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Réflexion sur nos perceptions sensorielles

Que ce soit consciemment ou inconsciemment nous sommes constamment assujettis à nos perceptions et dans cet article plus précisément les perceptions sensorielles. Pour bien comprendre celles-ci, commençons par leur définition. Dans le chapitre « Perceptions sensorielles et perceptions mentales » du livre « Comment comprendre l’esprit », G. K. Gyatso nous dit que, je cite : « La perception sensorielle est, par définition, une perception qui se développe en dépendance de sa condition dominante non commune, un pouvoir sensoriel possédant une forme« . La fonction principale d’une perception sensorielle est, respectivement pour nos cinq sens, de voir des formes, d’entendre des sons, de sentir des odeurs, de faire l’expérience de goûts et de saveurs, et de faire l’expérience du contact avec des objets.

Chacune de ces cinq perceptions sensorielles se développe en dépendance de sa condition dominante, c’est-à-dire ce qui aide principalement à son développement. Par exemple la perception sensorielle de l’œil se développe en dépendance du pouvoir sensoriel de l’œil, la perception sensorielle de l’oreille se développe en dépendance du pouvoir sensoriel de l’oreille, et de même pour les autres perceptions sensorielles. Chacun de ces pouvoirs sensoriels a pour fonction de générer la perception de l’organe correspondant. Ainsi, le pouvoir sensoriel de l’œil a pour fonction de générer directement la perception de l’œil. Les autres pouvoirs restant se comprennent de manière semblable. Pour chaque perception sensorielle il existe une condition dominante commune et une condition dominante non commune.

Pour qu’une perception se développe, celle-ci a besoin d’un pouvoir mental qui est sa condition dominante non commune. Sans le pouvoir sensoriel correspondant, la perception ne pourrait pas se développer. Ce n’est pas parce que nous possédons l’organe œil par exemple que forcément nous pouvons voir. S’il n’y a pas le pouvoir sensoriel de l’œil, même si nous avons nos deux yeux, nous ne pouvons voir. Parce que la perception de l’œil dépend avant tout du pouvoir sensoriel de l’œil. Toujours dans le livre « Comment comprendre l’Esprit », il est mentionné que :  « Le pouvoir sensoriel de l’œil est un pouvoir intérieur, ou énergie qui réside au centre même de l’organe œil, dont la fonction est de générer directement la perception de l’œil« . Si nous n’avons pas ce pouvoir sensoriel de l’œil ou que ce dernier est défectueux, nous n’allons pas pouvoir voir. De même avec l’oreille, l’organe oreille, sans le pouvoir sensoriel de l’oreille, parce que absent ou défectueux, soit nous n’allons pas pouvoir entendre, soit nous allons entendre mal.

Ce que nous connaissons à travers nos perceptions sensorielles nous aide à générer un esprit conceptuel, c’est-à-dire une pensée qui appréhende son objet par l’intermédiaire d’une image. Lorsque nous disons que « Tout est création de l’esprit » cela veut dire que celui-ci crée une image de l’objet. Lorsque nous observons une bougie allumée, aucune bougie allumée ne se trouve dans notre esprit, mais seulement son image générique. Et à partir de cette image  l’esprit génère une perception conceptuelle en imputant une désignation, une étiquette « bougie » à cet objet perçu. Selon le même processus de raisonnement nous pouvons développer la réflexion pour l’oreille, la langue, le nez et le toucher.

Rédigé d’après mes révisions du livre « Comment comprendre l’Esprit », sujet du Programme fondamental enseigné en 2016 au Centre Atisha de Genève.

Crédits Illustrations http://fr.123rf.com

Méditation : La nature conventionnelle de l’esprit

Préalable : Cette méditation dure une vingtaine de minutes. Assurez-vous de ne pas être dérangé par le téléphone, par les membres de votre entourage et animaux domestiques. Choisissez un endroit tranquille, loin de bruits habituels susceptibles de vous distraire. Étant donné la durée de cette méditation, une fois celle-ci terminée, accordez-vous un moment de transition avant de reprendre toute activité.

