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Comment développer notre habileté à maîtriser nos fautes

 (1ère partie de 2 parties)

Maitrise-Faute-01La raison principale pour laquelle nous n’arrivons pas à maîtriser nos fautes est que nous manquons de confiance en notre capacité à le faire. Nous avons tellement de perturbations mentales, que notre esprit est hors de notre contrôle. De plus, nous faisons des actions et des choses qui font que la situation s’empire et que pouvoir reprendre le contrôle de notre esprit devient problématique. Nous sommes incapables de maîtriser nos perturbations, car  celles-ci nous font constamment échouer. Nous acceptons alors que ces dernières prennent de l’importance et de l’influence sur nous. Ceci renforce notre sentiment d’être abandonnés au sort de nos perturbations et cela détruit notre confiance.

Parce que nous avons de moins en moins confiance en nous, nous n’avons plus la force de les combattre et le cercle vicieux continue. Mais pour renverser cette situation, nous devons changer de procédure pour les vaincre. Ainsi, en adoptant une stratégie gagnante contre nos fautes, c’est-à-dire nos perturbations mentales,  nous serons capables de mener à bien les batailles successives, tout en reprenant confiance et surmonter toutes nos perturbations mentales.

Pour illustrer cette stratégie, prenons l’exemple d’un fort attachement désirant. L’attachement est simplement un esprit qui pense que certaines conditions extérieures sont la cause de notre bonheur, et nous pensons habituellement que sans ces conditions extérieures nous ne pouvons pas être heureux. Ce raisonnement résulte d’un esprit perturbé qui ne réalise pas que le bonheur est un état d’esprit et qui par conséquent vient de l’esprit. La cause réelle de notre bonheur est la paix intérieure, seule capable de générer des états d’esprit vertueux.

Maitriser-Faute-04L’objet de cet attachement désirant peut prendre divers aspects, tels que l’alcool, la cigarette, un partenaire, les formes attractives, le sexe et ainsi de suite. Voici comment fonctionne cette stratégie. Le simple fait de penser à l’objet génère immédiatement un fort attachement désirant à son égard. Le fait de considérer la nature de l’objet comme quelque chose d’externe génère notre attachement à l’objet en question et produit un sentiment déplaisant dans notre esprit. La cause réelle de notre attachement est une perturbation mentale située dans notre esprit.

Personnellement nous n’avons pas suffisamment de moyens pour venir à bout de nos perturbations mentales. C’est pourquoi nous recherchons l’aide des Êtres saints, les bouddhas, car seuls eux peuvent nous aider. Nous pouvons recevoir cette aide en faisant des requêtes, comme par exemple : « S’il vous plaît, accordez-moi votre aide pour surmonter cette perturbation X qui m’empoisonne l’existence ».

Comment gérer la solitude

Solitude-02Pour diverses raisons personne ne reste insensible à la solitude. On définit la solitude par la peur d’être seul. Celle-ci ne se manifeste non seulement lorsque effectivement nous sommes seuls mais de manière sous-jacente et conduit à un grand nombre de comportements dysfonctionnels. La solitude n’a pas le même sens selon qu’il s’agit d’un choix ou d’une situation subie. Certains individus se sentent seuls même s’ils sont membres d’un groupe. Généralement les gens admettent que l’attachement aux biens matériels n’est pas recommandable, mais pense au contraire que l’attachement aux autres est normal et bénéfique. Par crainte d’être seul, ils consomment les autres pour leurs propres besoins et ils sont jaloux des autres pensant qu’ils sont plus heureux qu’eux-mêmes. Ils pensent que les relations nourrissent leur valeur personnelle et que sans celles-ci ils ont le sentiment de ne rien avoir et de ne pas exister. d’où l’expression souvent entendue dans les amours fusionnels : « Sans toi, je préfère mourir ».

