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L’attachement désirant, comment ça marche.

L’attachement désirant est une des principales perturbations mentales qui infeste notre esprit. Celle-ci s’insinue dans de nombreuses situations de la vie de tous les jours. Bien que son fonctionnement soit décrit ci-après, celui-ci peut être transposé en principe pour expliquer le fonctionnement de toutes les autres perturbations mentales. Dans cet article notre attention sera focalisée sur l’attachement désirant, que vous n’aurez pas de peine à reconnaître comme familier.

Attachement-01Par définition, l’attachement désirant est un esprit qui pense qu’un phénomène, un objet extérieur est pour nous une cause de bonheur et que le manque ou l’absence de ce phénomène ou de cet objet nous rend malheureux. Quelques situations courantes où l’attachement désirant se manifeste sont par exemple notre attachement désirant dans les cas d’accoutumance à l’alcool ou au chocolat, dans une relation avec un ou une partenaire pour ne citer que ces deux. De manière générale, en présence d’un objet d’attachement, nous perdons le contrôle de notre esprit du moment que nous sommes persuadés que notre bonheur dépend de lui, souvent à n’importe quel prix. Privés de notre objet d’attachement, il nous semble impossible d’être heureux. Et en particulier, pour l’alcool ou le chocolat, bien que nous nous savons dépendre de l’un ou de l’autre, persuadés que cela contribue à faire notre bonheur nous ne saurions nous en passer. Et dans une relation, tant que le ou la partenaire remplit nos attentes et nos désirs, tout se passe bien nous sommes Attachement-02heureux et dans le cas contraire c’est le début de la discorde et du conflit qui nous rend finalement triste et malheureux.

Parce que le bonheur ne dépend pas de causes et conditions extérieures mais est un état d’esprit, par conséquent sa cause doit obligatoirement venir de l’esprit. Ainsi, la vraie cause de notre attachement désirant provient d’un état d’esprit perturbé. Alors comment fonctionne cette perturbation mentale nommé attachement désirant? Ce fonctionnement peut être décrit en plusieurs étapes, comme par exemple dans le cas de l’attachement désirant à la réputation.

  • La nature de notre problème est que nous désirons de manière excessive que les autres pensent du bien de nous, que l’avis de l’autre compte beaucoup dans la manière de gérer notre vie. Dans notre mentalité actuelle, si les autres pensent du bien de nous-mêmes, nous avons confiance. Mais au contraire, lorsque les autres pensent du mal de nous, nous perdons notre confiance. À la manière d’une marionnette conduite par l’avis des autres, nous perdons le contrôle de notre esprit. Si nous basons notre confiance sur l’avis des autres, c’est une certitude que nous serons tantôt Attachement-03bien, tantôt mal. Mais en fait, ce que les autres pensent de nous n’est pas notre problème mais le leur. Notre problème est plutôt le sentiment que nous éprouvons en fonction de ce que les autres pensent de nous.
  • Les causes de notre problème d’attachement désirant. Si pour nous les choses de ce monde sont de la plus haute importance et sont les seules choses qui comptent dans notre vie, notre attachement désirant persistera quelles que soient les circonstances. Par contre si nous sommes un être spirituel pour qui les réalisations spirituelles sont prioritaires, nous avons de bonnes dispositions pour vaincre notre attachement désirant. Mais comment devient-on un être spirituel? C’est par le développement de qualités telles que la compassion, l’amour, l’appréciation de notre précieuse vie humaine, les moyens habiles pour aider les autres, une croyance dans la loi du karma et ainsi de suite. Par conséquent, nous devons développer une motivation sincère pour posséder toutes ces qualités qui s’opposent directement ou indirectement à l’existence de l’attachement désirant présent dans notre esprit.
  • Évidemment, il nous sera difficile de les obtenir sans aide. C’est pourquoi nous devons chercher l’aide des bouddhas et plus précisément celle de Dorjé Shugden. Ce bouddha protecteur gère notre karma et organise dans notre vie les conditions optimales pour notre libération du samsara puis de notre illumination. en lui faisant des requêtes appropriées qui béniront notre esprit pour activer le karma des opposants à l’attachement désirant qui nous affecte. Nous devons le faire avec une foi sincère du plus profond de notre cœur sans attentes particulières. comme Dorjé Shugden est notre protecteur, il sait exactement ce qui opportun pour nous dans une situation donnée. Nul doute que ce que nous recevrons correspondra à ce que nous avons le plus besoin en ce moment.
Rédigé d’après mes notes personnelles et une transcription du cours sur la confiance, donné par mon enseignant Kadam Ryan au Centre Atisha en 2004

Quel est le but ultime de notre vie?

Fondamentalement, nous voulons tous jouir d’un bonheur immuable et être libérés définitivement de la souffrance, du moins dans cette vie … et après? Alors, nous devons nous poser l’importante question :  But-ultime-04« Qu’est-ce je veux vraiment? ». « Est-ce que je veux me complaire dans le samsara tout en sachant qu’aucun vrai bonheur ne s’y trouve? ».  « Est-ce que je veux encore et encore m’épuiser à changer les conditions adverses de ce monde pour ne plus souffrir? ». En fait, tout ce que nous faisons se base sur une simple hypothèse : « Nous croyons que telle ou telle chose nous apportera le bonheur et nous libérera de la souffrance ». Malheureusement, dans le samsara cette hypothèse nous trompe systématiquement. Si ce que nous voulons n’est pas plein de sens et n’est pas bénéfique, tout ce que nous faisons nous maintiendra dans le samsara. Mais si tout ce que nous faisons est bénéfique et plein de sens, alors tout ce que nous entreprenons sera pour l’accomplissement de ce but ultime. Dans son livre « Huit Étapes vers le Bonheur » Ghéshé Kelsang Gyatso nous explique que le but ultime de notre vie est la pleine illumination. Nous devons tout mettre en oeuvre pour atteindre ce but.

Quand bien même les réalisations et les expériences de notre vie ordinaire sont normalement profitables, car elles contribuent indirectement à notre objectif, elles ne sont pas pour autant notre but ultime. Tout ce que nous expérimentons dans cette vie est la But-ultime-02conséquence de nos actions passées et tout ce que nous faisons, à travers nos actions bonnes ou mauvaises, aura des conséquences à l’avenir. En cela, elles ne sont pas une finalité. Ainsi, pour orienter notre choix, la question cruciale à se poser est : « Au moment de la mort, qu’est-ce que je vais prendre avec moi dans ma prochaine vie? », « Y a-t-il quelque chose de plus important que toutes ces choses ordinaires? ». La mort détruit sans complaisance les accomplissements mondains, les réalisations terrestres. Toutes les « bonnes choses » de cette vie sont sur le point de s’épuiser. Alors, la question la plus pertinente que nous pouvons nous poser est : « Qu’est-ce que je vais prendre de cette vie avec moi? ».

