Archives pour le tag : bonté

Bodhisattva le novice

C’est ce que nous sommes dès le moment où naît en nous le désir sincère d’être heureux en nous libérant des chaînes du samsara et d’aider les autres à en faire autant. Lorsque nous développons en nous ce souhait, nous devenons un bodhisattva novice. En fait, tous et toutes aménageons notre vie dans le seul but d’être heureux et de ne pas souffrir. Mais, face au bonheur nous ne sommes pas tous égaux, loin s’en faut. Il suffit d’observer le monde autour de nous. Le bonheur que la plupart d’entre nous recherchons est un bonheur mondain, un bonheur ordinaire qui n’est que temporaire. Aussi longtemps que nous avons cette préférence, cette option trompeuse tôt ou tard se transforme en de nouvelles souffrances et nous engluent davantage dans le samsara.

Lorsque dans notre entourage nous côtoyons des êtres qui souffrent, naturellement nous voulons faire quelque chose pour eux. Bien que notre aide soit très limitée, elle ne pourra leur apporter qu’un peu de réconfort, un peu de chaleur humaine sans plus. Il faut bien convenir que notre capacité à être heureux et à rendre les autres heureux est bien peu de chose en comparaison de ce que nous dit Bouddha dans ses enseignements à propos du vrai bonheur de la bouddhéité. Devenir un bodhisattva, puis un bouddha est le seul moyen d’atteindre ce bonheur pur et surtout de pouvoir conduire les autres vers ce même bonheur.

Mais qu’est-ce qu’un bodhisattva ? Un bodhisattva est, homme ou femme, celui dont le plus profond désir est d’atteindre l’illumination, de devenir un bouddha dans le seul but de venir en aide à tous les êtres vivants. Et ce qui nous fera devenir un bouddha, c’est la pratique de la compassion. C’est la compassion qui donne naissance la bouddhéité. C’est grâce à la compassion que nous atteindrons la bouddhéité. Dans « L’entraînement de l’esprit en sept points », Guéshé Tchékawa nous dit que nous devons toujours avoir comme pratique principale la compassion si nous aspirons devenir un bouddha ou un bodhisattva.

Alors, en quoi consiste la pratique de la compassion ? Etymologiquement, compassion vient du mot « compassio » qui veut dire souffrir ensemble. C’est un sentiment de sympathie envers la souffrance, les difficultés d’une autre personne et plus généralement d’un être sensible. Ce sentiment est très souvent mal compris, car nombreux sont ceux qui pensent qu’il s’agit de prendre expressément sur soi la souffrance ou le malheur d’autrui. C’est justement une mauvaise compréhension de ce sentiment qui induit chez certains une attitude négative à l’opposé de la compassion. Souffrir ensemble veut dire imaginer se mettre à la place de l’autre pour mieux comprendre sa souffrance ou son mal-être et non pas de faire physiquement son expérience.

Or, tellement conditionné par la préoccupation de soi et l’attachement au bien-être, nous sommes peu enclins à avoir de la bonté et de la bienveillance envers nos semblables. Nous pensons que notre confort est bien plus important. Nous pensons que nous avons assez de difficultés et de problèmes dans notre vie sans encore s’occuper de celles et ceux de nos voisins. Cette attitude égoïste nous ferme irrémédiablement la porte de la pratique de la compassion. Certes, il n’est pas toujours facile d’offrir une aide pratique aux autres, mais nous pouvons néanmoins maintenir constamment l’intention de les aider. Nous devons utiliser nos propres expériences de douleur et d’insatisfaction pour mieux comprendre la souffrance d’autrui et faire naître en nous la compassion pour tous les êtres sensibles.

