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Comment se libérer de la colère et du ressentiment

Comment se libérer du poison intérieur de la colère et du ressentiment ? La colère ou le ressentiment qui sont des perturbations mentales ne peut apparaître sans la présence de causes et de conditions. La colère et le ressentiment n’existent pas de manière intrinsèque, de leur propre côté. Pour que la colère ou le ressentiment se manifeste en nous, il faut qu’un ennemi existe et que nous le percevions. Nous devons être en présence de quelqu’un qui nous fait réagir en nous faisant mal. Si par contre en face de nous se trouve quelqu’un qui nous veut du bien et qui nous aime, nous n’avons ni colère, ni ressentiment envers lui. La colère et le ressentiment se manifestent en nous qu’à la condition que nous percevions un danger venant d’un ennemi, une personne à qui nous imputons l’étiquette : « Il ou elle m’a fait mal ». Dès cet instant, à cause Colere-Ressent-01de cette personne, la colère et le ressentiment apparaissent et prennent les commandes de notre esprit. Mais si nous sommes en présence de quelqu’un de bienveillant qui nous vient en aide, la colère et le ressentiment n’ont aucune chance de se développer.

Même si la manière utilisée par celle-ci peut être désagréable et nous fait souffrir, elle nous a finalement aidés. Il n’est pas facile d’adopter le point de vue qui perçoit que les autres nous aiment malgré le fait qu’ils nous mènent la vie dure. Cette constatation est surprenante et demande un peu de réflexion. Si de notre point de vue nous n’avons plus de colère et de ressentiment envers personne, nous n’avons plus d’ennemis. Pour quelqu’un qui s’est libéré de la colère tel un bouddha, tous les êtres vivants sont des amis quelle que soit la manière dont ils nous traitent. Parce que chaque être vivant nous enseigne quelque chose. Il fonctionne à la manière d’un écho karmique d’un aspect de notre esprit actuellement dysfonctionnel. De ce point de vue chaque être vivant nous aide. Sachant que notre esprit est le créateur de tout ce que nous vivons, le changement de notre point de vue en passant de la confusion à la sagesse nous amène à cette compréhension. Qu’en face de nous se trouve quelqu’un qui nous « casse les pieds » ou quelqu’un qui nous entraîne à la patience dépend essentiellement de notre point de vue.

À quoi ressemblerions-nous si tout le monde comblerait tous nos désirs ? Que personne ne nous aurait jamais contredits en nous mettant des bâtons dans les roues ? Nous serions comme un enfant gâté qui ne supporte pas qu’on lui dise non et qui croît que le monde tourne autour de lui. Heureusement qu’il existe des personnes qui ne satisfont pas systématiquement nos désirs et ne nourrissent pas notre orgueil nous incitant à la colère ou au ressentiment. Une personne orgueilleuse ne peut apprendre de personne, parce qu’elle a Colere-Ressent-02la conviction de mieux savoir que quiconque. Si nous sommes orgueilleux, nous avons le sentiment que personne n’est assez bien pour nous aider et de ce point de vue nous regardons les autres avec condescendance. L’orgueil est un état d’esprit, une perturbation mentale, qui nous amènent à avoir une vue déformée de nous-mêmes et nous fait souffrir. Il n’y a aucun mal à avoir des qualités, le problème se manifeste lorsque l’importance de celles-ci dépasse les limites de la convenance en nous incitant à l’arrogance, à la colère et au ressentiment, nous avons alors un sentiment de supériorité.

C’est pourquoi nous devons être vigilants, car lorsque tout va bien dans notre vie, que tous nos désirs sont satisfaits, nous développerons facilement de l’orgueil. Ce dernier nous entraîne alors dans une spirale lorsque nos richesses et notre savoir grandissent, que les autres nous vouent une admiration excessive renforçant l’opinion que nous avons de nous-mêmes au point que nous finissons par y croire. Cette attitude nous pose alors un problème majeur parce qu’elle nous coupe de toute possibilité d’apprendre quelque chose de quelqu’un d’autre. Satisfaits de ce que nous avons, nous pensons en savoir plus que tous les autres. Pourtant si d’autres personnes nous montrent par leur comportement, leurs paroles ce que nous pourrions changer en nous, en fait de par leur bienveillance, elles nous aident. Nous souffrons de la colère et du ressentiment parce que cela nous fait mal du moment que d’autres sont le reflet de nous-mêmes, nous révélant ainsi consciemment ou inconsciemment les choses que nous devrions changer dans notre esprit.

Nous développons de la colère ou du ressentiment lorsque la personne a « mis le doigt » sur ce qui est sensible actuellement. Elle a appuyé sur le déclencheur qui nous fait réagir. Et notre réaction habituelle est de lui en vouloir parce qu’elle semble être la cause de notre souffrance. Tout se passe comme si elle avait activé la colère et le ressentiment prêts à se manifester. Le problème ne réside pas dans le fait que quelqu’un active le déclencheur mais plutôt dans le fait d’avoir ce déclencheur. S’il n’y a aucun déclencheur en nous, rien ne peut être déclenché. Pour illustrer cela, prenons la mesure du taux d’acidité de notre miction. Pour bien fonctionner l’acidité de notre organisme doit être dans une plage de valeurs précises. Une valeur en dehors cette plage révèle un dysfonctionnement. Or nous pouvons connaître ce taux d’acidité en utilisant un papier spécialement conçu Colere-Ressent-03pour ce genre de mesure. En trempant ce dernier dans un récipient de notre urine, nous pouvons évaluer cette acidité. S’il y a une acidité anormale le papier vire vers le rouge (acide) et au contraire vers le bleu (Alcalin).