But-ultime-01Lorsque nous mourrons, tout et y compris notre corps et notre esprit ordinaire cessent d’exister. Seul notre esprit très subtil subsiste et se dirige vers notre prochaine vie. Or, notre esprit très subtil est le dépositaire de notre karma, la seule chose qui compte pour nous et qui nous accompagne vie après vie. Ce karma peut être bon ou mauvais selon les actions commises dans le passé et dans cette vie. Tout ce que nous faisons peut être plein de sens si nous le faisons avec un esprit plein de sens. Chacun de nous est le créateur responsable de son contenu. Et puisque la nature de notre karma détermine la nature de notre prochaine renaissance, nous devons utiliser notre précieuse vie pour accumuler du bon karma, parce que ce sera la seule chose que nous sera utile dans nos vies futures et finalement pour notre illumination. Évidemment, ce n’est pas lorsque nous serons au chapitre de la mort qu’il faudra songer à aménager du bon karma. C’est un souci de tous les instants, dès maintenant. Nous devons utiliser cette vie-ci pour créer le maximum de karma positif.

Il arrive parfois que nous sommes confrontés à une situation et nous ne savons pas quoi faire. Nous sommes peut-être enclins à transgresser notre discipline morale en minimisant l’effet de commettre une action non-vertueuse. Nous devrions nous souvenir de la loi de causalité du karma et de ses effets. Toute action aura tôt ou tard des conséquences sur notre destin. Avant de passer à l’acte But-ultime-03demandez-vous : « Au moment de ma mort, est-ce que je serai fier d’avoir commis l’action que je suis sur le point de faire? ». L’envie néfaste disparaîtra instantanément et nous n’aurons pas à le regretter plus tard. Les buts que nous poursuivons dans notre vie ordinaires ne sont que des illusions semblables à un arc-en-ciel, qui disparaît sitôt les causes et les conditions de son existence ne sont plus satisfaites. Au moment de la mort, la bonne réputation, les biens matériels, les amis, les proches seront à laisser derrière nous, car les causes karmiques de leur présence ne sont plus remplies. Mon enseignant citait Vénérable Tarchin qui disait : « Nous devrions vivre notre vie de la perspective de notre lit de mort ». Mais alors quels sont ces objets de valeur que nous pourrons emporter?

Si nous consacrons toute notre vie à l’accomplissement d’objectifs ordinaires et à la réalisation de nos désirs matériels, au moment de la mort nous ne pourrons prendre tout cela dans notre prochaine vie. La grave erreur consisterait à les considérer comme le but ultime. Par contre, si nous faisons croître notre bodhitchitta qui consiste à se préoccuper des autres et à les porter dans notre cœur nous contribuons à la cause principale de notre illumination, le but ultime de notre vie.

Compilé d’après ma transcription et mes notes d’un enseignement de Kadam Ryan « Huit Etapes vers le Bonheur » au Centre Atisha Genève.

Notre démarche spirituelle

Comme cette démarche est un cheminement intérieur, celui-ci est balisé par des observations importantes décrites ci-dessous qui nous ont été transmises en introduction au programme fondamental « Huit Etapes vers le Bonheur » au Centre Atisha de Genève en 2008. J’ai revisité l’enregistrement de cet enseignement que je voudrais partager avec mes lectrices et mes lecteurs.

Dem-spirit-01Première observation. Chaque être sans exception, même le plus petit insecte, possède le désir fondamental, un objectif commun, celui d’être libre de toute souffrance et d’être heureux tout le temps. Toutes nos actions et tout ce que nous faisons contribuent à l’accomplissement de ce but. Au premier abord, ce n’est pas forcément évident de comprendre à quel point cela est vrai pour tous les êtres. Il nous semble plutôt que notre motivation principale est par exemple d’avoir un bon travail ou de fonder une famille ou tout autre objectif personnel dans la vie ordinaire. Et tout ce que nous faisons qui va dans cette direction nous paraît être la vraie raison. Mais si nous nous posons la question : « Pourquoi mon travail est-il si important, pourquoi tel objectif personnel est si important », nous ne tarderons pas à formuler la réponse : « C’est parce que cela contribue indirectement à notre bonheur ». À l’origine de tout objectif de notre vie se trouve la motivation d’être heureux et libre de souffrance, de faire uniquement l’expérience du bonheur.

Deuxième observation. Depuis des temps sans commencement nous avons eu ce désir essentiel pour nous de faire l’expérience d’un bonheur permanent, sans la moindre souffrance. Hélas. À ce jour nous n’avons pas réussi à accomplir ce que nous cherchions. Oui, bien sûr par moment nous rencontrons de courtes périodes de bonheur exemptes de souffrance. Mais souvent aussi nous sommes fatigués, stressés; nous nous sentons épuisés par les difficultés et les problèmes. Nous sommes parfois très impatients lorsque nos désirs ne se réalisent pas immédiatement dans notre vie. Il arrive que nous sommes déçus par la tournure de notre vie et pensons : « Ce n’est pas ainsi que j’avais imaginé ma vie! ». Nous avons l’impression que les problèmes et les contrariétés se succèdent comme les vagues d’un océan. Toutes ces expériences ont quelque chose en commun, c’est leur impermanence. Nous croyons avoir trouvé le bonheur que déjà il nous échappe, nous avons soulagé une souffrance que déjà une autre se manifeste.

Dem-spirit-02Troisième observation. La raison pour laquelle nous n’avons pas trouvé le bonheur est que nous n’avons pas adopté la bonne stratégie pour le trouver. Jusqu’à ce jour, nous recherchons principalement le bonheur dans les conditions extérieures, la possession de biens matériels, un bon travail, de l’argent en suffisance, un statut social, des amis, une famille et ainsi de suite. Dans notre société, nous pensons que le bonheur dépend de ces choses extérieures. Il suffit de regarder les innombrables publicités en tous genres qui nous font miroiter le bonheur comme un bien de consommation. Nous rencontrons dans notre entourage des gens qui ne sont pas reconnus pour la simple raison qu’ils ne possèdent pas ce qui est jugé comme la normalité dans notre société. Nous souffrons de vouloir trouver le bonheur par l’assouvissement de nos désirs samsariques. Nous n’avons pas le contrôle de notre réputation, de notre situation. Nous sommes comme un cerf-volant qui est poussé dans la direction du vent dans tous les sens, les vents de notre karma.

