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Le développement des perturbations mentales

Dans son livre « La Voie Joyeuse », Ghéshé Kelsang Gyatso, en expliquant le développement des perturbations mentales, nous montre le fonctionnement du samsara. Le samsara, tel un processus, est une tâche qui fonctionne continuellement dans notre esprit dominé par les perturbations mentales. Et si nous comprenons le mécanisme exact par lequel le samsara se développe, nous pourrons facilement le démanteler. Comment? Sur la base d’un commentaire reçu de mon enseignant Kadam Ryan en 2005, les étapes de ce processus sont expliquées ci-après.

Par notre ignorance de saisie d’un soi qui nous convainc de l’existence intrinsèque des objets et des phénomènes, nous croyons que notre corps et notre esprit, la base d’imputation de notre JE existe vraiment de la manière dont nous les percevons. En effet, nous observons ce corps et cet esprit, la base d’imputation de notre JE, qui nous semblent exister de leur propre côté et nous les saisissons en donnant notre assentiment à cette apparence. En aucun moment nous avons l’impression que notre esprit a créé ce corps. Nous avons plutôt le sentiment que : « Mon corps est là, et mon esprit l’observe! ». Nous pouvons décrire ce corps, observer chacune de ses parties comme des objets observés par notre esprit. Cette assertion nous fait penser que la base d’imputation de notre JE existe de son propre côté et nous en déduisons que notre JE existe également de son propre côté. Si nous croyons que notre corps et notre esprit existent de leur propre côté, il est évident que notre JE existe de son propre côté aussi.

Perturbations-02Si notre JE existe de son propre côté, de la même manière tous les phénomènes différents de nous-mêmes, toutes les objets qui ne sont pas nous-mêmes doivent forcément exister de leur propre côté. Pourquoi? Parce que si nous existons de façon indépendante de tout le reste, alors tout le reste existe de la même manière, indépendamment de nous-mêmes. Du moment que nous-mêmes sommes séparés de tout, inversement tout est séparé de nous également. En conséquence, les autres existent de leur propre côté et nous-mêmes existons de notre propre côté. Comme les deux objets, nous et les autres existons de manière intrinsèque, leur différence existe de manière intrinsèque. Donc les autres sont forcément indépendants et séparés de nous-mêmes.

En dépendance de la conception ci-dessus, nous développons la préoccupation de soi. Rappelons que la préoccupation de soi, une perturbation mentale qui affirme que notre bonheur est suprêmement important. Ce qui est logique dans le sens que si nous existons d’une manière indépendante des autres, les autres existent de manière indépendante aussi. Pourquoi devrions-nous nous préoccuper des autres? Ce qui se passe chez eux n’a absolument rien à voir avec nous-mêmes et ne nous intéresse pas du tout. Parce que nous existons de notre propre côté, la seule chose nous prenons en considération est notre propre bonheur que nous pensons être bien plus important que celui de tous les autres qui nous laisse totalement indifférent. Sur la base de cette préoccupation de soi, nous développons l’attachement et l’aversion.

De ce point de vue, si tous les objets existent de manière intrinsèque, lorsque nous voyons un objet attirant en pensant qu’il existe de son propre côté, nous développons naturellement de l’attachement. Rappelons que l’attachement est un esprit qui croît que l’objet qui existe de son propre côté est une cause de bonheur et nous mettons tout en œuvre pour l’obtenir. Il en va de même pour l’aversion. Si l’objet qui existe de son propre côté est une cause de souffrance pour nous, nous voudrions l’éloigner voir même le détruire. Bouddha dit que l’ignorance, l’aversion et l’attachement sont à la base de toutes les actions contaminées. Une action est dite contaminée si elle est motivée par une perturbation mentale.

Perturbations-01De la motivation contaminée résulte une action contaminée. La conséquence de nous engager dans des actions contaminées produira sur notre esprit des graines karmiques qui constituent un karma négatif. Les potentialités karmiques de celles-ci vont donner lieu à quatre types d’effets.

  • L’effet mûri qui intervient qui intervient au moment où nous nous approprions de nos agrégats contaminés que nous concevons comme existant de leur propre côté.
  • L’effet environnemental qui est le fait de percevoir un environnement comme existant de son propre côté, comme si les objets apparaissent comme existants de leur propre côté.
  • L’effet qui est une expérience similaire à la cause qui est le fait de revivre une expérience contaminée.
  • L’effet qui est une tendance similaire à la cause qui est le fait d’avoir une tendance compulsive de toujours voir les objets dans une manière contaminée, donc existants de leur propre côté.

Ceci démontre que la racine de toutes les souffrances est notre ignorance de saisie d’un soi. Naturellement sous serons motivés pour éliminer cette cause majeure de notre malheur. Actuellement, nous sommes convaincus que ce sont les autres qui sont la cause de notre souffrance et pour cette raison, nous faisons énormément d’efforts pour les éliminer! Mais si nous comprenons que la cause originelle de notre souffrance est la saisie d’un soi, si nous voulons être libres de toute souffrance nous devons éliminer cette erreur conceptuelle de notre esprit.