De la même manière pour nous, si nous développons de la colère ou du ressentiment dépend de la présence de ce qui nous fait réagir. La personne agit à la manière d’un papier-révélateur de nos perturbations mentales de colère et de ressentiment dont nous avons besoin de nous en libérer, de ce point de vue-là nous aide. Sans révélateur, nous ne pouvons pas savoir si notre esprit est sous l’emprise de la colère ou du ressentiment. Ce sont en fait les autres qui agissent comme révélateur et en leur absence nous allons continuer à nourrir celles-ci. Ainsi, nous avons une multitude d’états d’esprit perturbés qui nous font mal et que nous ne reconnaissons pas parce que nous ne les voyons pas. Nous sommes conscients des dégâts qu’ils occasionnent sans pour autant reconnaître leur provenance. Pour nous débarrasser de ces maux, nous avons besoin de les nommer et de les identifier clairement. Dans ce sens, même à leur insu les autres nous sont bénéfiques dans chaque situation. Leur attitude fonctionne comme révélateur de nos perturbations de colère et de ressentiment et nous aide à les éradiquer définitivement.

Inspiré d’un enseignement reçu au IRC-Kailash Törbel donné par Kelsang Gikgyob au mois de novembre 2014

Entre sagesse et supercherie

Lorsque nous sommes en présence d’un objet ou d’un phénomène, comme par exemple un grand doute ou une grande colère qui se manifeste dans notre esprit, nous pouvons être surpris et porter un jugement de valeur sur nous-mêmes, nous pensons peut-être : « Je suis nul ! C’est pas possible ! ». Nous pouvons tomber dans la colère et la préoccupation de soi et proférer une litanie de mots qui ne Sage-Sup-01trouvent pas leur place ici. Mais du moment où nous réalisons que c’est le guide spirituel qui active une expérience qui doit nous aider à comprendre quelque chose, nous y travaillions. Lorsque que de telles choses se manifestent dans notre esprit, au lieu de nous laisser berner par nos perturbations mentales, nous pouvons comprendre qu’en fait il s’agit d’une leçon de notre guide spirituel nous indiquant une leçon à apprendre.

Du même coup le problème perd toute sa consistance, et devient sans importance, sachant que c’est pour notre bien. Nous devons juste comprendre qu’il s’agit d’une leçon spirituelle. S’il s’agit, par exemple d’un fort attachement désirant, pour nous c’est clair que nous devons nous investir à résoudre ce problème d’attachement, en réfléchissant à « Qu’est ce qui provoque un tel attachement dans mon esprit ? » S’il s’agit d’une vue erronée nous disséquons celle-ci pour mieux comprendre notre erreur. « Qu’est-ce qui me fait croire que je fais juste ? ». Tout est question de la manière dont nous répondons à une situation qui se présente. Est-ce que nous allons donner notre assentiment à la perturbation mentale, en consentant d’être sous son influence ou trouvons nous le courage de relever le défi ? Tout comme dans la vie ordinaire, des épreuves de la vie spirituelle nous attendent dans celle-ci, et nous devons les surmonter.

Sage-Sup-03Le fait de savoir que ces épreuves existent ne suffit pas, mais il faut savoir si nous relevons le défi ou si nous abandonnons. Combien de fois pensons-nous : « Oui, je sais… mais en … » Dans ces moments là nous devons être très vigilants, parce que si nous abandonnons ou si nous renonçons le danger est que cela devienne une mauvaise habitude. Par familiarité lorsque nous sommes confrontés à un nouveau défi nous renonçons sans tarder. C’est ce qui se nomme un effet qui est une tendance similaire à la cause. Plus nous abandonnons et plus nous aurons tendance à abandonner, comme dans un cercle vicieux et il sera très difficile d’inverser cette tendance. A ce stade, avons-nous vraiment la détermination de changer? Même si c’est difficile, nous allons persévérer avec joie. Cette joie se développe à partir de notre sagesse intérieure qui, telle une boussole nous oriente dans la direction de la vertu.

Donc, il est fondamental pour nous de savoir si nous sommes dans cette bonne direction. Alors comment le savoir? Il y a un test très simple pour cela et que chacun peut appliquer aisément. Si notre esprit est calme, paisible et clair, notre esprit est dominé par la sagesse qui comprend ce qui est vertueux. De ce fait, les décisions choisies, les actions et les conclusions seront fiables. Par contre, si notre esprit est agité, anxieux, triste et confus, c’est un signe que ce que nous faisons dans ces moments-là n’est pas fiable parce que provenant de l’action de nos perturbations mentales. Finalement, comme le disait à l’époque mon enseignant du Programme Sage-Sup-02fondamental que nous pouvons comparer notre attitude face à un choix au célèbre personnage de dessins animés « Bugs Bunny » qui a dans son esprit un petit ange et un petit diable qui le conseillent. C’est à nous de savoir lequel il est préférable d’écouter. Est-ce que nous écoutons et suivons la voie de nos perturbations mentales? Ou bien est-ce que nous écoutons la voie de notre sagesse?

La voie spirituelle commence  avec la compréhension claire de la nature de notre problème. Notre problème n’est pas du côté des objets et des événements qui apparaissent dans notre vie, notre problème est notre esprit. Notre esprit est malade de ses perturbations mentales. La cause de cette maladie est notre croyance en la validité de celles-ci dès l’instant où elles se manifestent dans notre esprit. C’est la voix du diable qui nous induit dans l’erreur et qui finalement nous fait souffrir. Cette voix malicieuse simule la sagesse en nous proposant des solutions trompeuses en nous promettant un meilleur avenir, une meilleure solution à nos problèmes. Alors, survient la question cruciale : « Pouvons-nous nous permettre de nous tromper? ». Dans l’affirmative, nous leurs donnons le pouvoir par notre assentiment à leurs suggestions fallacieuses. Pour anéantir cette stratégie, nous allons avoir à travers leurs mensonges et réaliser la supercherie.

 Rédigé à partir de ma transcription et mes notes d’un enseignement donné par Kadam Ryan, lors du Programme Fondamental d’après le livre « Huit Etapes vers le Bonheur » au Centre Atisha à Genève en 2009.

Moins de peurs, plus de protection

Pour la rentrée académique des cours au Centre Dromtönpa de Fribourg, j’ai eu la chance de recevoir un enseignement très précieux de Kadam Hélène Oester. Son contenu est tellement utile à quiconque se tourne vers la voie spirituelle que je voudrais avec plaisir en partager l’essentiel avec mes lectrices et lecteurs. Ce thème était : Moins de peurs, plus de protection.

