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Miroir sans tain

Avez-vous jamais fait l’expérience d’être devant un miroir sans tain? Pour ma part, je me suis souvenu d’un rêve vécu la nuit passée et pour le moins très étrange.

Tout le monde sait que lorsque nous voyons une bougie allumée devant nous, celle-ci provoque une image sensorielle dans une partie bien précise de notre cerveau mais il n’y a pas de bougie allumée dans notre tête !!! À son tour l’image de la bougie est perçue par notre esprit, seul capable de percevoir et de connaître les objets et les phénomènes.

Alors que j’observais attentivement le miroir en question, à ma grande stupeur, au lieu de voir une image de moi-même avec tous ses défauts que seul le miroir du dharma peut refléter, je ne voyais de l’autre côté du miroir que des objets et des personnages aux contours floutés, méconnaissables et difficilement interprétables. Ces mêmes personnages parlaient de manière totalement incompréhensible, de façon inintelligible. Qu’est-ce que tout ce charabia veut dire? Comment comprendre ce qui m’arrive, me suis-je dit?

Mais plongé l’obscurité de mon esprit dans les ténèbres de l’océan de mon samsara j’étais bien incapable de voir ne serait-ce qu’une image de mon propre esprit afin de pouvoir m’accrocher à quelque chose de tangible et me permettant de m’orienter dans ce naufrage cauchemardesque.

Alors que mes forces semblaient m’abandonner, seul envers et contre tous, comme un éclair immense, embrasant le ciel dans son entier. La voix de mon Guide Spirituel se fit entendre et m’invita à répéter après lui la requête suivante:

Tu es le Gourou, Tu es le Ydam
Tu es le Daka et le Protecteur du Dharma
À partir de maintenant, et jusqu’à ce que j’atteigne l’illumination, Je ne chercherai pas d’autre refuge que toi!
Dans cette vie, dans le bardo et jusqu’à la fin de mes vies,
Tiens-moi s’il te plaît avec la crochet de ta Compassion!
Délivre-moi des peurs du samsara et de la paix
Accorde-moi tous les accomplissements,
Sois constamment mon compagnon,
Et protège-moi de tous les obstacles.

Tirée de la Sadhana bénie de l’Offrande au Guide Spirituel du VGL] depuis je la répète sans discontinuer comme un mantra en espérant ma guérison spirituelle et de celle de tous les êtres sensibles dans la même situation que moi puissent en bénéficier.

burnout, a few days later

La nuit passée, j’ai fait un rêve étrange. j’étais dans un paysage urbain complétement dévasté. j’avais pourtant le sentiment d’être dans un endroit très familier. Les objets, ou ce qu’il en restait me rappelaient leur fonction et leur rôle dans ma vie. À quatre pattes, à même la terre boueuse et détrempée par le passage du tsunami, je fouillait de mes mains les décombres, à la recherche de ce qui pouvait encore être utile et fonctionnel. Avec consternation, je réalisai que peu de choses avaient résisté  à la force des éléments.

Alors me vint à l’esprit les paroles de Bouddha : « Tout ce qui sera rassemblé, sera finalement dispersé ». Ainsi mon attachement à ces objets matériels aurait tant voulu qu’ils soient encore intactes afin que je puisse  toujours encore en profiter … mais à quoi bon finalement, ce ne sont que des objets sans valeur pour mon esprit qui, tôt ou tard devra y renoncer. Je devais pratiquer le renoncement tout simplement.

Acceptant, mon désappointement et mon incapacité à reconstruire ce qui avait été détruit, je levai les yeux pour percevoir plus loin ce qui m’entourait. c’est alors que j’ai eu une sensation étrange et inconfortable qui, d’une certaine manière, me rappelait une autre citation de Bouddha « Voir nos actes dans le miroir du dharma ». Tout autour de moi, plus ou moins rapprochées se tenaient debout des silhouettes complétement translucides! Elles ne reflétaient aucune image. À travers elles je pouvais voir le paysage derrière elles aux alentours. Cette vision me glaça le dos. Alors la question me vint : « Comment puis-je apprendre de mes actes passés, si abominables soient-ils, si je ne vois même pas à quoi ils ressemblent???? À la fois j’étais entouré de personnes soit disant familières, puisque création de mon esprit et d’autre part d’être absolument seul, seul au milieu d’un paysage apocalyptique où tout me paraissait si étrange et si étranger à ma vie.

Après avoir médité ce matin sur ce rêve si étrange, en regardant la statue de Vajrasattva juste devant moi sur mon bureau, j’entendis au fond de mon cœur ses paroles : « Je suis Vajrasattava, mais également une émanation de ton Guide spirituel. Alors aie confiance en moi et prends refuge constamment en les Trois Joyaux et tout ira mieux.

L’impermanence d’une vie

Bouddha a affirmé que tant que les êtres sensibles seront sous l’influence de l’ignorance, ils devront faire l’expérience des quatre caractéristiques du samsara. Dans cette ronde de l’existence cyclique (1) la naissance mène inévitablement à la mort, (2) ce qui est assemblé devra finalement être dispersé, (3) ceux qui ont une position élevée devront finalement descendre dans les états inférieurs et (4) toutes les rencontres aboutiront finalement à la séparation.