Solitude-01Pour résoudre les problèmes de solitude, il est très important d’identifier les types de solitude. Où et dans quelles circonstances avons-nous peur de la solitude et comment elle influence notre comportement. Son identification est primordiale. Il y a trois perturbations mentales importantes qui entretiennent la peur de la solitude : l’attachement, la préoccupation de soi et l’ignorance ou incompréhension de qui nous sommes vraiment. N’oublions pas que nous sommes dans le samsara. Nous avons besoin de réaliser qu’il n’y a pas de causes extérieures de bonheur dans celui-ci. Alors, à cause de notre attachement, tant que notre bonheur dépendra de la présence des autres, nous souffrirons et serons malheureux. Si notre préoccupation de soi est omniprésente dans notre esprit, nous serons toujours dans l’attente de bienfaits provenant unilatéralement des autres, sans quoi nous nous sentirons seuls et malheureux. Toutes les peurs dans le samsara, et en particulier la peur de la solitude, proviennent de la conception erronée de nous-mêmes et des autres en tant qu’entités indépendantes.

Bonté-01Nous nous concevons mentalement en tant qu’être séparé de toute autre chose et de toute autre personne et nous en souffrons. Cette manière de penser est totalement fausse parce que le JE de soi-même n’existe pas de manière intrinsèque. En réalité, tout objet ou toute personne est inséparable de nous, parce que ils sont des projections de notre propre esprit. Ce que nous sommes, ce que nous sommes capables de faire vient essentiellement des autres et de leur bonté. Sans nos parents nous ne serions pas ici en train de lire ce texte. Sans la bonté de nos enseignants vous ne serions pas capables de lire et comprendre celui-ci. Donc, au lieu de nous plaindre de notre solitude voyons combien d’êtres se manifestent en nous, autour de nous et à travers nous dans notre vie. Au lieu de nous sentir si seul, voyons-nous comme inséparable de tous les autres êtres vivants.

Mentalement, considérons toutes nos pensées et actions comme bénéfiques aux autres. Ce que nous faisons, nous le faisons pour le bien des autres. Les bouddhas ont la faculté de se manifester d’innombrables manières pour nous aider. Partout où nous imaginons un bouddha, un bouddha se manifeste vraiment et nous vient en aide. Avec le temps, nous sentirons réellement leur présence et nous n’éprouverons plus aucune solitude. Pour mieux nous connaître, nous pouvons contempler notre manière de gérer les situations de solitudes et méditer sur notre compréhension de la solitude en utilisant les quelques pistes développées ci-dessus. Nous pouvons par exemple le soir prendre le déroulement de notre journée et mettre en lumière les circonstances où nous avons ressenti une certaine solitude et rétroactivement porter notre attention sur les stratégies pour éviter la manifestation de celle-ci.

Compilé à partir de d’un enseignement reçu de R. Engen au Centre Atisha de Genève et de mes notes personnelles.

Nous vivons dans le règne du désir

Combien de fois n’avons-nous pas succombé au désir irrésistible d’obtenir la même chose que son voisin, d’acheter le vêtement tendance dont tout le monde rêve. Pourquoi sommes-nous si envieux de la réussite d’une telle personne à qui tout paraît facile. Pourquoi certaines personnes s’exposent-elles  au scandale pour assouvir leurs désirs de conquêtes, d’argent et de réussite. La peur de ne pas obtenir l’objet de leur désir pousse certains à commettre l’irréparable tricherie à le vouloir à tout prix. Pourquoi l’herbe du voisin nous paraît toujours plus verte et plus savoureuse?
Désir-01D’après les écrits bouddhistes les êtres samsariques tels que les humains vivent dans le règne du désir. C’est l’environnement des êtres qui jouissent des cinq objets de désir, tels que les belles forme, les sons agréables, les odeurs parfumées, les saveurs délicieuses et les objets doux et stimulants. Autrement dit, tout ce qui est perçu par nos sens et qui génère habituellement de multiples attachements désirants et qui conduisent finalement à la souffrance.

Dans son livre « La Voie joyeuse, VGL explique : « L’attachement désirant est un facteur mental qui observe son objet contaminé, le ressent comme attirant, exagère son attrait, le trouve désirable et développe le désir de le posséder. » Le fait de ne pas obtenir l’objet désiré nous pousse à commettre des actions non-vertueuses, entraînant diverses souffrances qui laissent des empreintes négatives sur l’esprit. Si notre attachement désirant est très fort, personne n’arrivera à nous dissuader d’obtenir ce que nous désirons.
Non contents de ce que nous possédons, notre préoccupation de soi nous fait ressentir que nos désirs sont plus importants que ceux de toute autre personne. Cette préoccupation de soi nous incite à nous comparer constamment aux autres et souvent à entrer en compétition avec eux. C’est la une grossière erreur due à notre grande ignorance de saisie du soi, car celle-ci nous fait croire que les choses existent de la manière que nous les percevons.

