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Purifier notre karma négatif

Dans son livre « La Voie Joyeuse » Ghéshé Kelsang Gyatso écrit : « Nous pouvons, en très peu de temps, purifier tout le karma négatif que nous avons créé dans le passé. Les potentialités créées dans notre esprit par nos actions négatives passées n’ont pas de forme. Il est donc facile d’oublier leur existence puisque nous ne pouvons pas les voir, mais si notre karma négatif prenait forme, il remplirait l’univers entier. En nous servant de cette précieuse vie humaine pour faire de puissantes purifications, toute cette négativité peut être rapidement consumée, telle une meule de foin rapidement consumée par un feu puissant ».

Purif_Karm-01Habituellement, notre habileté à nous engager dans une pratique de purification est fonction de notre regret pour avoir commis des actions négatives. Il est facile de générer un regret pour des actions négatives que nous avons commises dans notre vie actuelle, parce que nous ne pouvons nier de les avoir faites. Dans ce cas, il nous est facile de nous en souvenir et de contempler les effets karmiques futurs de nos propres actions. Mais pour nos actions négatives qui remontent à nos vies passées, il nous est plus difficile de générer un regret sincère, car nous ne pouvons aisément nier celles-ci. Même si notre vie actuelle a eu un début et aura une fin, le continuum de notre esprit lui existe depuis des temps sans commencement. Ceci implique que nous admettions les avoir commises avant de générer un sentiment de regret.

Or, à ce jour nous avons accumulé une immense quantité d’effets potentiels dus aux actions négatives passées. Du reste, c’est pour cette raison que nous avons passé la plupart de notre temps dans les règnes inférieurs où nous nous sommes engagés presque exclusivement dans des actions négatives. En d’autres termes, nous avons souvent été un être dans les règnes inférieurs, piégés dans ceux-ci par nos propres actions négatives. Bouddha nous dit qu’il est plus facile pour nous, en tant qu’être humain d’atteindre l’illumination que pour un animal de renaître sous une forme humaine. Comment pouvons-nous nous convaincre de cela? La cause d’une renaissance dans les règnes inférieurs est un esprit négatif au moment de la mort. Celui-ci activera les graines négatives non vertueuses sur notre esprit qui nous projetteront dans les règnes inférieurs.

Purif_Karm-02La plupart des êtres humains meurent avec un sentiment de panique et dans la douleur au lieu de mourir en paix. Ceux qui à un moment de leur existence ont « frôlé » la mort se souviendront peut-être de leur état d’esprit dans ces moments particulièrement tragiques. Ils ne peuvent assurément pas rendre compte d’avoir eu un esprit calme et paisible, mais plutôt d’avoir suivi la manifestation de nombreuses perturbations mentales telles que la colère, la culpabilité, la saisie d’angoisses et d’autres esprits négatifs. Honnêtement, lorsque les situations sont difficiles dans notre vie, le dharma n’est pas très manifeste à cause de notre esprit perturbé. Pourtant, si nous n’avons pas actuellement l’habileté de garder notre paix intérieure et un esprit serein dans les situations banales de notre vie, comment agirons-nous au moment de notre mort?

Nous avons une telle familiarité pour nous investir dans des situations négatives plutôt que d’avoir une tendance à pratiquer la vertu. Nos réactions négatives se manifestent dans notre esprit bien plus facilement qu’une réaction positive et vertueuse. Par exemple si quelqu’un nous critique, nous répondrons rarement avec une attitude de bodhitchitta mais bien par une réaction sur la défensive, voire même par une parole blessante. Ou bien si quelqu’un entrave notre liberté nous nous mettons facilement en colère. Souvent aussi, notre erreur est de croire ce que nous dit quelqu’un d’autre en supposant celui-ci de bonne foi. Pourquoi? Parce que l’autre est simplement le révélateur d’empreintes karmiques se trouvant sur notre propre esprit et que les causes circonstancielles activent à ce moment-là. Les effets de ces empreintes karmiques négatives induiront alors une attitude non vertueuse elle-même source de nouvelles empreintes dommageables pour nos vies futures.

