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Débusquer l’impatience

Avant de prétendre améliorer sa patience en présence d’une simple contrariété de notre vie quotidienne, il est très profitable de débusquer l’impatience. Chacun peut prétendre ne pas être habituellement impatient, mais pourtant celle-ci est très présente dans notre esprit à tous. Car tant que la préoccupation de soi nous influence et nous prend en otage, il y a comme une petite voix qui souvent se manifeste en disant : « Moi je suis important, et je n’ai pas de temps à perdre! ». Pour illustrer cela, prenons comme exemple l’expérience vécue, dans laquelle beaucoup d’entre nous se reconnaîtront.

J’ai besoin de contacter un établissement bancaire par téléphone pour avoir une information personnelle. Mon appel aboutit dans un Call center et une voix enregistrée me répond en quatre langues que mon appel est dans une liste d’attente, que je dois « prendre patience », de rester en ligne et qu’il me sera répondu dès que possible. Puis, pour meubler l’attente une musique m’accompagne. Au bout de cinq Impatience-01minutes, la même voix répète le message : « Actuellement tous nos collaborateurs sont occupés … votre appel sera pris dès que possible ». Un autre intervalle d’attente s’écoule et de nouveau le message revient à mes oreilles pour la troisième fois.

C’est là que commence quelque chose d’intéressant. Je pense alors : « voilà plus de quinze minutes que j’attends et cela me contrarie » et mon esprit n’est plus du tout calme. Et un peu plus tard je surenchère : « Cela commence à bien faire, je n’ai pas envie d’attendre moi car j’ai d’autres tâches à terminer ». Mon impatience devient palpable, que faire ? J’hésite à raccrocher. Mais peut être dans un instant ce sera mon tour…  ou peut être pas, qu’est-ce que je Impatience-02fais alors ? L’impatience est sur le point de me prendre en otage. Les minutes passent et je suis toujours à attendre tandis que l’impatience est manifeste dans mon esprit.

À ce stade, il y a deux options à choix. Soit je donne mon assentiment à l’impatience avec toutes ses conséquences, soit je développe la patience, dussé-je attendre encore. Les conséquences de la première sont la colère et la frustration, le mécontentement qui vont envahir mon esprit sous la forme de souffrance. Tandis que le résultat de rester calme et paisible se traduira par une attitude vertueuse qui reconnaît la présence de l’impatience mais ne la suit pas. Avec de la persévérance de telles situations n’auront plus d’impact négatif sur mon esprit.

Ce scénario est applicable à un grand nombre de situations quotidiennes telles que les files d’attente au supermarché, dans les embouteillages, etc. Nous devons surmonter la colère et l’intolérance par l’acceptation patiente. La patience est un esprit vertueux capable de supporter toutes les souffrances et tous les maux. Nous pouvons la pratiquer à tout moment dans nos activités quotidiennes. Pour cela nous devons être attentifs et vigilants pour débusquer la moindre impatience en comprenant que celle-ci est sur le point de nous nuire.

Expérience personnelle documentée par mes lectures de « La Voie Joyeuse » et « Comment comprendre l’esprit » de G.K. Gyatso aux Ed. Tharpa

Crédits Illustrations http://fr.123rf.com

Vision non ordinaire de mon expérience de la souffrance

Alors que j’étais en pleine retraite, dimanche il y a deux semaines, en début d’après-midi je fus soudain pris d’une douleur aigue au creux de l’estomac. Une douleur située dans la partie supérieure de l’estomac et qui me traversait de part en part de la poitrine jusque dans le dos. Je cherchais alors à comprendre la raison de cette douleur sans succès. Je pris le parti d’attendre, mais en vain. Tant et si bien qu’en début de soirée je demandais mon admission aux urgences de l’hôpital de ma région. Et c’est à partir de ce moment-là que j’ai eu une vision non-ordinaire de mon expérience qui ne faisait que de commencer. Cette vision est le fruit de nombreux conseils et enseignements instillés dans mon esprit par mon bienveillant enseignant Kadam Ryan durant les années passées ensemble au Centre Atisha de Genève.