Quatrième observation. Le bonheur est un état d’esprit. Le bonheur est un phénomène intérieur. C’est une impression intérieure, une quantité d’émotions et de sensibilité manifestée dans notre esprit. Et s’il s’agit d’un phénomène intérieur sa cause doit forcément être intérieure. Notre bonheur dépend de notre esprit. Toutes les conditions extérieures de leur côté sont neutres, elles sont ni bonnes ni mauvaises, mais dépendent de notre esprit. Si nous sommes heureux avec un certain environnement et malheureux avec un autre, cela dépend uniquement de notre état d’esprit. Les conditions extérieures existent en relation dépendante de notre esprit. Si nous adoptons un point de vue positif et constructif, même si les conditions extérieures sont exécrables, nous sommes heureux.
Au contraire, si nous avons un point de vue négatif dans un environnement parfait, nous resterons malheureux. Et au lieu de se poser la question « Qu’est-ce qui se passe dans le monde extérieur? », posons-nous la question « Qu’est-ce qui se passe dans mon esprit? ».

Dem-spirit-04Cinquième observation. Si le bonheur est quelque chose d’intérieur, quel est l’ingrédient-clé qui permet de nous approprier cette sensation de bonheur? Que devons-nous ajouter à nos états d’esprit pour obtenir ce résultat? Bouddha nous enseigne que ce qui nous manque est la paix intérieure. Si notre esprit est en paix, nous sommes heureux. Si notre esprit n’est pas en paix, même si les choses extérieures sont parfaites, nous ne sommes pas heureux. Malgré toutes les améliorations que nous propose le monde actuel, les conditions extérieures seules ne nous rendront jamais heureux. Si nous voulons atteindre notre but qui consiste à être heureux tout le temps, nous devons apprendre à maintenir notre esprit en paix en toute circonstance. Aussi longtemps que notre esprit est privé de cette paix intérieure, de changer les conditions extérieures n’apportera aucune solution viable. Rien ne sert de vouloir transformer le monde pour qu’il soit conforme à nos désirs arbitraires il suffit juste de changer notre état d’esprit pour avoir cette paix intérieure.

Sixième observation. Quelles sont donc les causes de notre paix intérieure? Nous connaissons tous les états d’esprit qui détruisent notre paix intérieure. Ceux-ci sont le fruit de nos perturbations mentales. La colère, la jalousie, l’attachement, l’aversion, le doute, l’ignorance sont autant de causes de l’absence de paix intérieure dans notre esprit. Ce qui fait croître notre paix intérieure sont les états d’esprit vertueux tels que l’amour, la compassion, le contentement, l’appréciation de notre précieuse vie humaine. Plus nous cultiverons ces qualités plus notre esprit sera en paix. Sans perdre de vue le but de notre vie spirituelle qui est d’obtenir un vrai bonheur, libre de toute souffrance, nous devons progressivement abandonner toutes nos perturbations mentales et les remplacer par des états d’esprit vertueux. Nous n’avons plus besoin d’être malheureux dans les situations extérieures parce que chacune d’entre-elles nous offrent l’opportunité de générer le bonheur en contrôlant notre esprit.

Compilé d’après un enseignement de Kadam Ryan lors de l’introduction au Programme fondamental donné en septembre 2008 au Centre Atisha de Genève.

Réflexions sur l’effort

L’effort dans le contexte spirituel diffère complètement de ce que nous entendons dans la vie quotidienne ordinaire. L’effort dans ce cas est associé à quelque chose de désagréable et pénible. Il suffit pour illustrer cette perception de citer des expressions courantes telles Effort-04que : « Je dois travailler dur », « Je dois faire quelque chose que je n’aime pas », « Je dois faire un effort pour y arriver » et ainsi de suite. La définition de l’effort selon le dharma est totalement autre. Ici l’effort est le fait d’entreprendre quelque chose de manière ludique, avec un esprit serein. En nous engageant avec un esprit vertueux, l’effort que nous faisons n’est plus pénible du moment que nous créons de bonnes causes pour le bien de celui-ci. Notre effort correspond dans ce cas au degré de plaisir obtenu en nous engageant dans des actions vertueuses. Franchement, est-ce qu’il y a quelque chose d’autre que nous préférerions faire que d’entraîner notre esprit? Honnêtement, nous connaissons la réponse, car toutes sortes de suggestions nous viennent à l’esprit.

Lorsque nous disposons de temps libre, nous trouvons sans difficulté une activité de loisir qui nous ferait plaisir, mais ce n’est pas toujours le cas pour notre pratique spirituelle. Or, nous devons savoir utiliser notre temps à bon escient et nous allons naturellement faire un effort s’il s’agit de créer des bonnes causes pour notre esprit. Dans ce cas, souvent nous avons tendance à minimiser l’importance de notre effort que nous jugeons bien faible. Cela n’a pas d’importance car celui-ci correspond à nos capacités au point où nous en sommes actuellement. Nous ne devons pas pour autant mésestimer nos efforts, si petits soient-ils mais plutôt accepter leurs résultats sans Effort-05jugement. En fait, nous avons tous en nous un certain désir de faire ce genre d’efforts, mais pour cela nous devons bannir la culpabilité et le sentiment d’obligation de notre esprit. Comme mon enseignant nous l’expliquait : « Mieux faire moins avec joie que davantage avec culpabilité ». En prenant cette attitude sur le long terme, notre motivation ne sera pas perturbée par la culpabilité et le sentiment d’obligation.

La voie de l’illumination est longue et demande de la persévérance et de la patience. Pour cette raison, il est stratégiquement plus avantageux pour nous de rester dans la joie quoi qu’il advienne. Notre principale difficulté est de croire que les choses plaisantes et agréables nous procurent joie et bonheur de manière intrinsèque. Par ignorance, nous sommes persuadés que le pouvoir de susciter le plaisir ou de l’aversion vient de l’objet. C’est pour cette raison par exemple qu’une activité, qui au début était agréable, devient ennuyeuse si nous la faisons telle une routine sans joie. Elle nous lassera au point de finalement l’abandonner. Pire encore est de faire cette même activité tout en pensant à autre chose qui nous paraît bien plus agréable. Ainsi nous sommes sous l’emprise de la culpabilité et intérieurement nous sommes en conflit parce que nous n’avons simplement pas envie de la faire. Une activité ne peut jamais être super-agréable tant que nous ne nous engageons pas totalement Loisirs-01dans celle-ci. En mettant le 100% de nous-mêmes dans tout ce que nous faisons, nous évitons de nous disperser avec un gaspillage d’énergie mentale et spirituelle.