Désir-03Dans quelles circonstances se développe cet attachement qui est la racine de toutes nos perturbations mentales? Il faut savoir que nous cherchons la satisfaction dans les plaisirs du samsara. Ce faisant, nous créons beaucoup de mauvaises habitudes compulsives, sources  de problèmes et de souffrances. De manière subjective, notre esprit fonctionne souvent selon un mode de comparaison. Par exemple, si en fin d’année notre employeur nous accorde une gratification pour notre travail, nous sommes content. Mais si nous venons à savoir que nos collègues ont reçu le double, nous sommes mécontent et malheureux. De manière générale nous passons beaucoup de temps à comparer notre statut, nos possessions, nos richesses, etc., toujours avec le désir de savoir si nous sommes mieux ou moins bien lotis que l’autre.
Nous pouvons alors penser qu’il vaudrait mieux se détourner complètement de tous ces objets de plaisir et de se couper du monde et des autres. Ce n’est évidemment pas la solution non plus. Nous devons nous libérer du joug de l’attachement en ne considérant pas ces objets de désir comme inconditionnellement indispensables à notre bonheur. Comme le disait si souvent mon enseignant : « Prendre plaisir, sans saisir! » Ainsi nous pouvons apprécier la compagnie de nos amis, aimer posséder des choses matérielles sans attachement désirant. Et si nous venons à nous séparer d’un ami ou perdre un objet inestimable, nous ne devrions pas être déprimés pour autant.

Désir-02La souffrance engendrée par le désir vient entre autre du fait que nous envions toujours ce que les autres possèdent au lieu de nous contenter de ce que nous avons. Ce qui revient à nous comparer continuellement aux autres et de préférence à ceux que nous croyons plus fortunés qu’à ceux qui le sont moins. Notre bonheur et notre malheur dépendra essentiellement de la référence qui nous servira de base de comparaison. Le désir trouve sa source dans la préoccupation de soi, l’attachement, la haine, la jalousie et bien d’autres perturbations mentales. À peine un désir est satisfait qu’un autre survient. Sitôt l’objet de notre désir acquis, très vite nous le trouvons inintéressant et cherchons à le remplacer par un autre.

En conclusion, pour nous libérer des souffrances et des malaises occasionnés par nos nombreux désirs impossibles, cessons de nous comparer aux autres que nous regardons avec des yeux envieux. Regardons et contemplons nos acquis en pensant à tous ceux qui, moins fortunés que nous, se trouvent démunis dans un environnement misérable et qui manquent de l’essentiel pour vivre. Par la méditation sur ce thème sensible, nous purifierons notre esprit de la domination du désir.

Rédigé d’après ma lecture de « La Voie joyeuse », de Kelsang Gyatso aux Editions Tharpa et de mes notes prises lors des enseignements reçus au Centre Atisha à Genève.

Comment surmonter nos peurs

Peur-01Nos peurs sont généralement un état d’esprit de préoccupation du soi confirmé par une ignorance. La préoccupation du soi parce que nous sommes tellement attachés à ce corps, récepteur de toutes nos émotions et par ignorance de saisie du soi parce que nous croyons vraiment que les objets et les phénomènes sont comme ils nous apparaissent.  Pour illustrer cela, prenons trois exemples :

