Archives de la Catégorie : 3. Textes choisis

Textes choisis qui rapportent des passages intéressants de mes propres études et pratiques

Voir nos défauts dans le miroir du dharma

Aspect scientifique

Depuis notre naissance, nous considérons le monde dans lequel nous vivons comme possédant une réalité matérielle absolue. Par ce conditionnement, nous évoluons dans notre vie avec cette vision des choses. Toutes les informations que nous possédons sur le monde extérieur  nous sont fournies par nos cinq sens. Le monde que nous connaissons consiste en ce que nos yeux voient, nos oreilles entendent, par les odeurs que nous sentons, les saveurs de tout ce que nous goûtons et par tout ce qui entre en contact avec notre peau. L’homme depuis sa naissance dépend uniquement de ses cinq sens. Et le monde extérieur ne lui est connu qu’à travers eux.

Afin de mieux saisir le mécanisme de notre perception de la matière, rappelons succinctement comment fonctionne notre sens de la vue, qui nous apporte la majeure partie de l’information sur le monde extérieur. Tout objet exposé à la lumière réfléchit une partie de celle-ci sous forme d’ondes lumineuses perçues par nos yeux. Ces ondes lumineuses traversent le cristallin de notre œil et viennent imprimer une image optique sur la rétine. Celle-ci est ensuite acheminée sous forme de stimuli sensoriels vers une partie spécifique du cerveau appelée centre de la vision. À ce moment-là il faut bien comprendre que c’est une image et non l’objet qui se trouve à l’intérieur de notre cerveau.

C’est cette image que notre esprit perçoit. Ainsi, quand nous disons que nous voyons, ce sont les signaux électriques résultants de notre vision qui sont finalement perçus par notre esprit. En d’autres termes, notre esprit a une perception subjective de ce qui est supposé être à l’extérieur. C’est notre ignorance qui nous fait croire que quelque chose existe de façon inhérente à l’extérieur de notre esprit. En réalité ce ne sont que des images virtuelles perçues par un esprit dont l’état change constamment. De la même manière nous pouvons appliquer ce raisonnement à nos autres sens.

Aspect spirituel

Puisque l’interprétation du monde « extérieur à notre esprit » dépend essentiellement de notre état d’esprit, nous percevons les choses de manière changeante. Ainsi, selon les perturbations mentales actives à un moment donné, notre perception de la réalité est elle aussi changeante. Par exemple, si nous sommes de mauvaise humeur, nous avons l’impression que tout se met de travers dans notre vie. Tandis que si nous sommes de bonne humeur, au contraire nous avons tendance à voir la vie positivement. Autrement dit, les expériences que nous traversons sont essentiellement dépendantes de notre état d’esprit.

Alors, au lieu de nous épuiser à vouloir changer ce que nous croyons à tort être à l’extérieur, si nous voulons que quelque chose change dans notre vie nous devons changer l’image que nous en avons, en changeant notre état d’esprit. En prenant chaque situation vécue comme le reflet de notre esprit qui observe sa propre image dans un miroir, il nous appartient d’en changer et de retrouver la paix dans notre esprit. « Changez votre façon de voir les choses, et les choses que vous regardez … changeront! »

Le karma

Le karma est un terme sanskrit qui veut dire acte ou action. Sa signification est souvent mal comprise par la plupart des gens qui croient qu’il s’agit d’une sorte de destin contre lequel on ne peut rien faire. Du reste, on retrouve cette croyance dans l’expression populaire : « Ah! C’est mon karma, je n’y peux rien, je dois faire avec … ».

En fait le karma est un cas particulier de la loi de causalité qui dit qu’un acte a obligatoirement une conséquence ou en d’autres termes qu’une action entraîne inévitablement une réaction. Ainsi à l’origine de chacune de nos expériences, il y a une action et chacune de ces actions nous conduira à faire une expérience, conséquence directe de cette action. Le corollaire de cette loi est qu’il ne peut y avoir une action sans réaction, tout comme il ne peut y avoir une réaction sans une action qui lui ait donné naissance.