Réflexions sur l’enseignement de la Compassion universelle dans le cadre du programme fondamental donné au Centre de méditation Kadampa à Genève, automne 2017

Crédits Illustrations http://fr.123rf.com

Tara, notre Mère spirituelle

En Suisse, traditionnellement un événement annuel à lieu le deuxième dimanche du mois de mai. Cette fête est la fête des mères, occasion de rendre hommage à toutes les mamans. Or, cette année il se trouve que cette fête à lieu le 8 mai. C’est donc une occasion unique et spéciale de fêter notre mère spirituelle Tara, jour qui Tara-verte-05coïncide avec la fête des mères de notre vie ordinaire. Que le 8 mai tombe sur un dimanche n’est pas courant, la prochaine fois se sera en 2022.

Le bouddha féminin qu’est Tara a pour nous tous pratiquants du dharma une signification particulière. Ainsi, dans son commentaire sur la sadhana d’Arya Tara, G.K. Gyatso nous dit dans l’introduction, je cite : « Tara est un être illuminé. C’est sous la forme d’une femme qu’elle a généré la bodhitchitta, mené à terme toutes les étapes de l’entraînement du bodhisattva et finalement atteint l’illumination. Elle est appelée la ‘Mère de tous les bouddhas’ « .

Tara est donc une manifestation de la sagesse illuminée, elle est très puissante et très rapide pour nous aider. Il y a une raison pour expliquer la rapidité de Tara à satisfaire nos désirs. Quand nous atteignons l’illumination, les cinq éléments impurs (terre, eau, feu, vent et espace) qui nous constituent sont entièrement purifiés. Comme l’élément vent a la nature du mouvement, il est plus rapide que les autres éléments. Par conséquent Tara, qui la manifestation Tara-verte-06de l’élément vent purifié, est très rapide dans sa manière de nous aider et de nous protéger. Lire anecdote ci-dessous.

Si nous nous ne remettons à Tara avec une grande foi, nous recevrons rapidement sa protection et ses bénédictions. De nombreux écrits bouddhistes relatent la relation très proche de maîtres avec Tara, comme Atisha, Tchandrakirti et bien d’autres. Et pour ceux qui ont une familiarité avec les prières adressées à Tara, ils pourront ce jour-là la sadhana « Libération hors de la douleur » une pratique très bénie et très facile à pratiquer.

Extraits et notes tirées à partir du « Commentaire sur la sadhana d’Arya Tara » de Vénérable G.K.Gyatso, fondateur de la Nouvelle Tradition Kadampa, l’Union Internationale du Bouddhisme Kadampa.

Anecdote

J’ai personnellement vécu un événement semblable à ceux rapportés dans les écritures concernant la protection de Tara. Ce Devant-chez-moi 03jour-là je faisais justement la pratique de Tara chez moi. Durant celle-ci, alors qu’un  violent orage sévissait, un torrent sortit de son lit empruntant les routes pour traverser le quartier. Tel fut ma surprise en sortant plus tard de mon immeuble. En me renseignant j’appris que de nombreuses caves avaient été inondées, notamment dans les deux immeubles de part et d’autre de celui où j’habite. Et sans explication rationnelle les caves de mon immeuble furent épargnées de l’inondation. Merci Tara !

Donner c’est aussi recevoir

Donner est l’une des six perfections enseignées par Bouddha. Elle est appelée perfection lorsque cette action est motivée par notre bodhitchitta, notre intention d’atteindre la libération du samsara et l’illumination pour venir en aide à tous les êtres vivants. Par cette pratique nous pouvons accumuler une grande quantité de mérite qui nous permettra de réaliser cette intention. Comme l’explique de manière détaillée Vénérable Kelsang Gyatso dans son livre « La Voie Joyeuse » il existe trois types de don. Le don de choses matérielles, le don du dharma et le don de la non-peur. Le propos de cet article est de partager une vision du premier type, la perfection du don matériel, inspirée d’un événement personnel récent dans ma vie.

