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Notre démarche spirituelle

Comme cette démarche est un cheminement intérieur, celui-ci est balisé par des observations importantes décrites ci-dessous qui nous ont été transmises en introduction au programme fondamental « Huit Etapes vers le Bonheur » au Centre Atisha de Genève en 2008. J’ai revisité l’enregistrement de cet enseignement que je voudrais partager avec mes lectrices et mes lecteurs.

Dem-spirit-01Première observation. Chaque être sans exception, même le plus petit insecte, possède le désir fondamental, un objectif commun, celui d’être libre de toute souffrance et d’être heureux tout le temps. Toutes nos actions et tout ce que nous faisons contribuent à l’accomplissement de ce but. Au premier abord, ce n’est pas forcément évident de comprendre à quel point cela est vrai pour tous les êtres. Il nous semble plutôt que notre motivation principale est par exemple d’avoir un bon travail ou de fonder une famille ou tout autre objectif personnel dans la vie ordinaire. Et tout ce que nous faisons qui va dans cette direction nous paraît être la vraie raison. Mais si nous nous posons la question : « Pourquoi mon travail est-il si important, pourquoi tel objectif personnel est si important », nous ne tarderons pas à formuler la réponse : « C’est parce que cela contribue indirectement à notre bonheur ». À l’origine de tout objectif de notre vie se trouve la motivation d’être heureux et libre de souffrance, de faire uniquement l’expérience du bonheur.

Deuxième observation. Depuis des temps sans commencement nous avons eu ce désir essentiel pour nous de faire l’expérience d’un bonheur permanent, sans la moindre souffrance. Hélas. À ce jour nous n’avons pas réussi à accomplir ce que nous cherchions. Oui, bien sûr par moment nous rencontrons de courtes périodes de bonheur exemptes de souffrance. Mais souvent aussi nous sommes fatigués, stressés; nous nous sentons épuisés par les difficultés et les problèmes. Nous sommes parfois très impatients lorsque nos désirs ne se réalisent pas immédiatement dans notre vie. Il arrive que nous sommes déçus par la tournure de notre vie et pensons : « Ce n’est pas ainsi que j’avais imaginé ma vie! ». Nous avons l’impression que les problèmes et les contrariétés se succèdent comme les vagues d’un océan. Toutes ces expériences ont quelque chose en commun, c’est leur impermanence. Nous croyons avoir trouvé le bonheur que déjà il nous échappe, nous avons soulagé une souffrance que déjà une autre se manifeste.

Dem-spirit-02Troisième observation. La raison pour laquelle nous n’avons pas trouvé le bonheur est que nous n’avons pas adopté la bonne stratégie pour le trouver. Jusqu’à ce jour, nous recherchons principalement le bonheur dans les conditions extérieures, la possession de biens matériels, un bon travail, de l’argent en suffisance, un statut social, des amis, une famille et ainsi de suite. Dans notre société, nous pensons que le bonheur dépend de ces choses extérieures. Il suffit de regarder les innombrables publicités en tous genres qui nous font miroiter le bonheur comme un bien de consommation. Nous rencontrons dans notre entourage des gens qui ne sont pas reconnus pour la simple raison qu’ils ne possèdent pas ce qui est jugé comme la normalité dans notre société. Nous souffrons de vouloir trouver le bonheur par l’assouvissement de nos désirs samsariques. Nous n’avons pas le contrôle de notre réputation, de notre situation. Nous sommes comme un cerf-volant qui est poussé dans la direction du vent dans tous les sens, les vents de notre karma.

Quatrième observation. Le bonheur est un état d’esprit. Le bonheur est un phénomène intérieur. C’est une impression intérieure, une quantité d’émotions et de sensibilité manifestée dans notre esprit. Et s’il s’agit d’un phénomène intérieur sa cause doit forcément être intérieure. Notre bonheur dépend de notre esprit. Toutes les conditions extérieures de leur côté sont neutres, elles sont ni bonnes ni mauvaises, mais dépendent de notre esprit. Si nous sommes heureux avec un certain environnement et malheureux avec un autre, cela dépend uniquement de notre état d’esprit. Les conditions extérieures existent en relation dépendante de notre esprit. Si nous adoptons un point de vue positif et constructif, même si les conditions extérieures sont exécrables, nous sommes heureux.
Au contraire, si nous avons un point de vue négatif dans un environnement parfait, nous resterons malheureux. Et au lieu de se poser la question « Qu’est-ce qui se passe dans le monde extérieur? », posons-nous la question « Qu’est-ce qui se passe dans mon esprit? ».

Dem-spirit-04Cinquième observation. Si le bonheur est quelque chose d’intérieur, quel est l’ingrédient-clé qui permet de nous approprier cette sensation de bonheur? Que devons-nous ajouter à nos états d’esprit pour obtenir ce résultat? Bouddha nous enseigne que ce qui nous manque est la paix intérieure. Si notre esprit est en paix, nous sommes heureux. Si notre esprit n’est pas en paix, même si les choses extérieures sont parfaites, nous ne sommes pas heureux. Malgré toutes les améliorations que nous propose le monde actuel, les conditions extérieures seules ne nous rendront jamais heureux. Si nous voulons atteindre notre but qui consiste à être heureux tout le temps, nous devons apprendre à maintenir notre esprit en paix en toute circonstance. Aussi longtemps que notre esprit est privé de cette paix intérieure, de changer les conditions extérieures n’apportera aucune solution viable. Rien ne sert de vouloir transformer le monde pour qu’il soit conforme à nos désirs arbitraires il suffit juste de changer notre état d’esprit pour avoir cette paix intérieure.

