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Comprendre ce qui se cache derrière cette colère

Dans son livre « Comment comprendre l’Esprit » G. K. Gyatso écrit, je cite : « La colère peut se diriger contre n’importe qui, même contre nos amis. Nous pouvons aussi nous mettre en colère contre des objets, ou bien si nos désirs ne sont pas exaucés« . Nous avons tous de nombreuses expériences de la colère et nous en aurons encore bien d’autres tant que nous donnerons une légitimité à nos accès pathologiques de colère. Succinctement, la colère est un état d’esprit qui nous dit : « Ça m’énerve !!! » et nous voulons détruire ce qui nous énerve. Nous trouvons tout à fait normal de ressentir cette colère, confrontés à diverses situations de notre vie.

Ce n’est pas parce que nous nous heurtons à une difficulté ou à une contrariété que nous devons forcément nous mettre en colère. Quoi qu’il arrive, ce n’est pas une justification. Sans une véritable compréhension, c’est hélas la riposte la plus courante que nous adoptons. La colère peut naître également de la préoccupation de soi, de l’attachement à ce qui nous concerne. Parfois nous pouvons nous mettre en colère simplement parce que nous ne pouvons pas admettre que nous avons tort dans une situation bien précise. Une sorte de réaction d’autodéfense, qui soi-disant est un moyen stupide de se défendre, préférant rejeter la faute sur quelqu’un d’autre ou quelque chose d’autre.

Comment franchir les premiers pas pour se libérer de la colère. Générer une ferme détermination de ne plus se laisser prendre par la colère. Pour cela nous devons avoir une profonde conviction des dangers de la colère. La colère n’est pas simplement « crier », « taper du poing » et exploser. La colère est comme un feu qui peut se manifester sous la forme de petites étincelles mais aussi sous la forme d’un important incendie. Ainsi, la colère peut s’exprimer sous plein d’aspects différents. Lorsque par exemple, sous l’emprise de la colère nous crions, ce n’est qu’une extériorisation de notre esprit de colère. Mais nous pouvons aussi être dans une colère noire sans manifester quoi que ce soit.

Selon son tempérament, la colère d’une personne se manifeste de manière plus ou moins visible. D’où l’importance de bien comprendre celle-ci pour apprendre à la déceler rapidement dans notre esprit. Il n’y a rien de plus dangereux qu’une colère non identifiée. Elle se traduit par un comportement tel que : « Non, pas du tout, je ne suis pas en colère ! », alors que cramoisie, sa respiration s’emballe et que ses mains deviennent moites. Cela revient à contenir la pression dans une cocotte-minute prête à exploser, et qui finalement explosera. Mais parfois la colère se déclenche à la suite d’une circonstance banale ou sous forme de rancune insidieusement accumulée qui finit par se manifester.

En toute circonstance, nous devons dire non à cette colère qui se développe dans notre esprit plutôt que de l’accepter en argumentant pour la justifier. En amont de la colère règne dans notre esprit une confusion qui ne fait pas la distinction entre la situation extérieure, cause circonstancielle et le facteur mental colère cause substantielle présente dans notre esprit. Avoir un esprit de colère n’arrange pas les choses et ne se justifie jamais car elle fait du mal à nous-même et aux autres et de plus ne nous aide jamais. Tous nos états d’esprit perturbés proviennent du fait de notre vision incorrecte et de notre perception déformée du monde. Si la solution ultime à la colère est la réalisation de la vacuité, nous pouvons dès maintenant méditer et utiliser les opposants à la colère que sont la patience et l’amour.

Nous devons être particulièrement vigilants quand nos souhaits ne se réalisent pas, lorsque nous éprouvons des déceptions ou des contrariétés ou lorsque nous sommes amenés à faire quelque chose que nous n’aimons pas. Ce sont généralement de telles situations qui nous mettent en colère. Nous pouvons à tout moment décider de ne pas donner notre assentiment à cette colère et orienter notre esprit dans une direction plus constructive. Comment ? En nous souvenant que la colère est inutile, mais que sa présence renforcera notre détermination à détruire notre préoccupation de soi, la racine de tous nos problèmes. À travers de telles situations nous approfondirons notre compréhension du karma, en pensant : « Là, j’ai moi-même créé la cause de me mettre en colère dans cette situation, est-ce que peux vraiment ne plus jamais me mettre en colère ?« .

Rédigé d’après mes études et réflexions sur un enseignement tiré du livre « Comment comprendre l’Esprit », reçu dans le cadre du PF au Centre de Méditation Kadampa de Genève en 2015

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En finir avec la colère

Dans la plupart des situations, le mobile de la colère est l’échec de nos attentes. C’est parce que nos attentes ne sont pas satisfaites que la colère se développe dans notre esprit. Nous sommes souvent tellement obnubilés par la réalisation de nos attentes que la frustration engendrée par une telle situation parasite complètement notre esprit qui se laisse alors submerger par un état perturbé appelé colère. Et que ce soit pour nous- même ou pour les autres les effets de la colère sont tous sans exception négatifs et dommageables. Ainsi, chaque déception, chaque contrariété, chaque perte, chaque désappointement, chaque crève-cœur va engendrer une forme de colère dans notre esprit. Selon nos antécédents karmiques, nous serons plus ou moins familiers avec des états de colère.