Quelle que soit la situation que nous expérimentons, nous avons l’intérêt de la vivre intégralement et en conscience. Ainsi, lorsque nous sommes au travail, faisons le totalement; lorsque nous sommes dans une activité de loisir, vivons celle-ci pleinement sans retenue et avec joie. De même, lorsque nous faisons notre pratique spirituelle quotidienne nous nous laissons complètement absorber par elle sans distraction. C’est de cette façon que nous pouvons véritablement trouver la joie de le faire. La joie ne vient pas de ce que l’activité nous donne, mais de faire cette activité pleinement. Ainsi nous découvrirons les limites de notre capacité à le faire que nous pourrons repousser progressivement en faisant de mieux en mieux. Notre joie et notre satisfaction seront d’autant plus grandes qu’elles proviennent d’un sentiment d’avoir bien fait les choses. Tant qu’en faisant une activité, peu importe laquelle, nous pensons : « Bah, je devrais être en train de faire quelque chose d’autre en ce moment », nous ne trouverons pas le sentiment de cet effort joyeux.

Pourquoi pratiquons-nous le dharma? Est-ce que nous pratiquons le dharma parce que nous « devons »? pour éviter « d’être punis »? Non. Il n’y a qu’une seule raison de pratiquer le dharma, c’est parce que cela fonctionne pour nous et de progresser spirituellement. Dans tous les cas, cela fonctionne mieux de faire les choses d’après les enseignements du dharma que de faire les choses en suivant nos perturbations mentales. Lorsque nous arrivons à la frontière de nos capacités, et que nous essayons de faire mieux, de faire mieux ce que nous sommes en train de faire, nous allons réaliser que nous pouvons faire mieux ce que nous sommes en train de faire en le faisant avec moins de perturbations mentales. Notre objectif est de faire les choses bien, sans attachement au résultat et en mettant toute notre attention dans ce que nous sommes en train de faire. Nous pouvons faire mieux tout ce que nous entreprenons du moment que nous avons un esprit en paix, libre de toute perturbation mentale. Nous pouvons être très performants si nous savons rester décontractés, sans se crisper sur le résultat attendu. Nous pouvons extraire plus de plaisir d’une activité, du moment que nous le faisons dans l’esprit du dharma pour être heureux.

Compilé à partir d’une transcription de l’enseignement du PF « La voie Joyeuse » donné au Centre Atisha à Genève par Kadam Ryan

Les deux mondes

Tiré de la cosmologie bouddhiste, un concept simple nous enseigne une vision très importante dans notre développement spirituel. Ce concept repose sur l’existence de deux mondes :
• Le monde impur qui est né de nos propres perturbations mentales
• Un monde pur qui est né de la sagesse et de la compassion.
Souffrance-01Le monde pur est complètement au-delà de ce monde impur qu’est le samsara. La nature du samsara est souffrance et toutes nos expériences vécues dans celui-ci finissent toujours dans la souffrance. Toutes nos expériences de bonheur dans ce mode ne sont qu’une diminution temporaire de la souffrance. Les causes de l’existence de celui-ci sont contaminées. Et parce que ses causes sont contaminées, toutes les expériences de ce monde impur sont contaminées. Nous pouvons penser que certaines expériences dans ce monde samsarique sont meilleures que d’autres mais comparativement au monde pur des bouddhas cela reste impur et souffrance. Toutes nos activités spirituelles ont un seul but celui de transiter de ce monde impur vers un monde pur, hors du samsara. Nous devons quitter ce monde impur pour atteindre un monde pur  plein de félicité et de bonheur éternel.

Il y a deux raisons pour lesquelles nous voulons faire ce voyage, pour notre propre bonheur et pour le bien des autres. Si nous allons vers les pays purs en atteignant l’illumination, nous serons capables de revenir dans ce monde impur pour aider les autres à faire le même voyage. Comment faire ce voyage ? Ce voyage est un voyage interne. Nous pouvons voyager dans le monde extérieur, n’importe où sans jamais trouver ce monde pur tant recherché, c’est peine perdue. Quoi que nous fassions avec ce qui appartient au samsara, nous restons prisonniers de celui-ci. La sortie à destination d’un monde pur est atteinte non pas par un cheminement extérieur mais par un voyage intérieur. Le voyage à faire se trouve dans notre esprit par ce chemin spirituel qui nous conduit hors du samsara. Pour faire un long voyage vers une destination inconnue, nous avons besoin d’un guide possédant toutes les compétences pour nous y conduire, quoi de plus efficace que quelqu’un provenant justement Voyage-01de l’endroit de notre destination. De la même manière, nous avons besoin d’un guide spirituel provenant d’un monde pur pour atteindre celui-ci. Le guide spirituel est un être provenant du monde pur qui a l’habilité de se manifester dans ce monde impur pour venir à notre aide pour sortir de notre cauchemar.

Rappelons que le samsara n’a pas d’existence intrinsèque en dehors de notre esprit. Il est semblable à un rêve que malheureusement nous croyons bien réel. Nous pensons être en conversation avec quelqu’un, mais en fait il n’y a personne à l’extérieur de nous. Nous pensons marcher sur un chemin dans la campagne, mais en fait il n’y a Directions-01ni chemin ni campagne. Nous pensons que nous sommes en train de manger une pizza, mais en fait il n’y a rien de tout cela. Tout est semblable à un rêve. Nous croyons que toutes ces projections de notre esprit sont réelles, c’est là notre grande erreur, notre ignorance de saisie d’un soi. Le guide spirituel lui se trouve en dehors de notre cauchemar mais a le pouvoir d’apparaître dans notre rêve et de nous expliquer que nous sommes en train de rêver. De la même manière que nous sommes convaincus de l’existence d’un problème, nous devons également croire à l’existence de sa solution puisque tous deux proviennent d’une source identique, notre rêve samsarique. Le plus souvent c’est lorsque nous avons essayé toutes suggestions samsariques à notre problème que finalement nous sommes prêts à prendre refuge en notre guide spirituel, le seul qui peut nous aider en nous rappelant qu’il est possible de sortir de notre rêve.