Perturbations-03Si nous comprenons la vacuité de tout phénomène, lorsque nous voyons notre base d’imputation de notre JE, nous allons réaliser qu’elle n’existe pas de son propre côté. Si nous réalisons que notre base d’imputation n’existe pas de son propre côté, nous ne pouvons pas croire que notre JE existe de son propre côté. Et si nous réalisons la vacuité de notre JE, il n’y a aucune base valide pour l’existence de notre préoccupation de soi, parce que la préoccupation de soi chérit le JE qui existe de son propre côté. Si nous réalisons qu’un tel JE n’existe pas du tout, nous n’aurons pas un esprit qui chérit le bonheur de quelque chose qui n’existe pas. Si nous n’avons pas la préoccupation de soi ni la saisie d’un soi, ce sera pratiquement impossible pour nous de développer l’attachement ou l’aversion. Tout cela parce que les objets n’apparaissent pas comme existant de leur propre côté, parce que nous ne sommes pas séparés des autres choses. Et sans préoccupation de soi nous ne considérerons plus notre bonheur comme  d’une grande valeur, en n’essayant pas d’obtenir des objets d’attachement et de nous détourner des objets d’aversion. Sans toutes ces perturbations mentales, toutes nos actions seront forcément des actions pures, parce que notre motivation est libre de toute contamination par des perturbations mentales. Et si toutes nos actions sont pures, toutes les potentialités karmiques que nous créerons sur notre esprit seront également pures. Et quand celles-ci mûriront elles mûriront dans des apparences pures. Si les apparences de notre esprit sont pures ce sera facile pour nous de ne plus percevoir les choses d’une manière contaminée, parce qu’elles apparaissent pures à notre esprit.

 Rédigé d’après la transcription de l’enseignement de « La Voie Joyeuse » du PF de Kadam Ryan au Centre Atisha de Genève en 2005

Être satisfait de faire de son mieux

Dans nos activités quotidiennes, qu’elles soient ordinaires ou spirituelles, nous rencontrons une multitude d’obstacles et problèmes. Ne réalisant pas que ceux-ci sont les effets de nos actions passées, nous avons parfois une attitude de désaveu et un sentiment Cause-Effet-01d’impuissance et de découragement. Il nous arrive alors de penser : « Oh non! Cette fois-ci c’en est trop, je n’y arriverai pas », ou bien encore : « Depuis le temps que je m’applique je n’obtiens aucun résultat ». Cet état d’esprit a un effet destructeur dont les conséquences vont être expliquées ci-après. Mais au préalable il est bon de rappeler les effets de nos actions sur notre karma. Une action engendre quatre effets, qui sont :

  1. L’effet mûri
  2. L’effet qui est une tendance similaire à la cause
  3. L’effet qui est une expérience similaire à la cause
  4. L’effet environnemental.

Dans ce contexte l’effet qui est une tendance similaire à la cause est le plus important.

Confronté à un obstacle ou un problème, notre réaction est elle-même une action qui laisse l’empreinte d’un effet potentiel à venir. Autrement dit le fait même de capituler devant la difficulté à surmonter est une action dont l’effet sera similaire à la cause. Ce qui signifie qu’en cas d’échec à surmonter celle-ci, nous « programmons notre esprit » pour vivre la même situation désagréable. Avec familiarité, nous entretiendrons ce mode de fonctionner de plus en plus souvent dans le futur. Du point de vue de l’esprit, en prenant cette option face à un obstacle ou un problème, nous en concluons que notre situation est désespérée. Heureusement pour nous, il existe une autre option bien plus bénéfique : « Nous devons être satisfaits de faire de notre mieux ». Nous devons accepter cette réalité. Un peu de progrès c’est toujours mieux qu’aucun progrès.

Cause-Effet-02Pouvons-nous être assurés que faire de notre mieux sera suffisant? Certainement, car dans la perspective du gestionnaire de notre karma, Bouddha Dorjé Shugden, celui-ci activera seules les potentialités karmiques les mieux appropriées à notre situation actuelle afin de nous conduire le plus rapidement possible vers l’illumination. Réflexion faite, nous ne pouvons pas faire mieux que faire de notre mieux. Notre inconfort en présence d’une difficulté vient d’avoir des attentes situées momentanément hors de notre capacité. Notre impuissance à la surmonter alors nous décourage et nous déprime. Le problème ne vient pas de ce que nous pouvons faire ou ne pas faire, mais de nos attentes. Nous devons accepter de faire du mieux que nous pouvons sans jugement de là où nous sommes maintenant.

Ce qui sabote la satisfaction de nos attentes et nous empêche de faire de notre mieux est notre attachement au résultat. Nous voudrions tellement que les choses se passent comme nous l’avons projeté et si ce n’est pas le cas cela devient un drame. Il y a toujours un résultat de nos actions mais celui-ci ne se manifeste pas forcément de la manière que nous pensons. En imposant continuellement des exigences irréalistes à nos attentes, qui se traduisent par des expressions telles que « Je dois … », « Il faut absolument que … », impliquent un succès ou un échec. Ce faisant nous nous exposons au découragement et à la déception. Nous nous obstinons à définir trop précisément le résultat à obtenir avec trop d’exigences, pensant que nous serons capables de Cause-Effet-03l’atteindre. Le plus souvent, la raison de notre insuccès vient du fait que nous n’avons pas réuni toutes les causes et les conditions nécessaires pour que le résultat escompté se produise. Que ce soit dans notre vie ordinaire ou dans notre vie spirituelle, notre attachement au résultat extérieur ou intérieur sera détruit lorsque nous sommes à même de pouvoir dire : « Lorsque les choses vont bien, c’est très bien ainsi » et lorsque les choses sont un problème, alors c’est tant mieux car là j’ai quelque chose de nouveau à apprendre! »