Nous savons tous ce que signifie avoir peur. Plus précisément, il s’agit d’une forme de souffrance. Nous avons tous peur de souffrir parce que c’est quelque chose de désagréable, parfois difficile à vivre et à supporter. Ces peurs se manifestent en nous de différentes manières. Elles se produisent de temps en temps, de façon régulière ou très souvent selon les conditions que nous vivons. Certaines peurs sont récurrentes, d’autres sont indescriptibles ou diffusent et sans raison profonde de nous affecter. Il y a des peurs qui nous sont bien connues, du moins intellectuellement comme la peur de mourir ou qui sont hélas une réalité comme la peur de perdre un être cher. Ou encore pour beaucoup de personnes la peur de la solitude, du chômage. Les peurs peuvent prendre une multitude de forme et chacun peut dresser une liste substantielle de ses propres peurs.

PeurProt-01Lorsque les circonstances engendrent la peur dans notre esprit, immédiatement nous avons le désir de devoir nous protéger contre ce qui pourrait arriver. De nombreuses situations de la vie de tous les jours illustrent bien cette réaction légitime. Par exemple, avec la maladie. Si nous « tombons malade » comme nous disons couramment, nous cherchons à nous protéger des conséquences de la maladie en consultant un médecin. Lequel nous donnera de bons conseils et si nécessaire des médicaments, voire d’envisager une hospitalisation. Si nous avons confiance en lui, naturellement nous allons suivre scrupuleusement ses instructions pour peut-être guérir rapidement. Ou encore, dans le monde actuel d’insécurité et de violence qui est notre quotidien, si nous sommes sérieusement agressés nous appelons la police afin de recevoir sa protection.

La plupart du temps nous arrivons relativement bien à nous protéger en prenant les mesures adéquates. Mais au fond de nous, nous savons que nous n’arriverons pas à éviter toutes les peurs possibles que nous rencontrerons et que nous n’arriverons jamais à nous protéger en toute circonstance. C’est une vue réaliste de notre vie, car nous ne pouvons garantir de ne pas tomber malade, malgré toutes nos précautions de perdre un être cher. Finalement nous ne pouvons éviter la mort. Si nous pouvons nous guérir d’une maladie ou de plusieurs maladies nous ne pouvons pas nous guérir de toutes les maladies, des maladies incurables. En conclusion, nous ne trouvons pas dans des moyens extérieurs une protection totale et indéfectible de notre intégrité dans la vie. Il est alors très important de nous rendre compte que : « Je ne peux pas me protéger de toutes les souffrances en utilisant des moyens extérieurs ».

La question qui se pose maintenant est de savoir pourquoi ce n’est pas possible? Pourquoi ne pouvons-nous pas nous protéger efficacement et consciemment des dangers, des difficultés et des problèmes dans notre vie. Bouddha nous donne la réponse dans ses enseignements. C’est parce que nous avons une vie impure. En d’autres termes, notre corps et notre esprit ne sont pas purs. Ils sont impurs parce qu’ils sont la conséquence de notre ignorance de saisie d’un soi. Cette ignorance qui ne comprend pas très bien comment tous les objets et les phénomènes existent réellement. Nous en avons certes une idée, mais elle n’est pas très claire et suffisante. De plus, cette saisie d’un soi nous crispe sur un MOI, un JE qui à son tour génère une préoccupation de soi. Celle-ci inconsciemment nous fait croire que nous sommes suprêmement important et que nous sommes le centre du monde.

PeurProt-02Tout ce que nous pensons et faisons, la manière dont nous réagissons part de notre MOI, de notre JE. Et si chacun d’entre-nous réagit de cette manière, nous sommes naturellement prédestinés à avoir des conflits. Delà viennent tous nos problèmes et toute notre souffrance. Si au lieu de l’ignorance nous pouvions cultiver la sagesse, nous n’aurions plus de haine, de jalousie et ainsi de suite. À la place, nous aurions l’amour pour les autres, la compassion, la patience et la sagesse qui comprend les choses et les autres personnes. Mais aussi longtemps que nous sommes dans le samsara, nos peurs, nos problèmes et nos souffrances perdureront. Étant satisfaits uniquement de joies et de bonheurs impurs, nous ne pourrons jamais vraiment nous débarrasser de la peur et de la souffrance résultante de nos problèmes. Ce sont des choses que nous connaissons bien.

PeurProt-03Bouddha nous propose la solution pour atteindre  cette paix mentale et cette libération de la souffrance. Dans son livre « Transformez votre vie », Guéshé Kelsang Gyatso nous dit, je cite : « Nous devons créer des actions vertueuses ou positives parce qu’elles sont la base pour notre bonheur futur, nous devons abandonner les actions non vertueuses ou négatives parce qu’elles sont la base pour notre souffrance future et nous devons contrôler nos perturbations mentales parce qu’elles sont la cause des renaissances impures ». Sur la base de ces trois choses et selon notre motivation nous pouvons commencer à construire cette protection intérieure qui nous manque, si nous voulons nous libérer à 100% de toute souffrance. Cette protection intérieure consiste à prendre refuge dans les trois précieux joyaux qui sont Bouddha, le dharma et la sangha. Ils sont qualifiés de précieux parce qu’ils exaucent nos souhaits de libération de la souffrance au sens le plus profond.

