Archives pour le tag : Concentration

Ce qui fait le développement d’une perturbation mentale

Les perturbations mentales animent constamment notre manière d’être et notre façon d’agir dans la vie de tous les jours. Cette affirmation doit être vue sous l’éclairage de notre sagesse, car notre ignorance veut nous convaincre que notre attitude dépend essentiellement de causes et de conditions extérieures à notre esprit. Alors que tout ce que nous percevons n’a pas d’existence intrinsèque, la nature ultime de tous les phénomènes est la vacuité. Dans les enseignements sur la vacuité Bouddha nous enseigne que tous les phénomènes ne sont qu’une simple manifestation de la vacuité. Cet enseignement est très profond et demande de la patience et de la persévérance pour être bien compris.

Une compréhension intellectuelle de cet enseignement n’aura pas le pouvoir de changer en profondeur notre esprit. Nous sommes actuellement comme ce malade qui, bien que voulant guérir et ne plus souffrir, se contente de lire plusieurs fois par jour la notice du médicament que le docteur lui a prescrit. La présence même des perturbations mentales dans notre esprit en est le principal obstacle. À notre niveau, et avant même d’utiliser l’opposant ultime qui est la sagesse réalisant la vacuité des phénomènes, les opposants temporaires et spécifiques à chaque perturbation nous apporte une paix intérieure temporaire nous permettant de réduire leur effet néfaste.

Pour comprendre comment agissent ces opposants, nous devons connaître les principales causes des perturbations mentales. Parmi les principales causes, quatre de celles-ci sont nécessaires pour qu’une perturbation mentale se produise : la racine, la graine, l’objet et la focalisation inappropriée. Dans son livre « Comment comprendre l’Esprit », Vénérable G. K. Gyatso nous décrit celles-ci, je cite : « La racine de toutes les perturbations mentales est la saisie d’un soi. La graine d’une perturbation mentale est un potentiel laissé précédemment sur le continuum mental par des perturbations mentales similaires, potentiel qui agit en tant que cause substantielle de cette perturbation mentale. L’objet est tout objet contaminé. Enfin, la focalisation inappropriée est un facteur mental qui se concentre sur l’objet d’une manière incorrecte« .

Il faut donc la présence de ces quatre causes pour qu’une perturbation mentale se développe. Mais il suffit qu’une d’entre-elles manque pour que la perturbation mentale ne puisse se développer. Parmi ces quatre, celle que nous pouvons le mieux cibler est en fait la focalisation inappropriée. À savoir, notre manière de nous focaliser sur un objet. Autrement dit, si nous réussissons à travailler sur les causes de la focalisation inappropriée, nous empêcherons le développement de la perturbation mentale en question. Bien que cette pratique empêche le développement de celle-ci, elle n’élimine pas pour autant les graines en dormance qui subsistent dans notre esprit. Ces dernières peuvent être détruites par des pratiques de purification, (Le Soutra des Trois cumuls ou la pratique de Vajrasattva avec récitation de son mantra).

Pour empêcher le développement d’une perturbation mentale, comment ne pas tomber dans la focalisation inappropriée ? Vénérable G. K. Gyatso, toujours dans son livre « Comment comprendre l’Esprit », nous dit ceci, je cite : «  … en ne permettant pas à notre esprit de ressasser le caractère plaisant ou déplaisant des objets contaminés et de l’exagérer« . Somme toute, en quoi la focalisation inappropriée sur un objet plaisant nous est-elle néfaste ? Le fait de fixer notre attention sur un objet plaisant, en exagérant ses qualités contribue à développer une autre perturbation mentale, l’attachement. La plupart d’entre nous sommes incapables de vivre une expérience plaisante sans développer de l’attachement. Une sorte de « viscosité mentale » s’établit entre notre esprit et l’objet contaminé, nous privant de notre liberté.

Rédigé d’après mes révisions et mes transcriptions d’un enseignement du PF basé sur le livre « Comment comprendre l’Esprit » reçu au Centre Atisha de Genève en 2016

Crédits Illustrations http://fr.123rf.com

Comment les distractions perturbent notre esprit?