Identifier, réduire et détruire

Pour progressivement venir à bout de nos perturbations mentales, nous devons adopter une stratégie efficace sans quoi nous n’aurons que de piètres résultats. En effet, qui n’a pas, malgré tant d’efforts, été confronté à la répétition de mêmes situations, de mêmes désagréments et de souffrances. Alors dans de tels cas, nous avons tendance à nous décourager, à baisser les bras. Et nous pensons : « Pourtant, ce n’est pas faute d’avoir essayé, mais je suis à nouveau dans les problèmes et les difficultés »; ou bien encore par exemple : « Décidément, c’est manque de chance, me voilà encore dans la même situation que la semaine passée! ». C’est notre ignorance qui nous fait réagir de cette façon, car elle tend à nous faire croire que ce sont les circonstances extérieures qui sont responsables de nos infortunes. Bouddha nous enseigne que tous ces phénomènes, toutes ces circonstances sont semblables à un rêve et n’ont pas d’existence intrinsèque. Ce ne sont que des illusions, une pure création de notre esprit. Ce qui nous arrive n’est pas dû au hasard ou à quelque chose venant d’ailleurs que de notre esprit. Cette stratégie consiste à entraîner notre esprit en appliquant successivement trois consignes qui sont : identifier, réduire et détruire.

Identifier-01Identifier. Depuis des temps sans commencement, nous répétons distraitement les mêmes fautes au point d’en être devenu familier. Et ce n’est qu’a posteriori, en éprouvant les conséquences, que nous émettons notre désapprobation aux résultats vécus. Le plus souvent, nous cherchons de préférence un coupable, une circonstance qui justifie notre inconfort et notre souffrance. Nous pensons vraiment que les gens sont méchants autour nous, que le système dans lequel nous vivons est dégénéré, que la société est incompréhensible et ainsi de suite. Et nous pensons peut-être : « C’est toujours sur moi que cela tombe et c’est de SA faute, j’en ai marre! » ou encore : « Ah! Si seulement IL pouvait changer, je me sentirais sûrement mieux! » Pour éviter ce scénario catastrophe, nous devons impérativement identifier nos propres perturbations mentales. Envahis par l’ennemi, nous devons le débusquer pour le vaincre. Pour trouver ce qui nous fait souffrir, nous devons savoir quoi chercher. C’est alors le début d’un possible changement.

Reduire-01Réduire. Nous pouvons commencer à changer notre manière habituelle de réagir. Et au lieu de nous décourager et de déprimer en voyant ce qui se trouve de problématique sur notre esprit, nous pouvons nous encourager à faire ce changement. Ainsi, au lieu d’attribuer la responsabilité de ce qui nous arrive à quelque chose externe à notre esprit, nous pouvons porter notre attention à ce que cette chose, cet événement nous dévoile. Nous pouvons alors par exemple nous poser la question : « Qu’est-ce que cette chose, cet événement essaie de me dire ou de me faire comprendre? » ou encore : « En quoi cette expérience m’est utile pour comprendre mon erreur? » ou bien : « Te voilà encore, chère préoccupation de soi! Cette fois-ci je te tiens et je ne te donne pas mon assentiment! ». La réduction de nos perturbations mentales est un travail de longue haleine qui n’est pas toujours facile. Parfois le danger est de rester trop superficiel et de se contenter de peu. Plus nous progressons sur la voie spirituelle, plus nous découvrons ce qui se trouve dans notre esprit et que nous devons éliminer.
Detruire-01
Détruire. Nos mauvaises habitudes sont semblables à de mauvaises herbes dans le jardin. Il ne suffit pas de les arracher en surface pour les éliminer. Il faut aller en profondeur chercher la racine de celles-ci pour les éliminer définitivement. Il ne suffit pas de gagner quelques batailles contre nos perturbations mentales, nous devons finalement gagner la guerre. Ainsi notre capacité à contrôler notre esprit devient de plus en plus grande et nous sommes capables d’affronter des choses difficiles et de faire face à de sérieuses perturbations mentales. Pour cela, nous avons besoins d’une certaine force intérieure pour regarder nos perturbations mentales en face et pouvoir les détruire et les éradiquer définitivement de notre esprit. Tant que nous ne travaillons pas en profondeur à Detruire-02cette tâche, les problèmes samsariques perdurent. Si nous voulons vraiment nous guérir complètement notre esprit, nous devons aller voir ce qui s’y trouve et ôter tout ce qui nous est néfaste. Heureusement pour nous, notre guide spirituel nous accompagne dans nos batailles et nous ne devons pas hésiter à lui demander son assistance. Pour cela, nous lui faisons des requêtes, comme par exemple : « S’il te plaît, révèle-le moi la signification de cette expérience afin de la surmonter »; ou encore « S’il te plaît, accorde-moi la sagesse de comprendre ce qui m’arrive en ce moment pour en détruire toutes les causes potentielles similaires sur mon esprit ».

En conclusion. Au lieu de nous enliser dans les injonctions de notre préoccupation de soi et de notre ignorance, nous serons bien inspirés de transformer les circonstances adverses de nos expériences. Comme le disait mon enseignante Kelsang Jikgyob, nous pouvons voir « la personne qui appuie sur le bouton » non pas comme une provocation mais comme quelqu’un qui nous aide « à voir le bouton ». Ce qui nous arrive de malheureux ne l’est pas de manière intrinsèque et donc nous pouvons le percevoir comme une leçon pour nous inciter à changer. Identifier, réduire et détruire telle est notre feuille de route pour nous libérer de la souffrance.