Étant donné que mon esprit fonctionnait dans le contexte d’une pratique de retraite, Je vis alors le personnel à l’accueil non pas comme des êtres humains ordinaires mais comme des dakas et des dakinis qui m’accueillaient au pays pur en lapis-lazuli du Bouddha de la médecine. Je fus pris en charge par les médecins et infirmières qui me sont apparus comme étant des bodhisattvas entreprenant les investigations que mon cas exigeait. Je remarquai la fluidité de leurs actions dans le calme et le sourire. À ce moment-là ne pratiquaient-ils pas la prise et le don? Leur mission étant de faire cesser ma souffrance et de me donner le réconfort dont j’avais besoin et mon intention était de purifier rapidement le karma mûrissant qui m’avait conduit dans cette situation. Dès cet instant, quand bien même je ne connaissais ce qui m’affectait, je senti dans mon esprit une grande Santé-01paix et une confiance que tout allait bien se passer.

Quelques heures plus tard, après que l’on ait écarté tout problème cardiaque et poursuivi mon voyage en passant d’un service à l’autre et d’un médecin à l’autre, progressivement le diagnostic se resserrait sur une lithiase du canal hépato-cholédoque, dans un premier temps au moyen d’ultra-sons puis par séance de scanner. Les résultats du scanner confirmaient la présence de calculs biliaires et c’est à ce moment-là que mon hospitalisation commença. Celle-ci devait commencer par une séance d’IRM le lendemain. Ainsi d’interminables heures passèrent à attendre mon tour. Ce fut une magnifique occasion de méditer et de pratiquer la patience. Je pensais : « Hier soir en arrivant, j’étais bien content que l’on s’occupe de moi avec empressement. Actuellement peut-être d’autres personnes dans une situation analogue nécessitent un traitement prioritaire ». Pour le personnel soignant je suis un patient. Et d’après le dictionnaire patient définit une personne soumise à un examen ou a un traitement médical et son homonyme est un adjectif qui qualifie celui qui fait preuve de patience, de tolérance et de calme.

Vers la fin de l’après-midi, ce que certains considèreraient comme de la malchance ou pire une malédiction arriva. Une infirmière vint me dire que l’installation d’IRM était tombée en panne et que ma séance serait reportée au mardi matin, par la même occasion on m’informa que j’allais pouvoir manger une collation. Moi qui n’avais rien mangé depuis dimanche à midi j’étais ravi. Dans l’attente de celle-ci, je fis la connaissance de mes voisins de chambre. Très vite je compris que leur cas était bien plus sérieux que le mien. C’est alors que je me suis souvenu de la méditation du Lamrim, « La mise à égalité de soi et des autres », qui dit : « … comment puis-je chérir uniquement moi-même et négliger les autres? Mon bonheur et ma souffrance sont insignifiants comparés au bonheur et à la souffrance de tous les êtres vivants ». Je me laissais imprégner par cette contemplation. Celle-ci m’aida beaucoup à supporter une nouvelle longue attente à jeun jusque vers 17 heures le mardi. Dans la soirée, le médecin vint me dire que j’allais subir une endoscopie chirurgicale pour extraire les calculs biliaires à l’origine de ma souffrance. Finalement, le vendredi, vu l’absence de syndrome inflammatoire, on m’enleva cette vésicule qui contenait d’autres calculs potentiellement capables de me faire vivre la même situation lors d’une deuxième intervention par laparoscopie consistant à l’ablation de la vésicule biliaire afin d’éviter d’autres migrations de calculs ultérieurement.

Santé-02Me souvenant d’une phrase qui avait alors déjà marqué mon esprit, « le monde qui nous apparaît est celui auquel nous prêtons attention ». Nous sommes en fait libres de nous focaliser sur un objet ou sur un autre. L’esprit principal que j’ai expérimenté est la conscience du corps accompagné surtout par le facteur mental sensation. J’avais la sensation que quelque chose dans mon corps ne fonctionnait plus normalement alors que mon esprit l’observait. Ce quelque chose qui ne fonctionnait plus était une simple création de mon esprit et ma perception de la souffrance était liée d’une part à l’ignorance de saisie d’un soi et à la préoccupation de soi d’autre part qui rendaient l’expérience douloureuse. Ainsi, par cette expérience je réalise le chemin qui reste à faire pour me libérer totalement de la souffrance inhérente au samsara.