Enseignement donné au Centre St Ursule à Fribourg, par Kadam Hélène Oester, le samedi 13 septembre 2014

Les deux mondes

Tiré de la cosmologie bouddhiste, un concept simple nous enseigne une vision très importante dans notre développement spirituel. Ce concept repose sur l’existence de deux mondes :
• Le monde impur qui est né de nos propres perturbations mentales
• Un monde pur qui est né de la sagesse et de la compassion.
Souffrance-01Le monde pur est complètement au-delà de ce monde impur qu’est le samsara. La nature du samsara est souffrance et toutes nos expériences vécues dans celui-ci finissent toujours dans la souffrance. Toutes nos expériences de bonheur dans ce mode ne sont qu’une diminution temporaire de la souffrance. Les causes de l’existence de celui-ci sont contaminées. Et parce que ses causes sont contaminées, toutes les expériences de ce monde impur sont contaminées. Nous pouvons penser que certaines expériences dans ce monde samsarique sont meilleures que d’autres mais comparativement au monde pur des bouddhas cela reste impur et souffrance. Toutes nos activités spirituelles ont un seul but celui de transiter de ce monde impur vers un monde pur, hors du samsara. Nous devons quitter ce monde impur pour atteindre un monde pur  plein de félicité et de bonheur éternel.

Il y a deux raisons pour lesquelles nous voulons faire ce voyage, pour notre propre bonheur et pour le bien des autres. Si nous allons vers les pays purs en atteignant l’illumination, nous serons capables de revenir dans ce monde impur pour aider les autres à faire le même voyage. Comment faire ce voyage ? Ce voyage est un voyage interne. Nous pouvons voyager dans le monde extérieur, n’importe où sans jamais trouver ce monde pur tant recherché, c’est peine perdue. Quoi que nous fassions avec ce qui appartient au samsara, nous restons prisonniers de celui-ci. La sortie à destination d’un monde pur est atteinte non pas par un cheminement extérieur mais par un voyage intérieur. Le voyage à faire se trouve dans notre esprit par ce chemin spirituel qui nous conduit hors du samsara. Pour faire un long voyage vers une destination inconnue, nous avons besoin d’un guide possédant toutes les compétences pour nous y conduire, quoi de plus efficace que quelqu’un provenant justement Voyage-01de l’endroit de notre destination. De la même manière, nous avons besoin d’un guide spirituel provenant d’un monde pur pour atteindre celui-ci. Le guide spirituel est un être provenant du monde pur qui a l’habilité de se manifester dans ce monde impur pour venir à notre aide pour sortir de notre cauchemar.

Rappelons que le samsara n’a pas d’existence intrinsèque en dehors de notre esprit. Il est semblable à un rêve que malheureusement nous croyons bien réel. Nous pensons être en conversation avec quelqu’un, mais en fait il n’y a personne à l’extérieur de nous. Nous pensons marcher sur un chemin dans la campagne, mais en fait il n’y a Directions-01ni chemin ni campagne. Nous pensons que nous sommes en train de manger une pizza, mais en fait il n’y a rien de tout cela. Tout est semblable à un rêve. Nous croyons que toutes ces projections de notre esprit sont réelles, c’est là notre grande erreur, notre ignorance de saisie d’un soi. Le guide spirituel lui se trouve en dehors de notre cauchemar mais a le pouvoir d’apparaître dans notre rêve et de nous expliquer que nous sommes en train de rêver. De la même manière que nous sommes convaincus de l’existence d’un problème, nous devons également croire à l’existence de sa solution puisque tous deux proviennent d’une source identique, notre rêve samsarique. Le plus souvent c’est lorsque nous avons essayé toutes suggestions samsariques à notre problème que finalement nous sommes prêts à prendre refuge en notre guide spirituel, le seul qui peut nous aider en nous rappelant qu’il est possible de sortir de notre rêve.

Nous devons maintenir constamment à l’esprit que dans toute situation c’est le guide spirituel qui est capable de nous aider à sortir de notre marasme. Nous devons reconnaître que notre guide spirituel est venu pour nous, pour nous amener vers un pays pur. Nous avons maintenant cette précieuse opportunité d’aller au pays pur de Bouddha et cette occasion ne se produira qu’une seule fois. Puisque le positionnement de notre esprit se trouve sur l’objet auquel nous prêtons attention, si nous mélangeons notre esprit avec celui de notre guide spirituel qui est au-delà du samsara, nous pouvons rejoindre un pays pur.

Compilé à partir d’une transcription de l’enseignement du PF « La voie Joyeuse » donné au Centre Atisha à Genève par Kadam Ryan

Se dépasser face à l’adversité

Adversité-01Les épreuves de l’adversité, sont souvent prises comme une sorte de fatalité. Celles-ci expriment un état dans lequel on a le sort contre soi. De nombreuses personnes se sentent alors dans l’incapacité de réagir persuadées que de toute façon c’est peine perdue. Dans de telles conditions aucune alternative ne sera présente et la personne ne tardera pas à sombrer dans le découragement et la résignation. Face à l’adversité notre esprit de préoccupation de soi n’est pas le meilleur ami, bien au contraire. Dans le pire des cas il entretient un sentiment de culpabilité. Notre esprit se barricade alors dans sa zone de confort et sabote toutes les velléités d’un éventuel dépassement. Si nous sommes persuadés que la difficulté existe vraiment ses effets seront vraiment sur notre chemin.

Encore une fois, tout est création de notre esprit. Et si celui-ci crée des obstacles apparemment insurmontables, il nous sera difficile de les franchir. Au contraire, le premier moment d’abattement passé, en changeant d’état d’esprit, ceux-ci se transformeront en une opportunité de dépassements. Dans une situation difficile, toute notre attention doit se focaliser sur la meilleure manière de dépasser la difficulté. Ce faisant, en aucun moment nous pensons à l’échec possible. Nous mettons toute notre énergie à croire que c’est possible. Tant que nous considérons l’obstacle comme un objet extérieure à notre esprit et possède une existence intrinsèque, nous n’avons aucune influence sur lui. En réalité nous Adversité-02percevons une projection subjective générée par notre esprit et cette image est le fruit de nos perturbations mentales.

Les limites de notre « zone de fonctionnement » ou zone de confort est totalement subjective. C’est pourquoi nous les plaçons arbitrairement en fonction de notre état d’esprit qui s’inspire des apparences trompeuses du samsara. Pour savoir où ces limites se trouvent, il vaut mieux être à l’écoute de sa sagesse intérieure que de sa préoccupation de soi. La première nous incite élargir notre « zone de fonctionnement » pour nous faire apprendre et progresser, tandis que la deuxième nous dissuade de le faire par peur du changement et de l’inconnu. La première nous propose des défis à relever, la seconde le rejet ou le statu quo.