  • Si derrière vous vous entendez les aboiements d’un chien, vous avez peur d’une éventuelle attaque d’un chien non identifié. Vous êtes saisi par la peur d’être mordu. Mais du moment que le chien est celui  de votre ami et qui vous salue à sa manière, la peur ne se manifeste pas.
  • Peur-02Vous marchez sur un chemin forestier à la tombée du jour. Il fait presque nuit et certains arbres prennent des allures fantasmagoriques et ressemblent à s’y méprendre à des animaux menaçants. Les apparences de ces animaux sont des apparences ordinaires tandis que leur conception ordinaire est fausse, car il ne s’agit en fait que de silhouettes produites par la forme de certains arbres. Dans ce cas, la peur résultante provient de votre fausse conception ordinaire, une erreur d’interprétation.
  • Vous assistez à un film fantastique, je pense au film « Les oiseaux de Hitchcock » : les scènes que vous voyez sur l’écran sont capables de susciter l’effroi en vous parce que, pris par les images projetées, par moment vous croyez vraiment « être dans le film ». Pourtant rien n’existe en dehors de votre esprit.

Le désir profond de chaque être vivant est de trouver le bonheur permanent et d’éviter la souffrance. Nous pouvons tous trouver un bonheur temporaire et une diminution de la souffrance et de cette manière nous créons ce que l’on appelle une « zone de confort ». Dans celle-ci tout est plus ou moins sous contrôle, tout est connu et évolue constamment. Il suffit qu’un événement inconnu vienne mettre en danger celle-ci pour qu’instantanément  la peur se manifeste. Une fois connu, cet événement viendra élargir notre zone de confort. Très souvent, la manifestation d’un phénomène inconnu soudain génère une forme de peur. Les peurs sont produites à partir d’états d’esprit résultants d’une perception et/ou d’une conception ordinaire inappropriée. Ci-dessus, le chien non-identifié , les animaux menaçants ou les scènes hallucinantes du film.

Quand nous nous donnons la peine d’examiner un peu plus en profondeur ces moments de notre vie tels qu’ils sont, nous découvrons que malgré toutes leurs différences apparentes nos peurs se ramènent  fondamentalement à trois types de peurs qui sont la peur de la séparation et de l’abandon, la peur de ne pas être à la hauteur et la peur de s’abandonner de faire confiance.

Peur-03Alors, concrètement, comment surmonter nos peurs? Lorsqu’une menace se manifeste, le fait d’avoir  peur est plus une entrave qu’un bienfaits. Le plus souvent, la peur interfère avec notre capacité de discernement et sur la meilleure manière de répondre à cette menace. Ne dit-on pas : « Être paralysé par la peur de … » Certes, nous ne sommes pas encore à même de se laisser agresser en pensant que notre agresseur n’est qu’une simple illusion dans notre esprit! La peur ne nous est d’aucun secours pour agir bien au contraire. Pour ne pas avoir peur, nous développons des stratégies pour l’éviter et nous gâchons une opportunité d’en tirer une leçon de vie. Mais en apprivoisant les peurs et les frayeurs inutiles au quotidien, en sachant que ce ne sont que des états d’esprit, nous pourrons progressivement les surmonter.

Les gens « bien adaptés » au samsara

Les personnes « bien adaptées » au monde samsarique ne nous indiquent pas pour autant la voie à suivre. Car cette voie est à l’opposé de la voie spirituelle de la libération de la souffrance.

S’adapter pour la plupart d’entre-nous signifie s’habituer. Mais si cette adaptation se fait sans la sagesse elle est la raison de notre attachement à ce monde. Cet attachement aux activités mondaines se développe à partir d’une forme de paresse. Dans l’esprit de certains, l’adaptation à une situation est synonyme de résignation. Combien de fois j’entends dire : « Ah! Je n’y peux rien … je dois m’y faire! » ou bien encore : « De toute façon, cela ne dépend pas de moi … et je ne peux qu’accepter ».

Changement-01 Si nous sommes déprimés ou découragés et que nous pensons que c’est trop difficile de renoncer à nos mauvaises habitudes, ou si nous remettons notre renoncement au lendemain pensant que c’est mieux de le faire à un autre moment, aucun changement d’état d’esprit ne sera possible. La véritable adaptation demande de faire un effort avec souplesse d’esprit et une bonne dose de sagesse parfois.

Nous devons réaliser que le samsara dans son entier est dans la nature de la souffrance, et nous avons un très fort attachement  pour le samsara. Pour vaincre cet attachement, nous devons réaliser comment chaque aspect de celui-ci est dans la nature de la souffrance. Parmi les nombreuses souffrances rencontrées dans le samsara, l’incertitude, l’insatisfaction et les renaissances incontrôlées sont les plus significatives.