Nous devons accepter cette réalité pourtant difficile à croire et comprendre l’urgence de purifier notre karma négatif. Il y a deux manières au moyen desquelles nous pouvons purifier notre esprit de ce karma négatif. La première est de faire les expériences des effets potentiels négatifs qui s’activent et d’en épuiser ainsi le nombre Purif_Karm-03existant sur notre esprit à ce jour. Vu les innombrables potentiels karmiques stockés depuis des temps sans commencement, cette manière tient du masochisme! La deuxième, bien plus efficace consiste à purifier tout ce potentiel karmique bien avant qu’il mûrisse. À ce stade, nous pouvons le faire sans en subir les effets dévastateurs que leur mûrissement éventuel entraînerait. Cette pratique de purification requiert relativement peu d’énergie, parce qu’une fois le mûrissement amorcé, ce sera plus difficile.

Pour purifier notre karma négatif, nous disposons de trois types de pratiques :

  • La première est la pratique du Soutra mahayana des trois cumuls supérieurs. Pratique qui consiste à s’adresser aux 35 bouddhas de la confession en se prosternant devant eux en suivant la sadhana*) du même nom.
  • La deuxième est la pratique de purification de Vajrasattva. Pratique qui consiste à réciter de nombreuses fois son mantra et en suivant la sadhana*) du Bouddha Vajrasattva.
  • La troisième est la pratique de la prise et le don. Pratique qui consiste à prendre par l’imagination tout le karma négatif dans notre cœur en détruisant notre préoccupation du soi et en le remplaçant par un nectar et une lumière de purification et en donnant tout notre mérite et toutes nos réalisations, lors d’une méditation du même nom.
    *)Vous trouverez notamment les sadhanas mentionnées auprès des Editions Tharpa

Inspiré de l’enseignement du Programme Fondamental sur le livre « La Voie Joyeuse » de Ghéshé Kelsang Gyatso, donné par Kadam Ryan au Centre Atisha en 2004

Crédits Illustrations http://fr.123rf.com

De bonnes raisons de chercher refuge

Rappelons-nous que notre mort est une certitude et le moment de notre mort totalement imprévisible. Sachant que notre état d’esprit à ce moment-là déterminera notre prochaine renaissance, notre pratique du dharma pourra nous aider au moment de la mort et après la mort. Nous avons tous une compréhension de ce problème pour lequel nous pouvons rechercher une solution. Mais tant que nous Refuge-Pr-01n’avons pas intériorisé celui-ci, étudier une solution restera sans résultat. Pas plus que d’accepter le problème sans savoir canaliser notre compréhension dans la bonne direction restera sans effet. Et cette bonne direction est celle que notre guide spirituel nous invite à prendre. Un passage de « L’offrande au guide spirituel » pose bien le décor de notre condition samsarique, je cite :

« Ballotté violemment par les vagues des perturbations mentales et du karma,
Et tourmenté par les monstres marins des trois souffrances,
Je cherche tes bénédictions afin de développer un puissant désir de libération
Du grand océan du samsara, effrayant et sans limites ».

Généralement nous rencontrons deux sortes de gens, ceux qui sont dans le déni total de leur situation samsarique et ceux qui acceptent leurs problèmes tout en étant complètement paniqués. Dans ce contexte, la mort et les dangers d’une renaissance dans les règnes inférieurs nous placent devant cette évidence. Dans les propos de mon enseignant, il nous a donné sa conclusion très intéressante : « Je vais cesser de me plaindre à mon guide spirituel de la taille et de la nature de mes problèmes mais je vais dorénavant démontrer à mes problèmes la taille et la force de mon guide spirituel« . Nous sommes continuellement en train de nous apitoyer sur notre sort dans le samsara. Nous serions bien inspirés de rechercher une solution fiable pour y remédier. La solution sera de prendre refuge en notre guide spirituel, la synthèse de tous les bouddhas, pour recevoir sa protection. Tout comme nous recherchons la protection et les bons conseils du médecin lorsque nous sommes malades ou que nous faisons appel à la police lorsque nous sommes en grand danger, nous pouvons faire appel aux bouddhas en cherchant refuge.