Cette sagesse intérieure vient de notre potentiel pur, de notre guide spirituel alors que notre préoccupation de soi vient de notre attachement aux mirages de ce monde. Combien de fois prenons-nous les solutions « clé en main » proposées par des personnes bien intentionnées sans les évaluer avec notre sagesse pour savoir si cela est bénéfique pour nous. Nous sommes des individus et avons chacun et chacune un chemin de vie et un karma personnel différents. Une expérience similaire à la nôtre vécue par une autre personne sera certainement différente pour nous, car les causes et les conditions ne sont pas identiques.

Adversité-03Nous voudrions tellement que la vie soit aussi facile que nous le montre les publicités qui foisonnent dans notre environnement. Il nous semble que la vie est une sorte de supermarché où tout est disponible à profusion, qu’il n’y a qu’à mettre ce que nous voulons dans le caddie et passer à la caisse. Or, il n’y a pas de supermarché à l’extérieur de notre esprit, et c’est bien là ce qui nous confronte à l’adversité. Si nous considérons la vie comme une compétition, nous devons savoir que la réussite des uns signifie obligatoirement l’échec de certains autres. Finalement dans le samsara, il n’y a que des perdants tant que nous n’avons pas compris sa nature.

L’Art du contentement

Contentement-02L’art du contentement consiste à être satisfait indépendamment de ce qui se passe. C’est comme un sourire qui, prenant naissance en nous, finit par se manifester à l’extérieur. Peu importe notre statut social ou notre condition matérielle, peu importe l’endroit où nous vivons, nous sommes satisfaits. Habituellement, les gens pensent rarement à ce qu’ils ont mais le plus souvent à ce qui leur manque et par conséquent sont insatisfaits. Dans son livre « Huit étapes vers le bonheur » Géshé Kelsang Gyatso définit le contentement par : « Être satisfait de ses propres conditions intérieures et extérieures motivé par une intention vertueuse. Si nous arrivons à cultiver le contentement, cet esprit extraordinaire nous amènera à être heureux tout le temps.

En fait que se passe-t-il lorsque nous n’arrivons plus à être satisfaits, le contraire du contentement? L’insatisfaction de nos propres conditions intérieures et extérieures, motivés par une intention non vertueuse. Alors nous sommes conditionnés par un esprit trompeur à qui il manque toujours quelque chose pour être heureux. Ou encore nous avons ce sentiment de ne pas pouvoir aboutir à ce que nous voulons. Quoi que nous entreprenions, il subsiste toujours ce sentiment d’insatisfaction, d’inachevé. Dans « Les conseils qui viennent du cœur d’Atisha »(*) ce grand enseignant nous dit : « Mes amis, les choses que vous désirez ne donnent pas plus de satisfaction que boire de l’eau de mer. Pratiquez donc le contentement ». Jamais, boire de l’eau de mer nous apportera le sentiment de satiété. En d’autres termes chercher à être heureux en se procurant de telles choses, en réalité ne peuvent pas produire la profonde satisfaction désirée. Atisha poursuit en disant : « Sans la sagesse qui comprend ce qu’est vraiment le bonheur, ce qui produit vraiment le bonheur, nous sommes semblable à quelqu’un qui boit de l’eau de mer ».

Contentement-01Arriver à posséder un esprit heureux et content, quelles que soient les conditions, se produit en dépendance de la sagesse qui comprend ce qu’est vraiment le bonheur et comment les plaisirs du samsara sont par nature une souffrance. Notre bonheur se produit en dépendance de nos états d’esprit et non en dépendance des choses extérieures. Aussi longtemps que nous croyons que c’est en dépendance de tel objet, de telle personne ou de tel autre phénomène, nous continuerons à chercher sans jamais être satisfait de ce que nous allons trouver. Nous ne réalisons pas que le bonheur est si proche, à l’intérieur de notre esprit et nos investigations erronées ne peuvent pas le produire. Comprenant que notre bonheur et notre satisfaction ne proviennent pas des plaisirs ordinaires du samsara nous cessons  de les rechercher là où il est impossible de les trouver. Le jour où nous comprendrons vraiment cela, beaucoup de soucis et de frustrations vont disparaître.

Supposons par exemple un objet tel qu’une montagne. Si la montagne, produisait du bonheur, de manière intrinsèque, voudrait dire que toute personne sans exception allant à la montagne devrait être heureuse. Or, il est possible de ne pas être heureux à la montagne, ne serait-ce que parce que nous avons oublié nos gants. Ceci montre clairement que ce n’est pas la montagne qui produit le bonheur et nous rend heureux, c’est quelque chose d’autre. Le fait d’être à la montagne sans gants n’est pas de son propre côté la véritable cause d’insatisfaction. Ceci illustre que le bonheur, le contentement vient de notre esprit exclusivement, lequel génère des états d’esprit sources de bonheur. Ce ne sont pas les conditions extérieures qui nous rendent heureux ou malheureux mais bien nos états d’esprit correspondants. Alors nous allons progressivement cesser de nous attacher aux conditions extérieures, en pensant que nous n’avons pas de ceci, que nous manquons de cela, que si nous ne sommes pas avec une certaine personne nous sommes malheureux.

Contentement-03Tant que des perturbations mentales s’activent dans notre esprit, inexorablement ce qui nous apparaît sera source d’insatisfactions et de souffrances.  Tant que subsistent des perturbations telles que l’ignorance, la préoccupation de soi, la colère toutes nos expériences seront imparfaites et contaminées à l’image de notre esprit. Ces états d’esprit ne pourront jamais produire la satisfaction et le bonheur que nous recherchons. Quand notre esprit deviendra pur, tout ce qui nous apparaîtra sera pur. Pur dans ce contexte veut dire qui produit du bonheur et élimine la souffrance. Pourquoi n’arrivons-nous pas à obtenir ce bonheur que nous voulons, parce que nous sommes piégés dans le samsara.

