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La cause de nos problèmes et leur solution

Probleme-01Lorsque dans notre vie quotidienne nous sommes confrontés à un problème, naturellement nous recherchons une solution afin d’en être libéré. Si nous n’arrivons pas nous-même à construire une solution valide à ce problème, nous avons recours à une aide externe. Comme par exemple, lorsque nous avons un problème de santé, naturellement nous recherchons les compétences d’un médecin qui, une fois l’anamnèse établie, nous prescrira les remèdes et le traitement à suivre. Si la chasse d’eau de notre salle de bain ne fonctionne plus, nous faisons appel à un dépanneur sanitaire. Dans tous les cas, nous établissons une relation de cause à effet qui nous semble fonctionner indépendamment de notre volonté. Comme par exemple, si notre train à un retard significatif et que nous allons manquer un rendez-vous important, nous dirons : « C’est parce que le train avait du retard que j’ai perdu une occasion unique de rencontrer un important personnage ». Il est très facile de trouver dans notre vie d’autres exemples similaires et nous sommes persuadés que les circonstances extérieures sont à l’origine de la plupart de nos problèmes.

Probleme-03Nous sommes tentés de penser que la malchance, le destin ou encore un mauvais coup du sort sont à l’origine de nos problèmes. C’est du moins ce que les gens pensent sans connaître les mécanismes du karma. De plus, sous l’influence de notre ignorance de saisie d’un soi, nous persistons à croire que les objets et les phénomènes existent réellement de la manière qu’ils nous apparaissent. Nous pensons que les objets et les phénomènes existent de manière intrinsèque, existent de leur propre côté. Bouddha nous dit que tout ce qui apparaît à notre esprit est semblable à une illusion, semblable à un rêve et que rien n’existe en dehors de l’esprit. La cause de nos problèmes se trouve dans notre propre esprit. Cette conclusion contredit notre esprit grossier rationnel qui recherche une relation directe entre une action et son effet, sans tenir compte du fonctionnement subtil du karma. Si la cause de nos problèmes se trouve dans notre esprit, les problèmes également se trouvent dans notre esprit. En fait les problèmes que nous rencontrons sont produits par nos perturbations mentales qui en sont la cause.

Pour revenir à l’exemple de la maladie cité plus haut, il se peut bien que le médecin nous guérisse de celle-ci, ce qui ne nous dispensera pas de tomber malade une autre fois. De même, la chasse d’eau, même une fois réparée pourra ne plus fonctionner quelques mois plus tard. Dans ces deux cas nous avons de la peine à imaginer que nous sommes le « metteur en scène » de ces expériences, pourquoi? Parce que nous faisons abstraction de l’aspect karmique de celles-ci. En fait, nous voyons assez mal notre rôle direct  dans le dysfonctionnement de la chasse d’eau, comme nous ne réalisons pas que nous sommes pour quelque chose dans notre maladie. Ce sont là des aspects subtils cachés que les obstructions présentes dans notre esprit empêchent de comprendre. Les causes de nos problèmes sont des actions dans le passé proche ou lointain et nos problèmes en sont leurs effets. Les plus redoutables effets qui donnent lieu à nos problèmes sont des actions négatives et non vertueuses générées dans le passé. Et à l’origine de ces actions il y a de nombreuses perturbations mentales.

Probleme-02Donc, si nous voulons être libérer de nos problèmes qui comme nous le comprenons proviennent de notre esprit, nous devons rechercher une solution intérieure à notre esprit. Tout comme nous avons recherché de l’aide auprès d’un médecin ou d’un dépanneur sanitaire, nous devons rechercher une aide à l’intérieur de notre esprit. Pour ce faire, nous pouvons principalement appliquer deux choses.

  1.  Chercher refuge dans les trois joyaux, Bouddha, le dharma et la sangha. Dans le « Nouveau Manuel de Méditation » (*), il est dit que le dharma est comme un remède, que Bouddha est le médecin qui nous donne ce remède et la sangha les infirmières qui nous assistent. Le plus souvent et chaque fois que nécessaire nous générons une forte conviction que les trois joyaux sont de véritables objets de refuge qui nous viennent en aide en toute circonstance.
  2. Faire des requêtes à Bouddha, notre guide spirituel suprême, en lui demandant dans une expérience spécifique une requête comme par exemple : « S’il te plaît aide-moi à pacifier mon esprit de cette perturbation mentale à l’origine de cette mauvaise expérience. Puisse cette expérience être une cause de la purification de mon karma négatif à l’origine de celle-ci« .