Donner-01Lorsque nous pensons à l’action de donner, il s’agit en premier lieu de donner des biens à une ou plusieurs personnes mais pas seulement. Ainsi, nous pouvons donner quelque chose à quelqu’un afin de lui apporter un peu de bonheur ou de réconfort ou encore pour l’aider à traverser une situation difficile. Mais nous pouvons également donner spontanément une partie de notre temps. Donner ne serait-ce qu’un instant de notre temps peut avoir une valeur inestimable pour celui qui se confie à nous dans un moment difficile. Je me souviens d’avoir lu un slogan très inspirant à ce propos : « Soyez à l’aise, j’ai tout votre temps! ». Parfois, une simple présence sans rien dire, auprès de quelqu’un qui souffre peut être d’un grand réconfort. Qui n’a pas une fois posé sa main sur l’épaule d’un ami en situation pénible pour l’encourager à rebondir ? Une écoute centrée sur la personne permet également à celle-ci de déposer sa détresse, son souci, sa souffrance. Le simple fait d’être entendue peut lui être d’un grand réconfort. Et si nous faisons de telles actions avec un esprit de bodhitchitta, cela devient une puissante pratique spirituelle. En fait l’action de donner peut prendre une multitude de formes.

Donner-02Donner ne peut se produire que si quelqu’un à qui donner existe sur notre chemin de vie. Et pour que donner soit possible il faut que ce quelqu’un accepte de recevoir. Plus précisément, nous donnons avec cette intention vertueuse et non pas pour se défaire d’un objet ou pour avoir de l’influence sur le receveur. Apprendre à recevoir est souvent plus difficile qu’apprendre à donner. Étrangement, accepter de recevoir demande un état d’esprit particulier, pourquoi? Voici quelques situations qui illustrent cette difficulté.

  • Nous pensons que nous sommes suffisamment nantis et que nous pouvons décliner la proposition.
  • Nous pensons qu’accepter de recevoir dévoile notre fragilité.
  • Nous pensons que nous ne sommes pas dignes de recevoir quoi que ce soit venant de qui que ce soit ou que nous n’en valons pas la peine.
  • Nous pensons que recevoir implique d’être par la suite redevable à celle ou celui qui donne.
  • Nous pensons que notre statut ne nous permet pas de recevoir, parce que nous sommes assez fort et autonome.
  • Nous surestimons notre capacité à surmonter les obstacles et refusons alors toute aide, en pensant : « Je me débrouille très bien tout seul! ».
  • Nous refusons de revenir sur une décision alors qu’une aide extérieure le permettrait.
  • Etc.

Donner-05Dans tous les cas cette attitude ne tient pas compte de l’intention de celui qui donne. Elle a un effet pervers comme nous l’explique la loi du karma. Rappelons que toute action produit un effet. Ici l’action de rejeter le don d’autrui crée un effet qui sera une tendance similaire à la cause de réitérer cette action plus souvent encore et finalement de se couper de toute aide quelle qu’elle soit. Elle peut aussi bien créer une expérience similaire à la cause, c’est-à-dire que notre générosité sera également refusée. Et finalement les effets collatéraux d’une telle action priveront le donateur de sa possibilité de pratiquer le don et nous privera de bienfaits de recevoir que nous n’imaginons même pas. Recevoir, c’est donner l’occasion à l’autre de pratiquer le don.

 Donner-04Grâce au mérite que j’ai accumulé en écrivant cet article, puissent celles et ceux qui m’ont appris à recevoir, en pratiquant la perfection du don, être libérés des souffrances du samsara et atteindre les terres pures des bouddhas.

Comment gérer la solitude

Solitude-02Pour diverses raisons personne ne reste insensible à la solitude. On définit la solitude par la peur d’être seul. Celle-ci ne se manifeste non seulement lorsque effectivement nous sommes seuls mais de manière sous-jacente et conduit à un grand nombre de comportements dysfonctionnels. La solitude n’a pas le même sens selon qu’il s’agit d’un choix ou d’une situation subie. Certains individus se sentent seuls même s’ils sont membres d’un groupe. Généralement les gens admettent que l’attachement aux biens matériels n’est pas recommandable, mais pense au contraire que l’attachement aux autres est normal et bénéfique. Par crainte d’être seul, ils consomment les autres pour leurs propres besoins et ils sont jaloux des autres pensant qu’ils sont plus heureux qu’eux-mêmes. Ils pensent que les relations nourrissent leur valeur personnelle et que sans celles-ci ils ont le sentiment de ne rien avoir et de ne pas exister. d’où l’expression souvent entendue dans les amours fusionnels : « Sans toi, je préfère mourir ».