Sixième observation. Quelles sont donc les causes de notre paix intérieure? Nous connaissons tous les états d’esprit qui détruisent notre paix intérieure. Ceux-ci sont le fruit de nos perturbations mentales. La colère, la jalousie, l’attachement, l’aversion, le doute, l’ignorance sont autant de causes de l’absence de paix intérieure dans notre esprit. Ce qui fait croître notre paix intérieure sont les états d’esprit vertueux tels que l’amour, la compassion, le contentement, l’appréciation de notre précieuse vie humaine. Plus nous cultiverons ces qualités plus notre esprit sera en paix. Sans perdre de vue le but de notre vie spirituelle qui est d’obtenir un vrai bonheur, libre de toute souffrance, nous devons progressivement abandonner toutes nos perturbations mentales et les remplacer par des états d’esprit vertueux. Nous n’avons plus besoin d’être malheureux dans les situations extérieures parce que chacune d’entre-elles nous offrent l’opportunité de générer le bonheur en contrôlant notre esprit.

Compilé d’après un enseignement de Kadam Ryan lors de l’introduction au Programme fondamental donné en septembre 2008 au Centre Atisha de Genève.

Notions d’imputation et de base d’imputation

En nous souvenant que la fonction de notre esprit est de percevoir et de connaître les objets et les phénomènes, lorsque nous percevons quelque chose, que ce soit un objet ou un phénomène, nous focalisons notre attention sur celui-ci. Cette création de notre esprit est une base d’imputation qui reçoit un nom, une désignation et dans ce contexte une imputation. Une imputation est donc un nom, une étiquette que nous apposons conventionnellement à un objet ou à un phénomène. Ce processus est activé continuellement dans notre esprit. En effet, nous remarquons qu’il suffit par exemple que nous dirigeons notre regard vers un objet pour qu’instantanément le nom Pomme-01de l’objet nous vienne à l’esprit. Faut-il encore que nous apposions la bonne étiquette à ce qui nous apparaît. Parfois il nous est difficile de trouver immédiatement celle-ci parce que peut-être l’objet de notre investigation ne nous est pas connu ou que nous l’avons oublié. Il faut que le nom que nous imputons à une chose corresponde à une base d’imputation valide. L’objet n’est pas une réalité absolue, mais existe en relation dépendante de causes et conditions, de ses parties et de notre esprit qui l’observe. Et sur la base de cela, nous nommons l’objet ou le phénomène en question.

L’objet n’existe pas de son propre côté, nous disons qu’il n’a pas d’existence intrinsèque. Nous ne sommes pas un simple spectateur qui observons « quelque chose » à l’extérieur de notre esprit, nous sommes le metteur en scène, le créateur de tout ce que nous percevons. Notre esprit projette sur un écran virtuel les éléments de sa création. Ce qui nous apparaît ne correspond pas à la manière dont les objets et les phénomènes existent vraiment, c’est-à-dire vides d’existence intrinsèque. Puisque ces images, ces phénomènes sont le résultat, le produit de notre réalisation d’où viennent-ils? Ils proviennent du mûrissement de graines karmiques. Comme l’activité de notre esprit est étroitement liée à notre continuum mental, dès les premiers jours de notre vie, celui-ci met en scène notre vie sur la base d’un script qui est en fait le développement de notre karma mûrissant. Sitôt que nos portes sensorielles sont opérationnelles, nous percevons et nous ressentons des objets et des phénomènes que nous découvrons pour la première fois que nous ne connaissons Imputation-01pas. Notre assortiment d’étiquettes et de désignations est à ce moment-là quasiment inexistant. C’est alors que grâce à la bonté de nos parents d’abord, puis de nos enseignants ensuite, nous apprenons à nommer les objets et les phénomènes que nous expérimentons.

Cette cognition valide se développe par l’apprentissage tout au long de notre vie. En d’autres termes, nous apprenons à imputer un nom sur une base d’imputation valide. Ainsi, aussi longtemps que nous ne savons pas que « Cette chose que je tiens dans ma main est un biscuit », nous pouvons le percevoir mais pas le connaître. Actuellement encore, nous pouvons être en présence de quelque chose que nous ne pouvons pas nommer, parce que pour le moment inconnu pour nous. Imputation-02D’autre part, les bases d’imputation quelles qu’elles soient, c’est-à-dire tout ce que nous percevons dépendent essentiellement de nos états d’esprit. C’est pour cette raison par exemple, que devant un verre à demi rempli, les uns diront « Ce verre est à moitié plein » et d’autres diront « Ce verre est à moitié vide » alors qu’il s’agit de la même base d’imputation. Le karma qui mûrit à un moment précis sur notre esprit détermine la manière de percevoir les objets et les phénomènes qui font partie de notre vie. Ceci fait que nous ne percevons pas les mêmes choses de la même manière à des moments différents. Ainsi, un jour nous trouverons « L’ambiance du bureau lourde et détestable » et le lendemain « Cool et agréable », pourtant il s’agit du même bureau et des mêmes collègues. Nous devons savoir que les objets et les phénomènes sont impermanents, ce qui ne veut pas dire qu’ils changent constamment mais bien que notre esprit change tout le temps.