Pour en finir avec nos colères, nous devons en premier lieu les identifier. La colère est par définition un état d’esprit perturbé qui appréhende un objet animé ou inanimé, le ressent comme déplaisant, exagère ses défauts et désire lui nuire. Nous allons nous focaliser essentiellement sur les aspects négatifs de la situation qui nous irrite jusqu’à ce que nous ayons construit une image mentale défavorable qui existe de manière intrinsèque en dehors de notre esprit. Bouddha nous enseigne comment venir à bout de cette maladie mentale appelée colère, une des plus grandes sources de souffrance dans notre vie. En l’espace d’un court instant, tous les aspects désagréables et négatifs d’un objet ou d’une situation s’amplifient fortement au détriment des apparences agréables et positives.

Parfois, il nous semble normal et légitime de nous mettre en colère. Suivant les circonstances, nous trouvons des bienfaits à la colère. Mais ce n’est qu’une apparence trompeuse, car la colère dans tous les cas détruit notre paix intérieure et apporte la souffrance dans notre vie. Donc, pour en finir avec la colère, il est nécessaire d’analyser son origine, sa nature pour développer le moyen d’y remédier. Quelle que soit l’objet de notre expérience future, naturellement nous projetons une stratégie pour parvenir à atteindre notre objectif et inévitablement nous entretenons le désir de réussir. Notre ignorance alliée à notre fort attachement au résultat va conditionner toutes nos attentes. Et comme souvent celles-ci ne sont pas comblées, notre esprit est l’objet d’une grande déception.

Plus nos attentes seront assujetties à un esprit égoïste qui n’accepte pas un résultat contraire, plus notre colère se développera et plus nous souffrirons. Pour ne pas se laisser emporter par ce processus destructeur, nous devons assouplir notre esprit et qui peut accepter que les choses ne se déroulent pas forcément toujours comme prévu. Rappelons-nous que nous ne pouvons changer les conditions extérieures à notre avantage afin qu’elles soient conformes à nos attentes. Par contre, nous pouvons changer notre état d’esprit envers ces mêmes conditions extérieures, en reconnaissant la présence de la colère qui s’amorce, ne pas s’identifier à elle et accepter une alternative possible qui sauvegardera notre paix intérieure.

Si, dans le feu de l’action il nous est difficile d’appliquer une solution instantanément aux conditions adverses, nous pouvons à posteriori analyser une expérience vécue dans le passé et contempler quelles auraient été les alternatives possibles qui nous auraient évité une grande colère. Avec la méditation et l’entraînement à contempler nos expériences de colère, nous allons progressivement identifier les mécanismes de celle-ci. Par l’exercice, nous assouplirons peu à peu notre esprit afin d’avoir une vision plus large de nos attentes. Et pour conclure de rappeler que la plupart de nos attentes ne se réaliseront jamais comme nous le souhaiterions ou peut-être même ne s’accompliront pas du tout.

Inspiré d’un Atelier sur le thème « La colère » donné par Tania Médina au Centre Atisha de Lausanne en 2012

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Débusquer l’impatience

Avant de prétendre améliorer sa patience en présence d’une simple contrariété de notre vie quotidienne, il est très profitable de débusquer l’impatience. Chacun peut prétendre ne pas être habituellement impatient, mais pourtant celle-ci est très présente dans notre esprit à tous. Car tant que la préoccupation de soi nous influence et nous prend en otage, il y a comme une petite voix qui souvent se manifeste en disant : « Moi je suis important, et je n’ai pas de temps à perdre! ». Pour illustrer cela, prenons comme exemple l’expérience vécue, dans laquelle beaucoup d’entre nous se reconnaîtront.

J’ai besoin de contacter un établissement bancaire par téléphone pour avoir une information personnelle. Mon appel aboutit dans un Call center et une voix enregistrée me répond en quatre langues que mon appel est dans une liste d’attente, que je dois « prendre patience », de rester en ligne et qu’il me sera répondu dès que possible. Puis, pour meubler l’attente une musique m’accompagne. Au bout de cinq Impatience-01minutes, la même voix répète le message : « Actuellement tous nos collaborateurs sont occupés … votre appel sera pris dès que possible ». Un autre intervalle d’attente s’écoule et de nouveau le message revient à mes oreilles pour la troisième fois.

C’est là que commence quelque chose d’intéressant. Je pense alors : « voilà plus de quinze minutes que j’attends et cela me contrarie » et mon esprit n’est plus du tout calme. Et un peu plus tard je surenchère : « Cela commence à bien faire, je n’ai pas envie d’attendre moi car j’ai d’autres tâches à terminer ». Mon impatience devient palpable, que faire ? J’hésite à raccrocher. Mais peut être dans un instant ce sera mon tour…  ou peut être pas, qu’est-ce que je Impatience-02fais alors ? L’impatience est sur le point de me prendre en otage. Les minutes passent et je suis toujours à attendre tandis que l’impatience est manifeste dans mon esprit.

À ce stade, il y a deux options à choix. Soit je donne mon assentiment à l’impatience avec toutes ses conséquences, soit je développe la patience, dussé-je attendre encore. Les conséquences de la première sont la colère et la frustration, le mécontentement qui vont envahir mon esprit sous la forme de souffrance. Tandis que le résultat de rester calme et paisible se traduira par une attitude vertueuse qui reconnaît la présence de l’impatience mais ne la suit pas. Avec de la persévérance de telles situations n’auront plus d’impact négatif sur mon esprit.

Ce scénario est applicable à un grand nombre de situations quotidiennes telles que les files d’attente au supermarché, dans les embouteillages, etc. Nous devons surmonter la colère et l’intolérance par l’acceptation patiente. La patience est un esprit vertueux capable de supporter toutes les souffrances et tous les maux. Nous pouvons la pratiquer à tout moment dans nos activités quotidiennes. Pour cela nous devons être attentifs et vigilants pour débusquer la moindre impatience en comprenant que celle-ci est sur le point de nous nuire.

