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Réflexions sur la motivation

Dans deux semaines, nous allons prendre de bonnes résolutions pour toute l’année à venir. Mais au fait que reste-t-il celles que nous avons prises au début de cette année? Nombreuses sont celles que nous n’avons pas accomplies ou que nous avons oublié d’appliquer dans notre vie. Pourquoi? Parce que peut-être nous avons surestimé notre capacité à les tenir et nous nous sommes découragés. Ou bien peut-être parce que nous en avons-nous pris beaucoup trop et forcément nous ne sommes pas arrivés à toutes les accomplir. Ou bien encore parce que au fil du temps nous avons pensé que cela en valait pas la peine. Tous ces arguments ont pour origine notre esprit, et plus précisément notre état d’esprit au moment de la décision. D’après le dictionnaire, la motivation est un processus qui détermine Motivation-02notre engagement dans une action. Par manque de motivation, ceci explique en partie pourquoi nous avons réussi à faire telle chose et pas telle autre et d’autres de façon incomplète.

Du point de vue spirituel, l’orientation de notre motivation détermine l’orientation du karma que nous allons créer. De même que les expériences actuelles de notre vie découlent du karma que nous avons créé par le passé, conditionnées par notre motivation d’alors. Ainsi, si nous manquons de motivation aujourd’hui c’est parce que nous faisons l’expérience de tendances similaires que nous avons eu auparavant. L’esprit est le créateur, le metteur en scène de tous les actes de notre vie. C’est pour cette raison que lorsque nous regardons le monde, nous examinons le reflet, le miroir de notre propre esprit. De la même manière tous nous regardons le monde, mais celui-ci apparaît à chacun différemment selon la réflexion qui dépend du karma propre à chacun. Dans ce sens, nous regardons tous la même chose, mais juste à partir de points de vue différents. Si nous voulons changer, nous devons revoir la pertinence de notre motivation.

Le miroir de chacun est le  reflet de son propre samsara. Lorsque nous examinons le miroir de notre esprit, celui-ci reflète un monde donné. À un autre moment, le même miroir reflète une autre situation, un autre monde. L’orientation de ce miroir dépendra essentiellement de notre esprit et de la motivation avec laquelle nous sommes capables d’engendrer à ce moment précis. En d’autres termes le positionnement de notre miroir dépendra de notre motivation. Lorsque Bouddha nous dit que la nature du samsara est la souffrance, nous ne devons pas être surpris que tant de problèmes et de souffrances fassent partie intégrante de notre vie ordinaire. Dans son livre « La Voie joyeuse » Ghéshé Kelsang écrit, je cite :  » Pour les êtres samsariques, chaque expérience de bonheur ou de jouissance qui provient des plaisirs du samsara est souffrance changeante. Ces expériences sont contaminées et sont dans la nature de la souffrance ».

Regardons plus précisément l’analogie du miroir. Ce qui remplit la fonction de miroir est la couche métallique déposée sur une face d’une plaque de verre. Quelle que soit son orientation nous pouvons observer dans celui-ci une image. Celle-ci est la projection du monde créé par notre esprit, notre samsara. Tout comme la couche métallique permet l’observation du monde qui nous entoure, les perturbations mentales de notre esprit permettent l’observation de notre samsara. De cette manière, en aucun moment le monde pur dissimulé derrière le miroir nous est accessible. Si maintenant nous supprimons la couche métallique, le miroir perd sa fonction et redevient une simple plaque de verre à travers laquelle une vision est possible. Par analogie, si nous purifions notre esprit de toutes nos perturbations mentales notre esprit devient pur et nous observons un pays pur. Et je reprends une citation de Vénérable Ghéshé-la : « Lorsque l’esprit est pur, tout est pur ».

Motivation-01Pour revenir à la motivation, nous comprenons que si nous pratiquons par exemple une discipline morale avec motivation mondaine, les résultats que nous obtiendrons seront de nature mondaine, car le karma qui mûrit lui aussi sera de cette nature. Et si nous obtiendrons à l’avenir une richesse, celle-ci sera dans un contexte mondain et limité. Au mieux, les effets de cette discipline se manifesteront dans notre seule vie actuelle. Mais si le facteur mental qui « booste » notre motivation nous laisse entrevoir la possibilité d’avoir un effet sur nos vies futures alors nous pouvons voir toutes nos actions, si petites et insignifiantes soient-elles, comme un investissement pour l’accomplissement de notre libération du samsara, puis de notre illumination.