Installez-vous confortablement avec le dos bien droit en ayant au préalable vérifié de ne pas être dérangé pendant la durée de cette méditation.
Clarté-Esprit-01Portez simplement toute votre attention sur votre respiration naturelle en percevant l’air qui effleure vos narines en inspirant et en expirant.
Laissez votre respiration naturelle vous accompagner pendant quelques instants tout en laissant momentanément toutes vos préoccupations de côté.
Sentez progressivement un état de calme s’installer en vous et faites ceci pendant quelque instants encore.
[pause 2 minutes]

Clarté-Esprit-04Puis contemplons maintenant ce que nous allons entendre.
Nous avons tous un esprit, mais savons-nous vraiment ce qu’il est?
Si quelqu’un nous demande la vraie nature de celui-ci, comment il fonctionne, nous sommes incapables de donner une réponse précise.
Parce que nous n’en avons pas une compréhension claire, habituellement nous pensons que l’esprit est notre cerveau.
Mais le cerveau est un organe physique matériel, une partie de notre corps.
Or l’esprit n’est pas une partie de celui-ci, il est un continuum complètement dépourvu de matière et de forme qui ne peut se voir au sens de notre vision.
Il est principalement situé dans la région du chakra du cœur.
Contrairement à la flamme d’une bougie, qui elle est produite par la cire de celle-ci, l’esprit lui n’est pas produit par le corps.
Et quand le corps meurt, l’esprit persiste et va vers la prochaine existence.
La nature de notre esprit lui-même est clarté, une lumière aussi vaste que l’univers dans laquelle tout, absolument tout se passe.
Sa fonction est de tout connaître. Ainsi, il a le pouvoir également de connaître toute chose, où que ce soit et simultanément partout.
Seul l’esprit a le pouvoir de connaître et de comprendre les objets.
Lorsque nous disons que nous comprenons quelque chose, c’est seulement parce que notre esprit comprend cette chose.
Toutes nos pensées, nos paroles et nos actions physiques dépendent entièrement de notre esprit.
Notre esprit est le créateur de toute chose.
Tout ce que nous pensons, que nous voyons, entendons, sentons, goûtons ou touchons à travers nos perceptions sensorielles est créé par l’esprit.
Comprendre que tout est créé par l’esprit nous aide à comprendre son pouvoir.
Chaque être vivant est sous le contrôle de son esprit.
L’esprit lui-même est un champ clair et universel de connaissances qui a le pouvoir de tout créer.
[pause 2 minutes]
Tout en restant dans la claire lumière de notre esprit, essayons maintenant de gagner une expérience personnelle, en contemplant ce qui suit :
Clarté-Esprit-03Puisque notre esprit est le créateur de tout, il peut percevoir toute forme et peut se manifester sous toute forme.
Puisque notre esprit n’est pas un son, il peut entendre et émettre tous les sons.
Puisque notre esprit n’est pas une odeur, il peut sentir toute odeur et toutes les odeurs proviennent de lui.
Puisque notre esprit n’est pas le toucher, il peut avoir toute sensation et peut tout éprouver.
Puisque notre esprit n’est pas le goût, il peut goûter à tout et créer toute saveur.
Puisque notre esprit n’est pas une pensée, il peut penser à tout et générer toute pensée.
Puisque notre esprit est le créateur de tout, il peut tout créer.
Puis sur la base de cette contemplation, essayons de générer le sentiment de la présence de l’esprit lui-même et de rester dans sa nature égale et immuable.
Imprégnions-nous de ces affirmations pendant quelques instants encore.
[pause 2 minutes]
Si une distraction se manifeste, réalisons que c’est un objet de notre esprit et non notre esprit lui-même. Ce n’est qu’une pensée dans notre esprit et en comprenant ceci, laissons-la simplement disparaître tout en reportant notre attention sur l’esprit lui-même.
Laissons cette distraction se dissoudre dans notre esprit comme un nuage se dissipe dans un ciel clair et revenons une fois encore dans le calme immuable de notre esprit.
[pause 1 minute]
Si une image se manifeste, réalisons toujours que c’est un objet de notre esprit et non l’esprit lui-même.
Ce n’est qu’une image mentale dans notre esprit que nous laissons simplement s’éloigner, semblable à un nuage qui se dissipe dans un ciel clair et revenons  dans le calme immuable de notre esprit.
[pause 1 minute]
Si un son se manifeste, réalisons que ce n’est qu’un objet de notre esprit et non l’esprit lui-même. En l’entendant, laissons ce son se dissoudre tel un nuage dans le ciel clair de notre esprit.
[pause 1 minute]
Si une perturbation mentale se manifeste, nous réalisons qu’une fois encore c’est un objet de notre esprit perturbé et non l’esprit lui-même. Ce n’est qu’une pensée dans notre esprit.
Clarté-Esprit-02En focalisant toute notre attention sur l’esprit lui-même, nous laissons également cette perturbation se dissoudre dans notre esprit comme un nuage se dissipe dans un ciel clair.
Et comme toujours dans ces cas, nous nous concentrons sur la sensation de calme immuable de notre esprit.
Cette sensation est notre objet de méditation placée sur lequel nous restons le plus longtemps possible, durant quelques minutes encore.
[pause 3 minutes]
Puis progressivement, nous revenons dans notre perception ordinaire des choses et sortons de notre méditation.

Méditation compilée à partir d’un enseignement donné par Kadam Ryan au Centre Atisha de Genève.