Expérience personnelle documentée par mes lectures de « La Voie Joyeuse » et « Comment comprendre l’esprit » de G.K. Gyatso aux Ed. Tharpa

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Réflexion sur qui nous sommes vraiment

D’une certaine manière actuellement nous sommes trompés par notre esprit. Nous pensons que nous sommes réveillés et libres alors qu’en réalité nous sommes endormis et emprisonnés. Tout ce que nous percevons est en fait notre prison créée par notre esprit incontrôlé. Celle-ci est créée par notre préoccupation de soi et notre ignorance de saisie d’un soi. Notre perception ordinaire met en scène ce monde qui nous paraît réel devant et autour de nous dans lequel nous serions libres d’aller où bon nous semble, libres de faire ce que nous voudrions. Mais en réalité, si nous savions qui nous sommes, nous nous rendrions compte que nous vivons dans une camisole de force, totalement emprisonnés dans une cellule. Cette vision du monde, le décor de notre quotidien est en fait à l’opposé de la réalité.

Nous sommes en train de rêver dans une manière incontrôlée. Ce qui se passe dans le monde, ce qui survient dans notre vie est complètement hors de notre contrôle. Nous pensons à chaque instant que nous sommes ici et que le monde est là existant de son propre côté et n’a rien à voir avec nous. Tout cela est faux! Notre vie, notre existence est juste un rêve, un mirage perçu par notre esprit. Nous sommes en train de rêver et nous ne le réalisons pas du tout. Ce rêve peut changer d’un moment à l’autre et devenir un horrible cauchemar. Notre esprit peut projeter des expériences inimaginables qui s’apparentent à des expériences de schizophrénie que nous croyons exister vraiment. Sans nous en rendre compte nous pouvons être dans un tel cauchemar qui ne prend jamais fin. To_be-01Ceci peut arriver facilement à chacun d’entre nous.

En réalité, tout ceci n’a aucune obligation d’exister, car nous pouvons être complètement libres dans le dharmakaya, le corps vérité d’un bouddha, notre vraie nature ultime, notre essence appelée parfois notre graine de bouddha. Il y a un monde ordinaire dans lequel nous sommes et un monde transcendantal, vaste et omniprésent et qui est au-delà de cette existence. Au fond de nous la présence de ce dernier nous échappe la plupart du temps car occulté par notre ignorance. Les enseignements de Bouddha nous invitent à nous réveiller de ce cauchemar en nous faisant prendre conscience du monde hallucinant qui nourrit notre esprit ordinaire. Alors nous devons nous poser avec sincérité  la question : « Qu’est-ce que je vais faire pour me libérer de ce cauchemar? »

Qu’allons-nous faire de cette opportunité qui nous est proposée dans cette vie? Nous sommes à une bifurcation importante sur notre chemin de vie. Nous pouvons bien sûr choisir de poursuivre cette vie ordinaire comme nous pouvons choisir d’en faire quelque chose de différent. Notre avenir  et tout ce que nous aimons va dépendre de cette décision. Une manière de penser est de considérer que nous avons deux « soi », le « soi ordinaire » ou « soi externe » que l’on désigne habituellement par « soi » avec un s minuscule et un « Soi interne » ou notre « vrai Soi » avec un S majuscule.

Notre soi externe est constitué de notre corps ordinaire et notre esprit ordinaire avec lesquels nous accomplissons toutes les actions communes telles que faire notre travail, venir en aide à notre famille et à nos amis et ainsi de suite. Or, nous connaissons l’avenir de ce corps contaminé et de cet esprit ordinaire. Nous comprenons que ce corps inévitablement vieillira, tombera malade et finira par mourir. Nous savons que notre esprit ordinaire, sous la domination de perturbations mentales telles que l’attachement, la colère et l’ignorance, nous maintient dans les problèmes et la souffrance. La plupart du temps nous ne sommes pas heureux. Essayez seulement de vous souvenir de la dernière fois que vous avez été entièrement satisfait et heureux durant 30 minutes sans avoir eu déjà envie de changer pour quoi que ce soit d’autre dans l’espoir d’obtenir plus de bonheur et de satisfaction. Si nous sommes assis, nous voulons nous lever ou si nous sommes debout, fatigués nous cherchons à nous assoir. Nous n’arrivons jamais à combler tous nos désirs. À peine l’un est satisfait que déjà un autre nous vient à l’esprit.

La manière de différentier un objet d’un autre dans le bouddhisme consiste à distinguer les caractéristiques non communes de chacun. Tout objet possède des caractéristiques qui lui sont propres et que les autres objets n’ont pas. Dans ce sens la caractéristique non commune de notre vie humaine est d’avoir l’habilité d’accomplir un but spirituel. Or la plupart des êtres humains ne profitent pas de cette habilité. Bien que possédant un corps humain ils utilisent leur esprit au mieux comme un animal. Est-ce que vraiment c’est là le but de notre vie, celui d’accomplir des buts mondains? À cause de cet esprit ordinaire nous arriverons au moment de notre mort avec les mains vides, c’est-à-dire sans avoir pratiqué la voie spirituelle et restons englués dans le samsara, le cycle des renaissances incontrôlées.