A l’échelle de notre continuum mental, alors que cette vie-ci nous paraît parfois interminable, elle ne dure qu’un instant. Dans cette perspective, cela nous donne une idée de la longueur de notre précieuse vie actuelle. Puisqu’elle nous permet de nous libérer du samsara, sachons aussi que cette opportunité est extrêmement courte. C’est la raison pour laquelle il serait ridicule et regrettable de la gaspiller dans des activités dénuées de sens. En fait, nous avons tellement « travaillé » dans nos vies passées pour obtenir cette précieuse vie que nous avons maintenant une opportunité fantastique de réaliser que nos vies futures sont bien plus importantes que cette vie-ci. Grâce à notre pratique de la discipline morale dans le passé nous jouissons d’une précieuse vie humaine. Dans ce sens, rompre notre discipline morale est bien plus dangereux que la mort, parce que si nous perdons notre discipline morale nous créerons les causes d’une renaissance dans les règnes inférieurs. Et une fois dans les règnes inférieurs, nous nous engagerons uniquement dans des actions négatives dont les effets seront des tendances à tomber encore et encore.

Refuge-Pr-02Ainsi, nous avons deux feuilles de route possible. Celle qui nous dirige vers un bonheur durable et sans souffrance en cherchant l’aide et les bénédictions du guide spirituel ou celle que suggèrent nos perturbations mentales. Or les conseils et suggestions de nos perturbations mentales sont trompeuses et nous serions bien inspirés de les abandonner. A cause d’elles nous sommes piégés dans l’océan du samsara, effrayant et sans limites pris en otage par les trois monstres que sont l’attachement, la colère et l’ignorance. En choisissant la feuille de route conseillée par notre guide spirituel, nous rechercherons ses bénédictions et son aide en cherchant refuge en lui. A ce stade, nous devons avoir l’humilité de reconnaître que nous n’avons pas la capacité de nous tirer d’affaire tout seul, raison pour laquelle nous cherchons refuge. Si nous sommes pris sous un violent orage, il ne suffit peut-être pas de simplement ouvrir son parapluie, nous devons en plus nous mettre à l’abri. C’est pourquoi nous cherchons refuge en Bouddha, le dharma et la sangha.

Spirituellement, nous sommes confrontés à quatre types de problèmes qui doivent nous inciter à chercher refuge.

  • Les problèmes mondains. Les objets et les phénomènes externes à notre esprit dans notre vie sont un véritable problème pour nous.
  • Le risque de tomber dans les règnes inférieurs. Notre capital de karma négatif est si important que le risque que celui-ci mûrisse au moment de notre mort fait que nous renaîtrons probablement dans les règnes des animaux, des esprits affamés ou des êtres de l’enfer.
  • Le risque de prendre des renaissances incontrôlées. Comme nous avons un esprit incontrôlé, veut dire que nous n’aurons pas non plus le contrôle durant le processus de la mort. A cause de cela, nous allons prendre des renaissances incontrôlées dans des agrégats samsariques.
  • Les autres prendront des renaissances incontrôlées. Les autres êtres prennent ou prendront des renaissances incontrôlées dans des agrégats contaminés sans que nous puissions faire quoi que ce soit pour eux à cause de nos limitations actuelles. C’est par analogie comme une mère qui voit ses enfants se noyer mais qui ne peut les sauver car elle-même ne sait pas nager.

Refuge-Pr-03Si nous n’intégrons pas le fait que nous avons tous personnellement les problèmes spirituels ci-dessus, nous ne serons pas forcément motivés de chercher refuge et notre pratique restera intellectuelle. En prenant conscience que ces problèmes sont en nous, alors nous trouverons la motivation réelle de chercher refuge. Nous devons connecter le dharma à nos problèmes dans notre esprit. Notre tâche principale et incessante est d’accepter et d’identifier ceux-ci. « Oui j’ai ce problème spirituel! » et à partir de ce moment-là nous sommes prêts à chercher refuge en Bouddha, le dharma et la sangha.