Autrement dit, nous somme confinés dans un espace clos, notre samsara, dans lequel les fenêtres sont des miroirs tournés vers l’intérieur. Ces derniers nous empêchent d’être visuellement en contact avec les pays purs qui sont à l’extérieur de notre prison. En purifiant notre esprit de ses perturbations mentales, causes de notre souffrance, nous verrons à  travers les fenêtres dépourvues de miroirs et le samsara disparaîtra pour nous à tout jamais.

Rédigé d’après mes notes personnelles du Cours fondamental donné à Genève en 2005et à partir d’une révision de celles-ci.

Est-ce moi qui regarde le monde ou le monde qui me regarde?

Monitoring-03Le monde qui nous apparaît est celui auquel nous prêtons attention. Comment bien comprendre cela. Dans le passé, la communauté scientifique affirma à maintes reprises que seul ce qui pouvait être observé, analysé, mesuré existait. Si l’hypothèse de l’existence d’une chose n’était pas vérifiée elle conduisait naturellement à la conclusion de l’inexistence de celle-ci. Cette réflexion me conduisit au constat suivant que : « Rien n’existe de manière intrinsèque, de son propre côté, mais existe en relation dépendante de l’esprit qui perçoit. C’est lorsque mon esprit perçoit un objet, que je peux le designer, le nommer ». Nous disons alors que les objets existent de manière conventionnelle.

Monitoring-07Imaginez que vous vous observer dans un miroir. Celui-ci vous renvoie votre image conforme à qui vous êtes en ce moment. Vous ne pourriez pas imaginer l’absence de votre image dans le miroir. Cette image existe en dépendance de votre présence devant le miroir. Si cette image avait une existence intrinsèque, elle existerait indépendamment de votre présence et par exemple, une fois partit, quelqu’un d’autre pourrait la voir! Ainsi, de la même façon que votre esprit perçoit votre visage dans le miroir, celui-ci perçoit toute chose dans le champ de votre vision.

People-01Imaginez maintenant que vous remarquez que quelqu’un vous regarde en ce moment. Si vous l’avez remarqué, c’est bien parce que vous regardiez cette personne. Dans le cas contraire, vous n’auriez pas aperçu cette personne qui vous regardait et dès lors cette personne pour vous n’existerait pas. Ce qui démontre que la personne observée n’existe qu’en dépendance du regard de l’observateur. Autre exemple : Une personne dans votre champ de vision semble vous regarder avec insistance au point que vous pensez : « Qu’est-ce que j’ai d’étrange pour qu’elle me regarde comme cela? ». Alors qu’en fait ce n’est pas vous qu’elle regarde mais quelqu’un juste derrière vous ! Quelle méprise ! Pourtant vous aviez la certitude que c’est vous qu’elle regardait. Et l’autre personne, complètement obnubilée par celle qui était derrière vous, ne vous avait probablement même pas remarqué.

Que s’est-il passé dans votre esprit? La présence de la personne qui vous observe agit comme un écho karmique qu’une graine potentiellement mûre vient d’activer en vous. Parfois la nature de cette graine ou la perturbation mentale qui est à son origine peut ne pas être évidente et mérite votre attention. D’autres fois cela paraît très clair et un travail intérieur peut commencer, comme par exemple dans le cas de timidité ou une mauvaise image de soi que la situation révèle. En fait, tout ce qui vous apparaît, sans exception agît tels d’innombrables échos karmiques qui interfèrent avec les graines potentiellement mûres présentes dans votre esprit. Nous ne devrions pas nous laisser piéger par notre ignorance de la saisie du soi qui tente systématiquement de nous faire croire à l’existence intrinsèque des objets perçus. Comme effectivement tout se passe dans notre esprit, nous sommes directement concernés par ce que nous percevons.