  • L’incertitude : Aucune condition n’est assurée dans le samsara. Tout change si rapidement. Il en va ainsi de nos expériences bonnes ou mauvaises, de nos relations, de notre santé, de notre richesse et ainsi de suite.
  • L’insatisfaction : La plupart de nos problèmes viennent du fait que nous recherchons  notre satisfaction dans les plaisirs du samsara. Si nous continuons  à rechercher la satisfaction dans des plaisirs aussi limités, nous allons créer de nombreuses mauvaises habitudes et des problèmes pour nous-mêmes et pour les autres.
  • Les renaissances incontrôlées : Puisque nous avons eu d’innombrables renaissances, nous avons dû supporter toutes les souffrances des diverses sortes d’existence vécues. Et si nous n’atteignons pas la libération complète du samsara dans cette vie, nous sommes certains de renaître dans ce cycle de renaissances incontrôlées.

Bouddha nous enseigne que chaque expérience de bonheur ou de jouissance provenant des plaisirs du samsara est une souffrance changeante. Si nous augmentons la cause de notre bonheur samsarique, notre bonheur se transformera en souffrance, mais si nous augmentons la cause de notre souffrance, la souffrance ne se transformera jamais en bonheur. Pour comprendre cela avec clarté, je vais prendre deux exemples.

  • Changement-02Certains restaurants proposent « Pizza à discrétion » pour un prix forfaitaire. Si vous raffolez de pizza Marguerita, vous allez manger votre pizza avec bonheur  et vous serez tenté d’en prendre une deuxième. Si tel est le cas, vous allez voir rapidement votre bonheur se transformer progressivement en nausées et devenir malade.
  • Changement-03Et si, en bricolant, malencontreusement vous vous tapez avec un marteau sur un doigt, vous allez ressentir une douleur, une souffrance. Et vous n’allez certainement pas taper une seconde fois pensant transformer votre douleur en bonheur … d’être un bricoleur expérimenté.

Le samsara est une simple projection de notre esprit contaminé par d’innombrables perturbations mentales. S’adapter à cette projection signifie donner notre assentiment aux perturbations mentales  qui nous retiennent en otage dans le samsara. Nous percevons le monde à travers le filtre des perturbations de notre esprit. C’est comme regarder à travers des lunettes sales, tout nous paraîtra sale. Ainsi les êtres « bien adaptés » au samsara sont des personnes qui n’entreprennent rien pour changer leur état d’esprit.

Réflexions compilées à partir d’explications données dans « La voie Joyeuse » de Guéshé Kelsang Gyatso Ed. Tharpa

La mort … mais pas seulement

Durant ma dernière retraite, sur  » La Concentration sur le thème de la mort », me sont venues de nombreuses réflexions dont certaines des plus pertinentes, parce que faciles à comprendre, se trouvent ci-après :

Impermanence-0La mort mais pas seulement la notre, celle de notre corps mais la mort de toute expérience. À ce propos, Bouddha nous a enseigné l’impermanence. Tout phénomène qui apparaît à notre esprit a un commencement, une durée et une fin. Il en est ainsi pour nos biens matériels, nos relations, nos expériences, nos émotions et ainsi de suite. Ce processus est par nature irréversible et s’applique à tout sans exception. Ce qui veut dire que par exemple nous ne pouvons pas refaire la même expérience, ni revivre la même situation.

Nous pouvons tout au plus faire une expérience similaire ou vivre une nouvelle situation semblable à la précédente. Par exemple, en retournant en vacances exactement au même endroit en pensant revivre les mêmes sensations, le plus souvent nous serons déçus. Ceci parce qu’entre-temps nous avons changé d’état d’esprit et que les choses extérieures paraissent avoir également changé.

Persuadés qu’ils sont une source de bonheur, nous consacrons beaucoup d’énergie à posséder les biens les plus précieux, à nous entourer de personnes qui nous sont chères. Notre attachement à ces biens et à ces personnes, tôt ou tard nous causera une souffrance. Les conceptions et les apparences ordinaires entretenues sur notre esprit par le murissement de notre karma génèrent le début, la durée et la fin de chacune de nos expériences. En comprenant que tout est la création de notre esprit et que rien n’existe de manière intrinsèque, Nous serons moins tributaires de celles-ci.