En conclusion, nous avons par le passé recherché de l’aide pour une solution à nos problèmes à l’extérieur de notre esprit, l’intention était certes louable. Seulement nous cherchions au mauvais endroit, dans le samsara. Si nous nous tournons vers l’intérieur, au fond de notre esprit en prenant refuge en les trois joyaux et en faisant des requêtes à notre guide spirituel suprême, nous ne tarderons pas à voir nos problèmes recevoir une solution.

 (*)  le « Nouveau Manuel de Méditation » de Ghéshé Kelsang Gyatso aux Editions Tharpa

Être satisfait de faire de son mieux

Dans nos activités quotidiennes, qu’elles soient ordinaires ou spirituelles, nous rencontrons une multitude d’obstacles et problèmes. Ne réalisant pas que ceux-ci sont les effets de nos actions passées, nous avons parfois une attitude de désaveu et un sentiment Cause-Effet-01d’impuissance et de découragement. Il nous arrive alors de penser : « Oh non! Cette fois-ci c’en est trop, je n’y arriverai pas », ou bien encore : « Depuis le temps que je m’applique je n’obtiens aucun résultat ». Cet état d’esprit a un effet destructeur dont les conséquences vont être expliquées ci-après. Mais au préalable il est bon de rappeler les effets de nos actions sur notre karma. Une action engendre quatre effets, qui sont :

  1. L’effet mûri
  2. L’effet qui est une tendance similaire à la cause
  3. L’effet qui est une expérience similaire à la cause
  4. L’effet environnemental.

Dans ce contexte l’effet qui est une tendance similaire à la cause est le plus important.

Confronté à un obstacle ou un problème, notre réaction est elle-même une action qui laisse l’empreinte d’un effet potentiel à venir. Autrement dit le fait même de capituler devant la difficulté à surmonter est une action dont l’effet sera similaire à la cause. Ce qui signifie qu’en cas d’échec à surmonter celle-ci, nous « programmons notre esprit » pour vivre la même situation désagréable. Avec familiarité, nous entretiendrons ce mode de fonctionner de plus en plus souvent dans le futur. Du point de vue de l’esprit, en prenant cette option face à un obstacle ou un problème, nous en concluons que notre situation est désespérée. Heureusement pour nous, il existe une autre option bien plus bénéfique : « Nous devons être satisfaits de faire de notre mieux ». Nous devons accepter cette réalité. Un peu de progrès c’est toujours mieux qu’aucun progrès.

Cause-Effet-02Pouvons-nous être assurés que faire de notre mieux sera suffisant? Certainement, car dans la perspective du gestionnaire de notre karma, Bouddha Dorjé Shugden, celui-ci activera seules les potentialités karmiques les mieux appropriées à notre situation actuelle afin de nous conduire le plus rapidement possible vers l’illumination. Réflexion faite, nous ne pouvons pas faire mieux que faire de notre mieux. Notre inconfort en présence d’une difficulté vient d’avoir des attentes situées momentanément hors de notre capacité. Notre impuissance à la surmonter alors nous décourage et nous déprime. Le problème ne vient pas de ce que nous pouvons faire ou ne pas faire, mais de nos attentes. Nous devons accepter de faire du mieux que nous pouvons sans jugement de là où nous sommes maintenant.

Ce qui sabote la satisfaction de nos attentes et nous empêche de faire de notre mieux est notre attachement au résultat. Nous voudrions tellement que les choses se passent comme nous l’avons projeté et si ce n’est pas le cas cela devient un drame. Il y a toujours un résultat de nos actions mais celui-ci ne se manifeste pas forcément de la manière que nous pensons. En imposant continuellement des exigences irréalistes à nos attentes, qui se traduisent par des expressions telles que « Je dois … », « Il faut absolument que … », impliquent un succès ou un échec. Ce faisant nous nous exposons au découragement et à la déception. Nous nous obstinons à définir trop précisément le résultat à obtenir avec trop d’exigences, pensant que nous serons capables de Cause-Effet-03l’atteindre. Le plus souvent, la raison de notre insuccès vient du fait que nous n’avons pas réuni toutes les causes et les conditions nécessaires pour que le résultat escompté se produise. Que ce soit dans notre vie ordinaire ou dans notre vie spirituelle, notre attachement au résultat extérieur ou intérieur sera détruit lorsque nous sommes à même de pouvoir dire : « Lorsque les choses vont bien, c’est très bien ainsi » et lorsque les choses sont un problème, alors c’est tant mieux car là j’ai quelque chose de nouveau à apprendre! »

