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À cause de l’ignorance …

Bien que dans le bouddhisme le développement de l’amour et de la compassion soit considéré comme très important, l’éradication de l’ignorance est une tâche très importante aussi. Rien n’est plus important que cela. Et pourquoi? Parce que l’ignorance est notre pire ennemi. Elle est la cause racine de toutes nos actions négatives du corps, de la parole et de l’esprit. Et ainsi la cause ultime de toutes les souffrances dont nous faisons l’expérience.

Ceci, il nous faut l’apprendre de façon très claire.

  • À cause de notre ignorance, nous trouvons difficile, d’être en lien avec ce que nous observons.
  • À cause de notre ignorance, nous trouvons difficile de voir le lien que nous avons avec les choses que nous voyons dans le monde.
  • À cause de notre ignorance, nous trouvons difficile de nous sentir responsables de ce que nous voyons dans le monde.
  • À cause de notre ignorance, nous trouvons difficile de croire au karma, et de prendre la responsabilité de nos actions et de nos expériences dans le monde.
  • À cause de notre ignorance, nous trouvons difficile de pouvoir purifier les actions négatives du passé.
  • À cause de notre ignorance, nous trouvons difficile de nous retenir de commettre des actions négatives dans l’avenir.
  • À cause de notre ignorance, nous trouvons difficile d’accepter de croire que tous nos problèmes proviennent de notre esprit et non pas de l’extérieur.

Alors qu’en fait, tous nos problèmes et toutes nos souffrances proviennent de notre esprit. Tous les problèmes et toutes les souffrances proviennent  de l’ignorance à l’intérieur de notre esprit. En réalité tous les problèmes du monde, y compris ceux qui se passent dans les pays en conflit aujourd’hui, ce qui se passe dans les camps de réfugiés proviennent de notre ignorance.

Tous les problèmes de contamination, de pollution et de la destruction de notre environnement, y compris la construction d’armes nucléaires destructives  sont le résultat de l’ignorance des êtres vivants et des êtres humains. Ceci, il faut le comprendre très clairement. Cette ignorance n’est pas seulement ne pas savoir, ce n’est pas une confusion passive. Cette ignorance est une incompréhension puissante fondamentale en ce qui concerne la nature de la réalité. Cette ignorance vient de notre esprit.

[De diverses notes prises lors de l’enseignement public donné par le Vénérable Gen Tarchin, à Genève en juin 2007]

Apprendre à accepter la souffrance

La souffrance est un état d’esprit, qui survient le plus souvent lorsque notre ignorance de saisie du soi, croit qu’il y a vraiment là en ce moment quelque chose ou une situation à l’extérieur de nous et qui nous fait souffrir. Notre esprit éprouve de l’aversion, de la colère ou une simple frustration face à une situation contrariante. C’est un état d’échec inavouable face à une situation non voulue.

Pour accepter la souffrance, nous devons trouver une façon réaliste de négocier avec de telles situations. Comme déjà mentionné par ailleurs, nous avons dans chaque situation deux possibilités. Une solution simple, immédiate et disponible et le problème est ainsi résolu sans complication supplémentaire. Soit aucune solution simple et immédiate n’est disponible et nous devons rechercher la meilleure stratégie pour nous défaire de cette situation inconfortable. Dans ce dernier cas, la colère, l’aversion, la frustration sont autant de souffrances supplémentaires que nous pouvons éviter.

Pour être à même de surmonter cette souffrance le premier pas est d’accepter que les choses ou les événements se soient passés différemment que prévu. Cela fait certes grincer les dents et nous fait bouillir intérieurement, mais c’est une étape nécessaire. Dans un cas aigu et critique il sera peut-être sage de faire appel à un médecin qui soulagera les conséquences physiques d’une telle situation.

Alors finalement comment accepter ce qui nous paraît inacceptable? De manière générale toute méthode envisagée est basée sur le fait que nous avons le choix de notre état d’esprit de répondre de manière constructive à la situation vécue. Prenez du recul dans votre esprit face aux événements et observez ce qui s’y passe. La « réponse » courante aux sensations désagréables à l’esprit est la colère. Le terme clé dans ce cas précis est le mot « réponse ». En fait nous ne devons pas répondre aux sensations désagréables de l’esprit par la colère. Essayons juste d’observer ces sensations désagréables.