Se dépasser face à l’adversité

Adversité-01Les épreuves de l’adversité, sont souvent prises comme une sorte de fatalité. Celles-ci expriment un état dans lequel on a le sort contre soi. De nombreuses personnes se sentent alors dans l’incapacité de réagir persuadées que de toute façon c’est peine perdue. Dans de telles conditions aucune alternative ne sera présente et la personne ne tardera pas à sombrer dans le découragement et la résignation. Face à l’adversité notre esprit de préoccupation de soi n’est pas le meilleur ami, bien au contraire. Dans le pire des cas il entretient un sentiment de culpabilité. Notre esprit se barricade alors dans sa zone de confort et sabote toutes les velléités d’un éventuel dépassement. Si nous sommes persuadés que la difficulté existe vraiment ses effets seront vraiment sur notre chemin.

Encore une fois, tout est création de notre esprit. Et si celui-ci crée des obstacles apparemment insurmontables, il nous sera difficile de les franchir. Au contraire, le premier moment d’abattement passé, en changeant d’état d’esprit, ceux-ci se transformeront en une opportunité de dépassements. Dans une situation difficile, toute notre attention doit se focaliser sur la meilleure manière de dépasser la difficulté. Ce faisant, en aucun moment nous pensons à l’échec possible. Nous mettons toute notre énergie à croire que c’est possible. Tant que nous considérons l’obstacle comme un objet extérieure à notre esprit et possède une existence intrinsèque, nous n’avons aucune influence sur lui. En réalité nous Adversité-02percevons une projection subjective générée par notre esprit et cette image est le fruit de nos perturbations mentales.

Les limites de notre « zone de fonctionnement » ou zone de confort est totalement subjective. C’est pourquoi nous les plaçons arbitrairement en fonction de notre état d’esprit qui s’inspire des apparences trompeuses du samsara. Pour savoir où ces limites se trouvent, il vaut mieux être à l’écoute de sa sagesse intérieure que de sa préoccupation de soi. La première nous incite élargir notre « zone de fonctionnement » pour nous faire apprendre et progresser, tandis que la deuxième nous dissuade de le faire par peur du changement et de l’inconnu. La première nous propose des défis à relever, la seconde le rejet ou le statu quo.

Cette sagesse intérieure vient de notre potentiel pur, de notre guide spirituel alors que notre préoccupation de soi vient de notre attachement aux mirages de ce monde. Combien de fois prenons-nous les solutions « clé en main » proposées par des personnes bien intentionnées sans les évaluer avec notre sagesse pour savoir si cela est bénéfique pour nous. Nous sommes des individus et avons chacun et chacune un chemin de vie et un karma personnel différents. Une expérience similaire à la nôtre vécue par une autre personne sera certainement différente pour nous, car les causes et les conditions ne sont pas identiques.

Adversité-03Nous voudrions tellement que la vie soit aussi facile que nous le montre les publicités qui foisonnent dans notre environnement. Il nous semble que la vie est une sorte de supermarché où tout est disponible à profusion, qu’il n’y a qu’à mettre ce que nous voulons dans le caddie et passer à la caisse. Or, il n’y a pas de supermarché à l’extérieur de notre esprit, et c’est bien là ce qui nous confronte à l’adversité. Si nous considérons la vie comme une compétition, nous devons savoir que la réussite des uns signifie obligatoirement l’échec de certains autres. Finalement dans le samsara, il n’y a que des perdants tant que nous n’avons pas compris sa nature.

S’épanouir dans le dharma

Epanouissement-01Souvent notre pratique du dharma est difficile et laborieuse et il nous semble qu’il est pénible de conjuguer celle-ci avec notre vie quotidienne. Alors que la pratique du dharma est sensée nous épanouir, nous libérer et nous rendre heureux, en fait ce n’est pas le cas. Pourquoi? Parce que notre esprit est fortement sollicité par les distractions et les plaisirs du samsara qui prennent trop de place dans notre vie. Ou encore parce que nous sous-estimons l’importance de mettre le dharma en priorité dans notre vie. Savoir comment s’épanouir dans le dharma, devrait par conséquent nous réjouir tous les jours de notre vie. Si nous arrivons à faire fleurir notre pratique, cela aura une incidence majeure dans tout ce que nous entreprenons. Puisque la pratique du dharma est un processus qui se passe à l’intérieur de notre esprit, celui-ci va générer des expériences intérieures, lesquelles transformeront nos expériences quotidiennes. La vie elle-même, influencée par la pratique du dharma nous conduira vers l’harmonie, le bonheur et la paix intérieure.

Dans le glossaire du livre « La voie Joyeuse » Dharma se définit par les enseignements de Bouddha et les réalisations intérieures que nous atteignons en dépendance de ceux-ci. La raison pour laquelle nous n’arrivons pas à réaliser celles-ci et à nous épanouir dans notre vie est en fait très simple. Nous ne prenons pas assez en compte le potentiel de pureté en nous, notre nature de Bouddha. Depuis des temps sans commencement cette nature pleinement réalisée, cet esprit très subtil est présente sur notre continuum, c’est notre vrai Soi. D’une certaine manière, cette nature nous suggère constamment de nous « tourner » vers l’intérieur, plutôt que de nous laisser absorber par ce qui nous apparaît comme existant à l’extérieur. Lorsque nous faisons ce voyage intérieur vers qui nous sommes réellement avec la bonne attitude, nous avons la possibilité de nous épanouir dans le dharma. Cette attitude dépend de notre manière de pratiquer, de notre habileté, de notre patience et de notre sagesse pour lesquelles nous devons nous entraîner constamment pour en acquérir une certaine familiarité. Certes, nous allons rencontrer en chemin beaucoup d’obstacles et de difficultés, mais nous allons aussi progressivement les surmonter. Pour que cet entraînement soit un voyage agréable, détendu et plein de félicité, il y a quelque chose que nous devons apprendre à maîtriser.