Un soir Milarepa regagnait sa grotte

Fantome-01Un soir, alors que Milarepa regagnait sa grotte après avoir fait provision de bois, il trouva celle-ci remplie d’êtres démoniaques. D’apparence hideuse, les yeux exorbités, poussant des cris, ils s’agitaient dans tous les sens. Certains étaient vautrés dans sa couche, d’autres feuilletaient ses livres, mangeaient sa nourriture. Ils avaient manifestement pris possession du lieu. Bien que connaissant l’ignorance de saisie d’un soi, et que ses locataires indésirables n’étaient qu’une projection de son propre esprit, Milarepa était néanmoins incapable de les expulser de son logis. Il tenta par tous les moyens pacifiques et vertueux de les inciter à quitter sa grotte mais sans succès. Même les enseignements tels que la compassion et la vacuité n’eurent d’effet sur eux. En dépit du bon sens, il perdit patience et entreprit de les chasser par la force, mais en vain. Alors, il s’assit parterre et leur adressa cet ultimatum : « Il est clair que je ne m’en irai pas et apparemment vous non plus. Alors nous allons vivre ensemble! » À ce moment précis, tous s’en allèrent sauf un. En s’approchant nez à nez de ce dernier démon particulièrement tenace, Milarepa lui dit : « Si ton intention est de m’anéantir, alors vas-y! Essaye toujours, c’est le moment! ». Ceci Fantome-02dit, le dernier démon disparu instantanément. Lorsque Milarepa s’adresse au démon récalcitrant, il ne conteste plus sa présence, ayant fait tout ce qu’il pouvait pour améliorer la situation, mais accepte patiemment sa défaite extérieure.

Dans ma réflexion, je suis en quelque sorte dans ma grotte, comme Milarepa. J’habite un appartement d’une pièce et je ne peux me soustraire à tout ce qui s’y trouve qui, pour la plupart sont des choses utiles à ma vie ordinaire. Dans le cadre de ma retraite, certaines choses prennent la fonction de me distraire et de troubler ma pratique. J’apparente donc les êtres démoniaques de Milarepa aux distractions qui viennent continuellement me sortir de ma pratique du dharma entre les séances de méditation. Mes portes sensorielles sont sans cesse sollicitées par des images perçues. Que ce soit sous forme visuelle ou auditive, de perception consciente de la position ou des mouvements des différentes parties de mon corps. Mon ignorance de saisie d’un soi leur donne une réalité à l’extérieur de mon esprit leur permettant de me distraire. La présence d’éléments de distraction dans mon esprit signifie que les effets d’actions négatives à l’origine de ceux-ci ont déjà mûri. À ce stade, il m’est impossible de les éviter. Dans cette situation, la seule chose à faire est de pratiquer la patience et d’accepter sereinement ma difficulté à ne pas me laisser distraire.

Fantome-03Chaque fois que je suis dans une situation désagréable, en présence de distractions qui altèrent la qualité de ma pratique du dharma, je dois penser : « Cette situation est le résultat de mon karma négatif. Puisque l’effet a déjà mûri, il est trop tard pour le purifier. Il n’y a rien d’autre à faire sinon accepter patiemment la situation avec un esprit heureux. J’ai moi-même créé la cause de cette situation, c’est donc de ma responsabilité d’en accepter le résultat. Si je n’éprouve pas le résultat de mes actions négatives, qui d’autre le fera? » (*)

(*) Pensée tirée du livre de Vénérable Kelsang Gyatso « Huit Etapes vers le Bonheur » p. 183

Vivre comme si le but visé était déjà atteint

Il y a une différence subtile entre s’efforcer d’obtenir un résultat et le voir, le sentir comme déjà réalisé. Dans l’espoir d’obtenir un résultat, nous orientons généralement toute notre attention et toute notre énergie sur la préparation des étapes successives à sa réalisation. Puis une fois la décision prise de passer à l’action, nous entreprenons un interminable voyage vers son accomplissement. Bien que nous puissions identifier des jalons et établir des objectifs intermédiaires pour nous rapprocher de notre but ultime, dans notre esprit nous sommes toujours engagé dans une démarche visant à réaliser un jour notre objectif, au lieu d’avoir le sentiment d’être précisément en train de le réaliser.