Impermanence-01De la même manière nous sommes fortement attachés à notre corps. l’idée de nous en séparer est pour la plupart d’entre nous tout simplement impensable. C’est la raison pour laquelle, par ignorance, nous craignons tant la mort.
Impermanence-02Pourtant, même dans cette vie, nous avons vécu « d’innombrables morts » sans nous en rendre compte parce que leur issue était d’une certaine manière prévisible et donc connue. Les temps de notre enfance, de notre adolescence et de notre jeunesse sont bel et bien irrémédiablement morts. Ce ne sont plus que des souvenirs. Par contre, notre mort nous confrontent à une situation unique et imprévisible qui. génère notre peur et notre anxiété.

Si nous ne nous sentons pas encore capables de relativiser notre mort, nous pouvons nous familiariser à celle-ci en comprenant le moyen d’y parvenir dans les situations de notre vie de tous les jours.

  • Impermanence-3Nous sommes résignés et souvent en colère lorsque nous perdons quelque chose. Notre souffrance est en rapport avec le degré de notre attachement à cette chose.
  • Nous profitons de la compagnie d’un être cher et nous sommes malheureux de le voir partir.
  • Nous tombons malade et ce fait devons renoncer à participer à un événement de grande importance.

D’une manière générale, la fin de quelque chose qui nous tient à cœur nous fait souffrir quand bien même nous ne pouvons changer le cours des choses. c’est juste souffrir davantage. Tandis qu’en acceptant la fin inopinée d’une expérience nous souffrons moins et développons une grande sagesse. La sagesse d’accepter l’impermanence des objets et des phénomènes.

Donner moins … mais donner plus …

Cadeaux-01Comme chaque fin d’année, cette période de fêtes semble fonctionner comme une machine bien huilée, celle d’une société de consommation. Très tôt les médias en tout genre occupent le terrain avec leurs suggestions attractives et très mercantiles auxquelles beaucoup d’entre-nous succombent tôt ou tard. Jusque dans les transports publics des écrans vidéo vous rappellent la nécessité de faire un cadeau! Selon une étude statistique de l’Université de St Gall les suisses dépenseront cette année près de 600 CHF pour leurs cadeaux de Noël!

Cadeaux-02Donner moins « juste pour avoir bonne conscience », ou « parce que c’est l’usage et la tradition en pareille circonstance », ou parce que nous nous sentons obligés ou pire encore par cupidité. Mais donner plus avec l’intention de faire simplement plaisir, par générosité spontanée. La première façon correspond à répondre à des conditions extérieures sociales et mondaines tandis que la deuxième façon répond à une motivation intérieure qui vient du cœur et de notre esprit. Il s’agit simplement de garder le cœur et l’esprit ouvert dans chaque situation et de répondre par la vertu.

Souvent notre intention de donner est en quelque sorte « contaminée » par l’attachement à un résultat : celui de recevoir également de la part de celui ou celle à qui l’on donne ou encore celui de renforcer notre ego. Qui n’a pas entendu une fois une personne froissée dire ainsi : « Puisqu’elle ne m’a rien offert l’année passée, je ne lui ferai aucun cadeau cette année! ». Pourtant à mesure que tombent les barrières qui entourent notre cœur nous avons plus de bienveillance pour nous-mêmes et pour les autres.

L’importance de notre intention transforme une action ordinaire en une action vertueuse autrement dit elle transforme notre action ordinaire en une action extraordinaire. En changeant notre intention imputée sur un même objet change totalement notre raison de donner cet objet. Si nous faisons des cadeaux importants et coûteux, cela n’implique pas que notre mérite spirituel sera plus grand que si nous donnons des petits. Parce que la force de notre motivation vertueuse est un facteur très important.