Dans notre vie, nous avons à assumer les conséquences de nos actes et chacun peut le vérifier aisément. Par exemple, si maladroitement nous nous tapons sur les doigts avec un marteau, la conséquence est immédiate : la douleur qui va très vite nous faire lâcher le marteau. Ou bien, si nous ne respectons pas le code de la circulation avec notre véhicule, nous nous exposons à une contravention ou pire à assumer les conséquence d’un accident. Ou encore si nous ne sommes pas consciencieux dans notre travail, nous allons finalement recevoir un blâme ou être licencié. Mais heureusement pour nous, ce qui se produit avec des actions négatives ou non vertueuses se produit aussi bien pour nos actions positives et nos actes vertueux. Ces actes vertueux et ces actions positives nous conduiront à faire des expériences agréables et remplies de bonheur.

Pourtant il y a des situations et des expériences de vie dont les causes nous échappent  totalement, pourquoi? Parce que leurs causes sont les actions commises dans une vie précédente, et de cela nous n’en avons évidemment aucun souvenir. Mais nous ne pouvons pas pour autant prétendre que puisque nous ne nous en souvenons pas, ces causes-là n’existent pas.

Chaque acte ou action engendre une empreinte sur le continuum de notre esprit dont l’effet mûri se manifestera lorsque les causes circonstancielles adéquates seront réunies. Ce qui veut dire qu’une action n’est jamais perdue et que le mûrissement de cette action peut très bien arriver aujourd’hui dans cette vie, mais aussi bien plus tard dans une vie future.

Le karma de chacun est comme un abonnement des transports publics il est nominatif et non transmissible. Ce qui veut dire que nous ne pouvons pas déléguer notre karma qui nous gêne et le céder à quelqu’un d’autre. Nous en assumons l’entière responsabilité. Et de ce fait nous devons cesser de rechercher un coupable de tous nos maux et infortunes.

Cette compréhension nous incite analyser notre esprit et son comportement perturbé pour mettre fin à notre inconfort et à notre souffrance. C’est se dire avec bienveillance et sans aucun jugement : « La véritable cause de ce que je vis en ce moment est en moi. Que dois-je comprendre de ce qui m’arrive? » plutôt que de dire : « Qui est-ce qui m’a fait cela? »

La nature de l’esprit

Réflexion du weekend

Les enseignements de Bouddha disent que la fonction de notre esprit est de percevoir et de connaître les objets et les phénomènes et que celui-ci est sans forme et sans limites. Quoi que notre esprit perçoive, il l’appréhende comme l’une de ses parties et sans obstruction quelconque il peut contenir une infinité de représentations.

Ce qui est vrai pour l’esprit A l’est également pour l’esprit B, C et D. Chacun peut ainsi étendre son champ de perception à l’infini. Or, deux ou plusieurs champs de perception infinis ne peuvent être distincts. Car cela voudrait dire qu’il y a une limite à l’infini de A à partir de laquelle l’infini de B commence ce qui est une aberration.

Ainsi, tous les champs de perception sont finalement confondus en un seul champ de perception, la vacuité ou le dharmakaya. Bien qu’apparemment distincts les uns des autres. Chacun contient la totalité de ce champ infini. Seule notre perception limitée par l’ignorance de saisie du soi, nous fait croire que les champs de A, de B, de C et D sont distincts et séparés les uns des autres.

Dans le monde mathématique des fractales, cette représentation est possible et l’image ci-jointe le démontre. Chaque partie de l’image contient la totalité de l’image et à partir de chacune des parties de l’image il y a suffisamment d’éléments pour reconstruire l’image dans sa totalité.

A propos de l’attachement

L’attention inappropriée

En observant les mécanismes de l’attachement désirant, il m’est apparu un point de vue intéressant de sa manifestation que je soumets à votre réflexion.

Il est inéluctable que notre esprit d’auto-préoccupation est constamment sollicité par des objets manifestés dans notre quotidien et nous avons tendance à écouter ses conseils fallacieux. Ainsi nous ressentons ces objets extrêmement désirables au point de devenir « collés »  et de nous sentir « attachés » à ceux-ci.

Cet attachement, en quelque sorte nous prive de notre liberté, notre liberté d’agir autrement. Par notre inattention, nous avons donné notre assentiment à notre auto-préoccupation et avons généré cet attachement qui nous fera finalement souffrir. L’auto-préoccupation couplée à l’attention inappropriée entraîne l’attachement.

Si au contraire, nous gardons notre vigilance, toute notre attention appropriée, les velléités de notre auto-préoccupation resteront sans effet évitant ainsi l’attachement.

À méditer 😀