 Compilé d’après ma transcription et mes notes du programme fondamental « La Voie joyeuse » donné par Kadam Ryan au Centre Atisha de Genève en 2004.

Moins de peurs, plus de protection

Pour la rentrée académique des cours au Centre Dromtönpa de Fribourg, j’ai eu la chance de recevoir un enseignement très précieux de Kadam Hélène Oester. Son contenu est tellement utile à quiconque se tourne vers la voie spirituelle que je voudrais avec plaisir en partager l’essentiel avec mes lectrices et lecteurs. Ce thème était : Moins de peurs, plus de protection.

Nous savons tous ce que signifie avoir peur. Plus précisément, il s’agit d’une forme de souffrance. Nous avons tous peur de souffrir parce que c’est quelque chose de désagréable, parfois difficile à vivre et à supporter. Ces peurs se manifestent en nous de différentes manières. Elles se produisent de temps en temps, de façon régulière ou très souvent selon les conditions que nous vivons. Certaines peurs sont récurrentes, d’autres sont indescriptibles ou diffusent et sans raison profonde de nous affecter. Il y a des peurs qui nous sont bien connues, du moins intellectuellement comme la peur de mourir ou qui sont hélas une réalité comme la peur de perdre un être cher. Ou encore pour beaucoup de personnes la peur de la solitude, du chômage. Les peurs peuvent prendre une multitude de forme et chacun peut dresser une liste substantielle de ses propres peurs.

PeurProt-01Lorsque les circonstances engendrent la peur dans notre esprit, immédiatement nous avons le désir de devoir nous protéger contre ce qui pourrait arriver. De nombreuses situations de la vie de tous les jours illustrent bien cette réaction légitime. Par exemple, avec la maladie. Si nous « tombons malade » comme nous disons couramment, nous cherchons à nous protéger des conséquences de la maladie en consultant un médecin. Lequel nous donnera de bons conseils et si nécessaire des médicaments, voire d’envisager une hospitalisation. Si nous avons confiance en lui, naturellement nous allons suivre scrupuleusement ses instructions pour peut-être guérir rapidement. Ou encore, dans le monde actuel d’insécurité et de violence qui est notre quotidien, si nous sommes sérieusement agressés nous appelons la police afin de recevoir sa protection.

La plupart du temps nous arrivons relativement bien à nous protéger en prenant les mesures adéquates. Mais au fond de nous, nous savons que nous n’arriverons pas à éviter toutes les peurs possibles que nous rencontrerons et que nous n’arriverons jamais à nous protéger en toute circonstance. C’est une vue réaliste de notre vie, car nous ne pouvons garantir de ne pas tomber malade, malgré toutes nos précautions de perdre un être cher. Finalement nous ne pouvons éviter la mort. Si nous pouvons nous guérir d’une maladie ou de plusieurs maladies nous ne pouvons pas nous guérir de toutes les maladies, des maladies incurables. En conclusion, nous ne trouvons pas dans des moyens extérieurs une protection totale et indéfectible de notre intégrité dans la vie. Il est alors très important de nous rendre compte que : « Je ne peux pas me protéger de toutes les souffrances en utilisant des moyens extérieurs ».

La question qui se pose maintenant est de savoir pourquoi ce n’est pas possible? Pourquoi ne pouvons-nous pas nous protéger efficacement et consciemment des dangers, des difficultés et des problèmes dans notre vie. Bouddha nous donne la réponse dans ses enseignements. C’est parce que nous avons une vie impure. En d’autres termes, notre corps et notre esprit ne sont pas purs. Ils sont impurs parce qu’ils sont la conséquence de notre ignorance de saisie d’un soi. Cette ignorance qui ne comprend pas très bien comment tous les objets et les phénomènes existent réellement. Nous en avons certes une idée, mais elle n’est pas très claire et suffisante. De plus, cette saisie d’un soi nous crispe sur un MOI, un JE qui à son tour génère une préoccupation de soi. Celle-ci inconsciemment nous fait croire que nous sommes suprêmement important et que nous sommes le centre du monde.

