D’une manière générale karma veut dire action. Tout au long de nos innombrables vies nous avons commis toutes les sortes d’actions, certaines vertueuses et d’autres non vertueuses. Toutes ces actions ont été précédées d’une intention qui s’est manifestée dans notre esprit. Dans le livre « Comment comprendre l’esprit », G.K. Gyatso nous précise que l’intention est, par définition un facteur mental dont la fonction est de centrer son esprit principal sur un objet. La fonction principale de l’intention est de créer le karma. Pour qu’une action soit possible, nous devons réunir un certain nombre de causes et de conditions sans quoi celle-ci ne sera que partiellement accomplie. Nous parlons alors d’action incomplète qui pourtant ne sera pas sans conséquence.
Une action, même incomplète, aura tout de même un effet sur notre esprit. Chaque action produit quatre types d’effets sur notre esprit, qui sont l’effet mûri, l’effet d’une tendance similaire à la cause, l’effet d’une expérience similaire à la cause et l’effet environnemental. Dans certains cas il n’y a pas d’effet mûri d’une action et nous parlons d’une action incomplète. Pour illustrer cela, prenons l’exemple d’un jeu vidéo dans lequel il s’agit de tuer le plus grand nombre d’ennemis au risque de se faire tuer soi-même. Puisqu’il s’agit d’un jeu, il n’y a pas de morts réels néanmoins le joueur met toute son intention dans l’acte de tuer. Du point de vue de l’esprit l’intention de tuer est manifeste. Beaucoup de personnes banalisent ce genre de jeux qu’ils croient « inoffensifs » puisque virtuels.
Par contre les trois autres effets sont produits à chaque action de tuer, même virtuellement. Ainsi, l’action de tuer crée des effets qui sont des tendances similaires à la cause de tuer, des expériences similaires à la cause de tuer ainsi que des effets environnementaux. À l’avenir, dans une vie future nous aurons des tendances à tuer des êtres sensibles, nous ferons l’expérience d’être tué et d’avoir notre vie subitement écourtée ou encore un effet environnemental qui est une qualité de l’esprit qui fait l’expérience de ces conditions. Il est dit dans le livre « la Voie joyeuse » du même auteur, qu’un grand nombre de nos difficultés et de nos souffrances semblent être provoquées par des conditions extérieures, mais en réalité ce sont les effets environnementaux de nos propres actions négatives.
Quelle soit complète ou incomplète une action passée a créé des effets potentiels sur le continuum de notre esprit qui, sitôt les causes et les conditions remplies mûriront sous l’aspect d’une expérience agréable ou le plus souvent désagréable dans notre vie actuelle. Lorsque celle-ci se manifeste nous avons deux attitudes possibles à adopter, soit de manière constructive soit de manière péjorative. Soit de manière constructive en acceptant l’expérience comme une opportunité de purifier notre karma, ce qui aura pour conséquence de détruire les potentialités restantes de l’expérience ; soit de manière péjorative comme par exemple par de la colère ou toute autre action négative et dont la conséquence sera de générer de nouvelles graines karmiques dommageables pour notre avenir.
En conclusion, toutes les apparences qui se manifestent à notre esprit sont des effets karmiques de nos actions passées. Avant de nous engager dans une action quelle qu’elle soit, nous devons penser aux effets karmiques que celle-ci va produire. Dès que nous réalisons que nous sommes sur le point de nous engager dans une action négative source de souffrance, naturellement nous basons notre intention sur d’éventuels effets collatéraux extérieurs et non de l’impact direct sur notre esprit. En regardant les conséquences karmiques de notre action, une appréciation sans complaisance nous dit : » Ça ne vaut certainement pas la peine de m’engager dans cette action négative ! ». Réalisant cette affirmation, nous prendrons la détermination de ne plus nous engager dans une telle action.
Compilé à partir d’un enseignement sur le livre « La Voie Joyeuse » ainsi que de notes personnelles d’un autre enseignement sur le livre « Comment comprendre l’Esprit » de G.K. Gyatso, reçus au Centre Atisha de Genève.
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