Mon problème est mon esprit

Le problème de notre esprit n’est pas tant la manière dont le monde extérieur est organisé mais bien la manière dont notre esprit est en relation avec celui-ci.  Lorsque quelqu’un nous demande comment ça va, nous répondons que ça ne va pas à cause d’une longue liste de situations, de problèmes et de choses matérielles externes qui nous préoccupent. Mais si nous sommes honnêtes, nous devrions plutôt dire que c’est parce que nous avons des perturbations mentales sur notre esprit. Or, à cause de notre ignorance de saisie d’un soi, nous sommes persuadés qu’il y a un élément perturbateur extérieur qui est la cause de notre problème ou de notre souffrance. Et notre esprit pris en otage par ses perturbations demeure dans la confusion et la Esprit-Probleme-01souffrance. Du reste cette confusion peut être illustrée par nos abus de langage lorsque par exemple nous disons : « Je suis en colère » alors qu’en fait nous avons la colère sur notre esprit.

En suivant les enseignements de Bouddha nous sommes enclins à utiliser le dharma pour améliorer notre situation externe dans notre vie. Pourtant, nous ne devons pas l’utiliser à cette fin mais bien pour changer quelque chose d’interne, responsable de notre état de contrariété, de colère ou de souffrance. Dans le dharma, se trouve une solution pour chaque type de problèmes, accessible à chacun selon son niveau spirituel. En d’autres termes, l’enseignement de Bouddha est une réponse personnalisée pour chaque être à l’endroit où il se trouve en ce moment. Nous devons juste pleinement accepter où nous sommes sans jugement et pratiquer à partir de ce point. Parfois, nous sommes tentés de pratiquer d’une manière qui est supérieure à notre niveau, cela ne fonctionnera pas. A l’opposé de cette attitude, pensant que les vertus que nous accomplissons nous paraissent insuffisantes voire insignifiantes, parce que nous faisons beaucoup de pratique, nous affirmons que nous n’avons presque rien fait.

Parfois aussi, nous avons une tendance à amplifier l’importance de nos problèmes, comme si cela nous confortait dans la piètre opinion que nous avons de nous. Par cette attitude, nous serons très vite anéantis par les problèmes, quelle qu’en soit leur importance. Alors qu’un esprit positif, qui réalise qu’il s’agit d’expériences bénéfiques nous permet de progresser, au lieu de nous appesantir sur notre sort et nous engluer encore plus dans le samsara. Bouddha dit se prosterner devant la nouvelle lune, parce qu’elle est la cause de toutes les lunes qui lui succéderont. Parce que si nous ne nous réjouissons pas dans nos petites vertus, il sera impossible de réaliser de plus grandes vertus. Alors, la prochaine fois que quelqu’un nous demande « comment ça va? » nous répondrons par l’affirmative tout en précisant que les expériences que nous traversons en ce moment, bien que difficiles, sont bénéfiques pour notre esprit.

Si nous apprécions les plus petites de nos vertus comme quelque chose de spécial et que nous faisons une dédicace, alors nos réalisations seront protégées et seront susceptibles de grandir encore. Si nous acceptons nos petites faiblesse, elles peuvent devenir notre force. Dans le cas contraire, ce sera un pur gaspillage. Parce que si nous ne nous réjouissons pas dans nos propres vertus, nous ne nous réjouirons pas non plus dans les petites vertus des autres. Et de cette façon nous ne pouvons pas les chérir, générer de la compassion et accroître notre bodhitchitta. Plus globalement, la manière dont nous nous traitons détermine la manière dont nous traitons les autres. Ghéshé Kelsang Gyatso prenait l’analogie du pot que l’on remplit goutte à goutte et disait : « Ce n’est pas la dernière goutte qui remplit le pot mais bien toutes les gouttes ». Nous pouvons ainsi apprécier chaque goutte. Lorsque nous sommes atteints par le découragement, Esprit-Probleme-02il est parfois utile de contempler la distance parcourue en comparaison de la distance qui nous reste de notre chemin spirituel ver l’illumination.

Quelles sont donc les raisons de ce découragement? En premier lieu notre attachement aux résultats. Nous nous jugeons à l’aune des résultats de nos expériences. Lorsque nous n’obtenons pas les résultats recherchés et qui devraient correspondre à nos attentes, nous sommes découragés. Cela peut se manifester même si nous expérimentons de bonnes choses et que ça va bien. Comme par exemple : « Oh, j’ai déjà pratiqué durant un mois et j’ai toujours des problèmes dans ma vie ». La solution à tout problème d’attachement aux résultats est très simple. Nous mettons principalement l’accent sur la création de bonnes causes. Un être samsarique, lorsque les choses vont bien dans sa vie il se réjouit et quand les choses vont mal il déprime. Pour un être spirituel, que les choses aillent bien ou mal, ce sont juste des opportunités de créer des causes qui le libéreront du samsara.

 Inspiré de divers enseignements du PF reçu au Centre Atisha de Genève donné par Kadam Ryan.