Développer le renoncement au samsara

Chaque être sensible a le profond désir de se libérer d’une façon permanente de la souffrance et de connaître le bonheur qui dure tout le temps. Dans le « Soutra des quatre nobles vérités » Bouddha nous dit : « Il vous faut connaître les souffrances ». Par cette affirmation, il nous avertit que dans nos vies futures nous allons devoir expérimenter d’innombrables et insupportables souffrances. Cette mise en garde nous pousse à développer un puissant désir, une puissante détermination de nous en libérer. C’est comme s’il nous confie un bon conseil qui dit : « Attention! Là, si tu ne fais rien à partir de maintenant de nombreuses souffrances insupportable t’attendent! ». Les souffrances que nous avons connues dans notre vie actuelle ne sont juste qu’un aperçu de ce qui nous attend dans nos vies futures. En d’autres mots, Bouddha nous conseille de développer le renoncement, la détermination de nous libérer définitivement de la souffrance.

Le renoncement est la grande porte par laquelle nous entrons sur la voie de la libération. Actuellement et depuis des temps sans commencement nous sommes piégés dans le samsara, sorte de prison dans laquelle nous passons d’une cellule à l’autre au gré de nos renaissances contaminées. Plus nous comprenons ce qu’est le samsara, plus nous nous rendons compte de la prison dans laquelle nous sommes actuellement et plus notre désir de nous évader de celle-ci grandira. Le renoncement correspond à cette soif de liberté. Or nous avons une vision assez claire de notre situation en ce moment et naturellement nous allons développer ce qui nous fera sortir de ce cycle infernal. Par chance nous bénéficions actuellement d’une précieuse vie humaine dotée de toutes les libertés et les dotations nécessaires pour prépare notre évasion et prépare le bonheur de nos vies futures.

Renoncement-01Quand bien même nous sommes naturellement incités à pratiquer le renoncement, il n’est pas facile de le réaliser. Car l’esprit de renoncement est un esprit vertueux particulier qui se manifeste qu’après avoir abandonné l’attachement à cette vie-ci et à ses plaisirs. Aussi longtemps que nous focalisons toute notre énergie uniquement sur les problèmes de notre vie actuelle et développons un fort attachement pour les objets samsariques, parce ceux-ci finiront bien par nous procurer le bonheur tant recherché, concrètement nous n’entreprenons rien pour nous libérer du samsara. Notre esprit, continuellement influencé par nos perturbations mentales relègue notre pratique spirituelle au second plan. À tort, nous pensons que nous bien le temps d’entreprendre quelque chose pour nos vies futures. Cette attitude est une forme dangereuse de paresse, la paresse de l’attachement. Et ainsi les jours, les semaines, les mois et les années passent. L’intention ne suffit pas. Sic!

Alors qu’est ce qui va développer une puissante énergie, une puissante envie de renoncer au samsara? Notre pratique spirituelle. Et plus précisément de contempler ce qui nous attend si nous ne nous libérons pas de toutes ces renaissances contaminées. Ce qui nous attend sera identique à toutes nos vies passées. Nous ne nous rendons pas compte de cette succession parce que nous ne nous souvenons pas de nos vies précédentes et que cette vie actuelle n’est pas la seule que nous ayons eue. La plupart de nos vies passées ont été bien plus malheureuse que notre vie actuelle. Que ce soit une renaissance en tant qu’animal, en tant qu’esprit affamé ou en tant qu’un être de l’enfer ou dans les autres règnes du samsara, nous avons enduré des souffrances atroces. Nous sommes piégés dans ce cycle de vies, caractérisé par le fait que nous ne choisissons pas le type de notre prochaine renaissance. Nous ne pouvons pas le contrôler parce que celui-ci est lié aux vents de notre karma. Et la graine karmique qui mûrit au moment de notre mort est déterminante.

Renoncement-02Si nous regardons de plus près la caractéristique de tous ces types de renaissance, la dominante est les problèmes et la souffrance qui en découle. Généralement nous n’aimons pas contempler ceux-ci. le but de cette contemplation n’est pas de nous déprimer davantage, mais bien de faire preuve de lucidité en cessant de se voiler la face devant cette réalité. Nous devons cesser de rechercher le bonheur là où il n’existe pas. Le renoncement consiste donc à le libérer des apparences trompeuses du samsara. Car c’est une douce illusion de croire que nous pouvons aménager de bonnes conditions dans le samsara. Ce dernier étant une projection de notre esprit contaminé, toute l’énergie que nous créerons pour l’aménager sera vaine et inutile. C’est pour cette raison que nous devons contempler encore et encore le marécage du samsara afin de voir dans les moindres détails à quel point il est impossible de rester là.

D’après un enseignement du Programme d’Etude « Un Bouddhisme moderne » de Ghéshé Kelsang Gyatso reçu au Centre Atisha de Genève en 2014