De très petites actions non vertueuses peuvent mûrir sous forme de grandes souffrances, et inversement, de très petites actions vertueuses peuvent mûrir sous forme de grand bonheur. [La Voie Joyeuse, Le karma, page 258]
Nous pouvons considérer les effets secondaires de toutes nos actions. Par exemple, imaginez que sur le chemin du travail vous êtes impliqué dans un accident de la circulation et que de plus vous êtes bon gré mal gré responsable de ce qui est arrivé. En résultat, vous débarquez au bureau de très mauvaise humeur et particulièrement en colère. Colère que vous reportez inconsciemment sur vos collègues et vos amis. À leur tour ceux-ci, perturbés par votre comportement, se mettent à leur tour en colère et reportent cette colère dans d’autres départements. Sans même le savoir, ils contaminent leur entourage pour finalement en fin de matinée renter chez eux et se mettre en colère avec leur famille. Cette caricature nous permet d’imaginer les effets en cascade qu’une simple action non vertueuse engendre. Dans ce sens nous sommes responsables de toutes les implications de nos actions et pas juste de l’action initiale et de son implication immédiate. Ce processus fonctionne aussi bien pour les actions négatives que pour les actions positives.
Comme exemple, prenons les mauvaises herbes du jardin. Si nous ne faisons rien pour les éliminer, elles vont continuer à pousser de manière expansive toujours plus loin, sans que nous ayons à faire quelque chose pour cela. Contrairement aux plantes et légumes à qui nous devons prodiguer de l’attention et des soins continus, les mauvaises herbes n’ont besoin de rien pour croître. Telles les mauvaises herbes, le karma négatif fonctionne de cette manière aussi. Autre exemple, les cellules cancéreuses dans le corps d’une personne. Celles-ci ont tendance à muter en formant des métastases toujours plus nombreuses. Sans l’aide de la chimiothérapie et de soins appropriés, cette propagation augmentera jusqu’à la mort. Le karma négatif de notre esprit est en tout point semblable et si nous ne faisons rien, celui-ci ne tardera pas à occuper tout notre esprit en le contaminant totalement.
Si nous posons une bille en équilibre au sommet d’un dôme, il suffit de la moindre action pour que celle-ci roule vers le bas, et ceci dans n’importe quelle direction, car la structure de demi-sphère du dôme oriente toujours la bille vers le bas. Exactement de la même manière, dans notre esprit, comme la plupart de nos empreintes karmiques sont négatives, notre esprit est semblable à la structure de ce dôme. Si nous mettons ne serait-ce qu’une petite action négative dans notre esprit, celle-ci évolue immanquablement vers une plus grande négativité. Pour cela nous pouvons contempler le passage du texte du livre « La Voie Joyeuse » à la page 258 qui dit, je cite : « Si une toute petite action non vertueuse a été créée, son pouvoir de produire de la souffrance augmente de jour en jour, tant que nous négligerons de la purifier ». Plus longtemps un karma négatif demeure sur notre esprit plus il grandira. On raconte que Djé Pabongkhapa prenait l’exemple de tuer un moustique dans un moment de colère, qui avec peu de temps sans la purifier, cette action équivaut à tuer un être humain! Ainsi une simple action négative peut engendre un séjour dans les règnes de l’enfer pour quelques éons, à cause de l’accroissement du karma négatif.
Heureusement de la même manière et dans le bon sens, nous pouvons comprendre comment nos petites actions vertueuses peuvent créer d’énormes quantités de mérite, voire même atteindre l’illumination dans une seule vie. C’est pour cela que nous devons développer une grande sensibilité à notre manière d’agir. Nous pensons souvent : « Oh, c’est juste une petite action, sans importance ». Lorsque que nous comprenons la manière d’expansion de celle-ci, bien au contraire ce n’est pas sans importance. Ainsi nos petites vertus sont à l’origine de grandes réalisations, c’est pourquoi nous ne devons pas les négliger. Nous devons apprécier la valeur de toutes nos actions. Si nous ne purifions pas notre karma négatif, celui-ci reste sur notre esprit et continue de grandir. D’une manière imagée, nous avons « un champ de mauvaises herbes » dans notre esprit. Nous avons quatre types de « mauvaises herbes » dans le champ de notre esprit dont le traitement d’élimination est prioritaire.