Puisse le mérite que j’ai accumulé tout au long de cette expérience de souffrance être profitable à tous ceux qui souffrent en ce moment de manière analogue afin que leur karma négatif responsable soit définitivement éradiqué.

Que peut nous apprendre une faute.

Souvent dans nos relations avec les autres, nous passons une grande partie de notre temps à identifier et contempler leurs fautes. D’après les écrits bouddhistes les êtres samsariques tels que les humains vivent actuellement dans le règne du désir, (Nous vivons dans le règne du désir). Cet état nous conduit à développer un « esprit de compétition » les uns avec les autres. Nous sommes inconsciemment sans cesse à contrôler les états et les agissements des autres afin de savoir s’ils sont mieux ou moins bien que nous. Nous pouvons vérifier facilement cela en considérant les personnes qui nous sont proches dans notre vie. Nous constatons alors que la plupart de nos pensées les concernant focalisent notre attention sur leurs erreurs et leurs perturbations mentales. Comme si le fait de reconnaître les fautes chez les autres nous permettait de confirmer que nous ne les avons pas. Dans certaines situations nous le faisons jusqu’au point de ne voir que leurs fautes. À cause de notre attention inappropriée sur celles-ci, nous générons beaucoup de perturbations mentales et d’agitation dans nos relations avec les autres. En résultat cela détruit l’harmonie dans nos relations ainsi que notre propre bonheur. Notre attention inappropriée sur les fautes des autres détruit la paix intérieure dans notre propre esprit et casse l’harmonie avec nos proches.

Appr-Faute-01Dans les conseils qui viennent du cœur d’Atisha, il est dit : « Ne cherchez pas à voir les défauts des autres, mais recherchez les vôtres et purgez-vous comme si c’était du sang mauvais. Ne contemplez pas vos propres qualités, mais contemplez celles des autres et respectez chacun comme le ferait un serviteur ».  Alors, nous avons le choix suivant : soit nous conservons notre propre point de vue ordinaire et continuons à voir les fautes des autres, soit nous adoptons le point de vue d’un Bouddha qui voit le potentiel pur dissimulé derrière celles-ci. Ce choix nous appartient. Mais si nous voulons jouir d’une paix et d’un bonheur réel, il serait sage d’adopter le second choix. En contemplant les désavantages de notre vue ordinaire et le conseil ci-dessus, nous allons générer en notre esprit l’intention de choisir personnellement d’abandonner nos propres défauts et de nous réjouir dans les qualités des autres.

Appr-Faute-02Comme nous avons une propension à débusquer les fautes chez les autres, nous pouvons facilement comprendre que les autres font de même avec nous. Tout comme nous cherchons à voir les fautes chez les autres, ceux-ci cherchent à voir nos propres fautes. De ce fait, nous sentant à découvert, nous allons chercher à nier nos propres fautes tout en exaltant celles des autres, en pensant : « Moi je ne suis pas comme telle ou telle personne, je n’ai pas ceci ou cela ». Par la même occasion, puisque nous portons essentiellement notre attention sur les fautes, que ce soit celles des autres ou nos propres fautes, nous oublions complètement que les autres et nous- mêmes avons également des qualités. Mais attention, il est très facile d’aller d’un extrême à l’autre en pensant que les autres n’ont que des défauts ou que nous n’avons que des qualités. Et si nous avons la patience d’approfondir notre compréhension des enseignements de Bouddha, le dharma, celle-ci nous amènera naturellement à mettre en place une stratégie vertueuse en toute circonstance. Cette stratégie se résume à faire la distinction entre les apparences ordinaires d’une faute et les conceptions ordinaires de cette même faute. Lorsqu’une faute nous apparaît, que ce soit celle des autres ou notre propre faute, notre esprit impur la perçoit comme une apparence fausse, parce que les objets ne nous apparaissent pas comme ils sont véritablement. Et sur la base de cette apparence ordinaire, notre esprit ordinaire, à cause de nos perturbations mentales, conçoit cette faute comme existante de manière intrinsèque. Aussi longtemps que nous sommes dans le samsara, nous voyons de cette façon les apparences d’une faute également chez les autres et chez nous-mêmes.