Et de conclure, toujours dans les mêmes conseils du cœur d’Atisha : « Mes amis, il n’y a pas de bonheur dans ce marécage qu’est le samsara! Aussi allez jusqu’à la terre ferme de la libération.

(*) Les conseils qui viennent du cœur d’Atisha, dans le livre « Huit Étapes vers le Bonheur », Ed. Tharpa.
Texte compilé d’après un enseignement reçu de Kelsang Jigkyob au IMC-Kailash, le mois passé.

Le silence ne pose pas de questions …

… mais donne les réponses. Cette citation lue sur un écran dans le bus que je prends régulièrement m’a connecté à une expérience récente dans ma pratique. Alors j’ai cherché à mieux cerner le sujet et je vous livre mes réflexions.

Tout d’abord par la définition du silence : « Absence de bruits et de sons indésirables », je comprends que le bruit s’associe au trouble et à la confusion tandis qu’à l’inverse le silence invite au calme et à la tranquillité. Nous avons tous fait l’expérience de la difficulté de prendre une bonne décision dans un environnement bruyant. À ce moment précis, toutes sortes de questions nous viennent à l’esprit perturbé par un problème. Ces questions sans réponse émergent dans notre esprit comme du pop-corn que l’on fait chauffer. Elles nous assaillent littéralement et nous sommes incapable d’y répondre. C’est le bruit extérieur à notre esprit qui nous empêche d’entendre ce bruit intérieur qui est le silence et qui a quelque chose à nous dire. Confucius dit que le silence est un ami qui ne trahit jamais.

Silence - 01Cet ami silencieux n’est autre que notre guide spirituel  qui nous habite en notre cœur. C’est un ami qui sait tout de nous et qui a un amour inconditionnel pour nous. Il est la sagesse, l’omniscience et la clarté de notre esprit racine. Mais pour être à même de recevoir ses réponses, nous devons apaiser l’agitation de notre esprit. Une manière très simple de dissiper celle-ci est de pratiquer la méditation. Tout d’abord la méditation sur la respiration et ensuite la contemplation paisible et sans jugement de ce qui nous préoccupe en ce moment. Les réponses que nous recevrons auront le plus souvent une forme subtile et non-ordinaire et émergeront en temps utile directement de notre esprit. Parfois, nous voudrions une réponse immédiate avec le risque de développer une attente et un attachement aux résultats et cause d’insatisfaction et de souffrance. En pratiquant la patience, nous aurons tôt ou tard la réponse que nous espérons.

Silence - 02Ainsi, le week-end dernier j’ai eu la chance de suivre un enseignement sur « L’Art du contentement  » que j’ai prolongé d’un jour de méditation solitaire avec une pratique de Tara Verte. Entre les six séances de pratique formelle, la sadhana « La libération hors  de la douleur », je suis seul dans le temple me laissant habiter par le silence de l’endroit. Ce qui se passe alors est tout simplement magique. Au fur et à mesure que je m’habitue à ce silence, mon esprit s’ouvre à une dimension intérieure, à la présence de mon guide spirituel racine, qui connaît la source même des mes questions en suspens. À partir de ce moment, les réponses attendues s’activent en moi avant d’apparaître les jour suivants clairement à mon esprit conscient. Heureux de cette expérience, je vais certainement la renouveler sans modération et puisse-t-elle  inspirer chacun de nous qui sommes ballottés dans l’océan du samsara.

J’ai envie de terminer ce récit par une stance tirée du texte « Les conseils qui viennent du cœur d’Atisha » qui dit ceci : si les choses que vous désirez ne viennent pas, cela est dû à un karma créé il y a longtemps, ayez donc toujours un esprit heureux et détendu.

Apprendre à gérer le stress

Le stress est un mal de société moderne qui concerne beaucoup de gens. Souvent abordé dans les medias sous ses aspects psychologiques et neurologiques, il est rarement abordé sous l’aspect spirituel. Samedi dernier, j’ai eu l’occasion de recevoir un enseignement sur le stress d’une perspective bouddhiste, par Kadam Hélène Oester  du Centre Dromtönpa de Bern. Ce précieux enseignement présente le stress et comment y faire face d’une manière différente et intéressante dont je voudrais partager ma compréhension avec vous mes lecteurs.

Stress-01Si d’un certain point de vue le stress possède un aspect positif, parce qu’il nous stimule dans l’aboutissement de nos objectifs, il reste surtout négatif, parce que source de beaucoup de problèmes et de souffrances. Il suffit pour en rendre compte d’écouter les réflexions du commun des mortels que nous sommes : « Il me stresse! », « Mon patron me stresse ! », « Le travail me stresse en ce moment! », « Je me sens stressé par ma situation », etc. Si l’aspect positif du stress peut temporairement nous aider, parce qu’il peut augmenter notre capacité d’obtenir le résultat escompté, nous ne devons pas en abuser. À trop vouloir bien faire avec cette adrénaline nous finirons par l’épuisement de notre énergie. Arrivés à ce stade nous sommes dépourvus de force et de vigueur et nous disons : « Je n’en peux plus! », « Je ne sais plus quoi faire », « Je ne sais plus où j’en suis! ». En faisant trop et trop longtemps cela peut même se terminer par un burnout.

Il n’y a pas de recette miracle pour enrayer le stress. Faire une liste de toutes les situations qui génèrent du stress est impossible. Néanmoins les quelques indications ci-dessous peuvent nous donner des pistes pour identifier les sentiments et les perceptions révélatrices du stress en nous.

  • Avoir un sentiment d’être sous pression, d’être contraint à faire quelque chose, d’être pressé ou accablé par des conditions difficiles.
  • Avoir un sentiment d’agitation intérieure et de perdre son calme.
  • Avoir le sentiment de perdre le contrôle et d’être une machine qui ne peut plus s’arrêter-
  • Avoir un sentiment d’être submergé parce que tout nous semble trop difficile et que les tâches les plus simples prennent une dimension disproportionnée.
  • Tout en déclinant une aide, nous pensons continuellement à tout ce que nous devons faire et que nous n’avons pas encore fait.
  • Avoir le sentiment d’être épuisé, de manquer de concentration
  • Les situations stressantes perturbent notre sommeil et même dans nos rêves
  • Etc.