Imputation-04 L’obstacle majeur qui nous empêche de réaliser ce processus imputation-base d’imputation est notre ignorance de saisie du soi. Depuis des temps sans commencement nous sommes persuadés que les objets et les phénomènes qui nous apparaissent existent vraiment de manière intrinsèque. Si tant est qu’ils sont de simples apparences, nous continuons à les voir comme des objets et des phénomènes qui ont des caractéristiques propres indépendantes de notre esprit. Aussi longtemps que nous les percevons de cette manière, nous rencontrerons des difficultés dans notre compréhension de la vacuité. Alors, même si à chaque fois que nous percevons un objet ou un phénomène subsiste dans notre esprit une pensée : « … vide d’existence intrinsèque, oui mais quand même … » nous pensons à ce processus mentionné et nous créerons les causes pour que plus tard nous le réaliserons.

Les autres nous révèlent qui nous sommes

Reveler-01Lorsque nous vivons notre quotidien, nous avons de temps à autre un peu d’estime pour ce que nous sommes. Parfois même nous exagérons ce sentiment en pensant que nous sommes un super héros, en maximisant ce que nous croyons être nos qualités et en minimisant ce que nous savons être nos défauts. Sans ambages, c’est du moins de cette manière que sincèrement nous nous percevons. Parfois nous avons une piètre image de nous-même que nous voudrions pourtant améliorer. Alors comment faire? Milarepa disait ne pas avoir besoin de livres, car tout autour de lui pouvait être pris comme un enseignement du dharma. Nous pouvons très bien nous inspirer de cela.

« Bien! Mais tout autour de moi, je ne vois que de la violence, de la colère, de l’intolérance! En quoi tout cela peut être profitable pour moi? » En aucun moment nous nous identifions à ce que nous voyons constamment autour de nous. Nous sommes tellement habitués à percevoir les fautes chez les autres que nous ne voyons plus correctement ce qui se passe dans notre propre esprit. Pourtant, nous pensons aussi : « Moi, je ne suis pas comme cela! Je n’ai pas de telles attitudes fautives! C’est aux autres de changer de comportement et de façons d’agir dans leur vie ». Et nous pensons que les autres ont la responsabilité entière d’éliminer les fautes que nous percevons en eux.

Cette conclusion hâtive est la conséquence de notre ignorance de saisie d’un soi. Celle-ci nous persuade que les autres existent vraiment de manière intrinsèque là en dehors de notre esprit. De ce fait, leur comportement et leurs actions sont entièrement imputables à leur propre esprit et ne nous concernent pas. Mais c’est oublier que la fonction de l’esprit est de tout percevoir et de tout connaître. Par conséquent, le monde que nous expérimentons est le monde auquel nous prêtons notre attention. Et en pensant plus Reveler-02profondément à cela, nous réalisons que nous sommes l’unique responsable de tout ce que nous percevons et même des fautes chez les autres.

Si nous investissons la quasi-totalité de notre attention à observer uniquement les fautes des autres, il nous semble que la presque totalité des gens que nous percevons sont mauvais et sous l’emprise de leurs mauvaises intentions. Mais ce que nous voyons chez les autres est la manière subjective de notre esprit de projeter sur eux ce que nous croyons leur appartenir de leur propre côté. C’est de cette façon que nous créons « des ennemis », « des amis », « nos collègues aimés ou mal-aimés » et ainsi de suite. Généralement, nous créons tous les êtres qui se manifestent dans notre vie. C’est une réalité que nous avons souvent de la peine à admettre, parce que nous n’avons pas suffisamment de compréhension de la vacuité des objets et des phénomènes.

Reveler-03Il y a différentes possibilités d’approfondir notre compréhension sur ce sujet. Nous pouvons par exemple prendre le mécanisme du rêve. Lorsque nous rêvons, les personnages de notre rêve nous paraissent exister vraiment car nous sommes capables de vivre avec eux toutes sortes de sensations et d’émotions. Avec l’esprit du rêve, nous n’avons aucun doute quant à leur existence et à leurs actions bonnes ou mauvaises. Sommes-nous responsables des fautes et des actions des personnages de notre rêve? Oui, car l’intégralité du rêve, les personnes et leurs actions sont l’expérience créée par l’esprit du rêve. Si de telles personnes faisant de telles actions existaient vraiment de manière intrinsèque, elles continueraient d’exister au moment de notre réveil. Pourtant, toutes ces personnes disparaissent complètement. Elles ne sont ni venues d’un quelconque endroit ni reparties nulle part. Alors, finalement où sont ces êtres violents, colériques et intolérants que nous rencontrons tous les jours? Si nous voulons améliorer notre vision du monde, cela se produira qu’en dépendance des changements que nous faisons dans notre esprit en fonction de ce que nous percevons chez les autres.

Inspiré de mes lectures des enseignements transmis par Kadampa Ryan sur son blog en 2013

Est-ce moi qui regarde le monde ou le monde qui me regarde?

Monitoring-03Le monde qui nous apparaît est celui auquel nous prêtons attention. Comment bien comprendre cela. Dans le passé, la communauté scientifique affirma à maintes reprises que seul ce qui pouvait être observé, analysé, mesuré existait. Si l’hypothèse de l’existence d’une chose n’était pas vérifiée elle conduisait naturellement à la conclusion de l’inexistence de celle-ci. Cette réflexion me conduisit au constat suivant que : « Rien n’existe de manière intrinsèque, de son propre côté, mais existe en relation dépendante de l’esprit qui perçoit. C’est lorsque mon esprit perçoit un objet, que je peux le designer, le nommer ». Nous disons alors que les objets existent de manière conventionnelle.