Epanouissement-02Habituellement nous nous identifions à notre JE ordinaire à nos perturbations mentales au lieu de nous référer à notre potentiel pur, notre vrai Soi. Nous imputons notre JE sur cet être ordinaire constitué d’un corps et d’un esprit contaminés par les trois poisons que sont l’attachement, la colère et l’ignorance. Tant que cet être contaminé que nous sommes est mélangé à toutes ses perturbations mentales, essaie de faire sa pratique du dharma, celles-ci auront un impact défavorable sur l’épanouissement du dharma dans notre vie. Autrement dit, nous devons identifier les causes qui entravent notre pratique et apprendre à nous en libérer. Nous devons nous libérer de l’attachement désirant à notre pratique, de la colère de ne pas obtenir des résultats et à l’ignorance de ses raisons profondes. Inconsciemment toutes ces causes interfèrent négativement dans notre pratique. Tant que nous essayons  de faire notre pratique sous l’influence de l’attachement, nous rencontrerons beaucoup d’obstacles pour finalement générer de l’aversion pour celle-ci. Pour cette raison nous devons être capables de repérer les situations dans lesquelles cet attachement se manifeste. Plus précisément lorsque notre pratique du dharma devient distraite, oppressante  ou simplement inconfortable. Nous rendre compte de cela nous permettra de prendre les bonnes dispositions pour améliorer notre pratique.

En dépendance de notre ignorance, lorsque nous pensons à notre corps et à notre esprit, la préoccupation de soi se manifeste et fait naître en nous l’attachement désirant, notre volonté de nous épanouir coûte que coûte. Cette préoccupation de soi peut fonctionner de deux manières dans notre pratique. Soit elle induit une idée exaltée de nous-mêmes en tant que pratiquant à notre niveau d’expériences, soit elle voudrait que nous soyons déjà un pratiquant accompli qu’en réalité nous ne sommes pas. Dans le premier cas, une idée flatteuse de nous-mêmes assortie de l’orgueil nous rend incapable de reconnaître nos défauts et nos perturbations mentales qui détruisent notre paix intérieure et dans le deuxième cas nous avons beaucoup d’attentes et un attachement désirant à l’image que nous voudrions avoir déjà de nous-mêmes. Cette attitude induit en nous un jugement, une forte pression, une crispation qui vont nous décourager dans notre pratique, par des pensées du genre : « Tu n’es bon à rien! La pratique du dharma, ce n’est pas ton truc, tu peux arrêter quand tu veux! », qui ne va pas nous épanouir dans le dharma. Nous devons avoir de la bienveillance et de la compassion pour nous-mêmes et nous accepter là où nous sommes avec toutes nos imperfections et nos défauts. Et nous devons apprendre à être confortable avec cette image tout en sachant qu’avec effort et patience un jour nous y arriverons aussi.

Epanouissement-03Nous devrions en toute circonstance essayer de faire de notre mieux. Ce faisant, nous créons une action qui laisse une empreinte sur notre esprit sous la forme d’un effet qui est une tendance similaire à la cause. Nous créons ainsi une familiarité avec de telles actions qui feront que nous serons à l’avenir capables de faire de mieux en mieux. Nous sommes des êtres du règne du désir et partant nous n’avons pas d’autre choix que de suivre nos désirs. Dans ce sens, nous sommes comme une marionnette que notre esprit manipule à sa guise. Les désirs en eux-mêmes ne sont pas un problème. Il y a des désirs et des aspirations dites vertueuses tels que l’envie de devenir un bouddha, d’atteindre l’illumination, d’avoir la patience et ainsi de suite. En ayant ces désirs, nul doute que nous allons dans la bonne direction. Mais dès que ces mêmes désirs sont mélangés avec de l’attachement désirant, ils deviennent non vertueux et nous empêchent de nous épanouir. Lorsque nous n’arrivons pas à obtenir ce que nous voulons, nous créons immanquablement une frustration en nous. Lorsque nous rencontrons dans notre vie des choses que nous ne désirons pas cela crée en nous une forte aversion ou même de la colère.

Le dharma est une expérience intérieure qui transforme notre manière de nous relier au monde et qui aura une incidence directe sur notre vie. Mais pour que ces expériences du dharma se développent dans notre esprit et qu’elles produisent des effets bénéfiques, nous devons absolument libérer notre pratique du dharma de nos perturbations mentales. La pureté de notre esprit est dissimulée sous une couche de perturbations mentales. Nous sommes en quelque sorte un joyau recouvert de boue. Nous devons accepter qu’actuellement nous sommes quelqu’un de perturbé. Et ces perturbations mentales actuellement sur notre esprit se mélangent à notre pratique du dharma. Et donc elles ont un impact négatif sur notre pratique. Pour nous épanouir dans notre pratique et nous libérer de ces aspects négatifs, nous devons apprendre à les reconnaître et progressivement les abandonner.