Nous devons maintenir constamment à l’esprit que dans toute situation c’est le guide spirituel qui est capable de nous aider à sortir de notre marasme. Nous devons reconnaître que notre guide spirituel est venu pour nous, pour nous amener vers un pays pur. Nous avons maintenant cette précieuse opportunité d’aller au pays pur de Bouddha et cette occasion ne se produira qu’une seule fois. Puisque le positionnement de notre esprit se trouve sur l’objet auquel nous prêtons attention, si nous mélangeons notre esprit avec celui de notre guide spirituel qui est au-delà du samsara, nous pouvons rejoindre un pays pur.

Compilé à partir d’une transcription de l’enseignement du PF « La voie Joyeuse » donné au Centre Atisha à Genève par Kadam Ryan

Méditation : La prise et le don

Dans ce monde de plus en plus dégénéré, tous les jours nous sommes confrontés à la souffrance et parfois à la détresse de ceux qui nous entourent. À ce moment-là, nous voudrions tellement leur venir en aide, mais comment? Puisque nous n’avons les moyens habiles des bouddhas pour leur apporter concrètement une aide, nous pouvons le faire tout de même de manière plus subtile. Nous avons tous en nous une partie de notre esprit qui est déjà illuminée, notre graine de bouddha. Et puisque tout est création de l’esprit, nous pouvons bien imaginer utiliser cette partie-là de notre esprit pour agir. La difficulté majeure qui nous empêche de le faire est notre ignorance, notre préoccupation de soi et notre ignorance de saisie d’un soi. En effet, nous nous croyons tellement important et précieux que nous accordons que peu d’importance aux autres. Alors que les bouddhas accordent considèrent tous les êtres vivants comme importants, sans discrimination.

Nous pouvons venir en aide à quelqu’un en pratiquant « la Prise et le Don », une méditation très courante dans les milieux bouddhiste. En éprouvant une grande compassion pour la [personne lambda] à qui nous voulons apporter notre aide, nous laissons notre cœur s’ouvrir d’avantage pour accueillir avec empathie la souffrance et la détresse de celle-ci. Nous voulons lui offrir plus d’espace pour se libérer de ses problèmes. Pour ce faire, nous imaginons à la place de [personne lambda] la ou les personnes à qui nous voulons apporter un peu de réconfort et de soulagement, tout en suivant les suggestions décrites dans les lignes ci-dessous sous forme d’une méditation guidée.

 Guide pratique : À chaque fois que vous entendez un bip sonore aux endroits marqués par [personne lambda] en pensée vous remplacez ce signal par le prénom de la personne pour laquelle vous faites cette méditation.

  • Je génère un sentiment de compassion et de pur amour, libre de toute préoccupation de soi.
  • Ce sentiment grandit maintenant en moi au point d’ouvrir mon cœur et de laisser s’exprimer ma bodhitchitta.
  • J’aspire à demeurer ouvert à toute situation, à toute difficulté sans me refermer.
  • Puis je me concentre sur [personne lambda] que j’imagine dans l’espace devant moi.
  • Avec toute mon empathie, je perçois ce que ressent [personne lambda].
  • Comme dans mon esprit [personne lambda] n’est pas séparé de moi, par l’échange de soi-même avec l’autre,
  • Je peux me mettre à sa place pour mieux ressentir sa douleur, sa souffrance.
  • Et je m’ouvre autant qu’il est nécessaire pour accueillir tout ce qui se présente.
  • Je pourrais lire sur le visage de [personne lambda] sa détresse d’être ainsi victime de ses perturbations mentales.
  • Et je pense : « [personne lambda] éprouve en ce moment une souffrance indescriptible dans sa vie.
  • Celle-ci continuera à la faire souffrir aussi longtemps qu’il ou elle n’en sera pas libéré(e) ».
  • En développant cet amour désirant qui grandit en moi en ce moment, je pense :
  • « Comme ce serait merveilleux si [personne lambda] pouvait être définitivement libéré(e) dès maintenant ».
  • « Puisse-t-elle y parvenir ».
  • « Je vais moi-même contribuer à ce cela s’accomplisse. Je dois le faire maintenant ».
  • Ce qui a de l’importance en ce moment est la souffrance de [personne lambda], lui ou elle seul(e) compte pour moi. Rien n’est plus important.
  • Sans distraction, en me concentrant sur [personne lambda], je procède de la manière suivante :
  • J’imagine que toute sa souffrance, son inconfort, tout ce que vit [personne lambda] en ce moment se rassemble sous l’aspect d’une fumée noire.
  • Je prends cette fumée en moi au niveau de mon cœur et la laisse se dissoudre dans mon ignorance, ma préoccupation de soi et ma saisie d’un soi.
  • À chaque inspir, je visualise cette fumée noire entrer en moi et se dissoudre au niveau de mon cœur.
  • Au moment d’inspirer, je reçois la souffrance dont [personne lambda] fait l’expérience.
  • Et à chaque expir, je visualise une vague d’amour et de compassion remplir le cœur de [personne lambda].
  • Tout ce qui pourrait lui faire du bien en ce moment.
  • Je fais ceci durant de longues minutes en échangeant son mal-être par une paix intérieure venant de l’amour et de la compassion que je lui adresse.
  • [Pause 2 min avec gong]
  • Au fur et à mesure que j’inspire sa souffrance et que j’expire une force d’amour et de compassion, je peux lire un soulagement sur son visage.
  • [Pause 5 min avec gong]
  • Je développe ensuite la profonde conviction de [personne lambda] est définitivement libéré(e) de toute souffrance.
  • Au fond, ce que je souhaite c’est de lui offrir suffisamment d’espace dans son cœur pour se détendre
  • Pour qu’un soudain changement d’attitude puisse l’aider à laisser tomber son fardeau de souffrance et de douleur.
  • Avec une grande foi, j’assiste à la transformation progressive de [personne lambda].
  • En résultat, [personne lambda] est maintenant resplendissant(e) de lumière, le regard souriant en ayant retrouvé tout son bien-être.

Éveiller en nous le sens des mots

Si nous cherchons la définition d’un mot dans le dictionnaire, dans la plupart des cas plusieurs significations nous sont proposées. Elles dépendront du contexte où ce mot est utilisé. Le sens, du point de vue de notre esprit, est donc une caractéristique se trouvant imputée par celui-ci et non une propriété intrinsèque du mot lui-même. Les Sens-Mots-02esquimaux, par exemple, ont des douzaines de façons différentes de définir la neige. Ainsi dans le même ordre d’idées, le simple mot « Bonjour » est tout en nuances, et dépend de l’état d’esprit de la personne qui le dit et également de l’état d’esprit de celui qui le reçoit. Étymologiquement bonjour veut dire : « Ayez un bon jour ». Ce peut être une simple formule de politesse, mais cela peut également être un souhait provenant d’un esprit bienveillant. Et c’est là que cela devient intéressant.