Monitoring-07Imaginez que vous vous observer dans un miroir. Celui-ci vous renvoie votre image conforme à qui vous êtes en ce moment. Vous ne pourriez pas imaginer l’absence de votre image dans le miroir. Cette image existe en dépendance de votre présence devant le miroir. Si cette image avait une existence intrinsèque, elle existerait indépendamment de votre présence et par exemple, une fois partit, quelqu’un d’autre pourrait la voir! Ainsi, de la même façon que votre esprit perçoit votre visage dans le miroir, celui-ci perçoit toute chose dans le champ de votre vision.

People-01Imaginez maintenant que vous remarquez que quelqu’un vous regarde en ce moment. Si vous l’avez remarqué, c’est bien parce que vous regardiez cette personne. Dans le cas contraire, vous n’auriez pas aperçu cette personne qui vous regardait et dès lors cette personne pour vous n’existerait pas. Ce qui démontre que la personne observée n’existe qu’en dépendance du regard de l’observateur. Autre exemple : Une personne dans votre champ de vision semble vous regarder avec insistance au point que vous pensez : « Qu’est-ce que j’ai d’étrange pour qu’elle me regarde comme cela? ». Alors qu’en fait ce n’est pas vous qu’elle regarde mais quelqu’un juste derrière vous ! Quelle méprise ! Pourtant vous aviez la certitude que c’est vous qu’elle regardait. Et l’autre personne, complètement obnubilée par celle qui était derrière vous, ne vous avait probablement même pas remarqué.

Que s’est-il passé dans votre esprit? La présence de la personne qui vous observe agit comme un écho karmique qu’une graine potentiellement mûre vient d’activer en vous. Parfois la nature de cette graine ou la perturbation mentale qui est à son origine peut ne pas être évidente et mérite votre attention. D’autres fois cela paraît très clair et un travail intérieur peut commencer, comme par exemple dans le cas de timidité ou une mauvaise image de soi que la situation révèle. En fait, tout ce qui vous apparaît, sans exception agît tels d’innombrables échos karmiques qui interfèrent avec les graines potentiellement mûres présentes dans votre esprit. Nous ne devrions pas nous laisser piéger par notre ignorance de la saisie du soi qui tente systématiquement de nous faire croire à l’existence intrinsèque des objets perçus. Comme effectivement tout se passe dans notre esprit, nous sommes directement concernés par ce que nous percevons.

 Silhouette-Tunnel-01Nous pouvons imaginer notre esprit en tant que téléspectateur d’une multitude d’écrans qui constituent le tissu de notre esprit. Nous avançons dans un environnement dynamique semblable à une interminable galerie tapissée d’écrans. Chaque écran produisant une image en trois dimensions est conforme à notre perception visuelle et correspond au déroulement de notre vie actuelle. Si bien que, lorsque nous prêtons attention à un écran, nous nous imprégnions de son contenu qui n’est autre qu’un aspect karmique de notre esprit. Nous poursuivons notre vie continuellement confronté au mûrissement de nos expériences. À chaque pas de nouvelles images apparaissent et grâce aux enseignements du dharma, nous pouvons leurs donner une signification qui nous feront progresser vers la libération du samsara. En conclusion : « C’est bien moi qui regarde le monde! Et si je change ma manière de le regarder, le monde que je perçois changera! »

Multitâches ou mono tâche?

Multi-tache-01Avez-vous déjà fait cette simple expérience ? Prenez place devant une grande feuille de papier, un crayon dans chaque main. Puis, dessinez simultanément un cercle avec la main gauche et un carré avec la main droite ! Vous vous rendez compte immédiatement de l’impossibilité de le faire spontanément. Que se passe-t-il dans votre esprit? Votre esprit doit se concentrer à la fois sur deux actions, celle de tracer un rond de la main gauche et un carré de la main droite. Or, comme déjà mentionné à plusieurs reprises dans des articles précédents, du point de vue de l’esprit : « Le monde que nous percevons est celui auquel nous prêtons notre attention ».  Par conséquent, vous ne pouvez focaliser votre attention en même temps sur le tracé du cercle et le tracé du carré. Bien sûr, lorsque nous observons ce qui se produit devant nous, nous avons une impression globale de ce qui s’y trouve. Mais nous procédons à la manière d’un scanner, comme par exemple lorsque nous entrons dans une demeure pour la première fois. Aussi, lorsque nous sommes dans un cinéma à regarder un film sous titré, soit nous lisons le texte soit nous regardons la scène du film, mais difficilement les deux en même temps.

En fait, nous rencontrons une problématique similaire lorsque nous faisons notre pratique. Habitués à faire ou à penser à plusieurs choses en même temps nous avons de la peine à nous focaliser uniquement sur notre pratique. Tant de choses et de pensées distrayantes sabotent notre concentration et nous sommes en alternance dans notre pratique et dans toutes sortes d’autres pensées. Dans son livre « La Voie Joyeuse », Vénérable Kelsang Gyatso explique que : « Un certain degré de concentration est nécessaire pour accomplir toute action vertueuse, car la concentration élimine les obstacles à notre pratique« . Actuellement, nous voulons garder notre esprit concentré, mais ne pouvons le faire à cause de nos perturbations mentales. Nous devons par conséquent les éliminer le plus possible. D’autres explications détaillées se trouvent dans le chapitre « L’entraînement de l’esprit au calme stable » du même livre.