PeurProt-02Tout ce que nous pensons et faisons, la manière dont nous réagissons part de notre MOI, de notre JE. Et si chacun d’entre-nous réagit de cette manière, nous sommes naturellement prédestinés à avoir des conflits. Delà viennent tous nos problèmes et toute notre souffrance. Si au lieu de l’ignorance nous pouvions cultiver la sagesse, nous n’aurions plus de haine, de jalousie et ainsi de suite. À la place, nous aurions l’amour pour les autres, la compassion, la patience et la sagesse qui comprend les choses et les autres personnes. Mais aussi longtemps que nous sommes dans le samsara, nos peurs, nos problèmes et nos souffrances perdureront. Étant satisfaits uniquement de joies et de bonheurs impurs, nous ne pourrons jamais vraiment nous débarrasser de la peur et de la souffrance résultante de nos problèmes. Ce sont des choses que nous connaissons bien.

PeurProt-03Bouddha nous propose la solution pour atteindre  cette paix mentale et cette libération de la souffrance. Dans son livre « Transformez votre vie », Guéshé Kelsang Gyatso nous dit, je cite : « Nous devons créer des actions vertueuses ou positives parce qu’elles sont la base pour notre bonheur futur, nous devons abandonner les actions non vertueuses ou négatives parce qu’elles sont la base pour notre souffrance future et nous devons contrôler nos perturbations mentales parce qu’elles sont la cause des renaissances impures ». Sur la base de ces trois choses et selon notre motivation nous pouvons commencer à construire cette protection intérieure qui nous manque, si nous voulons nous libérer à 100% de toute souffrance. Cette protection intérieure consiste à prendre refuge dans les trois précieux joyaux qui sont Bouddha, le dharma et la sangha. Ils sont qualifiés de précieux parce qu’ils exaucent nos souhaits de libération de la souffrance au sens le plus profond.

Enseignement donné au Centre St Ursule à Fribourg, par Kadam Hélène Oester, le samedi 13 septembre 2014

Surmonter les peurs et trouver une protection intérieure

Samedi dernier, j’ai suivi cet enseignement donné à Fribourg par Kadam Hélène Oester du Centre Dromtönpa de Bern. À partir de celui-ci je voudrais partager mon approfondissement et ma réflexion sur ce thème qui nous concerne tous au quotidien.

Si nous voulons résoudre les difficultés et les souffrances qui sont dues à la peur, nous devons pour commencer identifier les différentes sortes de peurs que nous rencontrons fréquemment dans notre existence. Tout d’abord nous distinguerons fondamentalement deux types de peur : celles qui découlent d’une certaine sagesse ordinaire et qui nous sont favorables et celles qui nous font souffrir et nous bloquent.

Peurs-01Pour illustrer les peurs issues de la sagesse ordinaire, voici quelques exemples pour mieux comprendre de quoi il s’agit :

  • La peur de se couper avec un couteau de cuisine. Dans ce cas, la peur de nous blesser nous fera redoubler de vigilance
  • La peur d’être en voiture dans un intense trafic ou dans des conditions difficiles. Dans ce cas nous redoublons de prudence afin d’éviter un éventuel accident.
  • La peur du vide. Dans ce cas, la peur nous interdit de faire un faux pas et de tomber.
  • Etc.

Peurs-03Ce sont des peurs inconscientes qui inconditionnellement dictent notre attitude afin de nous protéger, de nous éviter une blessure, voire de nous maintenir en vie. Ce sont des peurs qui induisent en nous la prudence, la précaution d’éviter un danger. En quelque sorte, nous pouvons dire que ce sont des peurs qui nous aident.

Pour illustrer les peurs qui nous bloquent et nous paralysent, voici quelques exemples :

  • La peur du noir, la claustrophobie
  • La peur d’être cambriolé, la paranoïa
  • La peur des araignées
  • Peurs-02La peur de la maladie, du cancer
  • La peur de la mort
  • La peur de perdre un être cher
  • Etc.