Appr-Faute-03Si nous observons les qualités de nous-mêmes et des autres de la même manière que nous observons les fautes, nous considérons ces qualités comme des apparences ordinaires que notre esprit conçoit de manière fausse également. En réalité, toutes les qualités, les nôtres et celles des autres sont dans la claire lumière de l’esprit. Toutes les qualités sont dans le Vrai Soi, le potentiel pur de l’esprit, la claire lumière du dharmakaya. Tandis que le Soi ordinaire, l’apparence ordinaire de nous- mêmes ou des autres est semblable à une prison qui obscurcit et empêche l’esprit du Vrai Soi de se manifester. Dans une certaine mesure nos qualités sont confondues avec notre potentiel pur, lui-même enfermé dans une sorte de pellicule plus ou moins opaque constituée des perturbations mentales. Selon l’épaisseur de cette pellicule notre potentiel pur et nos qualités sont peu ou pas perceptibles.

Si nous ne pouvons changer les apparences ordinaires de se manifester, nous pouvons changer les conceptions ordinaires que nous générons en tant que réponse à la manifestation de l’apparence d’une faute. Nous devons développer une relation bénéfique, saine et constructive avec les apparences des fautes. Notre interaction avec celles-ci doit nous procurer un bienfait et nous permettre d’avancer sur notre voie spirituelle. Par exemple, si nous observons une faute chez une personne, cette situation nous enseigne ce que nous ne devrions pas faire. Dans ce cas, il y a une apparence  d’une faute mais également une réaction positive, bénéfique et saine, en conséquence de quoi il n’y a aucun problème à fonctionner de cette manière. Par contre si nous observons une faute chez l’autre et que notre réaction est le jugement, la jalousie ou toute autre perturbation mentale notre esprit est dysfonctionnel. Ainsi l’objet à abandonner n’est pas l’apparence d’une faute, mais la perturbation mentale à l’origine de notre conception ordinaire de la faute observée. Ceci vaut également pour nos propres fautes.

 Rédigé d’après mes notes et une transcription d’une enseignement sur « Huit Etapes vers le Bonheur » du programme fondamental donné par Kadam Ryan en 2009 au Centre Atisha de Genève.

Apprendre à gérer le stress

Le stress est un mal de société moderne qui concerne beaucoup de gens. Souvent abordé dans les medias sous ses aspects psychologiques et neurologiques, il est rarement abordé sous l’aspect spirituel. Samedi dernier, j’ai eu l’occasion de recevoir un enseignement sur le stress d’une perspective bouddhiste, par Kadam Hélène Oester  du Centre Dromtönpa de Bern. Ce précieux enseignement présente le stress et comment y faire face d’une manière différente et intéressante dont je voudrais partager ma compréhension avec vous mes lecteurs.

Stress-01Si d’un certain point de vue le stress possède un aspect positif, parce qu’il nous stimule dans l’aboutissement de nos objectifs, il reste surtout négatif, parce que source de beaucoup de problèmes et de souffrances. Il suffit pour en rendre compte d’écouter les réflexions du commun des mortels que nous sommes : « Il me stresse! », « Mon patron me stresse ! », « Le travail me stresse en ce moment! », « Je me sens stressé par ma situation », etc. Si l’aspect positif du stress peut temporairement nous aider, parce qu’il peut augmenter notre capacité d’obtenir le résultat escompté, nous ne devons pas en abuser. À trop vouloir bien faire avec cette adrénaline nous finirons par l’épuisement de notre énergie. Arrivés à ce stade nous sommes dépourvus de force et de vigueur et nous disons : « Je n’en peux plus! », « Je ne sais plus quoi faire », « Je ne sais plus où j’en suis! ». En faisant trop et trop longtemps cela peut même se terminer par un burnout.

Il n’y a pas de recette miracle pour enrayer le stress. Faire une liste de toutes les situations qui génèrent du stress est impossible. Néanmoins les quelques indications ci-dessous peuvent nous donner des pistes pour identifier les sentiments et les perceptions révélatrices du stress en nous.