Multi-tache-02Donc, je poursuis ma réflexion telle que je l’ai vécue dernièrement durant ma retraite. Pour assimiler des connaissances, nous utilisons principalement deux types de mémoire : une mémoire à court terme et une mémoire à long terme. D’après Wikipédia, la mémoire à court terme (MCT) permet de retenir et de réutiliser une quantité limitée d’informations pendant un temps relativement court et la mémoire à long terme (MLT) la mémoire au sens courant. L’entreposage de la connaissance dans celle-ci se fait par le « transfert » du contenu de la mémoire MCT, d’où l’importance de son contenu. Notre entraînement à la concentration consiste diminuer progressivement jusqu’à leur complète disparition le taux de perturbations et de distractions contenues dans la mémoire MCT de notre esprit. Avec ce préalable, nous pouvons atteindre le premier placement, le placement simple de l’esprit, c’est-à-dire de garder notre attention en un seul point sur l’objet de notre méditation. Puis avec persévérance notre entraînement nous permettra d’envisager les autres niveaux de placement de l’esprit. Également sur le sujet, vous pouvez consulter l’article « Notre manque de concentration » sur ce même blog.

Dans le « Nouveau Manuel de Méditation » Vénérable Kelsang Gyatso précise qu’au début de notre pratique méditative, notre concentration reste faible, car nous sommes facilement distraits et nous perdons souvent notre objet de méditation. C’est pourquoi, avec patience, persévérance et une forte motivation, nous allons alterner contemplation et méditation placée jusqu’à pouvoir garder notre objet de méditation. Parfois, nous pouvons demander au Bouddha Mandjoushri sa grande sagesse pour comprendre les objets que nous devons abandonner pour améliorer notre concentration.

L’Art du contentement

Contentement-02L’art du contentement consiste à être satisfait indépendamment de ce qui se passe. C’est comme un sourire qui, prenant naissance en nous, finit par se manifester à l’extérieur. Peu importe notre statut social ou notre condition matérielle, peu importe l’endroit où nous vivons, nous sommes satisfaits. Habituellement, les gens pensent rarement à ce qu’ils ont mais le plus souvent à ce qui leur manque et par conséquent sont insatisfaits. Dans son livre « Huit étapes vers le bonheur » Géshé Kelsang Gyatso définit le contentement par : « Être satisfait de ses propres conditions intérieures et extérieures motivé par une intention vertueuse. Si nous arrivons à cultiver le contentement, cet esprit extraordinaire nous amènera à être heureux tout le temps.

En fait que se passe-t-il lorsque nous n’arrivons plus à être satisfaits, le contraire du contentement? L’insatisfaction de nos propres conditions intérieures et extérieures, motivés par une intention non vertueuse. Alors nous sommes conditionnés par un esprit trompeur à qui il manque toujours quelque chose pour être heureux. Ou encore nous avons ce sentiment de ne pas pouvoir aboutir à ce que nous voulons. Quoi que nous entreprenions, il subsiste toujours ce sentiment d’insatisfaction, d’inachevé. Dans « Les conseils qui viennent du cœur d’Atisha »(*) ce grand enseignant nous dit : « Mes amis, les choses que vous désirez ne donnent pas plus de satisfaction que boire de l’eau de mer. Pratiquez donc le contentement ». Jamais, boire de l’eau de mer nous apportera le sentiment de satiété. En d’autres termes chercher à être heureux en se procurant de telles choses, en réalité ne peuvent pas produire la profonde satisfaction désirée. Atisha poursuit en disant : « Sans la sagesse qui comprend ce qu’est vraiment le bonheur, ce qui produit vraiment le bonheur, nous sommes semblable à quelqu’un qui boit de l’eau de mer ».

Contentement-01Arriver à posséder un esprit heureux et content, quelles que soient les conditions, se produit en dépendance de la sagesse qui comprend ce qu’est vraiment le bonheur et comment les plaisirs du samsara sont par nature une souffrance. Notre bonheur se produit en dépendance de nos états d’esprit et non en dépendance des choses extérieures. Aussi longtemps que nous croyons que c’est en dépendance de tel objet, de telle personne ou de tel autre phénomène, nous continuerons à chercher sans jamais être satisfait de ce que nous allons trouver. Nous ne réalisons pas que le bonheur est si proche, à l’intérieur de notre esprit et nos investigations erronées ne peuvent pas le produire. Comprenant que notre bonheur et notre satisfaction ne proviennent pas des plaisirs ordinaires du samsara nous cessons  de les rechercher là où il est impossible de les trouver. Le jour où nous comprendrons vraiment cela, beaucoup de soucis et de frustrations vont disparaître.

Supposons par exemple un objet tel qu’une montagne. Si la montagne, produisait du bonheur, de manière intrinsèque, voudrait dire que toute personne sans exception allant à la montagne devrait être heureuse. Or, il est possible de ne pas être heureux à la montagne, ne serait-ce que parce que nous avons oublié nos gants. Ceci montre clairement que ce n’est pas la montagne qui produit le bonheur et nous rend heureux, c’est quelque chose d’autre. Le fait d’être à la montagne sans gants n’est pas de son propre côté la véritable cause d’insatisfaction. Ceci illustre que le bonheur, le contentement vient de notre esprit exclusivement, lequel génère des états d’esprit sources de bonheur. Ce ne sont pas les conditions extérieures qui nous rendent heureux ou malheureux mais bien nos états d’esprit correspondants. Alors nous allons progressivement cesser de nous attacher aux conditions extérieures, en pensant que nous n’avons pas de ceci, que nous manquons de cela, que si nous ne sommes pas avec une certaine personne nous sommes malheureux.

