Aimer l’effort, pourquoi pas

Lorsque nous entendons autours de nous certaines personnes parler d’effort, c’est généralement pour faire état d’une expérience difficile ou pénible. Dans ce sens l’effort a une connotation négative et c’est quelque chose à éviter. Nous voulons tout faire sans effort. Et lorsque celui-ci nous paraît trop important, nous nous décourageons et abandonnons. Il suffit d’observer notre monde moderne, tout est mis en œuvre pour nous éviter de faire un effort. L’homme s’ingénie à créer les moyens parfois astucieux pour rendre sa vie facile et sans difficultés. Parfois, le manque d’effort peut conduire à l’échec. Ainsi au lycéen non promu, ses parents lui diront : « Quand même, tu aurais pu faire un effort pour réussir! ». Ou bien encore : « Ses efforts Effort-pourquoi-01auront été inutiles ». D’après le dictionnaire, l’effort se défini comme une mobilisation volontaire de forces physiques, intellectuelles en vue d’obtenir quelque chose de convoité.

Alors pourquoi tant de sentiments négatifs concernant l’effort? Tous les êtres sensibles, dont nous faisons également partie, n’ont pour principal objectif dans la vie, que celui d’être heureux et de se libérer de la souffrance. Dans cette perspective, nous faisons d’innombrables efforts pour y arriver. Ainsi par convoitise, nos efforts sont dirigés vers les choses ordinaires de ce monde qui, nous le savons pourtant ne durent pas. À peine sommes-nous satisfaits de nos acquis que déjà nous nous orientons vers autre chose qui attise nos désirs. En d’autres termes, cela même qui nous procure un certain bonheur contient déjà la graine de ce qui va bientôt nous faire souffrir. Si nos efforts n’ont pas été à la hauteur de nos attentes, nous sommes déçus, découragés et nous pensons : « Tous ces efforts pour rien! On ne m’y reprendra plus! ». Nous avons œuvré avec tant d’acharnement pour posséder l’objet de nos rêves et celui-ci est malencontreusement détruit.

Heureusement pour nous, il y a une autre perspective bien meilleure. Dans son livre « Comment comprendre l’esprit », G. K. Gyatso donne une définition de l’effort, je cite : « L’effort est, par définition, un facteur mental grâce auquel son esprit principal prend grand plaisir à la vertu ». Et il nous dit également que : « L’effort a pour fonction de rendre notre esprit heureux ». Il doit contribuer à la croissance de qualités vertueuses et mener à bien les pratiques vertueuses. Ainsi, contrairement aux idées reçues telles que : « Je dois travailler dur », « Je dois faire quelque chose que je n’ai pas envie de faire » et ainsi de suite, l’effort selon les enseignements de Bouddha est à l’opposé de cette vue. L’effort doit avoir un caractère ludique, être joyeux en nous engageant dans l’action. Ainsi, nous faisons un effort qui n’est pas pénible du moment où nous créons de bonnes causes pour le bien de notre esprit dans le futur. Notre effort correspond dans ce cas au degré de plaisir que nous avons de nous engager dans des actions vertueuses.

Effort-pourquoi-02Sincèrement, est-ce qu’il y a quelque chose d’autre que nous préférerions faire avec notre temps libre que d’entraîner notre esprit. Honnêtement nous connaissons la réponse, car toutes les suggestions proviennent de l’esprit. Ainsi, nous trouvons toujours le temps pour des activités de loisirs, ou d’être attiré par ce qui est futile et non-vertueux. Or, nous devons utiliser notre temps à bon escient et nous l’utiliseront naturellement sans effort si c’est pour créer de bonnes causes pour nos vies futures. Même si ceux-ci sont faibles, nous ne devons pas les mésestimer en acceptant juste le point où nous sommes sur notre voie spirituelle en bannissant tout sentiment d’obligation sur notre esprit. Mieux vaut faire moins avec un effort joyeux que davantage avec un sentiment de culpabilité. Si notre motivation est perturbée par la culpabilité et ou un  caractère obligatoire, elle ne peut durer très longtemps.

Même si sur le court terme nous faisons peu ou pas beaucoup mais avec joie, sur le long terme nous seront capables de bien plus. Il est dit dans les enseignements que la voie spirituelle est longue et demande de la persévérance et de la patience. Stratégiquement, il nous sera bien plus bénéfique de rester dans l’effort joyeux quoi qu’il advienne. Alors, pourquoi ne pas aimer faire cet effort?

Rédigé à partir de mes notes personnelles d’un enseignement du Programme Fondamental basé sur le livre « La Voie Joyeuse » de G.K. Gyatso reçu au Centre Atisha de Genève

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