Notre esprit, confronté à un monde de plus en plus complexe de par la multitude d’informations omniprésentes dans notre vie, ne cesse de chercher à comprendre et percevoir tous les objets et tous les phénomènes qui nous entourent. Cette abondance de stimulations de toutes sortes perturbe parfois gravement notre esprit. Il arrive souvent que notre esprit, tout en étant focalisé sur l’objet de notre occupation, se laisse distraire par une pensée parasite qui interfère avec celui-ci. Qui ne s’est pas trouvé plongé dans une réflexion profonde sur un sujet et que soudainement le souci de quelque chose d’autre se manifeste? A ce moment précis la tentation de se laisser accaparer par ce nouveau centre d’intérêt prend de l’importance. Et nous pensons pouvoir fonctionner en « multitâches », ce qui n’est pas une spécificité de nos agrégats contaminés. Dans ce contexte nous nous efforçons d’être efficaces, aussi bien dans notre quotidien que dans notre pratique, nous nous laissons encore souvent distraire.

Alors, comment se soustraire à toutes ces distractions? Nous devons renforcer notre concentration. La concentration est un état d’esprit capable de rester focalisé sur un objet en un seul point et d’y rester. Distractions-01La concentration est l’opposant par excellence à la distraction. N’avez-vous jamais observé un enfant absorbé par le nouveau jouet qu’il vient de découvrir? Celui-ci est tellement concentré et absorbé par cette expérience que pour lui le monde autour de lui disparaît. Cette image devrait nous inspirer. Au lieu d’avoir notre énergie à l’extérieur qui passe d’un objet à un autre, d’une pensée à une autre, la concentration monopolise notre attention en un point à l’intérieur de notre esprit, point duquel nous créons notre relation au monde qui nous entoure. En aucun moment nous sommes coupés du monde extérieur et ignorons ce qui se passe, mais nous en gardons le contrôle. Plus simplement, nous observons ce qui se passe à l’extérieur tout en observant simultanément de l’intérieur comment nous nous sentons en présence de l’objet observé. La difficulté apparaît lorsque des distractions surgissent à l’improviste et que nous sommes tentés de changer l’objet de notre observation.

Bien sûr que nous devons gérer de nombreuses pensées importantes dans notre quotidien. Il s’agit de ne pas vouloir les traiter toutes en même temps. Car dès l’instant où nous nous occupons d’une d’entre elles les autres représentent une source de distractions. Pour cela nous devons les éloigner et les reléguer à une « distance de sécurité ». Cette « distance de sécurité » est une distance positive qui nous permet de maintenir notre attention sur la pensée en cours sans distractions et sans interférence avec les autres pensées. En d’autres termes, imaginez une salle d’attente d’un cabinet médical, les patients attendent leur tour aussi longtemps que le médecin est occupé avec Distractions-02la personne précédente. Il arrive parfois aussi que nous nous laissons consciemment distraire, le plus souvent par de choses futiles. Il s’agit là d’une stratégie de fuite que nous adoptons lorsque nous manquons de motivation pour faire quelque chose. A la manière d’un monologue intérieur, nous évaluons ce que nous sommes en train de faire comme une tâche fastidieuse. Nous sommes prêts d’abandonner celle-ci pour le moment et la remplaçons immédiatement par une tâche certes futile mais surtout très distrayante et attractive. En prenant conscience de ce subterfuge, nous pouvons naturellement nous poser la question : « Pourquoi je me laisse distraire ainsi? ». Le fait de se poser cette question nous amènera à changer notre attitude face à la distraction.

Si nous commençons à nous laisser envahir par des distractions, nous nous remplissons d’activités inutiles et futiles. Grâce à cette observation intérieure, il arrive un moment où nous arrivons à dire : « Non, ce n’est pas ce que je dois faire en ce moment ». Cette manière de répliquer vient de la sagesse qui nous ramène vers notre préoccupation Distractions-03principale. Lorsque nous sommes capables de nous recentrer en nous-mêmes tous les problèmes typiques de la vie moderne vont progressivement disparaître. Pour ne pas tomber dans le piège de la distraction, nous devons changer notre attitude. Comment ? Par l’entraînement de notre esprit à la concentration, l’opposant à la distraction. Pour cela nous pouvons utiliser pour commencer la méditation sur la respiration. Ainsi, lorsque nous serons capables de maintenir notre attention sans interruption sur notre respiration durant une période de plus en plus longue, nous pourrons appliquer cet entraînement à tout autre objet que notre esprit perçoit.