Dans la vie courante, nous sommes en interaction avec les autres. Fort est de constater que l’échange verbal que nous avons parfois avec l’autre souvent est un rituel dans lequel nous ne nous impliquons pas vraiment. Ainsi, lorsque nous croisons notre voisine Sens-Mots-01de palier, nous répondons à son « Bonjour » sans nous impliquer vraiment dans cet échange. Pourquoi? Parce que nous sommes plus absorbés dans nos pensées ou encore attentifs à son allure, à son habillement plutôt qu’à ce qu’elle vient de dire. Et nous répondons également par un « Bonjour » tout en continuant notre observation. Mais avons-nous vraiment pensé à ce que nous avons dit, avons-nous vraiment écouté ses paroles?

Ce simple mot « Bonjour » peut aussi être une action vertueuse, parce que nous souhaitons à l’autre de vivre cette journée pleinement sans souffrance et remplie de bonheur. Si nous mettons toute notre attention sur le fait de souhaiter quelque chose de bénéfique pour l’autre, nous serons de moins en moins prédisposés à un jugement sur la personne en question. Parce que le bonheur des autres est également important, par ce simple bonjour, nous pouvons partager avec tous le bonheur qui se manifeste en nous. En éveillant le sens de ce simple mot nous renforçons notre bodhitchitta, notre intention de libérer les êtres vivants de leur souffrance et les conduire vers l’illumination. Nous construisons un lien karmique avec la personne par lequel nous pourrons vraiment l’aider dans le futur.

Sens-Mots-03Ce qui est valable pour le mot « Bonjour » ci-dessus s’applique également à une conversation. Lorsque nous parlons avec notre interlocuteur, si nous voulons comprendre son propos, nous devons d’une part être à son écoute et pas seulement mais d’autre part aussi capter le sens de ses paroles. Alors seulement nous pouvons recevoir correctement son message et lui répondre de manière qualifiée. Si notre intérêt pour ce qu’il nous dit est manifeste cela mettra à l’aise ce dernier qui se sentira accueilli avec ce qu’il veut partager avec nous. Qui n’a pas déjà entendu une remarque pertinente du genre « Tu écoutes ce que je suis en train de te dire? ». C’est en effet très désagréable de ressentir l’absence d’intérêt dans les yeux de celui qui est censé nous écouter. Au lieu de l’aider nous lui infligeons une souffrance supplémentaire sous la forme de la frustration de ne pas être entendu. Souvent, le piège consiste à interpréter ce que nous dit l’autre personne en portant un jugement de valeur à son propos. Ce jugement se basant sur nos propres projections dénaturera probablement ce que veux dire l’autre personne. Notre écoute doit être active mais centrée sur notre interlocuteur et non sur notre esprit subjectif. Nous devons élargir notre perception pour y inclure son expérience. Comment pourrions-nous être vraiment à l’écoute de l’autre si nous n’éveillons pas en nous le sens des mots?

S’épanouir dans le dharma

Epanouissement-01Souvent notre pratique du dharma est difficile et laborieuse et il nous semble qu’il est pénible de conjuguer celle-ci avec notre vie quotidienne. Alors que la pratique du dharma est sensée nous épanouir, nous libérer et nous rendre heureux, en fait ce n’est pas le cas. Pourquoi? Parce que notre esprit est fortement sollicité par les distractions et les plaisirs du samsara qui prennent trop de place dans notre vie. Ou encore parce que nous sous-estimons l’importance de mettre le dharma en priorité dans notre vie. Savoir comment s’épanouir dans le dharma, devrait par conséquent nous réjouir tous les jours de notre vie. Si nous arrivons à faire fleurir notre pratique, cela aura une incidence majeure dans tout ce que nous entreprenons. Puisque la pratique du dharma est un processus qui se passe à l’intérieur de notre esprit, celui-ci va générer des expériences intérieures, lesquelles transformeront nos expériences quotidiennes. La vie elle-même, influencée par la pratique du dharma nous conduira vers l’harmonie, le bonheur et la paix intérieure.

Dans le glossaire du livre « La voie Joyeuse » Dharma se définit par les enseignements de Bouddha et les réalisations intérieures que nous atteignons en dépendance de ceux-ci. La raison pour laquelle nous n’arrivons pas à réaliser celles-ci et à nous épanouir dans notre vie est en fait très simple. Nous ne prenons pas assez en compte le potentiel de pureté en nous, notre nature de Bouddha. Depuis des temps sans commencement cette nature pleinement réalisée, cet esprit très subtil est présente sur notre continuum, c’est notre vrai Soi. D’une certaine manière, cette nature nous suggère constamment de nous « tourner » vers l’intérieur, plutôt que de nous laisser absorber par ce qui nous apparaît comme existant à l’extérieur. Lorsque nous faisons ce voyage intérieur vers qui nous sommes réellement avec la bonne attitude, nous avons la possibilité de nous épanouir dans le dharma. Cette attitude dépend de notre manière de pratiquer, de notre habileté, de notre patience et de notre sagesse pour lesquelles nous devons nous entraîner constamment pour en acquérir une certaine familiarité. Certes, nous allons rencontrer en chemin beaucoup d’obstacles et de difficultés, mais nous allons aussi progressivement les surmonter. Pour que cet entraînement soit un voyage agréable, détendu et plein de félicité, il y a quelque chose que nous devons apprendre à maîtriser.

Epanouissement-02Habituellement nous nous identifions à notre JE ordinaire à nos perturbations mentales au lieu de nous référer à notre potentiel pur, notre vrai Soi. Nous imputons notre JE sur cet être ordinaire constitué d’un corps et d’un esprit contaminés par les trois poisons que sont l’attachement, la colère et l’ignorance. Tant que cet être contaminé que nous sommes est mélangé à toutes ses perturbations mentales, essaie de faire sa pratique du dharma, celles-ci auront un impact défavorable sur l’épanouissement du dharma dans notre vie. Autrement dit, nous devons identifier les causes qui entravent notre pratique et apprendre à nous en libérer. Nous devons nous libérer de l’attachement désirant à notre pratique, de la colère de ne pas obtenir des résultats et à l’ignorance de ses raisons profondes. Inconsciemment toutes ces causes interfèrent négativement dans notre pratique. Tant que nous essayons  de faire notre pratique sous l’influence de l’attachement, nous rencontrerons beaucoup d’obstacles pour finalement générer de l’aversion pour celle-ci. Pour cette raison nous devons être capables de repérer les situations dans lesquelles cet attachement se manifeste. Plus précisément lorsque notre pratique du dharma devient distraite, oppressante  ou simplement inconfortable. Nous rendre compte de cela nous permettra de prendre les bonnes dispositions pour améliorer notre pratique.