To_be-02Sincèrement, nous pouvons accomplir bien plus avec notre « Soi interne », notre vrai Soi, notre nature de bouddha. La plupart d’entre nous ignorons que nous avons ce « Soi interne » en pensant que nous sommes simplement cet esprit et ce corps ordinaire. Notre « Soi interne » peut accomplir absolument tout, c’est un être omniscient qui fait l’expérience de la félicité en permanence. Actuellement, ce « Soi interne » est juste un potentiel qui peut devenir un être immortel et omniscient. Cette vie humaine n’est qu’une sorte de rêve duquel nous pouvons nous réveiller.

D’après une transcription et différentes notes d’un enseignement du Programme fondamental « Huit Etapes vers le Bonheur » reçu au Centre Atisha de Genève.

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Comment se libérer de la colère et du ressentiment

Comment se libérer du poison intérieur de la colère et du ressentiment ? La colère ou le ressentiment qui sont des perturbations mentales ne peut apparaître sans la présence de causes et de conditions. La colère et le ressentiment n’existent pas de manière intrinsèque, de leur propre côté. Pour que la colère ou le ressentiment se manifeste en nous, il faut qu’un ennemi existe et que nous le percevions. Nous devons être en présence de quelqu’un qui nous fait réagir en nous faisant mal. Si par contre en face de nous se trouve quelqu’un qui nous veut du bien et qui nous aime, nous n’avons ni colère, ni ressentiment envers lui. La colère et le ressentiment se manifestent en nous qu’à la condition que nous percevions un danger venant d’un ennemi, une personne à qui nous imputons l’étiquette : « Il ou elle m’a fait mal ». Dès cet instant, à cause Colere-Ressent-01de cette personne, la colère et le ressentiment apparaissent et prennent les commandes de notre esprit. Mais si nous sommes en présence de quelqu’un de bienveillant qui nous vient en aide, la colère et le ressentiment n’ont aucune chance de se développer.

Même si la manière utilisée par celle-ci peut être désagréable et nous fait souffrir, elle nous a finalement aidés. Il n’est pas facile d’adopter le point de vue qui perçoit que les autres nous aiment malgré le fait qu’ils nous mènent la vie dure. Cette constatation est surprenante et demande un peu de réflexion. Si de notre point de vue nous n’avons plus de colère et de ressentiment envers personne, nous n’avons plus d’ennemis. Pour quelqu’un qui s’est libéré de la colère tel un bouddha, tous les êtres vivants sont des amis quelle que soit la manière dont ils nous traitent. Parce que chaque être vivant nous enseigne quelque chose. Il fonctionne à la manière d’un écho karmique d’un aspect de notre esprit actuellement dysfonctionnel. De ce point de vue chaque être vivant nous aide. Sachant que notre esprit est le créateur de tout ce que nous vivons, le changement de notre point de vue en passant de la confusion à la sagesse nous amène à cette compréhension. Qu’en face de nous se trouve quelqu’un qui nous « casse les pieds » ou quelqu’un qui nous entraîne à la patience dépend essentiellement de notre point de vue.

À quoi ressemblerions-nous si tout le monde comblerait tous nos désirs ? Que personne ne nous aurait jamais contredits en nous mettant des bâtons dans les roues ? Nous serions comme un enfant gâté qui ne supporte pas qu’on lui dise non et qui croît que le monde tourne autour de lui. Heureusement qu’il existe des personnes qui ne satisfont pas systématiquement nos désirs et ne nourrissent pas notre orgueil nous incitant à la colère ou au ressentiment. Une personne orgueilleuse ne peut apprendre de personne, parce qu’elle a Colere-Ressent-02la conviction de mieux savoir que quiconque. Si nous sommes orgueilleux, nous avons le sentiment que personne n’est assez bien pour nous aider et de ce point de vue nous regardons les autres avec condescendance. L’orgueil est un état d’esprit, une perturbation mentale, qui nous amènent à avoir une vue déformée de nous-mêmes et nous fait souffrir. Il n’y a aucun mal à avoir des qualités, le problème se manifeste lorsque l’importance de celles-ci dépasse les limites de la convenance en nous incitant à l’arrogance, à la colère et au ressentiment, nous avons alors un sentiment de supériorité.

C’est pourquoi nous devons être vigilants, car lorsque tout va bien dans notre vie, que tous nos désirs sont satisfaits, nous développerons facilement de l’orgueil. Ce dernier nous entraîne alors dans une spirale lorsque nos richesses et notre savoir grandissent, que les autres nous vouent une admiration excessive renforçant l’opinion que nous avons de nous-mêmes au point que nous finissons par y croire. Cette attitude nous pose alors un problème majeur parce qu’elle nous coupe de toute possibilité d’apprendre quelque chose de quelqu’un d’autre. Satisfaits de ce que nous avons, nous pensons en savoir plus que tous les autres. Pourtant si d’autres personnes nous montrent par leur comportement, leurs paroles ce que nous pourrions changer en nous, en fait de par leur bienveillance, elles nous aident. Nous souffrons de la colère et du ressentiment parce que cela nous fait mal du moment que d’autres sont le reflet de nous-mêmes, nous révélant ainsi consciemment ou inconsciemment les choses que nous devrions changer dans notre esprit.