Remarquons dans les exemples ci-dessus qu’il s’agit systématiquement d’une perception de notre esprit. Pourtant nous sommes le plus souvent persuadés de l’existence de quelque chose ou quelqu’un à l’extérieur de nous qui nous stresse. Plutôt que de nous limiter à une compréhension intellectuelle nous devons vraiment voir ce qui nous affecte sentimentalement.  Nous devons investiguer sur ce que nous ressentons pour savoir où nous en sommes dans notre vie. Alors d’où vient ce sentiment de stress? Provient-il de notre travail, de notre chef ou de notre partenaire? Est-ce la situation familiale ou encore la société moderne qui nous stresse? En réponse à cela les enseignements de Bouddha sont on peut plus clairs. Si toutes les situations mentionnées sont des causes circonstancielles qui peuvent induire un état de stress, la vraie cause substantielle de notre stress se situe dans notre esprit. La raison de notre bonheur, de notre souffrance tout comme la raison de notre stress se trouve dans notre esprit. Nous devons donc changer notre vision des choses : La racine du stress se situe à l’intérieur de notre esprit et non dans les conditions extérieures. Contrairement aux idées reçues, ne perdons pas de vue que les possibilités de faire quelque chose existent vraiment. Nous avons la possibilité de nous libérer de ces circonstances, même difficiles, par un travail visant à changer notre état d’esprit, c’est le but à atteindre. Cessons de croire que ce sont le travail, le ou la partenaire, le chef, etc. qui nous stressent. Ce ne sont que des circonstances externes projetées par notre esprit qui entretiennent notre état de stress.

Stress-02D’une manière générale nos actions prennent naissance par une intention dans notre esprit. Une action ne peut se concrétiser sans qu’il y ait une intention préalable. Toutes nos actions mentales, verbales ou physiques sont le résultat d’une intention. Ainsi notre mode de pensée et nos habitudes peuvent dans certaines cas être à l’origine de notre stress lorsque notre esprit est préoccupé par :

  • Se contraindre à faire quelque-chose
  • Avoir de très hautes exigences envers soi-même et les autres, que ce soit dans le travail ou la vie
  • La perfection devient un trouble obsessionnel compulsif
  • Croire que le succès s’obtient en travaillant durement
  • Croire que la fuite dans le travail est la seule issue à nos problèmes.
  • Etc.

Malgré notre quête incessante de la perfection à l’extérieur nous ne pourrons jamais être parfaits tant que nous ne changeons pas quelque chose à l’intérieur de notre esprit. Et nous ne changerons pas les conditions extérieures aussi longtemps que nous ne changerons pas notre état d’esprit. Du point de vue bouddhiste, seul Bouddha est parfait parce que complètement libéré de toutes les obstructions qui empêchent d’atteindre la perfection. C’est pourquoi, nous devons nous aussi cultiver des qualités d’amour, de sagesse, de force, de joie avec patience pour espérer un jour lui ressembler. Si nous possédons ces qualités intérieures, toutes nos tâches extérieures se feront d’autant plus facilement.

Stress-04Comment pourrions-nous changer la situation intérieure de notre esprit? Bien que parfois une situation extérieure soit également nécessaire, celle-ci est rendue possible dès l’instant où nous entreprenons un changement intérieur. Ce changement passe par la pratique de la méditation. En pratiquant par exemple une méditation sur la respiration chaque jour 5 à 10 minutes ou une méditation sur notre précieuse vie humaine, nous nous couperons de cette pression et de ce sentiment et nous prendrons l’ascendant sur notre stress. (Pour ceux que cela intéresse, vous trouverez une explication détaillée de ces deux méditations dans le livre de Ghéshé Kelsang Gyatso, « Le nouveau manuel de méditation » aux Editions Tharpa). Immergés dans le travail et les difficultés nous oublions cette chance, cette possibilité de travailler notre esprit, de nous aider nous-mêmes à être heureux. Dans ce sens notre vie humaine est pleine de sens. Habituellement, nos préoccupations sont dirigées vers nos activités ordinaires, notre travail, nos amis, nos problèmes et ainsi de suite. Et l’idée de reconnaître la chance que nous avons d’être un homme, une femme n’est de fait pas dans nos habitudes mentales. Si vraiment nous réalisons la valeur de notre vie humaine, alors nous pouvons entrevoir la possibilité de changer notre point de vue sur notre travail, nos problèmes et ainsi de suite. Les enseignements de Bouddha nous ouvrent  à de nouvelles structures, de nouveaux modes de pensée qui, progressivement nous donnent le moyen de supprimer le stress de notre esprit.

Enseignement donné le samedi 12 octobre 2013, dans le cadre du programme du Centre Atisha de Fribourg par Kadam Hélène Oester, enseignante du Centre Dromtönpa de Berne

Que se cache-t-il derrière le sourire de Bouddha

Nous avons tous observé des images, des tankas ou des statues de Bouddha et nous l’avons fait de diverses manières selon notre état d’esprit du moment. Samedi dernier, j’ai eu l’occasion d’assister à un enseignement qui nous a fait découvrir le sourire de Bouddha et que je partage avec vous.

Sourire-01Observer le sourire de Bouddha est comme regarder dans un kaléidoscope. Derrière ce regard il y a toutes les qualités de Bouddha. Son sourire est l’expression de ses nombreuses qualités. C’est l’expression de son bien-être mental. Un bien-être mental que nous ne pourrons jamais expliquer avec des paroles. Nous pouvons tout au plus faire des comparaisons, de donner des exemples qui reflètent les expériences même de l’esprit de Bouddha. C’est un état d’expérience que nous pouvons à peine décrire tant il est vaste. Néanmoins nous pouvons tenter de comprendre certaines de ses qualités qui apparaissent comme très importantes.