  • Avoir un sentiment d’être sous pression, d’être contraint à faire quelque chose, d’être pressé ou accablé par des conditions difficiles.
  • Avoir un sentiment d’agitation intérieure et de perdre son calme.
  • Avoir le sentiment de perdre le contrôle et d’être une machine qui ne peut plus s’arrêter-
  • Avoir un sentiment d’être submergé parce que tout nous semble trop difficile et que les tâches les plus simples prennent une dimension disproportionnée.
  • Tout en déclinant une aide, nous pensons continuellement à tout ce que nous devons faire et que nous n’avons pas encore fait.
  • Avoir le sentiment d’être épuisé, de manquer de concentration
  • Les situations stressantes perturbent notre sommeil et même dans nos rêves
  • Etc.

Remarquons dans les exemples ci-dessus qu’il s’agit systématiquement d’une perception de notre esprit. Pourtant nous sommes le plus souvent persuadés de l’existence de quelque chose ou quelqu’un à l’extérieur de nous qui nous stresse. Plutôt que de nous limiter à une compréhension intellectuelle nous devons vraiment voir ce qui nous affecte sentimentalement.  Nous devons investiguer sur ce que nous ressentons pour savoir où nous en sommes dans notre vie. Alors d’où vient ce sentiment de stress? Provient-il de notre travail, de notre chef ou de notre partenaire? Est-ce la situation familiale ou encore la société moderne qui nous stresse? En réponse à cela les enseignements de Bouddha sont on peut plus clairs. Si toutes les situations mentionnées sont des causes circonstancielles qui peuvent induire un état de stress, la vraie cause substantielle de notre stress se situe dans notre esprit. La raison de notre bonheur, de notre souffrance tout comme la raison de notre stress se trouve dans notre esprit. Nous devons donc changer notre vision des choses : La racine du stress se situe à l’intérieur de notre esprit et non dans les conditions extérieures. Contrairement aux idées reçues, ne perdons pas de vue que les possibilités de faire quelque chose existent vraiment. Nous avons la possibilité de nous libérer de ces circonstances, même difficiles, par un travail visant à changer notre état d’esprit, c’est le but à atteindre. Cessons de croire que ce sont le travail, le ou la partenaire, le chef, etc. qui nous stressent. Ce ne sont que des circonstances externes projetées par notre esprit qui entretiennent notre état de stress.

Stress-02D’une manière générale nos actions prennent naissance par une intention dans notre esprit. Une action ne peut se concrétiser sans qu’il y ait une intention préalable. Toutes nos actions mentales, verbales ou physiques sont le résultat d’une intention. Ainsi notre mode de pensée et nos habitudes peuvent dans certaines cas être à l’origine de notre stress lorsque notre esprit est préoccupé par :

  • Se contraindre à faire quelque-chose
  • Avoir de très hautes exigences envers soi-même et les autres, que ce soit dans le travail ou la vie
  • La perfection devient un trouble obsessionnel compulsif
  • Croire que le succès s’obtient en travaillant durement
  • Croire que la fuite dans le travail est la seule issue à nos problèmes.
  • Etc.

Malgré notre quête incessante de la perfection à l’extérieur nous ne pourrons jamais être parfaits tant que nous ne changeons pas quelque chose à l’intérieur de notre esprit. Et nous ne changerons pas les conditions extérieures aussi longtemps que nous ne changerons pas notre état d’esprit. Du point de vue bouddhiste, seul Bouddha est parfait parce que complètement libéré de toutes les obstructions qui empêchent d’atteindre la perfection. C’est pourquoi, nous devons nous aussi cultiver des qualités d’amour, de sagesse, de force, de joie avec patience pour espérer un jour lui ressembler. Si nous possédons ces qualités intérieures, toutes nos tâches extérieures se feront d’autant plus facilement.