Bouddha nous explique que tout est création de l’esprit et que le monde que nous créons est celui auquel nous prêtons attention. Or dans ce contexte,  tant que notre attention créatrice est totalement absorbée dans la phase de préparation, l’objectif reste au second plan. En fait nous pensons plus à la manière d’obtenir le résultat qu’au résultat lui-même. Le risque de nous perdre dans le dédale des innombrables chemins pour atteindre notre objectif peut nous amener parfois à la réflexion : « Euh … Au fait c’est quoi déjà mon objectif? ».

But-03Mais pour atteindre notre objectif : contempler la cible ne suffit pas non plus, faut-il encore savoir guider la flèche. En d’autres termes, si nous portons toute notre attention sur la cible sans tenir compte de la position de la flèche il sera peu probable que nous atteignons celle-ci. De même si nous portons uniquement notre attention à la flèche sans le souci de l’endroit où se trouve la cible il nous sera difficile même impossible de l’atteindre. Notre attention tient compte à la fois de l’objectif et du moyen de le réaliser.

Du point de vue spirituel, cela revient à ce raisonnement. Si je ne fais que contempler le but à atteindre, ma libération du samsara pour atteindre l’illumination, sans entreprendre quoi que ce soit pour y parvenir, jamais je ne réaliserai mon objectif. Également, si je m’affaire continuellement à préparer minutieusement une liste exhaustive de tout ce que je dois faire pour me libérer, sans effectuer les étapes successives et pensant : « Un jour je le ferai », je resterai de manière certaine toujours dans la phase de me rapprocher du but sans jamais l’atteindre.

ToscaneJe me souviens d’une anecdote de ma jeunesse qui illustre bien la situation. Avec mes camarades nous faisions une marche d’une trentaine de kilomètres à travers la Toscane. Le pays était une succession de vallons et de collines. Nous connaissions notre destination mais chemin faisant il nous était impossible en regardant devant nous de voir celle-ci. Nous ne pouvions que repérer sur la carte le chemin à prendre pour y parvenir. En temps réel celui-ci paraissait interminable. Souvent nous nous posions la question : « Est-ce que c’est encore loin? ». Mais en fait le souci de savoir que nous étions sur le bon chemin était bien plus important que de savoir la distance à parcourir.

Vivre comme si notre but était déjà atteint veut dire mobiliser notre esprit créateur pour activer les potentialités de réussite en nous. Cela veut dire également, que nous nous visualisons comme ayant atteint notre but en ayant franchi toutes les étapes nécessaire à  son accomplissement. Dans le cas de la marche évoquée cela veut dire nous visualiser comme étant déjà arrivés à destination en ayant marché par monts et par vaux. Ce faisant la distance devient relativement moins pesante.

But-01C’est pour cela que sur notre chemin spirituel, ne connaissant pas sa durée jusqu’à l’illumination, nous devons nous donner les moyens qui nous maintiennent sur la voie tracée par notre guide spirituel tout en nous visualisant comme déjà arrivés aux Pays purs de Bouddha. Jour après jour, vie après vie, à chaque instant nous souvenant de notre destination, en appliquant la discipline morale en toute circonstance nous pouvons réaliser ce but ultime.

Le karma, mode d’emploi

Karma Emploi 02Le karma peut être vu comme une base de données personnelles qui est indissociable du continuum mental de notre esprit. Le fonctionnement de celui-ci est subordonné aux graines karmiques qui viennent à maturité chaque fois que des causes et des conditions adéquates sont remplies. Ces graines karmiques ne sont pas sur notre continuum mental par hasard. Personne ne nous les a transplantées. Elles sont le fruit de toutes nos propres actions passées. Le fonctionnement du karma suit la loi de causalité qui dit que : chaque action produit un effet et il ne peut avoir un effet sans cause. Quand bien même, le plus souvent nous n’avons pas d’explication de leur présence, le fait est que nous les avons bel et bien créées autrefois.