Nourrir notre nature de félicité

Nous mettons tant d’énergie à trouver cette sensation de félicité en nous sans la trouver, alors qu’elle est déjà là. Nous mettons tant d’énergie à développer quelque chose qui est déjà là en nous, alors il suffit d’enlever tout ce qui empêche de le découvrir. Cela est pareil Felicite-01lorsque nous cherchons désespérément nos lunettes alors que celles-ci sont sur notre nez. Nous pensons devoir chercher nos lunettes parce que nous ne voyons pas très clair, alors que celles-ci sont sur notre nez mais couvertes de saleté. Le monde que nous percevons est conforme à ce à quoi nous prêtons attention. Bien souvent nous sommes obnubilés par les effets pervers de nos perturbations mentales et oublions notre vraie nature. Au lieu de nous identifier à nos perturbations mentales nous serions bien inspirés de reconnaître notre potentiel de pure félicité et de nous connecter à lui.

Felicite-02Notre état d’esprit est semblable à ce que nous pensons. Si nos pensées sont tristes et pessimistes notre esprit l’est également. Tandis que si nos pensées sont joyeuses et empreintes de félicité nous nous sentons légers et pleins de joie. Le fait par exemple de se réveiller de mauvaise humeur est capable de nous empoisonner toute la journée si nous ne voyons pas une meilleure alternative. Nos perturbations mentales nous attirent comme un aimant et plus elles sont présentes plus elles nous conditionnent. Si nous arrivons à mettre une distance de sécurité entre elles et nous, nous pouvons momentanément nous libérer de leur influence. En ne donnant pas notre assentiment à ce qui nous met de mauvaise humeur, naturellement nous faisons la place à ce sentiment de félicité.

Il arrive parfois qu’un souvenir négatif se manifeste de manière récurrente dans notre esprit. Celui-ci conditionne fortement notre manière de penser. À chaque fois il active une potentialité similaire, une graine négative qui, s’ajoutant aux autres graines, finit par prendre en otage notre esprit. Ces souvenirs projetés dans l’avenir sont telles des prophéties qui finissent par se réaliser. Voici un exemple pour illustrer cela. Une personne de mon entourage se plaint continuellement d’être seule parce que toutes ses tentatives de trouver l’âme sœur échouent. Elle pense : « Je n’arrive à rien dans mes relations, je suis nulle et me sent abandonnée de tous ceux que je rencontre ». Elle répète cette phrase comme un mantra. Ce faisant elle entretient cette potentialité « d’être abandonnable ». Alors je lui ai posé la question : « Y a-t-il dans ta vie une fois où tu t’es sentie acceptée et accueillie et que tu étais heureuse ? ».

Il suffit souvent de changer notre façon de voir et les choses et les événements que nous regardons changeront. Je me souviens encore quand à un certain moment de mon burnout au printemps 2012, alors que je m’enfonçais dans la dépression, avoir ainsi changé ma façon de percevoir. Il m’a suffi de me connecter le plus souvent possible à ma nature profonde, ce sentiment de félicité, pour que progressivement je retrouve ma sérénité. Lorsque nous sommes accablés ou confus, il nous vient instinctivement le besoin de soupirer profondément. Felicite-03S’il procure un soulagement physique immédiat, ce soupir libérateur est le seuil de la porte qui donne accès à ce sentiment de félicité. Il nous suffit juste prendre conscience de cela pour sortir de la confusion. Celui-ci peut prendre mille aspects différents à chaque moment de notre vie, comme par exemple une saveur particulièrement agréable, l’enchantement d’un beau coucher de soleil, le souvenir d’une musique ou toute autre chose. Ce sentiment de félicité est notre nature divine, notre nature de bouddha. Alors si petit soit ce sentiment, en enlevant tous ce qui nous empêche de le manifester, nous pouvons progressivement nourrir notre nature de félicité.

Méditation La clarté de l’esprit

Lorsque vos pensées chaotiques produisent une grande confusion dans votre esprit, cette petite méditation sur la clarté de l’esprit vous aidera à retrouver le calme en vous. c’est seulement alors que vous pouvez avec calme et discernement vous orienter vers vos activités. vous pouvez sans autre faire et refaire cette méditation en toute circonstance.

