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Pratiquer la purification de son esprit

Une pratique efficace de purifier son esprit d’un type d’actions non vertueuses consiste à utiliser les quatre pouvoirs d’opposition. Au mieux, cette pratique nous permet de purifier  toute la non-vertu accumulée depuis des temps sans commencement. Ces quatre pouvoirs sont : (1) le pouvoir du regret, (2) le pouvoir de la confiance, (3) le pouvoir de la force d’opposition et (4) le pouvoir de la promesse.

Faire une purification sincère en utilisant ces quatre pouvoirs nous permet de détruire les potentialités les effets de toute action non vertueuse. Elle nous permet également d’atteindre une liberté permanente des souffrances mentales et physiques et d’éviter une renaissance dans les règnes inférieurs.

 Le pouvoir du regret

Son effet est de purifier le potentiel des effets qui sont une expérience similaire à la cause. C’est exprimer notre regret pour les actions nuisibles commises. Dans ce cas, nous développons du regret en nous souvenant des dangers dus à notre négativité. Le regret détruit à la fois les potentialités de nos actions non vertueuses et notre désir de les répéter à l’avenir. C’est un véritable « pouvoir de destruction » de nos perturbations mentales. Plus notre regret est fort, plus nous nous abstiendrons.

Cette attitude de regret plutôt que d’être basée sur la culpabilité, nous invite à une compréhension claire que toute mauvaise cause entraîne de mauvais résultats.

 Le pouvoir de la confiance

Son effet est de purifier le potentiel de l’effet environnemental. Nos peurs et nos doutes engendrent notre manque de confiance. Poussés par les perturbations mentales, nous avons sûrement créé un lourd karma négatif. Motivés par l’attachement, la colère et l’ignorance nous avons commis toute sorte d’actions négatives dont certaines très graves. Les graines de la confiance, lorsqu’elles sont plantées sur notre esprit par un pouvoir qui se situe au-delà de la peur et du doute, nous préparent à recevoir cet ensemencement.

 Le pouvoir de la force d’opposition

Son effet est de purifier le potentiel de l’effet mûri ou conséquence directe de nos actions négatives. Motivés par un profond sentiment de regret, ce pouvoir purifiera véritablement les effets de nos actions négatives. Pour cela, toute action positive est vertueuse pourra être utilisé en tant que force d’opposition. En l’accomplissant avec un regret sincère et une ferme intention de purifier cette non-vertu, même la plus petite action peut devenir une force d’opposition très puissante à tous les effets négatifs de nos actions non-vertueuses. Pratiquer une discipline morale avec sincérité et une motivation correcte nous amènera progressivement à cette purification.

 Le pouvoir de la promesse

Son effet est de purifier le potentiel de l’effet qui est une tendance similaire à la cause. Une action non vertueuse est par définition n’importe quelle action du corps, de la parole et de l’esprit qui est la cause principale de la souffrance. Puisque nous souhaitons éviter la souffrance, nous devons arrêter d’en créer les causes. En conséquence, nous maintenons l’intention de nous abstenir de toutes les actions non-vertueuses du corps, de la parole et de l’esprit. Quand nous faisons une promesse, il est important de savoir combien de temps nous serons capables de la tenir. Nous pouvons éviter certaines actions pour le restant de notre vie et d’autre pour peu de temps seulement. Ainsi, nous pouvons promettre de les éviter pendant un certain temps, puis de prolonger progressivement cette période selon notre capacité.

Apprendre à accepter sans réserve les situations difficiles

Quelle que soit la situation difficile que nous avons à affronter, nous n’avons que deux possibilités. Soit nous pouvons faire quelque chose, soit nous ne pouvons rien faire. Si nous pouvons faire quelque chose, nous faisons l’effort de le faire sans pour autant être contrarié ou en colère. Et si nous ne pouvons rien faire, nous sentir triste ou nous mettre en colère ne fait que d’ajouter une frustration supplémentaire à la souffrance existante. Dans ce dernier cas, la solution est à rechercher dans l’acceptation patiente de la situation difficile. Par exemple, si vous souffrez d’un mal de tête, vous allez prendre un analgésique. Mais jusqu’à ce que celui-ci fasse effet, vous n’avez pas d’autre choix que d’attendre qu’il fasse effet et d’accepter momentanément la douleur.

