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Pourquoi nous devons identifier nos perturbations mentales

Habituellement, nous distinguons dans le monde extérieur ce que nous considérons comme bon ou précieux et ce que nous considérons comme mauvais ou sans valeur. Il serait bien plus salutaire d’avoir appris à distinguer les états d’esprit qui nous sont bénéfiques de ceux qui sont sans valeur. Quels sont donc ces états d’esprit sans valeur? Ce sont nos perturbations mentales, dont l’une des plus néfastes pour nous est l’auto-préoccupation.

Pour être efficace, il est très important d’identifier avec précision nos perturbations mentales. Lorsqu’un chirurgien opère un patient d’un cancer sur un organe vital, il doit minutieusement enlever les cellules cancéreuses sans endommager l’organe vital lui-même. Ainsi, mieux nous identifions notre cible avec précision, plus son élimination sera efficace.

La cause principale de nos perturbations mentales est l’attention inappropriée ou l’ignorance. Aussi plus nous identifions correctement nos perturbations mentales, plus nous obtiendrons rapidement leur éradication en appliquant les opposants spécifiques. Pour cela, nous devons prendre le temps d’identifier complétement la perturbation mentale dans notre esprit. Alors notre pratique donnera des résultats significatifs.

 Qu’est-ce que l’auto-préoccupation et quel est son objet? Ceci doit clairement être précisé, car cette distinction est importante. Si, pour obtenir notre bonheur, nous nous identifions incorrectement, en fait nous nous créerons seulement des problèmes. Tandis que si, pour obtenir notre bonheur, nous nous identifions correctement, alors nous atteindrons la cessation permanente de toute notre souffrance.

L’objet de notre auto-préoccupation est le JE qui existe de manière inhérente. Notre JE est en réalité un simple nom, une étiquette que nous imputons actuellement sur notre corps et notre esprit ordinaires. Mais nous pensons qu’il y a quelque chose derrière cette étiquette. Nous pensons qu’il y a quelque chose de véritablement solide indépendant de notre corps et de notre esprit. C’est cette chose qui possède notre corps et qui possède notre esprit. Nous saisissons ce corps et cet esprit et nous nous efforçons les protéger, parce que nous croyons à leur existence inhérente. C’est ce JE que nous essayons de rendre heureux et que nous chérissons tant. Il est l’objet de notre auto-préoccupation et nous donne le sentiment d’être suprêmement important.

Ainsi, comme nous l’avons sûrement dit mainte fois dans le passé : « Aime-toi, toi-même » n’est pas tout à fait exact. Parce que ce faisant, nous chérissons en fait le JE qui existe de façon inhérente, l’objet de notre auto-préoccupation, qui en réalité n’existe pas du tout. Notre véritable MOI est notre pureté naturelle et notre bonté naturelle. Notre esprit très subtil ou notre esprit racine, situé à notre cœur est notre véritable MOI, notre véritable JE. Lorsque nous nous identifions avec cette pureté naturelle et essayons d’obtenir son bonheur, nous libérons notre véritable JE des obstructions qui résultent de nos perturbations mentales.

Nos pensées sont comme le sillage d’un avion

Par une belle journée ensoleillée, j’observais le ciel bleu immense au-dessus de moi. Soudain, venant de l’horizon, un avion traversa le ciel. Il laissa derrière lui une trace de vapeur d’eau d’un blanc lumineux qui contrastait avec le bleu profond de la voûte céleste. Alors que l’avion poursuivait sa trajectoire, sa trace d’abord rectiligne se tordit et se courba au gré des courants. Quelques instants plus tard, elle s’effilocha en morceaux. Ceux-ci, de plus en plus légers s’atrophièrent pour finalement disparaître.

L’avion représente une pensée qui nous tracasse et sa trace l’empreinte de cette pensée sur notre esprit. Telle une pensée, qui est la création de notre esprit, l’avion est sorti de nulle part pour disparaître un moment plus tard. La trace pas plus que l’avion n’ont d’existence inhérente : les deux existent en relation dépendante. Pas d’avion pas de trace, pas de trace pas d’avion.

Ne dit-on pas « qu’une pensée traverse l’esprit »? De nombreuses pensées traversent le ciel de notre esprit à chaque instant, laissant derrière elles de nombreuses traces qui obstruent notre esprit.

Observez comment vos pensées, semblables à cet avion traversent le ciel de votre esprit. Leur présence est pareille à cette trace laissée par l’avion. Vos pensées, elles aussi vont dans tous les sens, se tordent, s’effilochent pour finalement disparaître. Contemplez, ce spectacle sans vouloir intervenir par la volonté ou l’attention. Car sinon vous allez créer une nouvelle pensée qui à son tour laissera une nouvelle trace dans le ciel de votre esprit. Poursuivez votre contemplation jusqu’à ce que votre ciel soit libéré de toutes traces, autrement dit que votre esprit soit libéré de toutes pensées perturbantes.