 Compilé d’après des notes personnelles et un enseignement reçu au Centre Atisha de Lausanne donné par Tania Medina en 2013

Réflexions sur l’effort

L’effort dans le contexte spirituel diffère complètement de ce que nous entendons dans la vie quotidienne ordinaire. L’effort dans ce cas est associé à quelque chose de désagréable et pénible. Il suffit pour illustrer cette perception de citer des expressions courantes telles Effort-04que : « Je dois travailler dur », « Je dois faire quelque chose que je n’aime pas », « Je dois faire un effort pour y arriver » et ainsi de suite. La définition de l’effort selon le dharma est totalement autre. Ici l’effort est le fait d’entreprendre quelque chose de manière ludique, avec un esprit serein. En nous engageant avec un esprit vertueux, l’effort que nous faisons n’est plus pénible du moment que nous créons de bonnes causes pour le bien de celui-ci. Notre effort correspond dans ce cas au degré de plaisir obtenu en nous engageant dans des actions vertueuses. Franchement, est-ce qu’il y a quelque chose d’autre que nous préférerions faire que d’entraîner notre esprit? Honnêtement, nous connaissons la réponse, car toutes sortes de suggestions nous viennent à l’esprit.

Lorsque nous disposons de temps libre, nous trouvons sans difficulté une activité de loisir qui nous ferait plaisir, mais ce n’est pas toujours le cas pour notre pratique spirituelle. Or, nous devons savoir utiliser notre temps à bon escient et nous allons naturellement faire un effort s’il s’agit de créer des bonnes causes pour notre esprit. Dans ce cas, souvent nous avons tendance à minimiser l’importance de notre effort que nous jugeons bien faible. Cela n’a pas d’importance car celui-ci correspond à nos capacités au point où nous en sommes actuellement. Nous ne devons pas pour autant mésestimer nos efforts, si petits soient-ils mais plutôt accepter leurs résultats sans Effort-05jugement. En fait, nous avons tous en nous un certain désir de faire ce genre d’efforts, mais pour cela nous devons bannir la culpabilité et le sentiment d’obligation de notre esprit. Comme mon enseignant nous l’expliquait : « Mieux faire moins avec joie que davantage avec culpabilité ». En prenant cette attitude sur le long terme, notre motivation ne sera pas perturbée par la culpabilité et le sentiment d’obligation.

La voie de l’illumination est longue et demande de la persévérance et de la patience. Pour cette raison, il est stratégiquement plus avantageux pour nous de rester dans la joie quoi qu’il advienne. Notre principale difficulté est de croire que les choses plaisantes et agréables nous procurent joie et bonheur de manière intrinsèque. Par ignorance, nous sommes persuadés que le pouvoir de susciter le plaisir ou de l’aversion vient de l’objet. C’est pour cette raison par exemple qu’une activité, qui au début était agréable, devient ennuyeuse si nous la faisons telle une routine sans joie. Elle nous lassera au point de finalement l’abandonner. Pire encore est de faire cette même activité tout en pensant à autre chose qui nous paraît bien plus agréable. Ainsi nous sommes sous l’emprise de la culpabilité et intérieurement nous sommes en conflit parce que nous n’avons simplement pas envie de la faire. Une activité ne peut jamais être super-agréable tant que nous ne nous engageons pas totalement Loisirs-01dans celle-ci. En mettant le 100% de nous-mêmes dans tout ce que nous faisons, nous évitons de nous disperser avec un gaspillage d’énergie mentale et spirituelle.

Quelle que soit la situation que nous expérimentons, nous avons l’intérêt de la vivre intégralement et en conscience. Ainsi, lorsque nous sommes au travail, faisons le totalement; lorsque nous sommes dans une activité de loisir, vivons celle-ci pleinement sans retenue et avec joie. De même, lorsque nous faisons notre pratique spirituelle quotidienne nous nous laissons complètement absorber par elle sans distraction. C’est de cette façon que nous pouvons véritablement trouver la joie de le faire. La joie ne vient pas de ce que l’activité nous donne, mais de faire cette activité pleinement. Ainsi nous découvrirons les limites de notre capacité à le faire que nous pourrons repousser progressivement en faisant de mieux en mieux. Notre joie et notre satisfaction seront d’autant plus grandes qu’elles proviennent d’un sentiment d’avoir bien fait les choses. Tant qu’en faisant une activité, peu importe laquelle, nous pensons : « Bah, je devrais être en train de faire quelque chose d’autre en ce moment », nous ne trouverons pas le sentiment de cet effort joyeux.