Stress-04Comment pourrions-nous changer la situation intérieure de notre esprit? Bien que parfois une situation extérieure soit également nécessaire, celle-ci est rendue possible dès l’instant où nous entreprenons un changement intérieur. Ce changement passe par la pratique de la méditation. En pratiquant par exemple une méditation sur la respiration chaque jour 5 à 10 minutes ou une méditation sur notre précieuse vie humaine, nous nous couperons de cette pression et de ce sentiment et nous prendrons l’ascendant sur notre stress. (Pour ceux que cela intéresse, vous trouverez une explication détaillée de ces deux méditations dans le livre de Ghéshé Kelsang Gyatso, « Le nouveau manuel de méditation » aux Editions Tharpa). Immergés dans le travail et les difficultés nous oublions cette chance, cette possibilité de travailler notre esprit, de nous aider nous-mêmes à être heureux. Dans ce sens notre vie humaine est pleine de sens. Habituellement, nos préoccupations sont dirigées vers nos activités ordinaires, notre travail, nos amis, nos problèmes et ainsi de suite. Et l’idée de reconnaître la chance que nous avons d’être un homme, une femme n’est de fait pas dans nos habitudes mentales. Si vraiment nous réalisons la valeur de notre vie humaine, alors nous pouvons entrevoir la possibilité de changer notre point de vue sur notre travail, nos problèmes et ainsi de suite. Les enseignements de Bouddha nous ouvrent  à de nouvelles structures, de nouveaux modes de pensée qui, progressivement nous donnent le moyen de supprimer le stress de notre esprit.

Enseignement donné le samedi 12 octobre 2013, dans le cadre du programme du Centre Atisha de Fribourg par Kadam Hélène Oester, enseignante du Centre Dromtönpa de Berne

Sans effort, nous n’obtenons rien !

Effort-01L’effort est l’une des six perfections enseignées par Bouddha. Si notre pratique n’est pas soutenue par l’effort, nous n’atteindrons jamais son fruit, l’illumination. Même dans notre vie courante nous n’obtenons rien sans effort. Du point de vue spirituel, l’effort est par définition  l’esprit qui se délecte dans l’accomplissement de ce qui est bienfaisant et vertueux. Sachant que des intentions positives et pures sont la source de toute action vertueuse et que des intentions négatives sont la source de tous nos malheurs actuels et futurs, nous devons avoir la sagesse d’appliquer notre effort dans la bonne direction.

Couramment, l’effort est nécessaire pour transformer toute intention en une action correspondante. Si l’effort entrepris pour réaliser un objectif  nous semble insurmontable, le plus souvent c’est parce que notre enthousiasme avait surestimé notre capacité de le faire ou parce que nous manquons de patience, espérant recevoir des réalisations immédiates. Alors nous sommes envahis par le découragement et nous sommes tentés d’abandonner complétement notre intention. Un tel résultat est l’effet d’espérances irréalistes.

Effort-02Si nous voulons atteindre nos buts dans cette vie, nous devons continuellement faire des efforts dans les limites de notre capacité. Et celles-ci ne sont pas immuables, car avec la patience de l’entraînement et la persévérance nous pouvons progressivement repousser ces limites et atteindre des résultat inespérés il y a seulement quelques temps passés. Si nous pensons trop vite : « Ah! Je n’y arriverai pas, c’est impossible pour moi », il est certain que nous n’y parviendrons pas. Je me suis souvent rappelé cette citation de Mark Twain : « C’est parce qu’ils ne savaient pas que c’était impossible, … ils l’on fait! »

Effort-03Souvenez-vous dans vos apprentissages les énormes efforts que vous avez investi pour acquérir un savoir-faire, des connaissances linguistiques ou artistiques. Si vous aviez laissé la paresse interrompre vos efforts, vous ne seriez pas arrivés où vous êtes aujourd’hui. L’effort initial qui demande souvent une grande énergie devient progressivement un effort « joyeux » parce que nous pouvons déjà apprécier partiellement un résultat. À ce stade l’effort devient facile et plaisant parce qu’il donne du sens à ce que nous entreprenons.

Alors comme chaque début d’année, nous prenons tous de bonnes résolutions pour améliorer notre vie spirituelle et notre vie de tous les jours. Ayons la sagesse de fixer des limites raisonnables à nos ambitions, quitte à les augmenter ultérieurement, évitant ainsi d’être découragés. Le moyen principal de développer la perfection de l’effort c’est d’éliminer tous ses opposants.

Addenda à la pratique de la patience

Suite de mon précédent article : « La pratique de la patience »

En fait, nous sommes tellement habitués  à l’impatience que nous ne remarquons même plus  lorsque nous perdons patience. Notre vie trépidante et stressante nous pousse à perdre patience. Pourquoi? Parce que des jours de vingt-quatre heures ne suffisent plus pour satisfaire tous nos désirs et tous nos objectifs. Nous sommes tellement attachés aux résultats immédiats de nos actions, que souvent un délai normal d’attente nous est insupportable. Notre impatience est un sous-produit de la peur : (1) la peur de perdre du temps précieux; (2) la peur de ne pas réussir; (3) la peur de décevoir; (4) la peur de ne pas satisfaire toutes nos envies; (5) et ainsi de suite. Nous sommes persuadés qu’il y a quelque chose à l’extérieur de notre esprit qui nous fait peur et fait perdre patience.