D’un autre point de vue le karma peut être considéré comme le réservoir contenant le carburant nécessaire au moteur qui anime notre vie. L’ensemble de ces effets potentiels stockés dans notre esprit est assimilable au carburant contenu dans le réservoir. Ainsi, si nous utilisons un mauvais carburant, il est probable que notre véhicule, notre corps, aura divers problèmes de fonctionnement du plus bénin au plus sérieux. Au contraire, si nous utilisons un bon carburant de source sûre, tout ira bien dans notre vie.

Karma Emploi 00Notre approvisionnement en carburant spirituel lui ne provient pas d’une quelconque station-service, mais de toutes nos propres expériences de vie, celle- ci et toutes nos vies passées. Nos bonheurs et nos malheurs vont dépendre essentiellement du contenu de notre réservoir dans notre esprit. Ce qui s’y trouve provient de toutes nos actions passées bonnes ou mauvaises. Nous sommes le seul fournisseur de notre propre karma. De plus, étant donné que nous avons beaucoup de vies à parcourir, mieux vaut avoir suffisamment de carburant de qualité pour cela.

Ceci explique de manière simple la nécessité de disposer d’un carburant spirituel de qualité si nous voulons bénéficier d’une vie heureuse. Et si tel n’est pas le cas, nous devrions entreprendre certains changements dans notre vie actuelle pour qu’à l’avenir se produise une amélioration. Alors comment garantir que nous avons toujours assez du meilleur carburant? Pour cela nous pouvons suivre les quelques pistes ci-après.

  • Karma Emploi 01Dans la mesure du possible tirer un enseignement de toute expérience vécue. Nous sommes l’observateur privilégié du mûrissement de notre karma. Selon ce qui se manifeste, nous sommes renseignés sur la nature des causes de cette expérience et nous pouvons piloter nos actions futures. Ainsi informés, nous allons naturellement abandonner les actions génératrices de souffrance et privilégier celles qui sont source de bonheur.
  • Un formateur canadien Fletcher Peackok intitule un de ses séminaires par le titre « Arrosez les fleurs, pas les mauvaises herbes ». Autrement dit si ça marche et que cela tend à créer du bonheur, le faire et le répéter et si ça marche pas ou que cela nous rend malheureux, ne plus le faire.
  • Bouddha dans ses enseignements recommande de pratiquer la discipline morale. Autrement dit, de comprendre les dangers de commettre des actions non vertueuses, puis de s’abstenir délibérément de les commettre. En réalisant les effets de nos actions négatives, nous pouvons nous retenir de les faire encore. Comme par exemple, si nous sommes flashé pour un excès de vitesse, nous nous retiendrons d’aller trop vite.
  • Pour profiter plus tard de bonnes conditions de bonheur, nous créons maintenant de bonnes causes. C’est-à-dire des actions qui engendrent de bonnes graines karmiques qui mûriront sous forme d’expériences heureuses. Nous pouvons alors voir nos actions vertueuses comme un investissement qui, avec le temps produira des effets bénéfiques.

Ainsi, nul n’est besoin de chambouler totalement notre vie avec des objectifs démesurés qui seront probablement difficiles à tenir. C’est dans des petites choses, des actions quotidiennes que nous pouvons sans grande difficulté mettre à profit ce mode d’emploi. Ne dit-on pas que ce sont les petits ruisseaux qui font les grandes rivières?

Le rêve est-il une réalité ou la réalité est-elle un rêve?

Réalité-01Si toutes les causes et conditions météorologiques sont réunies pour que des nuages apparaissent dans le ciel, ce dernier se couvrira et il pourra même pleuvoir. La formation des nuages dépend de ces conditions atmosphériques. Sans ces conditions, les nuages ne peuvent se former. Et pour que ce phénomène puisse être observé par notre esprit, faut il encore que nous nous trouvions au bon endroit. Si un ami vous appelle de son téléphone portable pour vous dire qu’il observe un magnifique arc-en-ciel, il est peu probable que vous le voyez aussi, n’étant pas au même endroit.