Je me souviens encore de cette image d’enfance, dans les années 50. La circulation en ville aux heures de pointe était réglée par un policier et, durant la période des fêtes, certains automobilistes venaient déposer un cadeau au pied de son podium au centre du giratoire. Beaucoup de personnes de mon entourage renoncent aux cadeaux prestigieux et coûteux et optent pour de petits présents avec une profonde motivation de faire spontanément plaisir.
RoseD’autres, irritées par ces manipulations de marketing, ont décidé de faire des cadeaux plus personnels à d’autres moments de l’année : un anniversaire, une réussite scolaire ou professionnelle par exemple. Une rose offerte avec empathie juste au moment où une personne traverse une difficulté est mille fois plus auspicieux qu’un immense bouquet de fleurs offert juste parce que c’est Noël!

Pratiquer le don selon les enseignements de Bouddha revient à contempler ses bienfaits afin de développer le désir de donner comme étant une pratique spirituelle.

La signification non-manifeste d’un obstacle

Lorsque nous rencontrons un obstacle dans la vie, nous avons habituellement un sentiment de contrariété, de révolte voire de colère. Nous sommes persuadés qu’il y a là quelque chose, d’animé ou d’inanimé, à l’extérieur de notre esprit qui s’oppose à notre intention initiale. Et parce que nous sommes attachés à l’objet de notre intention, nous avons de la peine à accepter la situation et nous souffrons. C’est oublier que la présence de cet obstacle sur notre chemin n’est pas dû à une cause extérieure, mais bien à notre seul état d’esprit. N’oublions pas que le monde qui se manifeste à nous est le monde auquel nous prêtons attention. Les objets et les phénomènes n’ont pas d’existence intrinsèque. Ils existent en relation dépendante de l’esprit qui les a créés. Si un obstacle semble en fait se manifester en ce moment, il n’est que le résultat ou l’image de l’état karmique de notre esprit.

La contemplation de la signification manifeste de l’obstacle, du moins celle que nous pensons habituellement être, est une vue erronée de la situation. Ce faisant, elle nous enlise dans la souffrance. Car nous pensons alors : « Ah *!*!, c’est toujours sur moi que ça tombe! Ça ne se passera pas comme cela, je vais protester!!! ». Et nous redoublons d’efforts pour conjurer le mauvais sort. Or, si nous continuons à faire ce que nous avons toujours fait, il est certain que nous obtiendrons ce que nous avons toujours obtenu, c’est-à-dire de buter contre cet obstacle.
La contemplation de la signification non-manifeste est plus subtile. Elle nous amène à une réflexion plus constructive de la situation. Et dans ce cas nous pensons : « Qu’est-ce que je dois comprendre de la présence de cet obstacle? » « Quel est le message induit par sa présence? » « Comment puis-je tirer profit de cette expérience apparemment contraire à mes idées? ». Pour confirmer le bien-fondé de cette démarche, il suffit de se souvenir d’un de ces obstacles qui pourtant a profondément bouleversé notre vie.

Ainsi, je me souviens de la première fois où j’ai été licencié de mon travail. Sur le moment, j’ai été complétement anéanti car j’étais très attaché à mon job. Mon mental criait vengeance et demandait réparation. C’était lutter contre la signification manifeste de cet obstacle qui mettait brusquement un terme à mon activité. Au chômage, j’ai eu tout le temps de méditer sur la signification non-manifeste de mon licenciement. Très vite, les réponses à mes questions du genre : « Qu’est-ce que je dois comprendre de ce qui m’est arrivé? »; « Comment puis-je voir cet événement de manière constructive pour mon avenir? » sont apparues à mon esprit. En fait, je venais de réaliser que je projetais dans cette activité des compétences que je n’avais pas vraiment et je réalisais que je n’étais pas à ma juste place.

Alors, au lieu de sombrer dans le défaitisme, mettant à profit ce temps de chômage j’ai rebondi de cette situation. J’ai révisé mes notions d’allemand, je me suis perfectionné dans un domaine informatique qui m’intéressait depuis longtemps, afin de retrouver une place correspondant mieux à mes aptitudes et qualifications. Quelques mois plus tard, j’obtenais une place inespérée dans les télécommunications à Bern dans laquelle il était notamment demandé de bonnes connaissances d’allemand et les notions d’informatique que je venais d’apprendre.