Pour stimuler votre imagination, voici un exemple que chacun a certainement vécu. Après un séjour chez des amis en banlieue parisienne, l’un d’eux me raccompagne à la Gare du Nord pour prendre mon TGV. Pour cela nous empruntons le périphérique de Paris. À peine sur l’autoroute, devant nous, un immense bouchon formé d’une multitude de camions bloquant toute circulation. Nous avançons à pas d’escargot, la grogne des automobilistes est palpable, tout le monde s’énerve y compris la personne qui me conduit à la gare. De toute évidence la situation est hors de notre contrôle. Alors pourquoi ajouter une souffrance supplémentaire sur notre esprit. « Cela ne sert à rien de perdre patience, je ne peux qu’accepter la situation! » « Bien sûr que du coup je vais perdre mon train, qu’à cela ne tienne j’en prendrai un autre ».

Un autre exemple : « Au début de mon burn-out j’ai perdu l’usage de la parole durant dix jours. Ce fût une période très accablante et pénible de ne pouvoir communiquer de vive voix. Au lieu de me laisser troubler par la situation j’ai utilisé les « SMS » sans m’énerver, faisant exploser ma facture de téléphone.  Un dernier exemple, qui vous est sûrement arrivé aussi. Vous êtes dans une file d’attente à la poste ou à la banque. Bien sûr vous êtes hyper pressé et n’hésitez pas à changer de file si l’une d’entre-elles semblent se résorber plus vite. Ne le faites pas! Je me suis trouvé ainsi derrière un retraité qui venait avec plusieurs carnets d’épargne y faire inscrire les intérêts et demander conseil pour un placement. Pendant que j’attendais mon tour, je voyais sous mes yeux la file que j’avais quittée avancer bien plus vite!

 Vous avez sûrement une multitude de situations dans lesquelles vous êtes confrontés à votre manque de patience!

La pratique de la patience

D’après le dictionnaire Larousse, la patience est l’attitude à ne pas s’énerver des difficultés, à supporter les défaillances, les erreurs et ainsi de suite. La patience est l’une des six perfections enseignées par Bouddha qui nous permettent d’atteindre l’éveil de notre rêve samsarique. Dans le livre « Trésor de contemplation » (*) du VGL, Shantideva explique que la patience se rapporte à la manière dont nous réagissons aux êtres et aux choses qui nous nuisent. Nous devons réaliser qu’il n’y a pas moyen de vaincre tous nos ennemis extérieurs. …  (*) Editions Tharpa

La patience est un état d’esprit qui, motivé par une intention vertueuse, accepte avec joie les difficultés et les problèmes. Avec la patience nous pouvons facilement endurer nos difficultés et les contingences de notre vie quotidienne. Le manque de patience nous empêche de juger correctement une situation et nous pousse à agir d’une manière regrettable. Celui qui n’a aucune patience est irrité par le plus petit obstacle ou la plus légère critique.

Amener la patience à la perfection n’implique pas seulement de s’abstenir de riposter lorsque quelqu’un nous fait du mal. Cela dépend plutôt de la familiarité de notre esprit avec l’acceptation volontaire des peines et de l’inconfort de la souffrance. Cette pratique, comme les autres, est essentiellement mentale.

Les objets de notre patience sont principalement nos activités ordinaires de tous les jours. Le manque de patience aboutit le plus souvent à la colère qui est assurément l’obstacle majeur à notre paix intérieure. Nous sommes navrés de perdre le contrôle. Mais en réalité  cette perte de contrôle est due à nos perturbations mentales. Il y a des jours où nous sommes d’une patience inébranlable et des jours où une peccadille nous déstabilise totalement … pourquoi? Tout dépend de notre état d’esprit à ce moment-là.

 Il est très profitable de méditer sur nos actions lors desquelles nous avons perdu patience et de débusquer la perturbation mentale qui en est la cause.