Article inspiré d’un enseignement donné par Timothy Leighton, reçu au Centre Atisha de Genève en 2011

Comment gérer la solitude

Solitude-02Pour diverses raisons personne ne reste insensible à la solitude. On définit la solitude par la peur d’être seul. Celle-ci ne se manifeste non seulement lorsque effectivement nous sommes seuls mais de manière sous-jacente et conduit à un grand nombre de comportements dysfonctionnels. La solitude n’a pas le même sens selon qu’il s’agit d’un choix ou d’une situation subie. Certains individus se sentent seuls même s’ils sont membres d’un groupe. Généralement les gens admettent que l’attachement aux biens matériels n’est pas recommandable, mais pense au contraire que l’attachement aux autres est normal et bénéfique. Par crainte d’être seul, ils consomment les autres pour leurs propres besoins et ils sont jaloux des autres pensant qu’ils sont plus heureux qu’eux-mêmes. Ils pensent que les relations nourrissent leur valeur personnelle et que sans celles-ci ils ont le sentiment de ne rien avoir et de ne pas exister. d’où l’expression souvent entendue dans les amours fusionnels : « Sans toi, je préfère mourir ».

Solitude-01Pour résoudre les problèmes de solitude, il est très important d’identifier les types de solitude. Où et dans quelles circonstances avons-nous peur de la solitude et comment elle influence notre comportement. Son identification est primordiale. Il y a trois perturbations mentales importantes qui entretiennent la peur de la solitude : l’attachement, la préoccupation de soi et l’ignorance ou incompréhension de qui nous sommes vraiment. N’oublions pas que nous sommes dans le samsara. Nous avons besoin de réaliser qu’il n’y a pas de causes extérieures de bonheur dans celui-ci. Alors, à cause de notre attachement, tant que notre bonheur dépendra de la présence des autres, nous souffrirons et serons malheureux. Si notre préoccupation de soi est omniprésente dans notre esprit, nous serons toujours dans l’attente de bienfaits provenant unilatéralement des autres, sans quoi nous nous sentirons seuls et malheureux. Toutes les peurs dans le samsara, et en particulier la peur de la solitude, proviennent de la conception erronée de nous-mêmes et des autres en tant qu’entités indépendantes.

Bonté-01Nous nous concevons mentalement en tant qu’être séparé de toute autre chose et de toute autre personne et nous en souffrons. Cette manière de penser est totalement fausse parce que le JE de soi-même n’existe pas de manière intrinsèque. En réalité, tout objet ou toute personne est inséparable de nous, parce que ils sont des projections de notre propre esprit. Ce que nous sommes, ce que nous sommes capables de faire vient essentiellement des autres et de leur bonté. Sans nos parents nous ne serions pas ici en train de lire ce texte. Sans la bonté de nos enseignants vous ne serions pas capables de lire et comprendre celui-ci. Donc, au lieu de nous plaindre de notre solitude voyons combien d’êtres se manifestent en nous, autour de nous et à travers nous dans notre vie. Au lieu de nous sentir si seul, voyons-nous comme inséparable de tous les autres êtres vivants.

Mentalement, considérons toutes nos pensées et actions comme bénéfiques aux autres. Ce que nous faisons, nous le faisons pour le bien des autres. Les bouddhas ont la faculté de se manifester d’innombrables manières pour nous aider. Partout où nous imaginons un bouddha, un bouddha se manifeste vraiment et nous vient en aide. Avec le temps, nous sentirons réellement leur présence et nous n’éprouverons plus aucune solitude. Pour mieux nous connaître, nous pouvons contempler notre manière de gérer les situations de solitudes et méditer sur notre compréhension de la solitude en utilisant les quelques pistes développées ci-dessus. Nous pouvons par exemple le soir prendre le déroulement de notre journée et mettre en lumière les circonstances où nous avons ressenti une certaine solitude et rétroactivement porter notre attention sur les stratégies pour éviter la manifestation de celle-ci.

Compilé à partir de d’un enseignement reçu de R. Engen au Centre Atisha de Genève et de mes notes personnelles.

Nous vivons dans le règne du désir

Combien de fois n’avons-nous pas succombé au désir irrésistible d’obtenir la même chose que son voisin, d’acheter le vêtement tendance dont tout le monde rêve. Pourquoi sommes-nous si envieux de la réussite d’une telle personne à qui tout paraît facile. Pourquoi certaines personnes s’exposent-elles  au scandale pour assouvir leurs désirs de conquêtes, d’argent et de réussite. La peur de ne pas obtenir l’objet de leur désir pousse certains à commettre l’irréparable tricherie à le vouloir à tout prix. Pourquoi l’herbe du voisin nous paraît toujours plus verte et plus savoureuse?
Désir-01D’après les écrits bouddhistes les êtres samsariques tels que les humains vivent dans le règne du désir. C’est l’environnement des êtres qui jouissent des cinq objets de désir, tels que les belles forme, les sons agréables, les odeurs parfumées, les saveurs délicieuses et les objets doux et stimulants. Autrement dit, tout ce qui est perçu par nos sens et qui génère habituellement de multiples attachements désirants et qui conduisent finalement à la souffrance.

Dans son livre « La Voie joyeuse, VGL explique : « L’attachement désirant est un facteur mental qui observe son objet contaminé, le ressent comme attirant, exagère son attrait, le trouve désirable et développe le désir de le posséder. » Le fait de ne pas obtenir l’objet désiré nous pousse à commettre des actions non-vertueuses, entraînant diverses souffrances qui laissent des empreintes négatives sur l’esprit. Si notre attachement désirant est très fort, personne n’arrivera à nous dissuader d’obtenir ce que nous désirons.
Non contents de ce que nous possédons, notre préoccupation de soi nous fait ressentir que nos désirs sont plus importants que ceux de toute autre personne. Cette préoccupation de soi nous incite à nous comparer constamment aux autres et souvent à entrer en compétition avec eux. C’est la une grossière erreur due à notre grande ignorance de saisie du soi, car celle-ci nous fait croire que les choses existent de la manière que nous les percevons.