Par cette expérience, nous pouvons nous rendre compte que les sensations désagréables proviennent de notre esprit et non pas d’un objet externe ou une situation extérieure. Cela nous aide à comprendre la nature de l’esprit. Nous devons mettre de la distance entre nous-mêmes et les sensations. Tant que nous nous identifions à nos sensations désagréables nous nous y attachons en leur donnant plus de pouvoir sur nous. Le fait de minimiser ou pire encore d’ignorer la présence de la sensation désagréable ne résout rien non plus. Par analogie, ce serait de dire à un enfant blessé « ce n’est rien » en tentant de lui apprendre la tolérance zéro par rapport à sa douleur!

Nous exagérons souvent notre propre inconfort, mais d’une perspective universelle ce n’est pas si catastrophique, mais nous y répondons comme si tel était le cas. On  peut vouloir affronter la « tempête » mais à ses risques et périls. Mieux vaut peut-être la laisser passer en restant au large.

Utiliser la situation de souffrance pour améliorer notre compréhension de la loi du karma. La loi du karma est un cas particulier de la loi de cause à effet, qui démontre notamment que toutes nos actions sont des causes et que toutes nos expériences en sont les effets. Il n’y a rien que nous puissions éprouver sans que nous n’en n’ayons créé la cause. Ainsi, lorsque nous souffrons dans une situation précise, cela est dû à la maturation de notre karma négatif, effet produit par nos actions non-vertueuses passées. Dans ce cas nous augmentons notre détermination d’abandonner toute action non-vertueuse ainsi que notre motivation de purifier tout karma négatif similaire à cette expérience. Car cela revient à avoir une bombe à retardement dans son dos et on ne sait jamais à quel moment elle va exploser.

Observez les sensations désagréables de la souffrance elles-mêmes comme une purification karmique : en éprouvant les effets et en purifiant les graines responsables de la situation. Nous pouvons par analogie voir cela comme le remboursement d’une très ancienne dette. Nous devons chercher à utiliser toute situation pour augmenter notre souhait d’échapper à la souffrance. D’une perspective bouddhiste nous sommes tous piégés dans le samsara et aussi longtemps que nous y resterons nous seront confrontés à la souffrance. C’est en nous libérant complétement du samsara que nous trouverons le vrai bonheur.

J’ai lu … le 9 mars 2012

Dans « Huit étapes vers le bonheur » Guéshé Kelsang Gyatso écrit :

Un homme plein de compassion trouva un jour un gros poisson au bord de la route. Il était tombé d’un chariot d’un pécheur et vivait encore. Voulant le sauver, l’homme le ramassa avec soin et le mit dans un étang non loin de là. Peu de temps après cependant, les habitants qui vivaient là s’aperçurent que tous les petits poissons avaient disparu de l’étang en question et seul y restait le gros poisson. Lorsqu’ils comprirent que le gros poisson avait mangé tous les autres, ils furent très irrités et le tuèrent. L’action compatissante de l’homme eut pour conséquence la mort de non seulement  de tous les poissons de l’étang, mais aussi du gros poisson qu’il avait essayé de sauver.

Cette histoire nous montre que, si nous souhaitons vraiment aider les autres, nous avons  besoin d’avoir plus que le simple désir compatissant de les aider. Il est nécessaire de développer aussi notre sagesse, car sans sagesse nos efforts pour aider pourront souvent avoir des retombées négatives.

En effet souvent, animés d’une grande compassion, nous cherchons à aider les autres pensant sans autre que nous en serons capables. Ainsi, persuadés de pouvoir le faire, nous sommes parfois finalement déçus, n’ayant pu faire grand-chose par ignorance ou par maladresse. Nous souffrons alors de ne pas avoir obtenu de résultat. En écoutant notre sagesse, nous sommes à même de savoir si la situation est à notre portée et si nous sommes capables d’aider vraiment.

Pourtant, il ne faut pas se laisser aller au découragement, mais persévérer dans nos actions. À chaque expérience, nous pouvons faire de notre mieux, sachant que le résultat ne nous appartient pas. Si notre intention est profonde et sincère, nous développons sur notre esprit les potentialités de pouvoir le faire à l’avenir jusqu’à ce que finalement nous obtiendrons effectivement un résultat.