Solitude-01Pour résoudre les problèmes de solitude, il est très important d’identifier les types de solitude. Où et dans quelles circonstances avons-nous peur de la solitude et comment elle influence notre comportement. Son identification est primordiale. Il y a trois perturbations mentales importantes qui entretiennent la peur de la solitude : l’attachement, la préoccupation de soi et l’ignorance ou incompréhension de qui nous sommes vraiment. N’oublions pas que nous sommes dans le samsara. Nous avons besoin de réaliser qu’il n’y a pas de causes extérieures de bonheur dans celui-ci. Alors, à cause de notre attachement, tant que notre bonheur dépendra de la présence des autres, nous souffrirons et serons malheureux. Si notre préoccupation de soi est omniprésente dans notre esprit, nous serons toujours dans l’attente de bienfaits provenant unilatéralement des autres, sans quoi nous nous sentirons seuls et malheureux. Toutes les peurs dans le samsara, et en particulier la peur de la solitude, proviennent de la conception erronée de nous-mêmes et des autres en tant qu’entités indépendantes.

Bonté-01Nous nous concevons mentalement en tant qu’être séparé de toute autre chose et de toute autre personne et nous en souffrons. Cette manière de penser est totalement fausse parce que le JE de soi-même n’existe pas de manière intrinsèque. En réalité, tout objet ou toute personne est inséparable de nous, parce que ils sont des projections de notre propre esprit. Ce que nous sommes, ce que nous sommes capables de faire vient essentiellement des autres et de leur bonté. Sans nos parents nous ne serions pas ici en train de lire ce texte. Sans la bonté de nos enseignants vous ne serions pas capables de lire et comprendre celui-ci. Donc, au lieu de nous plaindre de notre solitude voyons combien d’êtres se manifestent en nous, autour de nous et à travers nous dans notre vie. Au lieu de nous sentir si seul, voyons-nous comme inséparable de tous les autres êtres vivants.

Mentalement, considérons toutes nos pensées et actions comme bénéfiques aux autres. Ce que nous faisons, nous le faisons pour le bien des autres. Les bouddhas ont la faculté de se manifester d’innombrables manières pour nous aider. Partout où nous imaginons un bouddha, un bouddha se manifeste vraiment et nous vient en aide. Avec le temps, nous sentirons réellement leur présence et nous n’éprouverons plus aucune solitude. Pour mieux nous connaître, nous pouvons contempler notre manière de gérer les situations de solitudes et méditer sur notre compréhension de la solitude en utilisant les quelques pistes développées ci-dessus. Nous pouvons par exemple le soir prendre le déroulement de notre journée et mettre en lumière les circonstances où nous avons ressenti une certaine solitude et rétroactivement porter notre attention sur les stratégies pour éviter la manifestation de celle-ci.

Compilé à partir de d’un enseignement reçu de R. Engen au Centre Atisha de Genève et de mes notes personnelles.

Donner moins … mais donner plus …

Cadeaux-01Comme chaque fin d’année, cette période de fêtes semble fonctionner comme une machine bien huilée, celle d’une société de consommation. Très tôt les médias en tout genre occupent le terrain avec leurs suggestions attractives et très mercantiles auxquelles beaucoup d’entre-nous succombent tôt ou tard. Jusque dans les transports publics des écrans vidéo vous rappellent la nécessité de faire un cadeau! Selon une étude statistique de l’Université de St Gall les suisses dépenseront cette année près de 600 CHF pour leurs cadeaux de Noël!

Cadeaux-02Donner moins « juste pour avoir bonne conscience », ou « parce que c’est l’usage et la tradition en pareille circonstance », ou parce que nous nous sentons obligés ou pire encore par cupidité. Mais donner plus avec l’intention de faire simplement plaisir, par générosité spontanée. La première façon correspond à répondre à des conditions extérieures sociales et mondaines tandis que la deuxième façon répond à une motivation intérieure qui vient du cœur et de notre esprit. Il s’agit simplement de garder le cœur et l’esprit ouvert dans chaque situation et de répondre par la vertu.