Désir-03Dans quelles circonstances se développe cet attachement qui est la racine de toutes nos perturbations mentales? Il faut savoir que nous cherchons la satisfaction dans les plaisirs du samsara. Ce faisant, nous créons beaucoup de mauvaises habitudes compulsives, sources  de problèmes et de souffrances. De manière subjective, notre esprit fonctionne souvent selon un mode de comparaison. Par exemple, si en fin d’année notre employeur nous accorde une gratification pour notre travail, nous sommes content. Mais si nous venons à savoir que nos collègues ont reçu le double, nous sommes mécontent et malheureux. De manière générale nous passons beaucoup de temps à comparer notre statut, nos possessions, nos richesses, etc., toujours avec le désir de savoir si nous sommes mieux ou moins bien lotis que l’autre.
Nous pouvons alors penser qu’il vaudrait mieux se détourner complètement de tous ces objets de plaisir et de se couper du monde et des autres. Ce n’est évidemment pas la solution non plus. Nous devons nous libérer du joug de l’attachement en ne considérant pas ces objets de désir comme inconditionnellement indispensables à notre bonheur. Comme le disait si souvent mon enseignant : « Prendre plaisir, sans saisir! » Ainsi nous pouvons apprécier la compagnie de nos amis, aimer posséder des choses matérielles sans attachement désirant. Et si nous venons à nous séparer d’un ami ou perdre un objet inestimable, nous ne devrions pas être déprimés pour autant.

Désir-02La souffrance engendrée par le désir vient entre autre du fait que nous envions toujours ce que les autres possèdent au lieu de nous contenter de ce que nous avons. Ce qui revient à nous comparer continuellement aux autres et de préférence à ceux que nous croyons plus fortunés qu’à ceux qui le sont moins. Notre bonheur et notre malheur dépendra essentiellement de la référence qui nous servira de base de comparaison. Le désir trouve sa source dans la préoccupation de soi, l’attachement, la haine, la jalousie et bien d’autres perturbations mentales. À peine un désir est satisfait qu’un autre survient. Sitôt l’objet de notre désir acquis, très vite nous le trouvons inintéressant et cherchons à le remplacer par un autre.

En conclusion, pour nous libérer des souffrances et des malaises occasionnés par nos nombreux désirs impossibles, cessons de nous comparer aux autres que nous regardons avec des yeux envieux. Regardons et contemplons nos acquis en pensant à tous ceux qui, moins fortunés que nous, se trouvent démunis dans un environnement misérable et qui manquent de l’essentiel pour vivre. Par la méditation sur ce thème sensible, nous purifierons notre esprit de la domination du désir.

Rédigé d’après ma lecture de « La Voie joyeuse », de Kelsang Gyatso aux Editions Tharpa et de mes notes prises lors des enseignements reçus au Centre Atisha à Genève.

Une signification de prendre refuge

Prendre refuge dans des objets ordinaires, tel que le chocolat ou les intoxicants ou tel que le mental ne sont d’aucune utilité lorsque vous êtes en difficulté. j’en ai fait l’expérience à un moment particulièrement critique durant mon burn-out.

Alors que je peinais à donner une consistance à mon quotidien,  je dormais plus que de raison au point de dérégler mon horloge biologique interne et de perdre toute mon énergie. Je ne me suis pas rendu compte qu’en fait je donnais mon assentiment à mon mental, à mon auto-préoccupation. Celle-ci, sollicitée par les conditions extérieures, me dictait que la meilleure chose à faire était de me réfugier dans le sommeil au fond de mon lit des heures durant. Et plus je dormais, plus je donnais mon accord à mon auto-préoccupation, lui laissant prendre le pouvoir sur moi. Le cercle vicieux était amorcé et je m’enfonçais au plus profond de ma déprime!

Heureusement qu’un mécanisme de survie s’enclencha un lundi matin. Pour illustrer cela, imaginez que vous expirez et retenez votre respiration. C’est possible durant quelques dizaines de secondes, mais à un certain moment vous êtes inconditionnellement obligé d’inspirer à nouveau. Du point de vue de l’esprit cela se manifeste par le retour à la conscience pour prendre refuge dans votre potentiel pur, votre esprit omniscient qui sait ce qui est bon pour vous mais que vous n’avez pas voulu entendre précédemment. Écoutant cette sagesse interne, j’ai cessé immédiatement ce comportement trompeur pour adopter un nouveau contenu de mes journées, qui se résume simplement par une réponse sortie « par hasard » de la bouche d’une personne de mon entourage : « Dormir moins … et bouger davantage! » Cela a été un tournant décisif dans mon processus de guérison. Depuis, lorsque je prends refuge dans ma pratique quotidienne, sa signification a pris plus de valeur. Je la ressens plus profondément et mes journées sont organisées autour de plein d’activités intéressantes et bénéfiques pour ma santé physique et spirituelle.

Soyez vigilants, n’écoutez pas ce que vous suggère votre mental, votre auto-préoccupation mais la voix de votre sagesse intérieure omnisciente.

Réflexion sur la rentrée.