Première priorité. Tout ce qui nous empêche d’avoir une foi indestructible en notre guide spirituel. Principalement ce qui nous empêche et nous ralenti dans notre pratique vient du fait que nous ne croyons pas entièrement les instructions du dharma. Parce que dans le cas contraire nos actions, nos comportements, nos pensées et ainsi de suite auraient radicalement changé. Nous devons développer une totale confiance et une foi en notre guide spirituel. La foi en notre guide spirituel est véritablement la racine pour toutes les autres réalisations spirituelles. Sans celle-ci nous pouvons bien avoir une compréhension intellectuelle des instructions que nous contemplons. Mais si nous nous en remettons avec foi à notre guide spirituel pour qu’il nous aide, alors notre compréhension devient plus profonde et se transforme en réalisation que nous pouvons vraiment intégrer.
Deuxième priorité. Tout ce qui nous empêche d’intégrer la vérité de notre renaissance imminente dans les règnes inférieurs. Pour contrer cette éventualité nous devons faire des pratiques de purification. Notamment par la pratique du regret afin d’éviter cet avenir horrible qui nous guette si nous ne faisons rien. Tant que nous nous complaisons à nous dire « Je suis un pratiquant du dharma », nous pensons être tranquille et à l’abri d’une telle destination. Grave erreur!
Troisième priorité. Tout ce qui empêche nos futurs étudiants de devenir un guide spirituel pleinement qualifié dans cette vie. Pourquoi cela? Parce que si nous aspirons au précieux esprit de bodhitchitta, cet esprit motivé par la grande compassion et qui rechercher spontanément l’illumination pour aider chaque être vivant, nous prenons la responsabilité de les amener tous à l’illumination. Chacun de nous possède un réseau karmique avec beaucoup d’êtres vivants et dépendent d’une certaine manière de nous pour se libérer du samsara. Avec une compassion pour ces innombrables étudiants, nous pratiquons le prise de leur karma négatif qui les empêchent de devenir un enseignant qualifié, en faisant par exemple la requête : « S’il te plaît, mon précieux guide spirituel, fait en sorte que son karma négatif qui l’empêche d’être un guide spirituel qualifié puisse mûrir en moi dès maintenant ».
Quatrième priorité. Tout ce qui nous empêche de prendre tout notre plaisir de créer des bonnes causes. Que nous prenions plaisir dans des résultats extérieurs ou intérieurs, ceux-ci déterminent notre état de bonheur. Lorsque cela ne vas pas bien dans notre vie nous sommes taciturnes, tristes et émotionnellement instables parce que complètement dépendant des résultats et de leurs effets. Si nous voulons jouir d’un bonheur qui dure, nous devons trouver une manière d’être contents tout le temps. Simplement nous prenons juste plaisir dans la création de bonnes causes. Habituellement nous prenons plaisir dans les résultats extérieurs. Parce que lorsque les choses vont bien, nous pouvons créer des bonnes causes et lorsque les choses vont mal également. Quelles que soient les conditions, cela nous laisse l’opportunité de créer de bonnes causes. Quoi qu’il arrive ce sera toujours bien. Au lieu d’être un yo-yo des circonstances, nous devenons un yogi calme et paisible. Donc si nous pouvons purifier tout ce qui nous empêche de prendre tout notre plaisir dans la création de bonnes causes, notre illumination sera inévitable, c’est juste une question de temps.
En méditant sur ce qui précède, nous développerons une puissante détermination d’éviter la non-vertu, même la plus légère, et de cultiver les bonnes pensées et les bonnes actions, même les plus petites. [La Voie Joyeuse, Le karma, page 258]
Compilé dans d’après un enseignement du PF donné par Kadam Ryan en 2005 au Centre Atisha de Genève et de mes notes personnelles.