Lundi dernier, empruntant un de mes parcours favoris de nordic-walking j’ai eu l’occasion insolite de prendre conscience de ce que bouddha affirme :

Vers la fin de ce parcours, traversant un quartier de maisons familiales, j’avais remarqué à la hauteur de la dernière de celles-ci un arrangement original que je ne manquais pas de contempler à chaque fois, l’air souriant. Il s’agissait d’un banc miniature, sur lequel étaient assis deux personnages en terre cuite ou en céramique, un couple de personnes âgées, des grands parents sûrement. Lui, fumant la pipe et lisant un livre, elle tricotant donnaient l’impression de faire la causette tout en regardant les gens passer. Une image somme toute assez banale, mais qui captait mon attention à chacun de mes passages.

Mais lundi passé quelque chose avait changé. La grand maman était toute seule sur son banc. Son compagnon de vie n’était plus auprès d’elle. J’ai tout de suite réalisé avec tristesse ce qui s’était passé. Ce grand papa avait certainement quitté ce monde laissant derrière lui une veuve esseulée. Je fus ainsi pris d’un grand élan de compassion pour cette grand-maman seule sur son banc et en même temps le désir sincère que son compagnon ait rejoint les terres pures éternelles de Soukavati (*).

De retour à la maison, je décidai d’écrire un gentil mot, à ces illustres inconnus qui habitent dans cette demeure et de laisser  à mon prochain passage une petite lettre de condoléances justement sur ce petit banc à la place du grand papa disparu. J’ignore totalement le lien karmique cause de cette situation, mais toujours est-il que depuis je pense à ce couple lors de ma pratique matinale et fait des dédicaces en leur faveur.

(*) Soukavati est le pays d’Avalokiteshvara, le bouddha de la compassion.

J’ai lu … le 27 mars 2012

Le samsara

On peut comprendre le samsara comme étant une suite de renaissances ininterrompues sans liberté ni contrôle. Le samsara comporte six règnes . Énumérés dans l’ordre ascendant, selon le type de karma qui en est la cause pur y renaître, ce sont les règnes des êtres de l’enfer, des esprits affamés, des animaux, des humains, des demi-dieux et des dieux. Les trois premiers sont les règnes inférieurs, ou migrations malheureuses et les trois derniers sont les règnes supérieurs ou migrations heureuses. Bien que, du point de vue du karma qui nous y fait renaître, le règne des dieux soit le règne le plus élevé du samsara, le règne humain est considéré comme le plus fortuné, parce qu’il nous offre les meilleures conditions pour atteindre la libération et l’illumination.[Essence de Vajrayana de Guéshé Kelsang Gyatso, Glossaire  p. 580]

 Comme l’esprit est le créateur de tout ce que nous percevons et expérimentons, le samsara et ses règnes est également une création de l’esprit !!! Du fait, il n’y a aucun endroit à l’extérieur de notre esprit que nous puissions identifier comme étant l’un ou l’autre de ces règnes. Même à l’aide Google Maps, nous ne saurions localiser le règne des esprits affamés ou des êtres de l’enfer. Comment faut-il comprendre cela?

Notre esprit est sans limites et tout ce à quoi nous pensons est à l’intérieur de celui-ci sous forme de perceptions. Que nous pensions à la planète Jupiter , au système solaire dans son entier ou au cœur de notre Terre, ce ne sont que des images conceptuelles à l’intérieur de notre esprit.

De la même façon, le mot « ciel » nous fait immédiatement penser à un endroit ou quelque chose qui se situe là-haut, au-dessus de notre tête. Pourtant si deux être humains placés aux antipodes l’un de l’autre, pensant au même instant au mot « ciel » ont une perception ordinaire dirigée au dessus de leur tête diamétralement opposée. Alors, si le « ciel » devait être localisé à un endroit précis, lequel des deux personnages a raison?

Ainsi, le samsara et ses règnes se trouvent également dans notre esprit. Et selon le karma de chaque être sensible, le monde qui lui apparaît peut aussi bien être le règne des êtres de l’enfer que celui du règne des humains par exemple. Qui n’a pas entendu l’affirmation suivante  : « Cette semaine, au bureau c’était l’enfer !!! » ou bien encore : J’ai fait un rêve merveilleux, je me suis cru au paradis !!! ». Ces environnements sont le résultat karmique de leurs états esprits. L’être humain atteint de pensées paranoïaques a des états d’esprits perturbés par des croyances de persécution se sentant menacé par le monde qui l’entoure. Lui aussi a une sensation infernale de son univers. Un être éveillé quant à lui possède un esprit entièrement pur et ne saurait voir le monde impur qu’est le samsara. Il vit constamment dans l’illumination.

Citation de Guéshéla : « Lorsque l’esprit est pur, tout est pur. »