  • Le sourire de Bouddha est l’expression de sa tranquillité et de sa paix profonde. Vous pouvez vous imaginer une paix profonde qui ne s’arrête jamais, qui n’a pas de commencement et pas de fin. Une tranquillité qui n’est jamais bouleversée par le mécontentement, le stress, les soucis. C’est une paix intérieure semblable à un immense océan tranquille, limpide et clair.
  • Le sourire de Bouddha est l’expression de son calme. Un esprit calme qui n’a plus besoin de réagir aux choses extérieures. C’est l’expression de son imperturbabilité, parce c’est un esprit qui est capable de laisser les choses comme elles sont, sans vouloir les changer.
  • Le sourire de Bouddha est l’expression de sa certitude. Cette certitude qui n’a pas de doutes, pas de peurs. Un esprit qui peut agir de manière juste et sans hésitations. Cette certitude intérieure qui agit spontanément.
  • Le sourire de Bouddha est l’expression d’un amour infini et d’une compassion universelle. L’amour infini et la compassion universelle de Bouddha sont comme un soleil qui rayonne de manière égale dans toutes les directions, sans faire de distinctions quant aux bénéficiaires de ses rayons. Toutes les qualités d’un bouddha sont spontanées, sans effort.
  • Le sourire de Bouddha est l’expression de sa sagesse. L’esprit de Bouddha n’est pas séparé de la vacuité. Tout ce que voit un bouddha est dans la nature de la vacuité. Il nous dit notamment : « Les choses qui nous apparaissent ne sont pas comme elles existent véritablement, ce n’est pas la réalité ». Bouddha voit les choses comme elles existent grâce à sa réalisation de la vacuité. La sagesse de Bouddha comprend le karma, la loi de cause à effet.

Ces quelques aspects révélés de manière très subtile ont fait que chaque fois que je regarde une représentation de Bouddha, derrière son expression souriante je me rappelle de ses innombrables qualités. Il a dit aussi : « Ce que j’ai fait, chacun d’entrevous peut le faire également ». Puissiez-vous en faire de même.

Enseignement donné le samedi 14 septembre 2013, dans le cadre du programme du Centre Atisha de Fribourg par Kadam Hélène Oester, enseignante du Centre Dromtönpa de Berne

Le chantier de notre libération de la souffrance

Lorsque nous sommes impliqués dans un projet conséquent et d’une grande importance, dont la réalisation se fera par étapes plus ou moins longues et dont la durée s’étale sur plusieurs années voire toute une vie, nous parlons souvent de chantier, de chantier du siècle, etc. Je vais donc utiliser comme base une métaphore de ce chantier pour illustrer celui qui nous amènera à la libération de la souffrance.

Chantier-01Notre libération de la souffrance est de l’ampleur d’un chantier pharaonique. L’édifice à construire est notre libération du samsara et les innombrables ouvriers travaillant sur ce chantier sont chacune de nos intentions vertueuses qui mettent en place les éléments de l’édifice. Comme le travail de chaque ouvrier est important, parce qu’il contribue au tout, chacune de nos intentions vertueuses est une graine de libération.
Pour construire cette libération de la souffrance, chacun doit savoir ce qu’il lui faut abandonner et au contraire connaître ce qu’il doit mettre en place dans sa vie. En abandonnant toute action qui, tôt ou tard, se traduira en souffrance, nous garantissons la solidité de l’édifice de notre libération.

Il est fort probable que ce chantier durera bien au-delà de cette vie-ci, d’où la nécessité d’œuvrer non seulement pour notre vie actuelle, mais pour nos vies futures. La tentation de penser « De toute façon je n’y arriverai pas » avec une perspective à court terme sera avantageusement remplacée par « Un jour certainement j’y arriverai » avec une perspective à long terme, sachant que peut-être de nombreuses vies seront nécessaires pour atteindre le but.
Pour construire notre libération du samsara, il n’y pas d’intention vertueuse insignifiante. Toute intention vertueuse se traduit par une action et, si petite soit-elle, contribuera à notre objectif. Ainsi, toute action vertueuse a son importance, tout comme dans la construction d’un édifice il y a de petits éléments et d’autres plus grands, tous sont nécessaires. C’est pourquoi nous ne devons pas sous-estimer chacune de nos actions, en pensant : « A quoi bon, cela n’en vaut pas la peine! »

Chantier-02 Notre esprit est le créateur de notre vie et de son environnement. Nous « créons » de bonnes ou de mauvaises choses, selon notre état d’esprit. Il y a des jours où nous sommes pleins d’ambitions et sommes capables de réaliser de grandes choses et d’autres où nous sommes sous l’emprise de nos perturbations mentales et sommes capable de ne rien faire ou pire encore de nous complaire dans des actions non-vertueuses.
VGL nous dit dans le livre « La Voie Joyeuse » : Les actions vertueuses sont des voies qui mènent  au bonheur ultime de la libération. De telles actions découlent de la pratique de la discipline morale, en comprenant les dangers de commettre des actions non-vertueuses. La pratique de la discipline morale nécessite la sagesse qui réalise les effets des actions négatives. En nous abstenant de commettre toute action non-vertueuse, si tant est que c’est possible, nous devons également pratiquer la vertu par des actions positives et vertueuses.

Chantier-03Alors, dans notre vie de tous les jours, développons des intentions vertueuses si petites soient-elles. En saisissant chaque opportunité de le faire et en appliquant la discipline morale dans chacune de nos actions nous construisons l’édifice de notre libération de la souffrance, notre libération du samsara. Quoi que nous fassions, nous le ferons en accord avec notre discipline morale en nous rappelant que celle-ci est comme le ciment qui maintient ensemble de façon durable les élément de notre construction, la libération de la souffrance.

Compilé à partir de mes lectures de « La Voie Joyeuse » de Ghéshé Kelsang Gyatso et de mes transcriptions du « Programme d’Etude » au Centre Atisha de Genève.