Cette constatation nous permet d’énoncer la définition suivante : « Tout objet ou phénomène n’existe qu’en relation dépendante de ses parties, de causes et conditions et d’un esprit qui l’observe ».
En considérant la loi de causalité du karma, toute expérience que nous sommes sur le point de vivre est assujettie au mûrissement de graines karmiques présentes dans notre esprit. En d’autres termes, les objets et les phénomènes qui nous entourent sont dus à notre propre état d’esprit d’actuel. Contrairement à ce que nous pensons par ignorance,  ceux-ci n’existent pas de manière intrinsèque en dehors de notre esprit.

Puisque le karma prend sa source dans l’esprit, et plus précisément dans nos intentions mentales traduites en actions, nous avons accumulé dans le passé d’innombrables empreintes karmiques. Et lorsque les causes et conditions  de leur mûrissement seront remplies les effets de ces actions se feront sentir.
Or, notre esprit fonctionne aussi bien à l’état de veille que lorsque nous dormons. On parle d’un esprit grossier lorsque nous sommes réveillés et dans nos activités quotidiennes, et d’esprit subtil lorsque nous dormons dans l’état du rêve. Dans les deux cas, l’activité de notre esprit dépend de ce même mûrissement de graines karmiques.

Réalité-02Contemplons ce qui se passe lorsque, endormi, nous faisons un rêve. Le contenu du rêve résulte de notre état d’esprit. Les objets et les personnes qui apparaissent dans le rêve nous semblent exister réellement, au point que nous pouvons toucher ces objets et dialoguer avec ces personnes. Dans ce rêve, nous pouvons vivre toutes sortes d’émotions agréables et désagréables , voyager à l’autre bout du monde. Si vous doutez de l’existence d’un objet particulier dans votre rêve, vous pouvez avoir la confirmation de son existence en questionnant une autre personne de votre rêve. Mais viendra le moment où nous nous réveillerons et toute ce monde onirique disparaîtra alors que l’esprit subtil du rêve aura cessé.
Contemplons maintenant ce qui se passe lorsque nous sommes réveillés. Toujours en dépendance du mûrissement de graines karmiques sur notre esprit, nous allons faire diverses expériences quotidiennes. Nous allons manipuler divers objets, nous allons interagir avec les personnes de notre entourage. En aucun moment nous doutons de la pertinence de ce que nous percevons comme bien réels, existants de manière intrinsèque.

Réalité-03Que se passe-t-il dans notre esprit pour que les deux situations se ressemblent étrangement? Selon les enseignements de Bouddha, rien n’existe de manière intrinsèque et n’existe de son propre côté de manière indépendante à l’extérieur de notre esprit. Tout est création de notre esprit, aussi bien lorsque nous dormons que lorsque nous sommes réveillés. La principale cause dans les deux cas est notre grande ignorance de saisie du soi. C’est une perturbation mentale  qui nous fait croire que les objets et les phénomènes existent vraiment en dehors de notre esprit et indépendamment de nous, tant à l’état du rêve que dans l’état éveillé. Donc du point de vue de l’esprit il n’y a aucune différence entre une situation vécue dans notre rêve et une même situation vécue les yeux grands ouverts. Les deux situations n’existent que d’une manière conventionnelle, car nous sommes capables de les désigner, de les nommer, de mettre une étiquette sur les objets et les personnes, mais n’existent pas de la manière dont elles nous apparaissent. Nous savons que si nous examinons derrière le simple nom, nous ne pouvons pas trouver l’objet auquel il fait référence.

Cette réflexion sur le rêve de la réalité et la réalité du rêve ne doit pas nous décontenancer et nous faire peur en croyant que rien n’existe. En fait, tout existe d’une manière conventionnelle. Nous sommes ici dans une phase initiale de compréhension et de familiarité d’un concept très profond qui est celui de la vacuité. En contemplant et en méditant encore et encore ce qui vient d’être lu, nous créons sur notre esprit les causes de réaliser cette vérité. C’est en cela que Bouddha nous dit : « Réveillez-vous! ».

Inspiré d’un enseignement reçu samedi dernier et de la lecture de « Huit Etapes vers le Bonheur » de Ghéshé Kelsang Gyatso aux Ed. Tharpa.