  • Installez-vous dans une position confortable, assis le dos bien droit.
  • Les bras détendus, la tête est un peu inclinée.
  • Les yeux sont entre-ouverts avec le regard défocalisé, ce qui empêche l’excitation mentale.
  • Cherchez à vous détendre en ajustant votre posture, ceci afin d’éliminer tout inconfort physique.
  • Portez à présent votre attention à l’intérieur de vous et prenez conscience de vos pensées et de toutes ces activités mentales.
  • Observez ce flot de pensées et de sensations qui accaparent et envahissent votre esprit.
  • Vous allez progressivement vous déconnecter du bruit ambiant de tout ce qui vous perturbe en ce moment précis.
  • Pour cela, commencez à vous détendre dans cette position en laissant toute distraction se dissiper.
  • Laissez-vous simplement vous détendre au rythme de votre respiration naturelle en portant votre attention sur le flux de l’air qui entre et qui sort par vos narines.
  • Nuage-05[Pause 1 min. suivie d’un gong]
  • Tout en continuant de respirer calmement, pensez que votre esprit est semblable à un ciel d’été parsemé de nuages plus ou moins nombreux.
  • En ce moment, toutes vos pensées et vos préoccupations sont semblables à ces nuages.
  • Ces nuages prennent naissance à partir d’un ciel limpide puis se dissolvent en lui.
  • De la même manière vos pensées et vos sensations apparaissent de l’espace intérieur de votre esprit puis se dissolvent en lui.
  • [Pause 1 min. suivie d’un gong]
  • Peu importe à quel point le ciel est nuageux, le ciel lui-même est par nature clair et limpide.
  • Nuage-07Et quand les nuages se dissipent, le ciel bleu apparaît à nouveau.
  • De la même manière, peu importe à que point notre esprit est agité, il reste un continuum de clarté n’ayant aucune forme et aucune caractéristique physique.
  • Quand les pensées se dissipent nous découvrons la nature claire de l’esprit.
  • Essayez de voir que ces pensées ainsi que toute activité mentale, sont simplement des phénomènes qui n’ont ni forme ni aucune caractéristique physique et qui naissent dans l’espace de votre esprit.
  • Continuez à observer le flot de vos pensées, observez-les simplement sans les suivre. Regardez comment elles disparaissent progressivement comme les nuages qui se dissolvent.
  • [Pause 1 min. suivie d’un gong]
  • Il en va maintenant de même de toutes vos préoccupations et de tous vos soucis qui, comme les nuages, s’évaporent dans l’espace infini de votre esprit.
  • Nuage-08Chaque fois qu’une pensée nouvelle commence à apparaître, ne la suivez pas. Observez-la simplement puis laissez-la se dissoudre dans la clarté de votre esprit.
  • Cette clarté est votre objet de méditation. Placez votre concentration sur cette clarté de votre esprit, et prenez plaisir à la paix intérieure qu’elle vous procure.
  • [Pause 5 min. suivie d’un gong]
  • Vous pouvez maintenant relâcher doucement votre attention pour sortir gentiment de votre méditation.
  • Puis, lorsque votre activité mentale normale réapparaît, essayez de ne pas perdre cette sensation de paix intérieure.
  • Cette expérience de clarté et de paix imprègne toutes vos pensées et toutes vos sensations de sorte que votre esprit reste en permanence paisible.
  • Vous pouvez maintenant graduellement ouvrir les yeux, et sortir de votre méditation.

Nos pensées sont comme le sillage d’un avion

Par une belle journée ensoleillée, j’observais le ciel bleu immense au-dessus de moi. Soudain, venant de l’horizon, un avion traversa le ciel. Il laissa derrière lui une trace de vapeur d’eau d’un blanc lumineux qui contrastait avec le bleu profond de la voûte céleste. Alors que l’avion poursuivait sa trajectoire, sa trace d’abord rectiligne se tordit et se courba au gré des courants. Quelques instants plus tard, elle s’effilocha en morceaux. Ceux-ci, de plus en plus légers s’atrophièrent pour finalement disparaître.

L’avion représente une pensée qui nous tracasse et sa trace l’empreinte de cette pensée sur notre esprit. Telle une pensée, qui est la création de notre esprit, l’avion est sorti de nulle part pour disparaître un moment plus tard. La trace pas plus que l’avion n’ont d’existence inhérente : les deux existent en relation dépendante. Pas d’avion pas de trace, pas de trace pas d’avion.

Ne dit-on pas « qu’une pensée traverse l’esprit »? De nombreuses pensées traversent le ciel de notre esprit à chaque instant, laissant derrière elles de nombreuses traces qui obstruent notre esprit.

Observez comment vos pensées, semblables à cet avion traversent le ciel de votre esprit. Leur présence est pareille à cette trace laissée par l’avion. Vos pensées, elles aussi vont dans tous les sens, se tordent, s’effilochent pour finalement disparaître. Contemplez, ce spectacle sans vouloir intervenir par la volonté ou l’attention. Car sinon vous allez créer une nouvelle pensée qui à son tour laissera une nouvelle trace dans le ciel de votre esprit. Poursuivez votre contemplation jusqu’à ce que votre ciel soit libéré de toutes traces, autrement dit que votre esprit soit libéré de toutes pensées perturbantes.