséquences de cette dernière en vérifiant sa validité, son impact sur notre esprit. Nous pouvons par exemple dresser la liste de ses inconvénients d’une part et les avantages de l’abandonner d’autre part. Nous devons par exemple nous poser honnêtement la question suivante : « Qu’est-ce qui m’empêche de croire à l’existence des vies passées et des vies futures ? … ou de croire au karma ? », ou toute autre vue erronée. Il est dit dans le livre « La Voie joyeuse » de G. K. Gyatso à la page 140, je cite : « Il est possible de maintenir une vue erronée de façon dogmatique ou par entêtement, suite à un raisonnement incorrect ou imparfait ». À nous de trouver la faille nous permettant laisser tomber une vue incorrecte et de persévérer jusqu’à sa complète destruction.

Lorsque nous réaliserons que toute la souffrance vient des perturbations mentales, et à quel point elles font énormément de dégâts, notre envie de nous en libérer va forcément augmenter. Il n’existe aucune autre méthode que de travailler sur notre esprit pour nous libérer de la souffrance. Au fur et à mesure que nous développons notre sagesse, à travers nos expériences nous allons voir que les causes réelles du bonheur et les causes réelles de la souffrance résident dans notre esprit. Donc pour nous dégager de ces vues erronées qui nous font la vie dure, et atteindre un bonheur réel et durable, seul un vrai travail sur notre esprit nous permettra d’y arriver. C’est pour cette raison que nous avons recourt à la pratique de l’entraînement de l’esprit.

Réflexions sur l’enseignement de la Compassion universelle dans le cadre du programme fondamental donné au Centre de méditation Kadampa à Genève, automne 2017

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