Souvent notre intention de donner est en quelque sorte « contaminée » par l’attachement à un résultat : celui de recevoir également de la part de celui ou celle à qui l’on donne ou encore celui de renforcer notre ego. Qui n’a pas entendu une fois une personne froissée dire ainsi : « Puisqu’elle ne m’a rien offert l’année passée, je ne lui ferai aucun cadeau cette année! ». Pourtant à mesure que tombent les barrières qui entourent notre cœur nous avons plus de bienveillance pour nous-mêmes et pour les autres.

L’importance de notre intention transforme une action ordinaire en une action vertueuse autrement dit elle transforme notre action ordinaire en une action extraordinaire. En changeant notre intention imputée sur un même objet change totalement notre raison de donner cet objet. Si nous faisons des cadeaux importants et coûteux, cela n’implique pas que notre mérite spirituel sera plus grand que si nous donnons des petits. Parce que la force de notre motivation vertueuse est un facteur très important.

Je me souviens encore de cette image d’enfance, dans les années 50. La circulation en ville aux heures de pointe était réglée par un policier et, durant la période des fêtes, certains automobilistes venaient déposer un cadeau au pied de son podium au centre du giratoire. Beaucoup de personnes de mon entourage renoncent aux cadeaux prestigieux et coûteux et optent pour de petits présents avec une profonde motivation de faire spontanément plaisir.
RoseD’autres, irritées par ces manipulations de marketing, ont décidé de faire des cadeaux plus personnels à d’autres moments de l’année : un anniversaire, une réussite scolaire ou professionnelle par exemple. Une rose offerte avec empathie juste au moment où une personne traverse une difficulté est mille fois plus auspicieux qu’un immense bouquet de fleurs offert juste parce que c’est Noël!

Pratiquer le don selon les enseignements de Bouddha revient à contempler ses bienfaits afin de développer le désir de donner comme étant une pratique spirituelle.

Quatre façons de bien donner

En parlant de la pratique du don, en fait il y a principalement quatre façons de donner dans le bouddhisme : (1) Le don matériel; (2) Le don de la protection;  (3) Le don de l’amour; (4) Le don du Dharma (ou de la sagesse).

 Le don matériel. Dans les citations populaires nous connaissons tous « Donner pour recevoir ». Il ne faut pas s’y méprendre dans l’interprétation de ce dicton. Habituellement, il y a un intérêt sous-jacent à cette action de donner. C’est-à-dire qu’il y a une attente de quelque chose en retour, venant de l’extérieur. C’est en partie vrai, mais spirituellement il y a une interprétation plus subtile. Le mérite de donner est une action qui, du point de vue karmique a principalement deux effets sur nos vies futures : (a) l’effet qui est une tendance similaire à la cause, qui veut dire pouvoir donner facilement sans attachement et sans attente venant de l’extérieur; (b) l’effet qui est une expérience similaire à la cause qui veut dire d’inverser les rôles. Si nous donnons beaucoup dans cette vie, nous recevrons également beaucoup dans nos vies futures.

Le don de la protection. Voyez de quelle façon une mère protège ses enfants. Cela ne veut pas dire que nous devons « materner » tous les êtres vivants, mais simplement offrir notre aide et notre protection à celui qui momentanément est dans la détresse, à celui qui manifestement est en difficulté, ne serait-ce qu’aider une personne handicapée à monter dans le bus,  par exemple. Il suffit parfois simplement d’un geste pour que l’autre se sente rassuré. Nous avons tous les jours des opportunités d’agir dans ce sens.