En dépendance de notre ignorance, lorsque nous pensons à notre corps et à notre esprit, la préoccupation de soi se manifeste et fait naître en nous l’attachement désirant, notre volonté de nous épanouir coûte que coûte. Cette préoccupation de soi peut fonctionner de deux manières dans notre pratique. Soit elle induit une idée exaltée de nous-mêmes en tant que pratiquant à notre niveau d’expériences, soit elle voudrait que nous soyons déjà un pratiquant accompli qu’en réalité nous ne sommes pas. Dans le premier cas, une idée flatteuse de nous-mêmes assortie de l’orgueil nous rend incapable de reconnaître nos défauts et nos perturbations mentales qui détruisent notre paix intérieure et dans le deuxième cas nous avons beaucoup d’attentes et un attachement désirant à l’image que nous voudrions avoir déjà de nous-mêmes. Cette attitude induit en nous un jugement, une forte pression, une crispation qui vont nous décourager dans notre pratique, par des pensées du genre : « Tu n’es bon à rien! La pratique du dharma, ce n’est pas ton truc, tu peux arrêter quand tu veux! », qui ne va pas nous épanouir dans le dharma. Nous devons avoir de la bienveillance et de la compassion pour nous-mêmes et nous accepter là où nous sommes avec toutes nos imperfections et nos défauts. Et nous devons apprendre à être confortable avec cette image tout en sachant qu’avec effort et patience un jour nous y arriverons aussi.

Epanouissement-03Nous devrions en toute circonstance essayer de faire de notre mieux. Ce faisant, nous créons une action qui laisse une empreinte sur notre esprit sous la forme d’un effet qui est une tendance similaire à la cause. Nous créons ainsi une familiarité avec de telles actions qui feront que nous serons à l’avenir capables de faire de mieux en mieux. Nous sommes des êtres du règne du désir et partant nous n’avons pas d’autre choix que de suivre nos désirs. Dans ce sens, nous sommes comme une marionnette que notre esprit manipule à sa guise. Les désirs en eux-mêmes ne sont pas un problème. Il y a des désirs et des aspirations dites vertueuses tels que l’envie de devenir un bouddha, d’atteindre l’illumination, d’avoir la patience et ainsi de suite. En ayant ces désirs, nul doute que nous allons dans la bonne direction. Mais dès que ces mêmes désirs sont mélangés avec de l’attachement désirant, ils deviennent non vertueux et nous empêchent de nous épanouir. Lorsque nous n’arrivons pas à obtenir ce que nous voulons, nous créons immanquablement une frustration en nous. Lorsque nous rencontrons dans notre vie des choses que nous ne désirons pas cela crée en nous une forte aversion ou même de la colère.

Le dharma est une expérience intérieure qui transforme notre manière de nous relier au monde et qui aura une incidence directe sur notre vie. Mais pour que ces expériences du dharma se développent dans notre esprit et qu’elles produisent des effets bénéfiques, nous devons absolument libérer notre pratique du dharma de nos perturbations mentales. La pureté de notre esprit est dissimulée sous une couche de perturbations mentales. Nous sommes en quelque sorte un joyau recouvert de boue. Nous devons accepter qu’actuellement nous sommes quelqu’un de perturbé. Et ces perturbations mentales actuellement sur notre esprit se mélangent à notre pratique du dharma. Et donc elles ont un impact négatif sur notre pratique. Pour nous épanouir dans notre pratique et nous libérer de ces aspects négatifs, nous devons apprendre à les reconnaître et progressivement les abandonner.

Article inspiré d’un enseignement donné par Timothy Leighton, reçu au Centre Atisha de Genève en 2011

L’Art du contentement

Contentement-02L’art du contentement consiste à être satisfait indépendamment de ce qui se passe. C’est comme un sourire qui, prenant naissance en nous, finit par se manifester à l’extérieur. Peu importe notre statut social ou notre condition matérielle, peu importe l’endroit où nous vivons, nous sommes satisfaits. Habituellement, les gens pensent rarement à ce qu’ils ont mais le plus souvent à ce qui leur manque et par conséquent sont insatisfaits. Dans son livre « Huit étapes vers le bonheur » Géshé Kelsang Gyatso définit le contentement par : « Être satisfait de ses propres conditions intérieures et extérieures motivé par une intention vertueuse. Si nous arrivons à cultiver le contentement, cet esprit extraordinaire nous amènera à être heureux tout le temps.

En fait que se passe-t-il lorsque nous n’arrivons plus à être satisfaits, le contraire du contentement? L’insatisfaction de nos propres conditions intérieures et extérieures, motivés par une intention non vertueuse. Alors nous sommes conditionnés par un esprit trompeur à qui il manque toujours quelque chose pour être heureux. Ou encore nous avons ce sentiment de ne pas pouvoir aboutir à ce que nous voulons. Quoi que nous entreprenions, il subsiste toujours ce sentiment d’insatisfaction, d’inachevé. Dans « Les conseils qui viennent du cœur d’Atisha »(*) ce grand enseignant nous dit : « Mes amis, les choses que vous désirez ne donnent pas plus de satisfaction que boire de l’eau de mer. Pratiquez donc le contentement ». Jamais, boire de l’eau de mer nous apportera le sentiment de satiété. En d’autres termes chercher à être heureux en se procurant de telles choses, en réalité ne peuvent pas produire la profonde satisfaction désirée. Atisha poursuit en disant : « Sans la sagesse qui comprend ce qu’est vraiment le bonheur, ce qui produit vraiment le bonheur, nous sommes semblable à quelqu’un qui boit de l’eau de mer ».