Nous développons de la colère ou du ressentiment lorsque la personne a « mis le doigt » sur ce qui est sensible actuellement. Elle a appuyé sur le déclencheur qui nous fait réagir. Et notre réaction habituelle est de lui en vouloir parce qu’elle semble être la cause de notre souffrance. Tout se passe comme si elle avait activé la colère et le ressentiment prêts à se manifester. Le problème ne réside pas dans le fait que quelqu’un active le déclencheur mais plutôt dans le fait d’avoir ce déclencheur. S’il n’y a aucun déclencheur en nous, rien ne peut être déclenché. Pour illustrer cela, prenons la mesure du taux d’acidité de notre miction. Pour bien fonctionner l’acidité de notre organisme doit être dans une plage de valeurs précises. Une valeur en dehors cette plage révèle un dysfonctionnement. Or nous pouvons connaître ce taux d’acidité en utilisant un papier spécialement conçu Colere-Ressent-03pour ce genre de mesure. En trempant ce dernier dans un récipient de notre urine, nous pouvons évaluer cette acidité. S’il y a une acidité anormale le papier vire vers le rouge (acide) et au contraire vers le bleu (Alcalin).

De la même manière pour nous, si nous développons de la colère ou du ressentiment dépend de la présence de ce qui nous fait réagir. La personne agit à la manière d’un papier-révélateur de nos perturbations mentales de colère et de ressentiment dont nous avons besoin de nous en libérer, de ce point de vue-là nous aide. Sans révélateur, nous ne pouvons pas savoir si notre esprit est sous l’emprise de la colère ou du ressentiment. Ce sont en fait les autres qui agissent comme révélateur et en leur absence nous allons continuer à nourrir celles-ci. Ainsi, nous avons une multitude d’états d’esprit perturbés qui nous font mal et que nous ne reconnaissons pas parce que nous ne les voyons pas. Nous sommes conscients des dégâts qu’ils occasionnent sans pour autant reconnaître leur provenance. Pour nous débarrasser de ces maux, nous avons besoin de les nommer et de les identifier clairement. Dans ce sens, même à leur insu les autres nous sont bénéfiques dans chaque situation. Leur attitude fonctionne comme révélateur de nos perturbations de colère et de ressentiment et nous aide à les éradiquer définitivement.

Inspiré d’un enseignement reçu au IRC-Kailash Törbel donné par Kelsang Gikgyob au mois de novembre 2014

Entre sagesse et supercherie

Lorsque nous sommes en présence d’un objet ou d’un phénomène, comme par exemple un grand doute ou une grande colère qui se manifeste dans notre esprit, nous pouvons être surpris et porter un jugement de valeur sur nous-mêmes, nous pensons peut-être : « Je suis nul ! C’est pas possible ! ». Nous pouvons tomber dans la colère et la préoccupation de soi et proférer une litanie de mots qui ne Sage-Sup-01trouvent pas leur place ici. Mais du moment où nous réalisons que c’est le guide spirituel qui active une expérience qui doit nous aider à comprendre quelque chose, nous y travaillions. Lorsque que de telles choses se manifestent dans notre esprit, au lieu de nous laisser berner par nos perturbations mentales, nous pouvons comprendre qu’en fait il s’agit d’une leçon de notre guide spirituel nous indiquant une leçon à apprendre.

Du même coup le problème perd toute sa consistance, et devient sans importance, sachant que c’est pour notre bien. Nous devons juste comprendre qu’il s’agit d’une leçon spirituelle. S’il s’agit, par exemple d’un fort attachement désirant, pour nous c’est clair que nous devons nous investir à résoudre ce problème d’attachement, en réfléchissant à « Qu’est ce qui provoque un tel attachement dans mon esprit ? » S’il s’agit d’une vue erronée nous disséquons celle-ci pour mieux comprendre notre erreur. « Qu’est-ce qui me fait croire que je fais juste ? ». Tout est question de la manière dont nous répondons à une situation qui se présente. Est-ce que nous allons donner notre assentiment à la perturbation mentale, en consentant d’être sous son influence ou trouvons nous le courage de relever le défi ? Tout comme dans la vie ordinaire, des épreuves de la vie spirituelle nous attendent dans celle-ci, et nous devons les surmonter.

Sage-Sup-03Le fait de savoir que ces épreuves existent ne suffit pas, mais il faut savoir si nous relevons le défi ou si nous abandonnons. Combien de fois pensons-nous : « Oui, je sais… mais en … » Dans ces moments là nous devons être très vigilants, parce que si nous abandonnons ou si nous renonçons le danger est que cela devienne une mauvaise habitude. Par familiarité lorsque nous sommes confrontés à un nouveau défi nous renonçons sans tarder. C’est ce qui se nomme un effet qui est une tendance similaire à la cause. Plus nous abandonnons et plus nous aurons tendance à abandonner, comme dans un cercle vicieux et il sera très difficile d’inverser cette tendance. A ce stade, avons-nous vraiment la détermination de changer? Même si c’est difficile, nous allons persévérer avec joie. Cette joie se développe à partir de notre sagesse intérieure qui, telle une boussole nous oriente dans la direction de la vertu.

Donc, il est fondamental pour nous de savoir si nous sommes dans cette bonne direction. Alors comment le savoir? Il y a un test très simple pour cela et que chacun peut appliquer aisément. Si notre esprit est calme, paisible et clair, notre esprit est dominé par la sagesse qui comprend ce qui est vertueux. De ce fait, les décisions choisies, les actions et les conclusions seront fiables. Par contre, si notre esprit est agité, anxieux, triste et confus, c’est un signe que ce que nous faisons dans ces moments-là n’est pas fiable parce que provenant de l’action de nos perturbations mentales. Finalement, comme le disait à l’époque mon enseignant du Programme Sage-Sup-02fondamental que nous pouvons comparer notre attitude face à un choix au célèbre personnage de dessins animés « Bugs Bunny » qui a dans son esprit un petit ange et un petit diable qui le conseillent. C’est à nous de savoir lequel il est préférable d’écouter. Est-ce que nous écoutons et suivons la voie de nos perturbations mentales? Ou bien est-ce que nous écoutons la voie de notre sagesse?