D’une manière générale, ce sont des peurs qui portent atteinte à notre sécurité, qui nous affectent, qui nous bloquent ou nous paralysent. En présence de telles peurs nous recherchons une aide extérieure, une protection que ce soit un médecin, la police, un ami ou toute personne capable de dissiper notre peur. Mais dans tous ces cas il s’agira d’une aide temporaire. Car par exemple le médecin peut nous guérir d’une certaine maladie mais ne nous protégera pas définitivement de toute maladie. Le fait de faire appel à quelqu’un pour nous débarrasser d’une araignée ne nous guérira pas de cette phobie. La peur de perdre une personne chère ne lui prolongera pas indéfiniment la vie. Comment comprendre cela? Parce que nés dans le samsara, nous faisons continuellement l’expérience de peurs et de souffrances sans fin. Rien dans un tel monde samsarique ne peut nous protéger totalement et définitivement de la souffrance et donc de nos peurs.

Peurs-04Alors, dans ces conditions que pouvons-nous faire? Ce qui est important de bien comprendre est que la peur est un sentiment et, comme tout sentiment, elle est générée dans l’esprit qui la perçoit. Bouddha nous dit que : « La cause de toute souffrance et de tout bonheur se trouvent dans l’esprit ». Ainsi la cause de nos peurs est à rechercher dans notre propre esprit. Or, par ignorance de saisie du soi, nous attribuons la cause de nos peurs à des éléments extérieurs à notre esprit. Ainsi les maladies, les cambrioleurs les araignées, l’obscurité et ainsi de suite sont des causes extérieures à nos peurs et non la cause principale de celles-ci. Le fait qu’elles nous apparaissent à l’extérieur de notre esprit sont dues uniquement à nos vues erronées et impures. Par conséquent, si nous n’avions pas en notre esprit la cause principale de la peur par exemple, même si les circonstances extérieures seraient telles que normalement nous devrions réagir avec la peur, nous n’aurions plus aucune peur.

Par analogie, prenons le cas d’un arbre. Celui-ci se développe et grandit en puisant la sève de ses racines et nourrit son tronc et ses branches. Si nous coupons l’arbre, celui-ci séparé de ses racines meurt. De la même manière si nous nous coupons de ce sentiment de peur qui nous habite, la peur elle-même disparaît. En d’autres termes s’il n’y a plus de base valide pour imputer notre sentiment de peur, celle-ci cesse d’exister. Si la cause principale de nos peurs se situe dans notre esprit, le remède ultime à cette peur se trouve également dans notre esprit. La cause de toute souffrance et donc de la peur est notre ignorance de saisie du soi. Cette ignorance de saisie du soi s’agrippe fortement à l’idée du « Je » et du « Moi » que nous chérissons tant et qui est pour nous de la plus haute importance. Si une peur se manifeste, automatiquement nous cherchons à protéger ce « Je » ou ce « Moi » en développant une forte préoccupation de soi qui inévitablement nous fera souffrir.

Si nous arrivons à obtenir la sagesse capable de détruire l’ignorance de saisie du soi nous arriverons à couper la racine de toute souffrance et de toute douleur. Cette sagesse comprend et réalise directement la vacuité de toute chose et de tout phénomène. Comprendre la vacuité veut dire succinctement comprendre que les choses que nous percevons normalement n’existent pas. La sagesse qui réalise directement la vacuité correspond à un éveil parce que nous comprenons que les choses n’existent pas de la manière dont elles nous apparaissent. Nous devons progressivement travailler notre esprit pour comprendre d’abord intellectuellement, puis de manière plus profonde que les choses n’existent pas et comprendre leur vrai mode d’existence. En d’autres termes, le « JE », le « MOI » que je perçois normalement n’existe pas. Ainsi, lorsque nous avons peur, nous ressentons très fortement la présence de ce « JE ». En travaillant sur cette sagesse par différentes sortes de méditations, nous allons pouvoir réduire très fortement notre sentiment de ce « JE » qui prendra de moins en moins d’importance et nos peurs disparaîtront.