L’intention ne suffit pas …

OLYMPUS DIGITAL CAMERADans « Le Soutra roi de la concentration », Bouddha dit ceci : « Nous ne pouvons étancher notre soif, ni en écoutant le bruit de l’eau qui coule, ni en la regardant couler. De même, nous ne pouvons pas surmonter notre souffrance simplement en écoutant des enseignements sur la vacuité et en les comprenant de façon intellectuelle, si nous ne méditons pas sur eux ». [Extrait tiré du livre « Comprendre l’esprit » du Vénérable Ghéshé Kelsang Gyatso, aux Ed. Tharpa]

Ce que nous devons retenir de cette citation est que, même si nous comprenons les enseignements du dharma, nous devons de plus familiariser notre esprit avec cette compréhension. Nous pouvons approfondir celle-ci par la méditation répétée sur un objet précis. Ainsi progressivement nous serons capable mettre notre intention en action nous permettant de pacifier nos souffrances et nos problèmes.

Intuition-03Ce qui arrive souvent est que notre intention est figée dans notre esprit, parce que nous trouvons toutes sortes d’arguments pour ne pas passer à l’action. C’est une forme de procrastination qui nous incite à remettre à plus tard notre action. Tant que nous ne réalisons pas les bienfaits de convertir une telle intension en une action, nous ne pouvons avancer dans notre développement spirituel. Seule la contemplation de ces bienfaits nous amènent progressivement à agir afin de résoudre tous nos problèmes quotidiens.

Parfois notre intention est lourde de conséquences et notre préoccupation du soi va développer des stratégies pour nous dissuader de passer à l’action. Dans ces cas là, nous devons être habiles pour « négocier » une solution et peut-être de le faire par étapes ou avec une exigence réduite. Par exemple, de s’abstenir de faire une certaine action non vertueuse  non pas d’une façon définitive, mais pour une courte durée en nous focalisant sur les bienfaits de l’abandonner, puis progressivement pour une durée de plus en plus longue.

Intuition-02Nos croyances sont également un obstacle à la mise en action de nos intentions. Mais elles aussi sont impermanentes et méritent périodiquement d’être réactualisées. Nous avons été capables de lâcher bon nombre de croyances de notre adolescence pour notre plus grand bien. Alors pourquoi ne serions-nous pas capable de lâcher également celles qui nous font la vie dure actuellement. Mais voilà, nous sommes certains que cela est impossible. Et de nous rappeler la fameuse citation de Mark Twain : « C’est parce qu’ils ne savaient pas que c’était impossible, … ils l’on fait! »

Notre manque de concentration

La principale cause de notre faible concentration vient de notre environnement où les distractions abondent. Nous sommes tellement habitués à consommer des distractions que le plus souvent nous créons nos propres malheurs et difficultés. À croire que, comme le papillon de nuit, nous sommes attirés par ce monde de distractions au point de nous brûler les ailes et de nous détruire.

Concentration-02Souvenez-vous le nombre de fois que vous avez oublié quelque chose d’important en quittant votre domicile ou le nombre fois que vous vous êtes trompé d’itinéraire par manque d’attention. Ou encore à trop vouloir, vous tentez de faire plusieurs choses à la fois et finalement rien n’est fait correctement.

Concentration-01Pour nous concentrer nous avons besoin d’un certain calme, loin du bruit. Les distractions interfèrent avec notre esprit et le rendent inapte à se concentrer. Avez-vous observé un enfant jouant avec un nouveau jouet. Il est tellement concentré et absorbé par ce qu’il fait que le monde pourrait bien s’écrouler autour de lui sans qu’il ne s’en aperçoive.

Tant que notre esprit est agité par les distractions, nous sommes comme un petit bateau constamment ballotté par  les vagues. Les distractions ont parfois un effet pervers. Elles nous permettent d’occulter nos problèmes et nos soucis qu’il serait pourtant important de résoudre. Ainsi elles deviennent une stratégie de fuite, en nous disant : « Ah … j’y réfléchirai plus tard …! ». Ou bien encore nous avons besoin d’un « bruit ambiant » tels que musique ou jeux sur notre téléphone portable qui ne tardent pas à devenir une dépendance normale et nous coupent du moment présent.