La voie spirituelle commence  avec la compréhension claire de la nature de notre problème. Notre problème n’est pas du côté des objets et des événements qui apparaissent dans notre vie, notre problème est notre esprit. Notre esprit est malade de ses perturbations mentales. La cause de cette maladie est notre croyance en la validité de celles-ci dès l’instant où elles se manifestent dans notre esprit. C’est la voix du diable qui nous induit dans l’erreur et qui finalement nous fait souffrir. Cette voix malicieuse simule la sagesse en nous proposant des solutions trompeuses en nous promettant un meilleur avenir, une meilleure solution à nos problèmes. Alors, survient la question cruciale : « Pouvons-nous nous permettre de nous tromper? ». Dans l’affirmative, nous leurs donnons le pouvoir par notre assentiment à leurs suggestions fallacieuses. Pour anéantir cette stratégie, nous allons avoir à travers leurs mensonges et réaliser la supercherie.

 Rédigé à partir de ma transcription et mes notes d’un enseignement donné par Kadam Ryan, lors du Programme Fondamental d’après le livre « Huit Etapes vers le Bonheur » au Centre Atisha à Genève en 2009.

Prendre du recul et observer

Vivre une situation désagréable nous amène le plus souvent à un agacement dans le moindre cas et à une colère noire dans le pire des cas. Le point crucial dans toute situation est notre manière de répondre à notre désagrément. Par ignorance, nous éprouvons des difficultés parce que nous nous identifions à ce corps ordinaire et à cet esprit ordinaire qui sont pris à partie et nous répondons de manière inappropriée à ce que nous croyons être la cause de notre inconfort. Nous sommes tellement habitués depuis des temps sans commencement à fonctionner de cette manière que nous le faisons Recul-Obs-01de manière presque inconsciente, comme un réflexe. Notre préoccupation de soi veille constamment à ce que nous ne soyons pas importunés dans notre zone de confort, alors que les objets et les phénomènes qui nous affectent ne sont en réalité que des illusions trompeuses.

Chacun de nous cherche à éviter les situations de souffrance. Je me souviens d’une citation lue fortuitement dans un bus sur l’écran du « TV-Passenger », qui disait : « Ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas. C’est parce que nous n’osons pas qu’elles sont difficiles ». Appliqué dans ce contexte, ce n’est pas parce la situation est désagréable que nous n’osons pas choisir une meilleure alternative. C’est parce que nous n’osons pas ou ne voulons pas choisir une meilleure alternative que la situation reste désagréable. Tant que nous assumons le rôle de victime malheureuse d’une situation, notre esprit continuera à créer les causes et les conditions que pour que tout nous soit défavorable. Tant que nous ressassons notre piteuse situation comme un mantra, nous faisons qu’entretenir notre inconfortable position.

Pour nous libérer de ces désagréments nous devons choisir la bonne stratégie : prendre du recul et observer. Le karma, autrement dit la loi de cause à effet est catégorique : nous sommes responsables des expériences que nous traversons dans cette vie car nous en avons précédemment créé les causes. Toutes nos actions engendrent tôt ou tard des effets et notamment les expériences actuelles. Ainsi, nous avons créé les causes des désagréments que nous subissons maintenant dans notre vie. Nous devons donc prendre du recul et observer. Plus précisément, avant d’agir, nous devons mettre une distance entre notre esprit et la situation présente afin d’observer le Recul-Obs-02processus désagréable. Prendre du recul et observer veut dire comprendre que le problème ou la situation n’a aucun pouvoir de nous être désagréable, mais que c’est notre esprit qui projette sur le problème ou la situation le sentiment de nous être désagréable.

Quand bien même il ou elle existe conventionnellement, il ou elle n’a pas d’existence intrinsèque. Ceci veut dire que le fait de réaliser que le désagrément se situe du côté de notre esprit ne fera pas disparaître instantanément la cause de notre mécontentement. Par contre, cela nous évitera d’ajouter une souffrance supplémentaire à celle qui est déjà là et nous pouvons maintenir un esprit léger malgré tout. Pour illustrer cela, je prendrai l’exemple de la déclaration d’impôts que chaque contribuable doit remplir. Pour beaucoup c’est la cause d’agacements et de colère et d’attendre le dernier jour pour s’en acquitter avec beaucoup de mauvaise humeur. Nous pouvons avec un peu de recul, juste observer la sensation désagréable dans notre esprit. Si nous comprenons que c’est notre attitude négative qui est responsable de notre contrariété et que le fait d’être en colère contre le fisc ne nous dispensera pas de remplir ladite déclaration, alors à quoi bon se prendre la tête.

Recul-Obs-03Si nous prenons toutes nos expériences comme des opportunités de modeler et d’assouplir notre esprit au lieu de les percevoir comme une fatalité due à ce monde injuste qui nous fait souffrir, nous gagnerons en sagesse et éviterons les effets collatéraux inutiles de telles expériences. Nous devons utiliser chaque situation difficile comme une occasion d’augmenter notre compréhension du fonctionnement de notre esprit et d’accroître notre conviction dans la loi du karma.