Le don de l’amour. Si il y a tant de violence autour de nous dans notre quotidien, c’est parce qu’il y a un manque manifeste d’amour. Dans une société focalisée sur la compétition et la réussite, nous percevons les autres comme des « concurrents potentiels » envers lesquels nous n’avons que peu d’égard. Cette une attitude égoïste qui ne laisse aucune place à l’amour inconditionnel. Le don de l’amour, c’est une présence à l’autre, une disponibilité,  une écoute sans jugement qui met l’autre en confiance. C’est reconnaître à l’autre le même besoin d’amour que nous avons-nous-même. Combien de gens ne s’aiment pas! Alors comment voulez-vous aimer les autres dans ce cas.

Le don de la sagesse. C’est certainement la chose la plus importante que nous pouvons donner à notre prochain. Parce que avec la sagesse quiconque sera capable de trouver son propre bonheur. La sagesse est un type particulier d’intelligence qui nous fait toujours faire ce qui est bénéfique pour notre bonheur. Transmettre la sagesse de nos propres expériences permet à ceux que nous rencontrons de trouver leur propre sagesse relative à leurs problèmes. Il n’y a pas plus grand cadeau que de donner notre sagesse aux autres, ceci à travers notre attitude face à la vie et à travers nos actes et nos paroles. Eux-mêmes pourront en bénéficier et la donner à d’autres.

En plus de donner ces quatre choses, nous devons aussi travailler en améliorant l’étendue de la motivation avec laquelle nous donnons. Quand nous commençons par établir l’habitude mentale de « donner », c’est OK pour penser : « tout que je donne crée la cause pour recevoir dans le futur ». Depuis que je veux ces choses-là, je les donne mieux maintenant. »

De votre côté, observez les possibilités de pratiquer simplement par de petites choses ces quatre manières de donner. Cela va certainement changer votre vie …

La pratique du don

Dans mon processus de métamorphose suite à mon burn-out, j’entreprends le nettoyage intégral de mon lieu de vie. Ainsi en triant une pile de feuilles de papier précieusement classées dans la catégorie « Ça peut peut me servir une fois », j’ai trouvé un texte intéressant, sous forme de conte qui fait allusion à la pratique du don. Comme malheureusement je n’ai pas noté la référence de la source, par respect pour son auteur, je vous la propose comme je l’ai découverte.

Un jour, une vieille sage qui se promenait dans les montagnes trouva une pierre précieuse au pied d’une cascade. le lendemain, elle rencontra un voyageur qui avait faim et partagea avec lui la nourriture qu’elle avait dans son sac. Le voyageur affamé vit la pierre précieuse dans le sac entrouvert de la vielle sage, l’admira et demanda à la sage de la lui donner. la femme lui tendit la pierre sans aucune hésitation.
Le voyageur repartit, heureux de sa bonne fortune. il savait que la pierre valait assez pour leur faire vivre durant toute sa vie.
Quelques jours plus tard, cependant, il revint dans les montagnes à la recherche de la vieille sage. Lorsqu’il l’a trouva, il lui remit la pierre et dit : « J’ai réfléchi, je sais combien vaut cette pierre, mais je vous la redonne dans l’espoir que vous m’offriez quelque chose de plus précieux encore. Si vous le pouvez, donnez-moi ce que vous avez en vous qui vous a permis de me donner la pierre ».

La pratique du don est une des six perfections enseignées par Bouddha, et pour cela très précieuse pour notre voie spirituelle. À méditer …

Développer l’esprit qui chérit les autres

Chérir les autres est la meilleure méthode pour résoudre nos propres problèmes comme ceux des autres. Nous avons à comprendre pourquoi c’est si important, puis de le mettre réellement en pratique. Il y a essentiellement deux raisons à cela. La première est parce que la nature de chaque être est la bonté et deuxièmement c’est très bénéfique pour nous de le faire.

C’est la meilleure méthode parce que l’esprit qui chérit les autres nous aide à vaincre nos perturbations mentales, cause principale de notre malheur et de notre tristesse. Il nous aide à résoudre nos problèmes quotidiens et c’est le fondement de notre voie spirituelle.