Contentement-03Tant que des perturbations mentales s’activent dans notre esprit, inexorablement ce qui nous apparaît sera source d’insatisfactions et de souffrances.  Tant que subsistent des perturbations telles que l’ignorance, la préoccupation de soi, la colère toutes nos expériences seront imparfaites et contaminées à l’image de notre esprit. Ces états d’esprit ne pourront jamais produire la satisfaction et le bonheur que nous recherchons. Quand notre esprit deviendra pur, tout ce qui nous apparaîtra sera pur. Pur dans ce contexte veut dire qui produit du bonheur et élimine la souffrance. Pourquoi n’arrivons-nous pas à obtenir ce bonheur que nous voulons, parce que nous sommes piégés dans le samsara.

Et de conclure, toujours dans les mêmes conseils du cœur d’Atisha : « Mes amis, il n’y a pas de bonheur dans ce marécage qu’est le samsara! Aussi allez jusqu’à la terre ferme de la libération.

(*) Les conseils qui viennent du cœur d’Atisha, dans le livre « Huit Étapes vers le Bonheur », Ed. Tharpa.
Texte compilé d’après un enseignement reçu de Kelsang Jigkyob au IMC-Kailash, le mois passé.

Il faut du temps pour devenir ce que l’on est déjà

Devenir-01La quête primordiale de tout être vivant est d’éviter la souffrance et d’obtenir un bonheur vrai et permanent. Persuadés que les causes substantielles de ce bonheur se trouvent hors de notre esprit dans le samsara, finalement nous ne rencontrons qu’une diminution temporaire de notre souffrance que nous croyons être un bonheur véritable. Ainsi, nous développons beaucoup d’ingéniosité à accumuler des biens matériels et des relations ordinaires convaincus que ce sont des sources de bonheur. Tôt ou tard, ces préoccupations mondaines se révèlent être des sources de souffrance. Puisque le samsara est la création de notre esprit contaminé par ce poison que sont nos perturbations mentales, forcément les objets de notre création seront contaminés.

Devenir-02Le bonheur tant convoité par chacun d’entre-nous se trouve en nous, dans notre esprit-racine, notre graine de bouddha et nous ne le savons pas. Partant d’une eau polluée, pour obtenir de l’eau propre il n’y a rien à ajouter, mais à enlever tout ce qui l’empêche d’être une eau claire et limpide. Cette clarté et cette limpidité, un état de bonheur permanent, sont dans la nature de notre esprit-racine en notre cœur. Par conséquent, cessons de polluer notre esprit par des actions négatives et cessons d’encombrer celui-ci par des objets samsariques qui ternissent notre vraie nature. Tout comme pour l’eau, pour qu’elle garde sa limpidité, pour que notre esprit révèle sa vraie nature nous devons le désencombrer de tout ce qui nous empêche d’être heureux.

Devenir-03Ne comprenant pas la vraie nature des choses et des phénomènes, nous les percevons comme ayant une existence indépendante à l’extérieur de notre esprit. Ainsi, nous développons un fort attachement pour les choses sur lesquelles nous projetons les qualités susceptibles de nous procurer le bonheur et développons une forte aversion pour celles que nous croyons être un obstacle à ce même bonheur. D’où viennent toutes ces obstructions qui dissimulent notre vrai bonheur? À la manière de la gangue qui cache une pierre précieuse, les graines karmiques forment une carapace empêchant notre esprit de se réaliser pleinement. Ces mauvaises graines proviennent d’échos karmiques résultants des actions négatives de nos vies passées.

Pour devenir ce que nous sommes déjà nous ne pouvons changer le passé et pas même le présent. Nous ne pouvons que les accepter tels qu’ils sont. Nous ne pouvons pas empêcher l’effet mûri de notre karma. En revanche nous pouvons préparer les conditions d’un avenir meilleur. Comment? Simplement en cessant de commettre des actions négatives et en purifiant notre esprit de toutes les potentialités qui font obstacle à notre paix intérieure, notre vrai bonheur. Évidemment la tâche est ardue étant donnée la quantité de graines potentielles négatives que nous possédons. Mais si nous ne faisons rien, ce sera encore plus difficile. Et chaque fois que nous succombons à l’une d’entre-elles nous réaffirmons notre volonté de bonheur authentique en développant la perfection de l’effort pour la surmonter. Ne dit-on pas que le succès c’est de se relever une fois de plus que l’on est tombé!

Nous apprenons beaucoup de nos erreurs

Faute-01Qui n’a pas fait d’erreurs dans son existence? Personne ! Habituellement, lorsque nous faisons une erreur, nous tirons les conséquences immédiates de celles-ci en cherchant dans mesure du possible une issue honorable. Nous avons aussi parfois la tendance de minimiser nos erreurs les considérant comme bénignes ou bien nous développons une telle culpabilité que nous souffrons longuement. L’ignorance est aussi un facteur qui peut nous conduire à commettre des erreurs et nous cherchons avec maladresse à en réparer les conséquences. Nous avons également été confrontés peut-être à quelqu’un qui ne veut pas reconnaître une erreur commise. Certaines fois, nous avons le sentiment voir même la conviction d’être la victime d’une erreur. Tant de situations décrites qui nous compliquent la vie et celle de notre entourage et dont la manifestation ordinaire peut être connue sans difficulté.