La patience est un esprit capable d’accepter complètement la situation quelle qu’elle soit. C’est bien plus que de serrer les dents et de supporter celle-ci. Cela signifie accueillir sans réserve quoi qu’il arrive et abandonner l’idée que les choses devraient se passer autrement.

En changeant notre perception de ce qui nous paraît une circonstance désagréable, vision de notre esprit perturbé, en une circonstance agréable, vision dictée par notre sagesse qui nous renseigne sur l’inutilité de notre première impression, le désagrément causé par la situation disparaît et par la même occasion la frustration et la colère aussi.

Pour revenir à l’exemple du mal de tête cité ci-dessus, le fait de s’énerver parce que le médicament ne fait pas assez vite de l’effet ne fera que prolonger la souffrance inhérente au mal de tête. Tandis que si nous prenons patience, sachant que son effet est imminent, tout rentrera rapidement dans l’ordre.

Chaque situation est une occasion d’approfondir notre compréhension de la loi du karma.

 Lorsque des situations indésirables surviennent dans notre vie, elles sont la conséquence de la maturation de nos actions non-vertueuses passées. Nous les exploitons pour augmenter notre détermination d’abandonner toutes les actions non-vertueuses et de renforcer seulement ce qui est vertueux.

Nous utilisons aussi chaque situation pour augmenter notre motivation de purifier notre karma négatif.  Les potentialités de ce karma sont semblables à une bombe à retardement pendue dans  notre dos, et nous ne savons pas quand elle va exploser.

Voir nos défauts dans le miroir du dharma

Aspect scientifique

Depuis notre naissance, nous considérons le monde dans lequel nous vivons comme possédant une réalité matérielle absolue. Par ce conditionnement, nous évoluons dans notre vie avec cette vision des choses. Toutes les informations que nous possédons sur le monde extérieur  nous sont fournies par nos cinq sens. Le monde que nous connaissons consiste en ce que nos yeux voient, nos oreilles entendent, par les odeurs que nous sentons, les saveurs de tout ce que nous goûtons et par tout ce qui entre en contact avec notre peau. L’homme depuis sa naissance dépend uniquement de ses cinq sens. Et le monde extérieur ne lui est connu qu’à travers eux.

Afin de mieux saisir le mécanisme de notre perception de la matière, rappelons succinctement comment fonctionne notre sens de la vue, qui nous apporte la majeure partie de l’information sur le monde extérieur. Tout objet exposé à la lumière réfléchit une partie de celle-ci sous forme d’ondes lumineuses perçues par nos yeux. Ces ondes lumineuses traversent le cristallin de notre œil et viennent imprimer une image optique sur la rétine. Celle-ci est ensuite acheminée sous forme de stimuli sensoriels vers une partie spécifique du cerveau appelée centre de la vision. À ce moment-là il faut bien comprendre que c’est une image et non l’objet qui se trouve à l’intérieur de notre cerveau.

C’est cette image que notre esprit perçoit. Ainsi, quand nous disons que nous voyons, ce sont les signaux électriques résultants de notre vision qui sont finalement perçus par notre esprit. En d’autres termes, notre esprit a une perception subjective de ce qui est supposé être à l’extérieur. C’est notre ignorance qui nous fait croire que quelque chose existe de façon inhérente à l’extérieur de notre esprit. En réalité ce ne sont que des images virtuelles perçues par un esprit dont l’état change constamment. De la même manière nous pouvons appliquer ce raisonnement à nos autres sens.

Aspect spirituel

Puisque l’interprétation du monde « extérieur à notre esprit » dépend essentiellement de notre état d’esprit, nous percevons les choses de manière changeante. Ainsi, selon les perturbations mentales actives à un moment donné, notre perception de la réalité est elle aussi changeante. Par exemple, si nous sommes de mauvaise humeur, nous avons l’impression que tout se met de travers dans notre vie. Tandis que si nous sommes de bonne humeur, au contraire nous avons tendance à voir la vie positivement. Autrement dit, les expériences que nous traversons sont essentiellement dépendantes de notre état d’esprit.