Pourquoi pratiquons-nous le dharma? Est-ce que nous pratiquons le dharma parce que nous « devons »? pour éviter « d’être punis »? Non. Il n’y a qu’une seule raison de pratiquer le dharma, c’est parce que cela fonctionne pour nous et de progresser spirituellement. Dans tous les cas, cela fonctionne mieux de faire les choses d’après les enseignements du dharma que de faire les choses en suivant nos perturbations mentales. Lorsque nous arrivons à la frontière de nos capacités, et que nous essayons de faire mieux, de faire mieux ce que nous sommes en train de faire, nous allons réaliser que nous pouvons faire mieux ce que nous sommes en train de faire en le faisant avec moins de perturbations mentales. Notre objectif est de faire les choses bien, sans attachement au résultat et en mettant toute notre attention dans ce que nous sommes en train de faire. Nous pouvons faire mieux tout ce que nous entreprenons du moment que nous avons un esprit en paix, libre de toute perturbation mentale. Nous pouvons être très performants si nous savons rester décontractés, sans se crisper sur le résultat attendu. Nous pouvons extraire plus de plaisir d’une activité, du moment que nous le faisons dans l’esprit du dharma pour être heureux.

Compilé à partir d’une transcription de l’enseignement du PF « La voie Joyeuse » donné au Centre Atisha à Genève par Kadam Ryan

Méditation : La nature conventionnelle de l’esprit

Préalable : Cette méditation dure une vingtaine de minutes. Assurez-vous de ne pas être dérangé par le téléphone, par les membres de votre entourage et animaux domestiques. Choisissez un endroit tranquille, loin de bruits habituels susceptibles de vous distraire. Étant donné la durée de cette méditation, une fois celle-ci terminée, accordez-vous un moment de transition avant de reprendre toute activité.

Installez-vous confortablement avec le dos bien droit en ayant au préalable vérifié de ne pas être dérangé pendant la durée de cette méditation.
Clarté-Esprit-01Portez simplement toute votre attention sur votre respiration naturelle en percevant l’air qui effleure vos narines en inspirant et en expirant.
Laissez votre respiration naturelle vous accompagner pendant quelques instants tout en laissant momentanément toutes vos préoccupations de côté.
Sentez progressivement un état de calme s’installer en vous et faites ceci pendant quelque instants encore.
[pause 2 minutes]