Concentration-03Du point de vie spirituel, nous distinguons trois types de concentration : la concentration sur les objets non-vertueux, sur les objets neutres et sur les objets vertueux. Les premiers sont vivement déconseillés parce qu’ils créent des causes karmiques de malheur. Seuls les deux derniers nous sont utiles pour notre développement spirituel. Nous avons tous une certaine concentration, cela ne veut pas dire pour autant que nous sommes capables de l’appliquer à notre quête spirituelle.

Pour atteindre les réalisations spirituelles du dharma, nous devons nécessairement développer à la fois une concentration vertueuse et une concentration neutre. La concentration vertueuse est celle qui a pour objet des pensées et des actions en rapport avec notre développement spirituel, (la méditation, le discipline morale, etc.). La concentration neutre est nécessaire pour empêcher que notre esprit ne devienne distrait au cours des tâches ordinaires comme notre travail et nos occupations domestiques.

Observez le déroulement d’une de vos journées et remarquez combien de choses faites-vous sans concentration mais simplement par  habitude tout en ayant l’esprit distrait par autre chose.

Le karma

Le karma est un terme sanskrit qui veut dire acte ou action. Sa signification est souvent mal comprise par la plupart des gens qui croient qu’il s’agit d’une sorte de destin contre lequel on ne peut rien faire. Du reste, on retrouve cette croyance dans l’expression populaire : « Ah! C’est mon karma, je n’y peux rien, je dois faire avec … ».

En fait le karma est un cas particulier de la loi de causalité qui dit qu’un acte a obligatoirement une conséquence ou en d’autres termes qu’une action entraîne inévitablement une réaction. Ainsi à l’origine de chacune de nos expériences, il y a une action et chacune de ces actions nous conduira à faire une expérience, conséquence directe de cette action. Le corollaire de cette loi est qu’il ne peut y avoir une action sans réaction, tout comme il ne peut y avoir une réaction sans une action qui lui ait donné naissance.

Dans notre vie, nous avons à assumer les conséquences de nos actes et chacun peut le vérifier aisément. Par exemple, si maladroitement nous nous tapons sur les doigts avec un marteau, la conséquence est immédiate : la douleur qui va très vite nous faire lâcher le marteau. Ou bien, si nous ne respectons pas le code de la circulation avec notre véhicule, nous nous exposons à une contravention ou pire à assumer les conséquence d’un accident. Ou encore si nous ne sommes pas consciencieux dans notre travail, nous allons finalement recevoir un blâme ou être licencié. Mais heureusement pour nous, ce qui se produit avec des actions négatives ou non vertueuses se produit aussi bien pour nos actions positives et nos actes vertueux. Ces actes vertueux et ces actions positives nous conduiront à faire des expériences agréables et remplies de bonheur.

Pourtant il y a des situations et des expériences de vie dont les causes nous échappent  totalement, pourquoi? Parce que leurs causes sont les actions commises dans une vie précédente, et de cela nous n’en avons évidemment aucun souvenir. Mais nous ne pouvons pas pour autant prétendre que puisque nous ne nous en souvenons pas, ces causes-là n’existent pas.

Chaque acte ou action engendre une empreinte sur le continuum de notre esprit dont l’effet mûri se manifestera lorsque les causes circonstancielles adéquates seront réunies. Ce qui veut dire qu’une action n’est jamais perdue et que le mûrissement de cette action peut très bien arriver aujourd’hui dans cette vie, mais aussi bien plus tard dans une vie future.

Le karma de chacun est comme un abonnement des transports publics il est nominatif et non transmissible. Ce qui veut dire que nous ne pouvons pas déléguer notre karma qui nous gêne et le céder à quelqu’un d’autre. Nous en assumons l’entière responsabilité. Et de ce fait nous devons cesser de rechercher un coupable de tous nos maux et infortunes.

Cette compréhension nous incite analyser notre esprit et son comportement perturbé pour mettre fin à notre inconfort et à notre souffrance. C’est se dire avec bienveillance et sans aucun jugement : « La véritable cause de ce que je vis en ce moment est en moi. Que dois-je comprendre de ce qui m’arrive? » plutôt que de dire : « Qui est-ce qui m’a fait cela? »