Alors, au lieu de nous épuiser à vouloir changer ce que nous croyons à tort être à l’extérieur, si nous voulons que quelque chose change dans notre vie nous devons changer l’image que nous en avons, en changeant notre état d’esprit. En prenant chaque situation vécue comme le reflet de notre esprit qui observe sa propre image dans un miroir, il nous appartient d’en changer et de retrouver la paix dans notre esprit. « Changez votre façon de voir les choses, et les choses que vous regardez … changeront! »

Le karma

Le karma est un terme sanskrit qui veut dire acte ou action. Sa signification est souvent mal comprise par la plupart des gens qui croient qu’il s’agit d’une sorte de destin contre lequel on ne peut rien faire. Du reste, on retrouve cette croyance dans l’expression populaire : « Ah! C’est mon karma, je n’y peux rien, je dois faire avec … ».

En fait le karma est un cas particulier de la loi de causalité qui dit qu’un acte a obligatoirement une conséquence ou en d’autres termes qu’une action entraîne inévitablement une réaction. Ainsi à l’origine de chacune de nos expériences, il y a une action et chacune de ces actions nous conduira à faire une expérience, conséquence directe de cette action. Le corollaire de cette loi est qu’il ne peut y avoir une action sans réaction, tout comme il ne peut y avoir une réaction sans une action qui lui ait donné naissance.

Dans notre vie, nous avons à assumer les conséquences de nos actes et chacun peut le vérifier aisément. Par exemple, si maladroitement nous nous tapons sur les doigts avec un marteau, la conséquence est immédiate : la douleur qui va très vite nous faire lâcher le marteau. Ou bien, si nous ne respectons pas le code de la circulation avec notre véhicule, nous nous exposons à une contravention ou pire à assumer les conséquence d’un accident. Ou encore si nous ne sommes pas consciencieux dans notre travail, nous allons finalement recevoir un blâme ou être licencié. Mais heureusement pour nous, ce qui se produit avec des actions négatives ou non vertueuses se produit aussi bien pour nos actions positives et nos actes vertueux. Ces actes vertueux et ces actions positives nous conduiront à faire des expériences agréables et remplies de bonheur.

Pourtant il y a des situations et des expériences de vie dont les causes nous échappent  totalement, pourquoi? Parce que leurs causes sont les actions commises dans une vie précédente, et de cela nous n’en avons évidemment aucun souvenir. Mais nous ne pouvons pas pour autant prétendre que puisque nous ne nous en souvenons pas, ces causes-là n’existent pas.

Chaque acte ou action engendre une empreinte sur le continuum de notre esprit dont l’effet mûri se manifestera lorsque les causes circonstancielles adéquates seront réunies. Ce qui veut dire qu’une action n’est jamais perdue et que le mûrissement de cette action peut très bien arriver aujourd’hui dans cette vie, mais aussi bien plus tard dans une vie future.

Le karma de chacun est comme un abonnement des transports publics il est nominatif et non transmissible. Ce qui veut dire que nous ne pouvons pas déléguer notre karma qui nous gêne et le céder à quelqu’un d’autre. Nous en assumons l’entière responsabilité. Et de ce fait nous devons cesser de rechercher un coupable de tous nos maux et infortunes.

Cette compréhension nous incite analyser notre esprit et son comportement perturbé pour mettre fin à notre inconfort et à notre souffrance. C’est se dire avec bienveillance et sans aucun jugement : « La véritable cause de ce que je vis en ce moment est en moi. Que dois-je comprendre de ce qui m’arrive? » plutôt que de dire : « Qui est-ce qui m’a fait cela? »

A propos de l’attachement

L’attention inappropriée

En observant les mécanismes de l’attachement désirant, il m’est apparu un point de vue intéressant de sa manifestation que je soumets à votre réflexion.

Il est inéluctable que notre esprit d’auto-préoccupation est constamment sollicité par des objets manifestés dans notre quotidien et nous avons tendance à écouter ses conseils fallacieux. Ainsi nous ressentons ces objets extrêmement désirables au point de devenir « collés »  et de nous sentir « attachés » à ceux-ci.

Cet attachement, en quelque sorte nous prive de notre liberté, notre liberté d’agir autrement. Par notre inattention, nous avons donné notre assentiment à notre auto-préoccupation et avons généré cet attachement qui nous fera finalement souffrir. L’auto-préoccupation couplée à l’attention inappropriée entraîne l’attachement.

Si au contraire, nous gardons notre vigilance, toute notre attention appropriée, les velléités de notre auto-préoccupation resteront sans effet évitant ainsi l’attachement.

À méditer 😀