Clarté-Esprit-04Puis contemplons maintenant ce que nous allons entendre.
Nous avons tous un esprit, mais savons-nous vraiment ce qu’il est?
Si quelqu’un nous demande la vraie nature de celui-ci, comment il fonctionne, nous sommes incapables de donner une réponse précise.
Parce que nous n’en avons pas une compréhension claire, habituellement nous pensons que l’esprit est notre cerveau.
Mais le cerveau est un organe physique matériel, une partie de notre corps.
Or l’esprit n’est pas une partie de celui-ci, il est un continuum complètement dépourvu de matière et de forme qui ne peut se voir au sens de notre vision.
Il est principalement situé dans la région du chakra du cœur.
Contrairement à la flamme d’une bougie, qui elle est produite par la cire de celle-ci, l’esprit lui n’est pas produit par le corps.
Et quand le corps meurt, l’esprit persiste et va vers la prochaine existence.
La nature de notre esprit lui-même est clarté, une lumière aussi vaste que l’univers dans laquelle tout, absolument tout se passe.
Sa fonction est de tout connaître. Ainsi, il a le pouvoir également de connaître toute chose, où que ce soit et simultanément partout.
Seul l’esprit a le pouvoir de connaître et de comprendre les objets.
Lorsque nous disons que nous comprenons quelque chose, c’est seulement parce que notre esprit comprend cette chose.
Toutes nos pensées, nos paroles et nos actions physiques dépendent entièrement de notre esprit.
Notre esprit est le créateur de toute chose.
Tout ce que nous pensons, que nous voyons, entendons, sentons, goûtons ou touchons à travers nos perceptions sensorielles est créé par l’esprit.
Comprendre que tout est créé par l’esprit nous aide à comprendre son pouvoir.
Chaque être vivant est sous le contrôle de son esprit.
L’esprit lui-même est un champ clair et universel de connaissances qui a le pouvoir de tout créer.
[pause 2 minutes]
Tout en restant dans la claire lumière de notre esprit, essayons maintenant de gagner une expérience personnelle, en contemplant ce qui suit :
Clarté-Esprit-03Puisque notre esprit est le créateur de tout, il peut percevoir toute forme et peut se manifester sous toute forme.
Puisque notre esprit n’est pas un son, il peut entendre et émettre tous les sons.
Puisque notre esprit n’est pas une odeur, il peut sentir toute odeur et toutes les odeurs proviennent de lui.
Puisque notre esprit n’est pas le toucher, il peut avoir toute sensation et peut tout éprouver.
Puisque notre esprit n’est pas le goût, il peut goûter à tout et créer toute saveur.
Puisque notre esprit n’est pas une pensée, il peut penser à tout et générer toute pensée.
Puisque notre esprit est le créateur de tout, il peut tout créer.
Puis sur la base de cette contemplation, essayons de générer le sentiment de la présence de l’esprit lui-même et de rester dans sa nature égale et immuable.
Imprégnions-nous de ces affirmations pendant quelques instants encore.
[pause 2 minutes]
Si une distraction se manifeste, réalisons que c’est un objet de notre esprit et non notre esprit lui-même. Ce n’est qu’une pensée dans notre esprit et en comprenant ceci, laissons-la simplement disparaître tout en reportant notre attention sur l’esprit lui-même.
Laissons cette distraction se dissoudre dans notre esprit comme un nuage se dissipe dans un ciel clair et revenons une fois encore dans le calme immuable de notre esprit.
[pause 1 minute]
Si une image se manifeste, réalisons toujours que c’est un objet de notre esprit et non l’esprit lui-même.
Ce n’est qu’une image mentale dans notre esprit que nous laissons simplement s’éloigner, semblable à un nuage qui se dissipe dans un ciel clair et revenons  dans le calme immuable de notre esprit.
[pause 1 minute]
Si un son se manifeste, réalisons que ce n’est qu’un objet de notre esprit et non l’esprit lui-même. En l’entendant, laissons ce son se dissoudre tel un nuage dans le ciel clair de notre esprit.
[pause 1 minute]
Si une perturbation mentale se manifeste, nous réalisons qu’une fois encore c’est un objet de notre esprit perturbé et non l’esprit lui-même. Ce n’est qu’une pensée dans notre esprit.
Clarté-Esprit-02En focalisant toute notre attention sur l’esprit lui-même, nous laissons également cette perturbation se dissoudre dans notre esprit comme un nuage se dissipe dans un ciel clair.
Et comme toujours dans ces cas, nous nous concentrons sur la sensation de calme immuable de notre esprit.
Cette sensation est notre objet de méditation placée sur lequel nous restons le plus longtemps possible, durant quelques minutes encore.
[pause 3 minutes]
Puis progressivement, nous revenons dans notre perception ordinaire des choses et sortons de notre méditation.

Méditation compilée à partir d’un enseignement donné par Kadam Ryan au Centre Atisha de Genève.

Multitâches ou mono tâche?

Multi-tache-01Avez-vous déjà fait cette simple expérience ? Prenez place devant une grande feuille de papier, un crayon dans chaque main. Puis, dessinez simultanément un cercle avec la main gauche et un carré avec la main droite ! Vous vous rendez compte immédiatement de l’impossibilité de le faire spontanément. Que se passe-t-il dans votre esprit? Votre esprit doit se concentrer à la fois sur deux actions, celle de tracer un rond de la main gauche et un carré de la main droite. Or, comme déjà mentionné à plusieurs reprises dans des articles précédents, du point de vue de l’esprit : « Le monde que nous percevons est celui auquel nous prêtons notre attention ».  Par conséquent, vous ne pouvez focaliser votre attention en même temps sur le tracé du cercle et le tracé du carré. Bien sûr, lorsque nous observons ce qui se produit devant nous, nous avons une impression globale de ce qui s’y trouve. Mais nous procédons à la manière d’un scanner, comme par exemple lorsque nous entrons dans une demeure pour la première fois. Aussi, lorsque nous sommes dans un cinéma à regarder un film sous titré, soit nous lisons le texte soit nous regardons la scène du film, mais difficilement les deux en même temps.