Faute-03Qu’en est-il maintenant de nos erreurs sur le plan spirituel? il faut savoir qu’une erreur est une action et en tant que telle suit la loi de causalité ou karma. Tout comme une action engendre un effet , une erreur produira un impact sous la forme d’une empreinte, sorte de mémoire résultante, qui s’ensemence sur notre esprit. Tout se passe de la même manière qu’une graine de céréale. Un grain de blé a par nature la potentialité de mûrir. Tant que celui-ci est stocké dans de bonnes conditions il peut se conserver très longtemps. Mais si nous semons ces grains, avec des circonstances favorables ils mûriront bientôt. D’une manière semblable les erreurs commises auront plusieurs effets dont des effets qui sont des tendances similaires à la cause et des effets qui sont des expériences similaires à la cause.

Qu’en est-il de ces effets. Les tendances similaires à la cause sont le fait que nous allons répéter cette erreur encore et de manière compulsive. Cela devient comme une mauvaise habitude, dont nous relativisons l’importance, lorsque nous pensons : « Je sais que ce que je fais est mal, mais je ne le ferai plus une prochaine fois! ». En répétant l’erreur, nous créons une nouvelle potentialité ou empreinte sur notre esprit perpétuant ainsi le processus karmique. Les expériences similaires à la cause sont le fait d’inverser les rôles c’est-à-dire que nous allons subir les effets des erreurs commises dans le passé. Cela devient comme si au lieu d’être à l’origine de l’erreur nous en subissons les conséquences. Autrement dit au lieu de porter préjudice à autrui par notre erreur nous sommes celui à qui le préjudice est fait, lorsque par exemple nous sommes l’objet de manipulations.

Faute-02Ne rien faire de ses erreurs est plus grave encore que les erreurs elles-mêmes. Parce que nous manquons une opportunité d’éradiquer les causes potentielles de celles-ci qui se trouvent encore sur notre esprit. Certes bien souvent nous ne pouvons faire le rapprochement entre nos expériences malheureuses actuelles et leur cause précise. Mais nous pouvons par l’analyse et la méditation en comprendre leur essence et adopter dans notre vie les comportements et attitudes nécessaires pour éviter de répéter des erreurs de même nature. Notamment en réfléchissant à la nature des erreurs possibles qui nous amènent à faire une expérience spécifique. En comprenant les dangers karmiques de nos erreurs, nous allons naturellement les éviter. Pratiquement, lorsque nous vivons une expérience douloureuse ou inconfortable, nous pouvons dans ce cas faire une requête à notre guide spirituel intérieur, notre nature de bouddha. Mon bienveillant enseignant disait : « Puisse l’expérience de souffrances que je vis en ce moment être la cause profonde de purification de mon karma négatif qui est à l’origine de celle-ci ».

Le karma, mode d’emploi

Karma Emploi 02Le karma peut être vu comme une base de données personnelles qui est indissociable du continuum mental de notre esprit. Le fonctionnement de celui-ci est subordonné aux graines karmiques qui viennent à maturité chaque fois que des causes et des conditions adéquates sont remplies. Ces graines karmiques ne sont pas sur notre continuum mental par hasard. Personne ne nous les a transplantées. Elles sont le fruit de toutes nos propres actions passées. Le fonctionnement du karma suit la loi de causalité qui dit que : chaque action produit un effet et il ne peut avoir un effet sans cause. Quand bien même, le plus souvent nous n’avons pas d’explication de leur présence, le fait est que nous les avons bel et bien créées autrefois.

D’un autre point de vue le karma peut être considéré comme le réservoir contenant le carburant nécessaire au moteur qui anime notre vie. L’ensemble de ces effets potentiels stockés dans notre esprit est assimilable au carburant contenu dans le réservoir. Ainsi, si nous utilisons un mauvais carburant, il est probable que notre véhicule, notre corps, aura divers problèmes de fonctionnement du plus bénin au plus sérieux. Au contraire, si nous utilisons un bon carburant de source sûre, tout ira bien dans notre vie.

Karma Emploi 00Notre approvisionnement en carburant spirituel lui ne provient pas d’une quelconque station-service, mais de toutes nos propres expériences de vie, celle- ci et toutes nos vies passées. Nos bonheurs et nos malheurs vont dépendre essentiellement du contenu de notre réservoir dans notre esprit. Ce qui s’y trouve provient de toutes nos actions passées bonnes ou mauvaises. Nous sommes le seul fournisseur de notre propre karma. De plus, étant donné que nous avons beaucoup de vies à parcourir, mieux vaut avoir suffisamment de carburant de qualité pour cela.

Ceci explique de manière simple la nécessité de disposer d’un carburant spirituel de qualité si nous voulons bénéficier d’une vie heureuse. Et si tel n’est pas le cas, nous devrions entreprendre certains changements dans notre vie actuelle pour qu’à l’avenir se produise une amélioration. Alors comment garantir que nous avons toujours assez du meilleur carburant? Pour cela nous pouvons suivre les quelques pistes ci-après.

  • Karma Emploi 01Dans la mesure du possible tirer un enseignement de toute expérience vécue. Nous sommes l’observateur privilégié du mûrissement de notre karma. Selon ce qui se manifeste, nous sommes renseignés sur la nature des causes de cette expérience et nous pouvons piloter nos actions futures. Ainsi informés, nous allons naturellement abandonner les actions génératrices de souffrance et privilégier celles qui sont source de bonheur.
  • Un formateur canadien Fletcher Peackok intitule un de ses séminaires par le titre « Arrosez les fleurs, pas les mauvaises herbes ». Autrement dit si ça marche et que cela tend à créer du bonheur, le faire et le répéter et si ça marche pas ou que cela nous rend malheureux, ne plus le faire.
  • Bouddha dans ses enseignements recommande de pratiquer la discipline morale. Autrement dit, de comprendre les dangers de commettre des actions non vertueuses, puis de s’abstenir délibérément de les commettre. En réalisant les effets de nos actions négatives, nous pouvons nous retenir de les faire encore. Comme par exemple, si nous sommes flashé pour un excès de vitesse, nous nous retiendrons d’aller trop vite.
  • Pour profiter plus tard de bonnes conditions de bonheur, nous créons maintenant de bonnes causes. C’est-à-dire des actions qui engendrent de bonnes graines karmiques qui mûriront sous forme d’expériences heureuses. Nous pouvons alors voir nos actions vertueuses comme un investissement qui, avec le temps produira des effets bénéfiques.