L’impermanence d’une vie

Bouddha a affirmé que tant que les êtres sensibles seront sous l’influence de l’ignorance, ils devront faire l’expérience des quatre caractéristiques du samsara. Dans cette ronde de l’existence cyclique (1) la naissance mène inévitablement à la mort, (2) ce qui est assemblé devra finalement être dispersé, (3) ceux qui ont une position élevée devront finalement descendre dans les états inférieurs et (4) toutes les rencontres aboutiront finalement à la séparation.

Lundi dernier, empruntant un de mes parcours favoris de nordic-walking j’ai eu l’occasion insolite de prendre conscience de ce que bouddha affirme :

Vers la fin de ce parcours, traversant un quartier de maisons familiales, j’avais remarqué à la hauteur de la dernière de celles-ci un arrangement original que je ne manquais pas de contempler à chaque fois, l’air souriant. Il s’agissait d’un banc miniature, sur lequel étaient assis deux personnages en terre cuite ou en céramique, un couple de personnes âgées, des grands parents sûrement. Lui, fumant la pipe et lisant un livre, elle tricotant donnaient l’impression de faire la causette tout en regardant les gens passer. Une image somme toute assez banale, mais qui captait mon attention à chacun de mes passages.

Mais lundi passé quelque chose avait changé. La grand maman était toute seule sur son banc. Son compagnon de vie n’était plus auprès d’elle. J’ai tout de suite réalisé avec tristesse ce qui s’était passé. Ce grand papa avait certainement quitté ce monde laissant derrière lui une veuve esseulée. Je fus ainsi pris d’un grand élan de compassion pour cette grand-maman seule sur son banc et en même temps le désir sincère que son compagnon ait rejoint les terres pures éternelles de Soukavati (*).

De retour à la maison, je décidai d’écrire un gentil mot, à ces illustres inconnus qui habitent dans cette demeure et de laisser  à mon prochain passage une petite lettre de condoléances justement sur ce petit banc à la place du grand papa disparu. J’ignore totalement le lien karmique cause de cette situation, mais toujours est-il que depuis je pense à ce couple lors de ma pratique matinale et fait des dédicaces en leur faveur.

(*) Soukavati est le pays d’Avalokiteshvara, le bouddha de la compassion.

Comment bien pratiquer

À priori, mettre en pratique les enseignements ne nous semble pas si compliqué. Les vraies difficultés surviennent lorsque nous recherchons à pratiquer d’une manière habile et efficace. La toute première chose que nous nous efforçons de faire consiste à identifier nos perturbations mentales et ne pas s’identifier à elles. Lorsque nous disons : « Je suis contrarié !!! », alors que nous ne sommes pas la contrariété. Notre esprit est conditionné par une perturbation mentale qui est la contrariété. Nous devrions plutôt nous identifier à notre potentiel pur et voir nos perturbations mentales comme des obstacles à notre développement spirituel.

Le fait de nous identifier à nos perturbations mentales entraîne différents problèmes. En plus de nous conditionner et de nous distraire, celles-ci font obstruction à notre progression spirituelle. Elles développent en nous un sentiment de culpabilité d’être à une telle distance de l’objectif fixé. Nous avons alors le sentiment : « Pfff … je ne vais jamais y arriver, c’est trop dur! ». Le plus souvent aussi, nous supprimons momentanément nos perturbations sans pour autant les éliminer complètement et ce n’est pas suffisant.

L’entraînement principal consiste donc à observer notre esprit. Nous devrions être constamment vigilants afin que nous puissions identifier cette perturbation dès son apparition dans notre esprit. Par analogie, le skipper sur son voilier veille constamment à garder son cap, ne se laissant pas dériver de sa trajectoire. Plus il attend pour réagir, plus il devra manœuvrer pour reprendre la bonne direction. De même, si nous identifions assez tôt une perturbation mentale naissante, il est relativement facile de l’empêcher de croître et de retrouver notre paix intérieure.

C’est pourquoi, cette première difficulté est réellement la plus coriace. Une fois que nous identifions la perturbation mentale dans sa phase initiale, il est relativement facile de l’éliminer. Tout ceci découle d’une claire compréhension de sa signification karmique  et d’une ferme détermination de l’éliminer.

Nous devons être absolument clairs et intransigeants à leur sujet en développant des pensées et des affirmations telles que : « Cela n’est pas moi! » ou bien « Je ne me reconnais pas dans cette perturbation » ou encore « Je ne te donne pas mon assentiment! ». En prenant pour cible nos perturbations mentales, nous les démasquerons rapidement pour finalement les anéantir définitivement. Sans s’attacher au résultat, nous essayons juste de réussir ce défi en faisant de notre mieux.

Amour et dépendances

Quand on aime, est-ce l’autre qui est au centre de nos élans ou est-on amoureux de l’idée de l’amour? Telle est la question que les amoureux devraient se poser.

Si à chaque fois qu’on prononce:

«Tu me manques», on se demandait: «Est-ce l’autre qui me fait défaut, ou moi qui suis en manque d’amour?» sans doute serions-nous plus heureux en amour.