En fait, nous rencontrons une problématique similaire lorsque nous faisons notre pratique. Habitués à faire ou à penser à plusieurs choses en même temps nous avons de la peine à nous focaliser uniquement sur notre pratique. Tant de choses et de pensées distrayantes sabotent notre concentration et nous sommes en alternance dans notre pratique et dans toutes sortes d’autres pensées. Dans son livre « La Voie Joyeuse », Vénérable Kelsang Gyatso explique que : « Un certain degré de concentration est nécessaire pour accomplir toute action vertueuse, car la concentration élimine les obstacles à notre pratique« . Actuellement, nous voulons garder notre esprit concentré, mais ne pouvons le faire à cause de nos perturbations mentales. Nous devons par conséquent les éliminer le plus possible. D’autres explications détaillées se trouvent dans le chapitre « L’entraînement de l’esprit au calme stable » du même livre.

Multi-tache-02Donc, je poursuis ma réflexion telle que je l’ai vécue dernièrement durant ma retraite. Pour assimiler des connaissances, nous utilisons principalement deux types de mémoire : une mémoire à court terme et une mémoire à long terme. D’après Wikipédia, la mémoire à court terme (MCT) permet de retenir et de réutiliser une quantité limitée d’informations pendant un temps relativement court et la mémoire à long terme (MLT) la mémoire au sens courant. L’entreposage de la connaissance dans celle-ci se fait par le « transfert » du contenu de la mémoire MCT, d’où l’importance de son contenu. Notre entraînement à la concentration consiste diminuer progressivement jusqu’à leur complète disparition le taux de perturbations et de distractions contenues dans la mémoire MCT de notre esprit. Avec ce préalable, nous pouvons atteindre le premier placement, le placement simple de l’esprit, c’est-à-dire de garder notre attention en un seul point sur l’objet de notre méditation. Puis avec persévérance notre entraînement nous permettra d’envisager les autres niveaux de placement de l’esprit. Également sur le sujet, vous pouvez consulter l’article « Notre manque de concentration » sur ce même blog.

Dans le « Nouveau Manuel de Méditation » Vénérable Kelsang Gyatso précise qu’au début de notre pratique méditative, notre concentration reste faible, car nous sommes facilement distraits et nous perdons souvent notre objet de méditation. C’est pourquoi, avec patience, persévérance et une forte motivation, nous allons alterner contemplation et méditation placée jusqu’à pouvoir garder notre objet de méditation. Parfois, nous pouvons demander au Bouddha Mandjoushri sa grande sagesse pour comprendre les objets que nous devons abandonner pour améliorer notre concentration.

Méditation La clarté de l’esprit

Lorsque vos pensées chaotiques produisent une grande confusion dans votre esprit, cette petite méditation sur la clarté de l’esprit vous aidera à retrouver le calme en vous. c’est seulement alors que vous pouvez avec calme et discernement vous orienter vers vos activités. vous pouvez sans autre faire et refaire cette méditation en toute circonstance.