Il vous est sûrement arrivé une situation privée ou professionnelle où tout a basculé dans une direction alors totalement imprévisible. Quels sont les prémisses de la présence sournoise de cet obstacle et comment à posteriori vous en avez peut-être tiré profit?

La fin de la souffrance

La souffrance est dans la nature du samsara. La souffrance est le résultat karmique de nos actions passées. Venant de terminer une expérience particulièrement douloureuse d’une infection urinaire, cela me semblait tout-à-fait indiqué de partager avec vous ma réflexion sur la souffrance. L’effet karmique du mûrissement d’une graine de souffrance est la manifestation de celle-ci. De la même façon l’effet du mûrissement d’une graine de luzerne est une pousse de luzerne. C’est un processus naturel irréversible qui fait que, une fois le mûrissement activé, nous ne pouvons que le laisser se dérouler selon sa nature.

Alors, comment accepter la souffrance qui est là et comment envisager sa fin? Me souvenant de mes dernières réflexions sur la mort où il était question de vivre de manière sensée, comment dans le cas de la souffrance lui donner un sens? Notre attachement à ce corps qui souffre est tellement grand que nous en venons à oublier de tirer profit de cette expérience si douloureuse soit-elle. Bien sûr nous voudrions faire disparaître rapidement cette souffrance et je sais que quoi je parle, que pouvons-nous faire de plus.

Nul ne connaît le nombre de graines karmiques potentiellement capables de mûrir qui se trouve encore sur notre esprit et nous sommes toujours à la merci de rencontrer des causes circonstancielles capables de les faire mûrir. Alors sur le long terme, karmiquement parlant, il faut éliminer ces graines dangereuses qui sont autant de bombes à retardement sur notre esprit. Pour cela nous pouvons utiliser les circonstances actuelles pour purifier notre esprit, en faisant des requêtes.

Ainsi, à chaque fois que je « subissais la loi » de mon infection urinaire, je répétais sans cesse la requête suivante : « Puisse la souffrance due à cette douloureuse infection être la cause d’un profonde purification des potentialités karmiques similaires existantes sur mon esprit ». Évidemment que cela ne faisait pas disparaître ma souffrance du moment! Combien de fois ne sommes-nous pas tenté de dire par rapport à une douleur insupportable : « Cela n’a pas de sens! »? En faisant une telle requête, non seulement cela donne un sens à ma souffrance, mais cela me donne également la perspective de la fin de la souffrance.

Réflexion sur l’attachement

Lors de ma retraite de la semaine dernière, dans le livre « Vivre de manière sensée et mourir dans la joie » (Ed. Tharpa), je me suis arrêté sur le paragraphe : « L’attachement » et j’ai lu :
« L’attachement est un facteur mental qui observe un objet contaminé, le ressent comme attirant, exagère cet attrait et désire le posséder. [….] Sa fonction est double: il désire obtenir l’objet et ne jamais en être séparé ».
Cela n’est pas pour autant quelque chose d’exceptionnel, mais fonctionne de manière subtile, perceptible et invisible.

Pour mieux comprendre sa nature, je vais utiliser un exemple. Prenez un aimant de bureau, de ceux qui servent à tenir un papier sur un tableau métallique. En saisissant l’aimant d’une main et une agrafe de bureau de l’autre, rapprochez les en observant ce qui se passe.

  • Plus on les rapproche, plus vous sentez une force d’attraction.
  • Une fois ensemble, il est difficile de les séparer.
  • Si l’on tente de les maintenir à une distance rapprochée, cela devient difficile.
  • Pourtant l’agrafe de bureau n’a aucun pouvoir d’attraction! Car, si vous rapprochez une agrafe de bureau d’une autre, il ne se passe rien du tout.

Tout comme il est difficile de séparer l’aimant de l’agrafe, il est difficile de séparer l’esprit de l’objet auquel il est attaché.  Pourtant l’objet de son propre côté n’a pas de pouvoir d’attraction. Notre attachement, une fois reconnu, nous pouvons réduire sa prise sur notre esprit. Méditez sur vos propres attachements et contemplez ceux que vous pouvez sans grande peine éliminer. Votre vie vous semblera plus facile.