En cette fin août, mon esprit est constamment sollicité par le souvenir des mêmes périodes de ces années passées : le moment de la rentrée des classes. Celles de la rentrée des classes d’apprentissage durant mon activité professionnelle et durant ces sept années passées celle de la rentrée des bouddhas, c’est-à-dire la reprise du cours programme général appelé « introduction à la méditation ». Or le karma de ces expériences s’est totalement consumé et de quoi sera fait demain reste pour le moment incertain. Il règne alors dans mon esprit un certain malaise, une certaine confusion. Et c’est les conditions idéales pour que ce démon de l’auto-préoccupation se manifeste en m’incitant à la culpabilité et au jument.

Prenant un moment de méditation, en demandant à mon guide spirituel ce que je peux faire maintenant, je me suis souvenu des notes prises lors d’un enseignement et qui disait :

Accepter où vous êtes sans culpabilité ou jugement. La seule manière d’avancer est de d’abord identifier et accepter où on en est. Notre fierté voudra nous faire penser que nous sommes plus loin et notre culpabilité, notre paresse et notre découragement voudront nous faire penser que nous sommes moins loin que nous sommes réellement. Faites simplement la requête suivante : « Aidez-moi à identifier et accepter où je suis ».

Cette requête a fait écho dans mon esprit et depuis je récite mentalement comme un mantra à tout instant : « S’il te plaît aides-moi à identifier et accepter où j’en suis maintenant. »

Dans les moments de doute et d’incertitude qui jalonnent notre vie samsarique, faites confiance à votre guide spirituel intérieur, cette guidance, cette petite voix, votre propre bouddha intérieur et vous retrouverez progressivement votre sérénité.

Attachement à la réussite

L’attachement est l’une des perturbations mentales les plus dévastatrices de notre paix intérieure. D’après les écrits bouddhistes nous, tous les êtres vivants, sommes dans le règne du désir. Notre attitude est donc fondamentalement orientée vers la quête du bonheur et l’évitement de la souffrance. Et notre principale erreur vient du fait que nous recherchons le bonheur à l’extérieur de notre esprit.

En méditant ces temps passés, j’ai réalisé à quel point l’attachement et plus précisément l’attachement à la réussite peut se transformer en souffrance voire en cauchemar dans notre vie. Pourquoi cela?

Depuis notre plus tendre enfance, nous somme confrontés à ce problème de réussite. Dans notre société, notre statut social est étroitement lié à notre degré de réussite. Notre auto-préoccupation renforce sensiblement notre besoin de réussir, en nous insinuant : « Je suis important, je dois gagner, je dois me battre pour être le meilleur ». Ainsi, grandit en nous un esprit de compétition qui nous pousse constamment à réussir. Si nous ne réussissons pas, nous nous exposons à la critique et au blâme de nos proches et des autres. Nous nous sentons alors coupable de ne pas réussir, nous perdons confiance ce qui à son tour réduit nos potentialités de réussir comme dans un cercle vicieux. Ainsi se développent en nous ce « devoir de réussir ».

Particulièrement dans le monde d’aujourd’hui celui qui n’a pas de réussite rencontrera des obstacles de toutes sortes. Les medias et la publicité nous conditionnent de manière subtile chaque instant de réussir. Durant notre scolarité, nous avons rencontré cette compétition pour être le premier de classe. Plus tard dans les études supérieures, l’accès à celles-ci était conditionnée par un concours d’entrée, comme par exemple « Seuls les 25 meilleurs seront admis ». Souvent, il en va de même pour une place dans le monde du travail.  Les cas de figure seraient nombreux et chacun a sûrement vécu à un moment ou à un autre dans sa vie une situation similaire.

Cela ne veut pas dire qu’il faut refreiner sa motivation et sa détermination de réussir. La réussite en soi est constructive et bienfaisante. Mais c’est l’attachement à la réussite qui mène à toutes sortes de perturbations telles que la culpabilité, la perte de l’estime de soi et la perte de confiance.
Dans les pires des cas l’attachement à la réussite peut même mener  à la dépression. Certains font des « sacrifices déraisonnables » pour réussir une carrière, mettant en péril leur santé physique et psychique en prenant des drogues. Certaines personnes vont jusqu’à mal agir envers et contre tous pour réussir coûte que coûte créant des souffrances pour eux-mêmes et leur entourage et la perte de la paix intérieure si importante au bonheur.

 Nous avons l’habitude d’attribuer notre manque de réussite à des causes extérieures, en ne prenant en considération que les effets immédiats et manifestes auxquels nous attribuons toute la responsabilité. C’est une mauvaise interprétation de la réalité. Ce sont là des causes circonstancielles qui viennent faire mûrir les causes substantielles que sont les graines karmiques présentes sur notre esprit. Par conséquent l’attachement à la réussite n’est simplement qu’un état d’esprit qui observe de manière partiale et subjective qu’une seule partie de l’expérience tout en ignorant la partie karmique de celle-ci.

Comment pouvons-nous alors objectivement éviter le piège de l’attachement à la réussite? Tout d’abord en acceptant, quelle que soit la dureté de l’expérience, que celle-ci est l’effet karmique de causes multiples provenant de nos vies antérieures. Puis de prendre en compte tous les aspects manifestes de l’expérience et de rechercher les moyens constructifs d’action qui nous permettrons d’éviter une expérience similaire dans le futur et en s’acceptant tel que l’on est au lieu de souffrir de ne pas être ce que l’on voudrait être.