 Silhouette-Tunnel-01Nous pouvons imaginer notre esprit en tant que téléspectateur d’une multitude d’écrans qui constituent le tissu de notre esprit. Nous avançons dans un environnement dynamique semblable à une interminable galerie tapissée d’écrans. Chaque écran produisant une image en trois dimensions est conforme à notre perception visuelle et correspond au déroulement de notre vie actuelle. Si bien que, lorsque nous prêtons attention à un écran, nous nous imprégnions de son contenu qui n’est autre qu’un aspect karmique de notre esprit. Nous poursuivons notre vie continuellement confronté au mûrissement de nos expériences. À chaque pas de nouvelles images apparaissent et grâce aux enseignements du dharma, nous pouvons leurs donner une signification qui nous feront progresser vers la libération du samsara. En conclusion : « C’est bien moi qui regarde le monde! Et si je change ma manière de le regarder, le monde que je perçois changera! »

L’esprit, le réalisateur de votre vie

Film Réalisat-02Dans les enseignements de Bouddha il est dit que « Tout est création de l’esprit ». Dans ce sens le monde que nous percevons est le monde auquel nous prêtons attention. De tout ce que nous percevons nous en projetons une image dans notre esprit. Lorsque nous percevons une bougie allumée devant nous une image de cette bougie est projetée dans notre esprit. Il ne saurait y avoir de bougie à l’intérieur de nous. Selon notre état d’esprit nous projetons un monde paisible ou un monde tourmenté par divers problèmes et souffrances. Pour mieux vous aider à comprendre cela, il m’est venu l’idée de la métaphore de la réalisation d’un film.

Vous êtes le réalisateur du film de votre vie et votre esprit « tient » la caméra. La mise en scène résultante est conforme au scénario qui suit fidèlement le script dicté par votre karma. Il n’y a dans le film strictement que ce que votre esprit perçoit au moment du tournage de votre expérience. Ce qui est en dehors du cadrage n’a pas été filmé et donc n’existe pas dans le film. Rien mis à part ce qui a été filmé n’existe. Que vous projetiez le film sur un petit ou un grand écran il n’y aura pas plus de contenu. Vous dirigez l’objectif de votre caméra dans une direction déterminée selon les graines karmiques qui mûrissent dans votre esprit.

Film Réalisat-01L’environnement et les objets présents devant la caméra forment le décor. Les gens avec lesquels vous êtes sont les personnages de votre film. Ils existent dans le rôle bien spécifique que vous leurs avez attribué en fonction de votre scénario. Chacun et chacune n’ont pas d’existence propre mais se manifestent uniquement en relation dépendante de votre état esprit du moment. Votre situation karmique détermine si vous êtes dans une romance ou dans un film d’horreur. Il se peut très bien que vous répétiez encore et encore une même scène, avec les mêmes acteurs ou avec d’autres.

Que faut-il comprendre de cette métaphore ? Nous avons une perception subjective de notre univers parce que vu à travers la lentille de notre esprit influencé par le mûrissement de notre karma. L’univers n’est pas en nous, seule une image de celui-ci se projette en nous à la manière d’un film. Par ignorance de saisie du soi nous sommes pourtant convaincus de l’existence intrinsèque des phénomènes et des gens que nous observons. Or ce ne sont que des images projetées par notre esprit. Si le scénario de notre film ne nous convient pas, nous pouvons à chaque instant le modifier en changeant notre état d’esprit et en changeant notre perception.

Film Réalisat-03En maintenant notre vigilance sur notre façon de percevoir ce qui apparaît dans notre vie, nous pouvons continuellement pratiquer la vertu et éviter ce qui est non vertueux, source de souffrance. En d’autres termes, il ne tient qu’à nous de créer un scénario agréable et sans souffrance. En éliminant de notre esprit les trois poisons que sont l’attachement, la colère et l’ignorance, celui-ci deviendra de plus en plus pur. Finalement quand l’esprit est pur ses créations seront pures et nous vivrons dans un monde pur.

burnout, a few days later

La nuit passée, j’ai fait un rêve étrange. j’étais dans un paysage urbain complétement dévasté. j’avais pourtant le sentiment d’être dans un endroit très familier. Les objets, ou ce qu’il en restait me rappelaient leur fonction et leur rôle dans ma vie. À quatre pattes, à même la terre boueuse et détrempée par le passage du tsunami, je fouillait de mes mains les décombres, à la recherche de ce qui pouvait encore être utile et fonctionnel. Avec consternation, je réalisai que peu de choses avaient résisté  à la force des éléments.

Alors me vint à l’esprit les paroles de Bouddha : « Tout ce qui sera rassemblé, sera finalement dispersé ». Ainsi mon attachement à ces objets matériels aurait tant voulu qu’ils soient encore intactes afin que je puisse  toujours encore en profiter … mais à quoi bon finalement, ce ne sont que des objets sans valeur pour mon esprit qui, tôt ou tard devra y renoncer. Je devais pratiquer le renoncement tout simplement.