Enseignement donné le samedi 9 novembrebre 2013, dans le cadre du programme du Centre Atisha de Fribourg par Kadam Hélène Oester, enseignante du Centre Dromtönpa de Berne

Comment surmonter nos peurs

Peur-01Nos peurs sont généralement un état d’esprit de préoccupation du soi confirmé par une ignorance. La préoccupation du soi parce que nous sommes tellement attachés à ce corps, récepteur de toutes nos émotions et par ignorance de saisie du soi parce que nous croyons vraiment que les objets et les phénomènes sont comme ils nous apparaissent.  Pour illustrer cela, prenons trois exemples :

  • Si derrière vous vous entendez les aboiements d’un chien, vous avez peur d’une éventuelle attaque d’un chien non identifié. Vous êtes saisi par la peur d’être mordu. Mais du moment que le chien est celui  de votre ami et qui vous salue à sa manière, la peur ne se manifeste pas.
  • Peur-02Vous marchez sur un chemin forestier à la tombée du jour. Il fait presque nuit et certains arbres prennent des allures fantasmagoriques et ressemblent à s’y méprendre à des animaux menaçants. Les apparences de ces animaux sont des apparences ordinaires tandis que leur conception ordinaire est fausse, car il ne s’agit en fait que de silhouettes produites par la forme de certains arbres. Dans ce cas, la peur résultante provient de votre fausse conception ordinaire, une erreur d’interprétation.
  • Vous assistez à un film fantastique, je pense au film « Les oiseaux de Hitchcock » : les scènes que vous voyez sur l’écran sont capables de susciter l’effroi en vous parce que, pris par les images projetées, par moment vous croyez vraiment « être dans le film ». Pourtant rien n’existe en dehors de votre esprit.

Le désir profond de chaque être vivant est de trouver le bonheur permanent et d’éviter la souffrance. Nous pouvons tous trouver un bonheur temporaire et une diminution de la souffrance et de cette manière nous créons ce que l’on appelle une « zone de confort ». Dans celle-ci tout est plus ou moins sous contrôle, tout est connu et évolue constamment. Il suffit qu’un événement inconnu vienne mettre en danger celle-ci pour qu’instantanément  la peur se manifeste. Une fois connu, cet événement viendra élargir notre zone de confort. Très souvent, la manifestation d’un phénomène inconnu soudain génère une forme de peur. Les peurs sont produites à partir d’états d’esprit résultants d’une perception et/ou d’une conception ordinaire inappropriée. Ci-dessus, le chien non-identifié , les animaux menaçants ou les scènes hallucinantes du film.

Quand nous nous donnons la peine d’examiner un peu plus en profondeur ces moments de notre vie tels qu’ils sont, nous découvrons que malgré toutes leurs différences apparentes nos peurs se ramènent  fondamentalement à trois types de peurs qui sont la peur de la séparation et de l’abandon, la peur de ne pas être à la hauteur et la peur de s’abandonner de faire confiance.

Peur-03Alors, concrètement, comment surmonter nos peurs? Lorsqu’une menace se manifeste, le fait d’avoir  peur est plus une entrave qu’un bienfaits. Le plus souvent, la peur interfère avec notre capacité de discernement et sur la meilleure manière de répondre à cette menace. Ne dit-on pas : « Être paralysé par la peur de … » Certes, nous ne sommes pas encore à même de se laisser agresser en pensant que notre agresseur n’est qu’une simple illusion dans notre esprit! La peur ne nous est d’aucun secours pour agir bien au contraire. Pour ne pas avoir peur, nous développons des stratégies pour l’éviter et nous gâchons une opportunité d’en tirer une leçon de vie. Mais en apprivoisant les peurs et les frayeurs inutiles au quotidien, en sachant que ce ne sont que des états d’esprit, nous pourrons progressivement les surmonter.