La signification non-manifeste d’un obstacle

Lorsque nous rencontrons un obstacle dans la vie, nous avons habituellement un sentiment de contrariété, de révolte voire de colère. Nous sommes persuadés qu’il y a là quelque chose, d’animé ou d’inanimé, à l’extérieur de notre esprit qui s’oppose à notre intention initiale. Et parce que nous sommes attachés à l’objet de notre intention, nous avons de la peine à accepter la situation et nous souffrons. C’est oublier que la présence de cet obstacle sur notre chemin n’est pas dû à une cause extérieure, mais bien à notre seul état d’esprit. N’oublions pas que le monde qui se manifeste à nous est le monde auquel nous prêtons attention. Les objets et les phénomènes n’ont pas d’existence intrinsèque. Ils existent en relation dépendante de l’esprit qui les a créés. Si un obstacle semble en fait se manifester en ce moment, il n’est que le résultat ou l’image de l’état karmique de notre esprit.

La contemplation de la signification manifeste de l’obstacle, du moins celle que nous pensons habituellement être, est une vue erronée de la situation. Ce faisant, elle nous enlise dans la souffrance. Car nous pensons alors : « Ah *!*!, c’est toujours sur moi que ça tombe! Ça ne se passera pas comme cela, je vais protester!!! ». Et nous redoublons d’efforts pour conjurer le mauvais sort. Or, si nous continuons à faire ce que nous avons toujours fait, il est certain que nous obtiendrons ce que nous avons toujours obtenu, c’est-à-dire de buter contre cet obstacle.
La contemplation de la signification non-manifeste est plus subtile. Elle nous amène à une réflexion plus constructive de la situation. Et dans ce cas nous pensons : « Qu’est-ce que je dois comprendre de la présence de cet obstacle? » « Quel est le message induit par sa présence? » « Comment puis-je tirer profit de cette expérience apparemment contraire à mes idées? ». Pour confirmer le bien-fondé de cette démarche, il suffit de se souvenir d’un de ces obstacles qui pourtant a profondément bouleversé notre vie.

Ainsi, je me souviens de la première fois où j’ai été licencié de mon travail. Sur le moment, j’ai été complétement anéanti car j’étais très attaché à mon job. Mon mental criait vengeance et demandait réparation. C’était lutter contre la signification manifeste de cet obstacle qui mettait brusquement un terme à mon activité. Au chômage, j’ai eu tout le temps de méditer sur la signification non-manifeste de mon licenciement. Très vite, les réponses à mes questions du genre : « Qu’est-ce que je dois comprendre de ce qui m’est arrivé? »; « Comment puis-je voir cet événement de manière constructive pour mon avenir? » sont apparues à mon esprit. En fait, je venais de réaliser que je projetais dans cette activité des compétences que je n’avais pas vraiment et je réalisais que je n’étais pas à ma juste place.

Alors, au lieu de sombrer dans le défaitisme, mettant à profit ce temps de chômage j’ai rebondi de cette situation. J’ai révisé mes notions d’allemand, je me suis perfectionné dans un domaine informatique qui m’intéressait depuis longtemps, afin de retrouver une place correspondant mieux à mes aptitudes et qualifications. Quelques mois plus tard, j’obtenais une place inespérée dans les télécommunications à Bern dans laquelle il était notamment demandé de bonnes connaissances d’allemand et les notions d’informatique que je venais d’apprendre.

Il vous est sûrement arrivé une situation privée ou professionnelle où tout a basculé dans une direction alors totalement imprévisible. Quels sont les prémisses de la présence sournoise de cet obstacle et comment à posteriori vous en avez peut-être tiré profit?

Accepter ce que l’on est sans culpabilité ni jugement

Un pratiquant bouddhiste sincère est celui qui s’accepte où il est sans culpabilité ni jugement. Accepter où l’on est, c’est se situer entre deux limites qui sont la culpabilité d’un côté et la complaisance de l’autre côté et de se rapprocher de la voie du milieu.

Qu’est-ce que la culpabilité? La culpabilité est une colère dirigée vers soi-même. c’est en fait la même émotion, la même perturbation mentale que la colère. Cette dernière est un état d’esprit qui pense que quelque chose ou quelqu’un d’externe est la cause de notre souffrance. Il s’en suit le désir d’éliminer ou de détruire cette cause. Ce qui différentie la culpabilité et la colère est l’objet, soi-même ou quelque chose d’autre.

En développant la culpabilité, nous générons un énorme karma négatif. Souvent à tort, nous pensons que la culpabilité est acceptable et normale parce qu’elle nous motive d’abandonner notre négativité. C’est du moins  l’attitude adoptée dans la vie ordinaire de tous les jours et cela permet de mettre des règles sociales à ne pas transgresser afin de garantir aux individus une certaine protection et une existence sans soucis.

D’après la définition du Larousse, la culpabilité  est l’état dans lequel se trouve une personne coupable d’une infraction ou d’une faute, comme par exemple selon le Code pénal ou le Code des obligations. Toutes ces lois et ces codes sont nécessaires pour régler la vie de tous les jours, mais elles ne font aucune allusion à leur impact du point de vue spirituel.

Dans notre société occidentale moderne, la culpabilité est associée à la notion de punition, punition que l’on inflige à celui qui est coupable. Dans notre éducation parentale qui n’a pas été puni pour avoir commis une faute ou désobéi. Dans notre éducation religieuse, très tôt nos enseignants nous ont appris la notion de péché, du bien et du mal en pensant nous motiver à ne plus recommencer. Tout ceci n’explique pas ce qui se passe au niveau de notre esprit.