  • Installez-vous dans une position confortable, assis le dos bien droit.
  • Les bras détendus, la tête est un peu inclinée.
  • Les yeux sont entre-ouverts avec le regard défocalisé, ce qui empêche l’excitation mentale.
  • Cherchez à vous détendre en ajustant votre posture, ceci afin d’éliminer tout inconfort physique.
  • Portez à présent votre attention à l’intérieur de vous et prenez conscience de vos pensées et de toutes ces activités mentales.
  • Observez ce flot de pensées et de sensations qui accaparent et envahissent votre esprit.
  • Vous allez progressivement vous déconnecter du bruit ambiant de tout ce qui vous perturbe en ce moment précis.
  • Pour cela, commencez à vous détendre dans cette position en laissant toute distraction se dissiper.
  • Laissez-vous simplement vous détendre au rythme de votre respiration naturelle en portant votre attention sur le flux de l’air qui entre et qui sort par vos narines.
  • Nuage-05[Pause 1 min. suivie d’un gong]
  • Tout en continuant de respirer calmement, pensez que votre esprit est semblable à un ciel d’été parsemé de nuages plus ou moins nombreux.
  • En ce moment, toutes vos pensées et vos préoccupations sont semblables à ces nuages.
  • Ces nuages prennent naissance à partir d’un ciel limpide puis se dissolvent en lui.
  • De la même manière vos pensées et vos sensations apparaissent de l’espace intérieur de votre esprit puis se dissolvent en lui.
  • [Pause 1 min. suivie d’un gong]
  • Peu importe à quel point le ciel est nuageux, le ciel lui-même est par nature clair et limpide.
  • Nuage-07Et quand les nuages se dissipent, le ciel bleu apparaît à nouveau.
  • De la même manière, peu importe à que point notre esprit est agité, il reste un continuum de clarté n’ayant aucune forme et aucune caractéristique physique.
  • Quand les pensées se dissipent nous découvrons la nature claire de l’esprit.
  • Essayez de voir que ces pensées ainsi que toute activité mentale, sont simplement des phénomènes qui n’ont ni forme ni aucune caractéristique physique et qui naissent dans l’espace de votre esprit.
  • Continuez à observer le flot de vos pensées, observez-les simplement sans les suivre. Regardez comment elles disparaissent progressivement comme les nuages qui se dissolvent.
  • [Pause 1 min. suivie d’un gong]
  • Il en va maintenant de même de toutes vos préoccupations et de tous vos soucis qui, comme les nuages, s’évaporent dans l’espace infini de votre esprit.
  • Nuage-08Chaque fois qu’une pensée nouvelle commence à apparaître, ne la suivez pas. Observez-la simplement puis laissez-la se dissoudre dans la clarté de votre esprit.
  • Cette clarté est votre objet de méditation. Placez votre concentration sur cette clarté de votre esprit, et prenez plaisir à la paix intérieure qu’elle vous procure.
  • [Pause 5 min. suivie d’un gong]
  • Vous pouvez maintenant relâcher doucement votre attention pour sortir gentiment de votre méditation.
  • Puis, lorsque votre activité mentale normale réapparaît, essayez de ne pas perdre cette sensation de paix intérieure.
  • Cette expérience de clarté et de paix imprègne toutes vos pensées et toutes vos sensations de sorte que votre esprit reste en permanence paisible.
  • Vous pouvez maintenant graduellement ouvrir les yeux, et sortir de votre méditation.

Méditation : Notre capacité de concentration

  1. Lumière-01Choisissez un endroit calme où vous ne serez pas dérangé le temps de votre méditation.
  2. Ce peut être soit à l’intérieur soit à l’extérieur, dans un parc en pleine nature ou tout autre endroit tranquille.
  3. Installez-vous confortablement assis avec le dos bien droit.
  4. Portez simplement votre attention sur votre respiration naturelle.
  5. Si vous êtes attentif à votre respiration, vous pouvez sentir l’air qui effleure vos narines avec douceur.
  6. Observez juste votre respiration, sans vouloir respirer d’une manière particulière.
  7. Faites ceci pendant quelques instants.
    [Pause 1 minute suivie du gong]
  8. Tout en maintenant votre respiration naturelle, prenez maintenant un élément précis qui vous a particulièrement mis à contribution dernièrement et essayez de vous concentrer sur celui-ci uniquement.
  9. Puis maintenez cette concentration sans distraction sur cet élément qui sera l’objet de votre méditation.
  10. Très rapidement vous constatez votre difficulté à rester attentif à cet objet uniquement.
  11. Concentration-04Parce que d’autres images, sensations et pensées se manifestent constamment sans que vous puissiez garder le contrôle de votre esprit sur votre objet.
  12. Ce n’est pas extraordinaire parce que nous sommes tous emprisonnés dans nos états d’esprit perturbés, nos préoccupations du moment.
  13. Dans cette situation il vous est très difficile de maintenir une concentration constante sur l’objet de votre méditation.
  14. Heureusement vous pouvez pacifier naturellement votre esprit simplement en vous laissant accompagner par votre respiration.
  15. Continuez de bien respirer avec votre rythme naturel, comme un métronome.
  16. Ce faisant, vous imaginez que toutes les pensées étrangères à l’élément de votre méditation prennent à l’intérieur de vous l’aspect d’une fumée noire que vous exhalez doucement par vos narines et qui disparaît dans l’espace devant vous.
  17. Puis quand vous inspirez, imaginez une lumière blanche capable de fortifier et d’accentuer votre pouvoir de concentration sur l’objet que vous avez choisi.
  18. À chaque cycle de votre respiration, les distractions se dissolvent dans l’espace devant vous tandis que votre objet de méditation devient de plus en plus présent à votre attention.
    Faites ce cycle de respiration consciente quelques instants encore.
    [Pause 1 minute suivie du gong]
  19. Vous réalisez maintenant que l’élément sur lequel toute votre attention est focalisée est semblable à une hallucination et n’a pas d’existence de son propre côté.
  20. Vous croyez que ce qui apparaît à votre esprit est vrai et existe vraiment, parce que vous estimez que votre esprit ne se trompe pas.
  21. En réalité, les perturbations mentales se trouvant dans votre esprit déforment votre perception de la réalité.
  22. Toutes les apparences perçues par votre esprit sont trompeuses, parce que contaminées par l’ignorance.
  23. Ainsi l’objet sur lequel vous portez toute votre attention n’a pas d’existence intrinsèque, mais existe simplement en relation dépendante de votre perception.
  24. Tâchez de maintenir cette concentration sur votre objet de méditation d’une manière qualifiée le plus longtemps possible.
    [Pause 3 minutes suivies du gong]
  25. Intégrer et apprivoiser progressivement cette nouvelle façon de voir les choses et votre compréhension du monde qui vous apparaît sera profondément transformée.
  26. Relaxer votre concentration en retrouvant toutes vos sensations physiques, la perception de l’endroit où vous trouvez et sortez graduellement de votre séance de méditation.