Pour comprendre de quelle manière il nous aide à surmonter toutes nos perturbations, contemplons la jalousie, la colère et l’attachement qui empoisonnent si souvent notre existence.

Chérir les autres surmonte notre jalousie, parce que nous sommes heureux de la bonne fortune et du bonheur des autres. Chérir les autres nous aide à surmonter notre colère, parce qu’il s’agit d’un état d’esprit d’amour à l’opposé de la colère et qui souhaite juste que les autres soient heureux. De plus cela crée un contexte harmonieux de sorte qu’aucune base de conflits n’existe. Finalement chérir les autres surmonte notre attachement désirant, principale cause des relations disfonctionnelles et qui contribue à notre solitude. L’objet principal de notre attachement est nous-même tandis que l’objet de chérir les autres est justement les autres. En résultat, nous développons des relations stables et satisfaisantes et nous ne nous sentirons plus jamais seuls.

Pour comprendre de quelle manière il nous aide à résoudre tous nos problèmes quotidiens, nous pouvons observer comment chaque problème que nous éprouvons vient de notre auto-préoccupation, et toutes les bonnes choses viennent de chérir des autres. Nous devons éprouver chaque situation pour nous convaincre de la pertinence de cette méthode. La manière de résoudre tous nos problèmes quotidiens est l’esprit qui chérit les autres.

Pour comprendre de quelle manière chérir les autres est le fondement de notre voie spirituelle, nous contemplons comment c’est la racine d’un bon karma et par conséquent du vrai bonheur. Chérir les autres nous permet d’accumuler une grande quantité de mérite ou énergie mentale positive qui sera la principale cause de notre illumination.

La meilleure manière de mettre cela en pratique est (1) toutes les fois que nous sommes avec les autres nous considérons leur bonheur au moins aussi important que notre propre bonheur, (2) nous commençons avec notre famille et nos amis en les utilisant comme exemple de comment nous pouvons aimer les autres, (3) quand nous possédons quelque chose, au lieu d’être avare, nous devrions être heureux de pouvoir le partager parce qu’ils peuvent ainsi en profiter également, (4) réjouissons-nous de leur bonne fortune et de ses causes. De cette manière nous pouvons profiter de tous ce qui existe : être simplement heureux pour les autres. Et (5) nous utilisons chérir les autres en tant qu’antidote pour vaincre nos perturbations.

Pour réaliser l’esprit qui chérit les autres nous allons chercher à identifier les obstacles à cet amour qui chérit. Les deux principaux obstacles sont notre auto-préoccupation qui s’oppose à ce que nous reconnaissons honnêtement nos fautes et notre perspicacité à déceler les défauts des autres plutôt que leurs bonnes qualités. Alors qu’il est bien plus bénéfique d’affronter nos propres fautes et d’observer uniquement les bonnes qualités chez les autres. Ce faisant nous clarifions des situations qui sont mal comprises pour finalement mieux les comprendre.

Habituellement nous chérissons que ce que nous apprécions, ce que nous trouvons attrayant, ce que nous trouvons bon et nous ne chérissons pas ce que nous détestons, que nous trouvons contraire à nos idées ou qui manque de bonnes qualités.

Les enseignements habiles des bouddhas nous apprennent comment développer une vue différente. Ainsi, comprenant que tout est simplement une projection de notre esprit, le monde que nous expérimentons est le monde auquel nous prêtons attention. En d’autres termes, c’est de choisir de croire en ce qui est bénéfique pour notre esprit.

Ce qui ne veut pas dire que, comme une autruche, nous mettons la tête dans le sable et prétendons que les choses qui ne sont pas visibles n’existent pas, mais portons notre attention sur les objets d’une manière bénéfique pour nous. La principale cause de nos perturbations mentales est notre attention inappropriée. Nous exagérons voire même nous inventons les bonnes et les mauvaises qualités des objets et percevons de manière erronée toutes les choses tandis qu’en résultat nos perturbations augmentent. La voie de la libération est vraiment une reconsidération de notre vision des choses.

Le problème principal est que nous ne pouvons pas voir même nos propres défauts, cependant que nous sommes très habiles à voir les défauts des autres.