Contentement-01Arriver à posséder un esprit heureux et content, quelles que soient les conditions, se produit en dépendance de la sagesse qui comprend ce qu’est vraiment le bonheur et comment les plaisirs du samsara sont par nature une souffrance. Notre bonheur se produit en dépendance de nos états d’esprit et non en dépendance des choses extérieures. Aussi longtemps que nous croyons que c’est en dépendance de tel objet, de telle personne ou de tel autre phénomène, nous continuerons à chercher sans jamais être satisfait de ce que nous allons trouver. Nous ne réalisons pas que le bonheur est si proche, à l’intérieur de notre esprit et nos investigations erronées ne peuvent pas le produire. Comprenant que notre bonheur et notre satisfaction ne proviennent pas des plaisirs ordinaires du samsara nous cessons  de les rechercher là où il est impossible de les trouver. Le jour où nous comprendrons vraiment cela, beaucoup de soucis et de frustrations vont disparaître.

Supposons par exemple un objet tel qu’une montagne. Si la montagne, produisait du bonheur, de manière intrinsèque, voudrait dire que toute personne sans exception allant à la montagne devrait être heureuse. Or, il est possible de ne pas être heureux à la montagne, ne serait-ce que parce que nous avons oublié nos gants. Ceci montre clairement que ce n’est pas la montagne qui produit le bonheur et nous rend heureux, c’est quelque chose d’autre. Le fait d’être à la montagne sans gants n’est pas de son propre côté la véritable cause d’insatisfaction. Ceci illustre que le bonheur, le contentement vient de notre esprit exclusivement, lequel génère des états d’esprit sources de bonheur. Ce ne sont pas les conditions extérieures qui nous rendent heureux ou malheureux mais bien nos états d’esprit correspondants. Alors nous allons progressivement cesser de nous attacher aux conditions extérieures, en pensant que nous n’avons pas de ceci, que nous manquons de cela, que si nous ne sommes pas avec une certaine personne nous sommes malheureux.

Contentement-03Tant que des perturbations mentales s’activent dans notre esprit, inexorablement ce qui nous apparaît sera source d’insatisfactions et de souffrances.  Tant que subsistent des perturbations telles que l’ignorance, la préoccupation de soi, la colère toutes nos expériences seront imparfaites et contaminées à l’image de notre esprit. Ces états d’esprit ne pourront jamais produire la satisfaction et le bonheur que nous recherchons. Quand notre esprit deviendra pur, tout ce qui nous apparaîtra sera pur. Pur dans ce contexte veut dire qui produit du bonheur et élimine la souffrance. Pourquoi n’arrivons-nous pas à obtenir ce bonheur que nous voulons, parce que nous sommes piégés dans le samsara.

Et de conclure, toujours dans les mêmes conseils du cœur d’Atisha : « Mes amis, il n’y a pas de bonheur dans ce marécage qu’est le samsara! Aussi allez jusqu’à la terre ferme de la libération.

(*) Les conseils qui viennent du cœur d’Atisha, dans le livre « Huit Étapes vers le Bonheur », Ed. Tharpa.
Texte compilé d’après un enseignement reçu de Kelsang Jigkyob au IMC-Kailash, le mois passé.

Nourrir notre nature de félicité

Nous mettons tant d’énergie à trouver cette sensation de félicité en nous sans la trouver, alors qu’elle est déjà là. Nous mettons tant d’énergie à développer quelque chose qui est déjà là en nous, alors il suffit d’enlever tout ce qui empêche de le découvrir. Cela est pareil Felicite-01lorsque nous cherchons désespérément nos lunettes alors que celles-ci sont sur notre nez. Nous pensons devoir chercher nos lunettes parce que nous ne voyons pas très clair, alors que celles-ci sont sur notre nez mais couvertes de saleté. Le monde que nous percevons est conforme à ce à quoi nous prêtons attention. Bien souvent nous sommes obnubilés par les effets pervers de nos perturbations mentales et oublions notre vraie nature. Au lieu de nous identifier à nos perturbations mentales nous serions bien inspirés de reconnaître notre potentiel de pure félicité et de nous connecter à lui.

Felicite-02Notre état d’esprit est semblable à ce que nous pensons. Si nos pensées sont tristes et pessimistes notre esprit l’est également. Tandis que si nos pensées sont joyeuses et empreintes de félicité nous nous sentons légers et pleins de joie. Le fait par exemple de se réveiller de mauvaise humeur est capable de nous empoisonner toute la journée si nous ne voyons pas une meilleure alternative. Nos perturbations mentales nous attirent comme un aimant et plus elles sont présentes plus elles nous conditionnent. Si nous arrivons à mettre une distance de sécurité entre elles et nous, nous pouvons momentanément nous libérer de leur influence. En ne donnant pas notre assentiment à ce qui nous met de mauvaise humeur, naturellement nous faisons la place à ce sentiment de félicité.

Il arrive parfois qu’un souvenir négatif se manifeste de manière récurrente dans notre esprit. Celui-ci conditionne fortement notre manière de penser. À chaque fois il active une potentialité similaire, une graine négative qui, s’ajoutant aux autres graines, finit par prendre en otage notre esprit. Ces souvenirs projetés dans l’avenir sont telles des prophéties qui finissent par se réaliser. Voici un exemple pour illustrer cela. Une personne de mon entourage se plaint continuellement d’être seule parce que toutes ses tentatives de trouver l’âme sœur échouent. Elle pense : « Je n’arrive à rien dans mes relations, je suis nulle et me sent abandonnée de tous ceux que je rencontre ». Elle répète cette phrase comme un mantra. Ce faisant elle entretient cette potentialité « d’être abandonnable ». Alors je lui ai posé la question : « Y a-t-il dans ta vie une fois où tu t’es sentie acceptée et accueillie et que tu étais heureuse ? ».

Il suffit souvent de changer notre façon de voir et les choses et les événements que nous regardons changeront. Je me souviens encore quand à un certain moment de mon burnout au printemps 2012, alors que je m’enfonçais dans la dépression, avoir ainsi changé ma façon de percevoir. Il m’a suffi de me connecter le plus souvent possible à ma nature profonde, ce sentiment de félicité, pour que progressivement je retrouve ma sérénité. Lorsque nous sommes accablés ou confus, il nous vient instinctivement le besoin de soupirer profondément. Felicite-03S’il procure un soulagement physique immédiat, ce soupir libérateur est le seuil de la porte qui donne accès à ce sentiment de félicité. Il nous suffit juste prendre conscience de cela pour sortir de la confusion. Celui-ci peut prendre mille aspects différents à chaque moment de notre vie, comme par exemple une saveur particulièrement agréable, l’enchantement d’un beau coucher de soleil, le souvenir d’une musique ou toute autre chose. Ce sentiment de félicité est notre nature divine, notre nature de bouddha. Alors si petit soit ce sentiment, en enlevant tous ce qui nous empêche de le manifester, nous pouvons progressivement nourrir notre nature de félicité.