Ainsi, nul n’est besoin de chambouler totalement notre vie avec des objectifs démesurés qui seront probablement difficiles à tenir. C’est dans des petites choses, des actions quotidiennes que nous pouvons sans grande difficulté mettre à profit ce mode d’emploi. Ne dit-on pas que ce sont les petits ruisseaux qui font les grandes rivières?

Le karma, on peut détester mais on peut aussi aimer

BoomerangLe karma c’est la loi de causalité enseignée par Bouddha. Plus précisément chaque action aura une conséquence qui sera une expérience en relation dépendante et il ne peut y avoir d’expérience sans cause. Ainsi, les expériences ou les situations qui se manifestent actuellement dans notre vie quotidienne ne sont pas dues au hasard. Elles résultent d’actions que nous avons commises dans un passé plus ou moins lointain. Selon ce que nous vivons actuellement, par ignorance, nous pouvons détester ou aimer notre karma.

Pourquoi pouvons-nous détester ce karma? Si nous nous focalisons essentiellement sur les situations pénibles et douloureuses que nous traversons évidemment la vie nous semble une sinécure jonchée de problèmes et de souffrance. Et à cause de notre grande ignorance nous recherchons en vain un coupable responsable de notre déconvenue, que ce soit un objet, une situation ou quelqu’un. Nous pensons qu’il y a forcément une raison liée à ces objets et phénomènes extérieurs à notre esprit. En fait en aucun moment nous pensons que ce que nous vivons n’est autre que l’effet d’actions que nous avons créées antérieurement. Nous serions bien inspirés de comprendre que nous sommes les seuls responsables de ce qui nous arrive.

ChoixPourquoi pouvons-nous aimer ce karma? Grâce à un statut social élevé ou à la possession de nombreux biens matériels nous avons l’impression d’être heureux. Et de la même manière nous croyons que les objets et les phénomènes extérieurs à notre esprit sont responsables de ce que nous vivons. Toujours en vertu de la loi de causalité, si nous expérimentons des situations agréables et heureuses, nous comprenons que ce sont nos actions passées qui sont la cause de notre bonne fortune.  Ce sont là aussi des potentialités que nous avons créé par le passé qui sont responsables de cette bonne situation. Lorsque tout va bien, enclins à l’insouciance nous en venons même à oublier l’existence de notre karma.

Nous pouvons douter de l’existence de ces potentialités sur notre karma. C’est normal car nous n’avons pas la capacité de les voir. Pourtant, nous réagissons de manière différente devant chacune de nos perceptions. Ce que l’un perçoit un autre ne le perçoit pas, et pourquoi ? Parce tout est création de l’esprit, et celui-ci utilise le « matériel karmique » à disposition. Il utilise les empreintes et les potentialités qui habitent notre propre esprit.
Lorsque nous aurons une profonde compréhension de ce mécanisme, nous pourrons voir ce qui nous entoure comme le reflet dans un miroir de ce qui se trouve en nous. Bouddha nous enseigne que chaque action créée des effets similaires à celle-ci. Ces derniers se manifesteront plus tard dans nos vies futures. En portant notre attention à ce qui va bien dans notre vie plutôt que de s’agiter et de se plaindre parce qu’il nous semble que tout va mal, nous déplaçons notre énergie créatrice vers ce qui est positif. Il y a un lien direct entre notre quotidien et précédemment dans cette vie ou dans nos vies antérieures. Et comme notre mémoire ne se souvient que de cette vie-ci, nous pouvons difficilement trouver une explication à ce qui nous arrive.

Ceci démontre simplement l’existence de ces situations potentielles entretenues dans votre esprit. Alors posez-vous la question dès maintenant : « Pourquoi ce fait divers vu dans les médias me préoccupe tant? » Est-ce une simple curiosité ? ou encore « Pourquoi j’ai une relation conflictuelle avec cette personne? ».
EngrenagesDites-vous bien que ce n’est pas l’autre qui est désagréable avec vous, mais bien ce que révèle cette personne à ce propos de votre état d’esprit. Si vous vivez dans le bien-être, le succès est présent dans votre vie, vous pensez que c’est normal parce que vous avez tout fait extérieurement pour cela et vous dites : « J’en ai bavé pour arriver où je suis » ou encore « J’ai de la chance, tout vient à moi naturellement ». Là encore ce ne sont pas les conditions extérieures qui en sont responsables, mais bien les potentialités se trouvant sur votre esprit qui ont mûri. Dans ce sens le karma nous indique où se situent les choses potentiellement néfastes ou au contraire bénéfiques que nous pouvons respectivement  purifier ou cultiver.

Réflexions qui me sont venues lors de ma retraite du 15 au 22 mai 2013, avec pour thème la purification de l’esprit par une pratique de Vajrasattva et son mantra en cent syllabes.