Nous ne savons pas voir de manière bénéfique les bonnes et les mauvaises qualités en nous-même ou chez les autres. La grande confusion à ce sujet est le principal obstacle à développer l’esprit qui chérit les autres.

N’oublions pas qu’une des fonctions principales du Dharma est de servir comme un miroir dans lequel nous pouvons voir nos propres fautes. En identifiant nos fautes nous pouvons finalement nous en débarrasser. Mais nous devons être prudent de ne pas utiliser ce miroir comme un télescope pour mieux voir les fautes chez les autres.

 [Tirés des enseignements reçus oralement de Kadam Ryan, mon Enseignant]

Ce qui m’arriva inspiré par Bouddha

Histoire inspirée de la légende de Lam Tchoung qui balayait la cour du temple, seule chose qu’il était à ce moment là capable de faire. [CF La Voie Joyeuse p 49-50]

Ce qui m’arrivait . Au plus profond de mon burnout, je réalisai que je m’étais des années durant éloigné des enseignements de la Tradition orale Gandèn, croyant bien faire pour ne me consacrer exclusivement à l’enseignement du cours que mes supérieurs m’avaient confiés depuis des années.  Les circonstances ont fait que le cours que j’animais s’est arrêté faute de participants. Alors, comme Lam Tchoung je fus très malheureux au plus profonde de mon burnout. Non seulement j’avais quitté les enseignements que j’étais sensé suivre, mais de plus maintenant je n’avais plus le cours que j’affectionnais et pour lequel j’investissais toute mon énergie.

Découragé et pleurant sur mon sort misérable par le pouvoir de sa clairvoyance, Bouddha me vint en aide. Puisque j’étais absolument incapable de me concentrer sur unes pratique ou un texte du dharma, il m’incita à rouler des mantras, chose que je fais avec beaucoup de plaisir. Ce faisant je me suis progressivement rapproché des bouddhas compatissants et j’ai pu progressivement guérir de ce cauchemar. c’est ce que je fais tant que je n’ai pas la capacité de faire d’autres pratiques et je vais progressivement de mieux en mieux.

[les mantras sont des prières sous forme de bandes de papier, roulées comme ci-dessus et qui servent à remplir les statues avant de les bénir]

Perceptions (2ème partie)

Tenant compte de ce qui a été dit dans la première partie, de la même manière que nous pinçons une corde de guitare, sa vibration entre en résonance avec la même corde d’une autre guitare, par analogie nous faisons pareil avec notre esprit.

Si nous générons au niveau de notre esprit la bonté que nous percevons chez une personne en la considérant comme sans défauts, nous nous mettons en résonance avec les potentialités de bonté de cette personne et non ses défauts. Remarquez que si au contraire, nous nous focalisons sur l’un de ses défauts, les potentialités correspondantes de celui-ci entrent également en résonance avec notre pensée.

De la même façon, si une mère focalise toute son attention sur les échecs scolaires de son enfant, elle ne fera que renforcer les potentialités d’échec de celui-ci au détriment des qualités qui sommeillent sûrement encore chez l’enfant.

Cette observation, nous permet aussi de comprendre « Voir nos défauts dans le miroir du dharma« . Imaginons-nous pinçant une corde de la guitare sans regarder nos doigts, mais en observant attentivement les cordes de l’autre guitare. Que se passe-t-il? En regardant la corde qui vibre en résonance sur l’autre guitare, nous pouvons en déduire quelle corde nous avons pincé. De même que si nous voyons un défaut chez l’autre personne, nous pouvons  en déduire que nous avons les potentialités du même défaut sur notre esprit.

C’est pourquoi, nous devons nous efforcer d’observer ce qui est beau et bon chez la personne que nous rencontrons au lieu de voir ce qui est négatif et de porter tout de suite un jugement. Car en contemplant ce que nous voyons chez l’autre personne, nous renforçons les potentialités correspondantes pour qu’un jour nous ayons les mêmes qualités ou défauts.