Notre manque de concentration

La principale cause de notre faible concentration vient de notre environnement où les distractions abondent. Nous sommes tellement habitués à consommer des distractions que le plus souvent nous créons nos propres malheurs et difficultés. À croire que, comme le papillon de nuit, nous sommes attirés par ce monde de distractions au point de nous brûler les ailes et de nous détruire.

Concentration-02Souvenez-vous le nombre de fois que vous avez oublié quelque chose d’important en quittant votre domicile ou le nombre fois que vous vous êtes trompé d’itinéraire par manque d’attention. Ou encore à trop vouloir, vous tentez de faire plusieurs choses à la fois et finalement rien n’est fait correctement.

Concentration-01Pour nous concentrer nous avons besoin d’un certain calme, loin du bruit. Les distractions interfèrent avec notre esprit et le rendent inapte à se concentrer. Avez-vous observé un enfant jouant avec un nouveau jouet. Il est tellement concentré et absorbé par ce qu’il fait que le monde pourrait bien s’écrouler autour de lui sans qu’il ne s’en aperçoive.

Tant que notre esprit est agité par les distractions, nous sommes comme un petit bateau constamment ballotté par  les vagues. Les distractions ont parfois un effet pervers. Elles nous permettent d’occulter nos problèmes et nos soucis qu’il serait pourtant important de résoudre. Ainsi elles deviennent une stratégie de fuite, en nous disant : « Ah … j’y réfléchirai plus tard …! ». Ou bien encore nous avons besoin d’un « bruit ambiant » tels que musique ou jeux sur notre téléphone portable qui ne tardent pas à devenir une dépendance normale et nous coupent du moment présent.

Concentration-03Du point de vie spirituel, nous distinguons trois types de concentration : la concentration sur les objets non-vertueux, sur les objets neutres et sur les objets vertueux. Les premiers sont vivement déconseillés parce qu’ils créent des causes karmiques de malheur. Seuls les deux derniers nous sont utiles pour notre développement spirituel. Nous avons tous une certaine concentration, cela ne veut pas dire pour autant que nous sommes capables de l’appliquer à notre quête spirituelle.

Pour atteindre les réalisations spirituelles du dharma, nous devons nécessairement développer à la fois une concentration vertueuse et une concentration neutre. La concentration vertueuse est celle qui a pour objet des pensées et des actions en rapport avec notre développement spirituel, (la méditation, le discipline morale, etc.). La concentration neutre est nécessaire pour empêcher que notre esprit ne devienne distrait au cours des tâches ordinaires comme notre travail et nos occupations domestiques.

Observez le déroulement d’une de vos journées et remarquez combien de choses faites-vous sans concentration mais simplement par  habitude tout en ayant l’esprit distrait par autre chose.