D’un certain point de vue nous pouvons imaginer utiliser la négativité pour nous motiver, mais à quel prix. En fait nous abandonnons une négativité pour une négativité encore plus grande.  Nos perturbations mentales nous convainquent que la culpabilité est une bonne chose parce que cela nous permettra d’éviter les petites négativités, mais malheureusement pour être confrontés à de bien plus grandes négativités.

Depuis des temps sans commencement nous avons donné notre assentiment à nos perturbations mentales. La culpabilité  nous incite à mettre des attentes très haut pour nous-mêmes. « Je dois être parfait, maintenant déjà! ». Et quand nous n’y arrivons pas, « Tu es nul … tu es horrible! » entraîne une déception encore. Si nous n’arrivons pas à accomplir nos hautes attentes, nous ressentons du découragement et de l’amertume et nous devenons encore moins capable de réussir. Et c’est un cercle vicieux vers le bas. Au pire, cela mène à la dépression.

La complaisance permet à nos perturbations mentales et à notre négativité de demeurer sur notre esprit comme si ce n’était pas un problème. Nous pensons utiliser la culpabilité pour nous empêcher de nous engager dans la négativité. Si nous réfutons la culpabilité nous avons tendance à aller vers l’autre extrême la complaisance, ce qui n’est pas mieux. Ce faisant nous disons : « Oui, je suis négatif, mais ce n’est pas grave! ». « Je fais une bêtise, mais je m’en fiche ». « Je suis perturbé, je sais que c’est l’attachement, mais c’est normal! Et je le fais quand même! ». Avec la complaisance on laisse libre court à nos perturbations mentales qui nous trompent.

La voie du milieu entre ces deux extrêmes, est le regret. Celui-ci est différent de la culpabilité et de la complaisance de trois manières différentes.

  1. le regret nous accepte nous-mêmes sans jugement. Nous acceptons l’existence de nos perturbations mentales, mais pas leur validité.
  1. le regret blâme nos perturbations mentales pas nous-mêmes. Le regret fait la distinction entre nous-même qui est un potentiel pur et au-delà de la contamination des perturbations mentales, et nos perturbations mentales elles-mêmes qui sont comme le cancer dans notre esprit.
  2. le regret est un esprit qui voit vers l’avenir et non pas dans le passé. Nous acceptons d’avoir fait une erreur, et nous apprenons comment faire mieux la prochaine fois.

Si nous nous acceptons nous-mêmes sans culpabilité et sans jugement, nous allons naturellement avoir un esprit joyeux et paisible.

Texte compilé d’après un enseignement de Kadampa Ryan, reçu au Centre Atisha à Genève

La colère (3ème et dernière partie)

Comment se développe la colère

La colère est une perturbation mentale, une sorte de cancer de notre esprit. Il est par conséquent très utile de comprendre comment la colère se développe. Et en comprenant comment elle se développe, le plus souvent nous pouvons  empêcher ses causes de se produire et de nous éviter la colère.

La colère est une réponse à une sensation de tristesse et de mécontentement qui survient systématiquement chaque fois que nous rencontrons des circonstances désagréables.

Lorsque nous rencontrons quelque chose que nous détestons ou que nous voudrions plutôt éviter, notre esprit est immédiatement atteint par une sensation malheureuse. À son tour cette sensation malheureuse se transforme en colère. Nous rencontrons chaque jour de telles situations par centaines.

Une grande partie de cette colère est la réaction de frustration à nos désirs qui ne se réalisent pas ou lorsque nous n’obtenons pas ce que nous voulons. Confrontés à notre colère, nous avons besoin de trouver une manière réaliste d’aborder de telles situations.

Les causes de la colère

Les principales causes de nos perturbations sont au nombre de six. Appliquées à la colère, nous avons :

  • La graine. C’est une potentialité provenant de notre karma antérieur sur notre esprit due à de précédentes perturbations relatives à la colère. Aussi longtemps que cette graine reste sur notre esprit des potentialités de colère subsistent. Donc nous devons finalement purifier toutes ces graines.
  • L’objet. C’est l’objet externe qui suscite notre colère de manière désagréable. Peut-être nous pensons pouvoir l’ignorer, mais cela est impossible quoi que vous fassiez où que vous alliez. Ce que nous avons besoin de faire, c’est de changer d’état d’esprit. Quelquefois il est plus bénéfique de se séparer de l’objet de la colère en question.
  • Par distraction ou en se laissant influencer par d’autres. Si nous sommes dans un environnement où des personnes se mettent facilement en colère, nous pouvons également être influencés par leur comportement. Nous devons garder notre vigilance pour ne pas faire de même.
  • Par de mauvaises habitudes. Spécialement si nous avons de l’attachement ou en prenant exemple sur des images de violence et de colère, en consommant de mauvais films ou de mauvaises vidéos.
  • Par familiarité. Si nous avons une certaine familiarité avec la colère, nous nous mettons facilement en colère. Ce qui est naturel est simplement ce qui est familier.
  • L’attention inappropriée. C’est la cause principale de la colère, sur laquelle nous pouvons immédiatement agir. C’est un esprit qui se focalise sur les aspects désagréables en les exagérant jusqu’à devenir insupportables pour déclencher la colère. Le monde que nous expérimentons est le monde auquel nous prêtons attention.

En résumé, sachant pourquoi nous nous mettons en colère, nous choisirons un état d’esprit approprié pour l’éviter, en sachant comment elle se développe et en pensant aux causes de celle-ci. Progressivement avec patience et persévérance, sans se décourager nous parviendrons finalement à surmonter notre colère dans de nombreuses situations.