Acceptant, mon désappointement et mon incapacité à reconstruire ce qui avait été détruit, je levai les yeux pour percevoir plus loin ce qui m’entourait. c’est alors que j’ai eu une sensation étrange et inconfortable qui, d’une certaine manière, me rappelait une autre citation de Bouddha « Voir nos actes dans le miroir du dharma ». Tout autour de moi, plus ou moins rapprochées se tenaient debout des silhouettes complétement translucides! Elles ne reflétaient aucune image. À travers elles je pouvais voir le paysage derrière elles aux alentours. Cette vision me glaça le dos. Alors la question me vint : « Comment puis-je apprendre de mes actes passés, si abominables soient-ils, si je ne vois même pas à quoi ils ressemblent???? À la fois j’étais entouré de personnes soit disant familières, puisque création de mon esprit et d’autre part d’être absolument seul, seul au milieu d’un paysage apocalyptique où tout me paraissait si étrange et si étranger à ma vie.

Après avoir médité ce matin sur ce rêve si étrange, en regardant la statue de Vajrasattva juste devant moi sur mon bureau, j’entendis au fond de mon cœur ses paroles : « Je suis Vajrasattava, mais également une émanation de ton Guide spirituel. Alors aie confiance en moi et prends refuge constamment en les Trois Joyaux et tout ira mieux.

Voir nos défauts dans le miroir du dharma

Aspect scientifique

Depuis notre naissance, nous considérons le monde dans lequel nous vivons comme possédant une réalité matérielle absolue. Par ce conditionnement, nous évoluons dans notre vie avec cette vision des choses. Toutes les informations que nous possédons sur le monde extérieur  nous sont fournies par nos cinq sens. Le monde que nous connaissons consiste en ce que nos yeux voient, nos oreilles entendent, par les odeurs que nous sentons, les saveurs de tout ce que nous goûtons et par tout ce qui entre en contact avec notre peau. L’homme depuis sa naissance dépend uniquement de ses cinq sens. Et le monde extérieur ne lui est connu qu’à travers eux.

Afin de mieux saisir le mécanisme de notre perception de la matière, rappelons succinctement comment fonctionne notre sens de la vue, qui nous apporte la majeure partie de l’information sur le monde extérieur. Tout objet exposé à la lumière réfléchit une partie de celle-ci sous forme d’ondes lumineuses perçues par nos yeux. Ces ondes lumineuses traversent le cristallin de notre œil et viennent imprimer une image optique sur la rétine. Celle-ci est ensuite acheminée sous forme de stimuli sensoriels vers une partie spécifique du cerveau appelée centre de la vision. À ce moment-là il faut bien comprendre que c’est une image et non l’objet qui se trouve à l’intérieur de notre cerveau.

C’est cette image que notre esprit perçoit. Ainsi, quand nous disons que nous voyons, ce sont les signaux électriques résultants de notre vision qui sont finalement perçus par notre esprit. En d’autres termes, notre esprit a une perception subjective de ce qui est supposé être à l’extérieur. C’est notre ignorance qui nous fait croire que quelque chose existe de façon inhérente à l’extérieur de notre esprit. En réalité ce ne sont que des images virtuelles perçues par un esprit dont l’état change constamment. De la même manière nous pouvons appliquer ce raisonnement à nos autres sens.

Aspect spirituel

Puisque l’interprétation du monde « extérieur à notre esprit » dépend essentiellement de notre état d’esprit, nous percevons les choses de manière changeante. Ainsi, selon les perturbations mentales actives à un moment donné, notre perception de la réalité est elle aussi changeante. Par exemple, si nous sommes de mauvaise humeur, nous avons l’impression que tout se met de travers dans notre vie. Tandis que si nous sommes de bonne humeur, au contraire nous avons tendance à voir la vie positivement. Autrement dit, les expériences que nous traversons sont essentiellement dépendantes de notre état d’esprit.

Alors, au lieu de nous épuiser à vouloir changer ce que nous croyons à tort être à l’extérieur, si nous voulons que quelque chose change dans notre vie nous devons changer l’image que nous en avons, en changeant notre état d’esprit. En prenant chaque situation vécue comme le reflet de notre esprit qui observe sa propre image dans un miroir, il nous appartient d’en changer et de retrouver la paix dans notre esprit. « Changez votre façon de voir les choses, et les choses que vous regardez … changeront! »