Pour la rentrée académique des cours au Centre Dromtönpa de Fribourg, j’ai eu la chance de recevoir un enseignement très précieux de Kadam Hélène Oester. Son contenu est tellement utile à quiconque se tourne vers la voie spirituelle que je voudrais avec plaisir en partager l’essentiel avec mes lectrices et lecteurs. Ce thème était : Moins de peurs, plus de protection.
Nous savons tous ce que signifie avoir peur. Plus précisément, il s’agit d’une forme de souffrance. Nous avons tous peur de souffrir parce que c’est quelque chose de désagréable, parfois difficile à vivre et à supporter. Ces peurs se manifestent en nous de différentes manières. Elles se produisent de temps en temps, de façon régulière ou très souvent selon les conditions que nous vivons. Certaines peurs sont récurrentes, d’autres sont indescriptibles ou diffusent et sans raison profonde de nous affecter. Il y a des peurs qui nous sont bien connues, du moins intellectuellement comme la peur de mourir ou qui sont hélas une réalité comme la peur de perdre un être cher. Ou encore pour beaucoup de personnes la peur de la solitude, du chômage. Les peurs peuvent prendre une multitude de forme et chacun peut dresser une liste substantielle de ses propres peurs.
Lorsque les circonstances engendrent la peur dans notre esprit, immédiatement nous avons le désir de devoir nous protéger contre ce qui pourrait arriver. De nombreuses situations de la vie de tous les jours illustrent bien cette réaction légitime. Par exemple, avec la maladie. Si nous « tombons malade » comme nous disons couramment, nous cherchons à nous protéger des conséquences de la maladie en consultant un médecin. Lequel nous donnera de bons conseils et si nécessaire des médicaments, voire d’envisager une hospitalisation. Si nous avons confiance en lui, naturellement nous allons suivre scrupuleusement ses instructions pour peut-être guérir rapidement. Ou encore, dans le monde actuel d’insécurité et de violence qui est notre quotidien, si nous sommes sérieusement agressés nous appelons la police afin de recevoir sa protection.
La plupart du temps nous arrivons relativement bien à nous protéger en prenant les mesures adéquates. Mais au fond de nous, nous savons que nous n’arriverons pas à éviter toutes les peurs possibles que nous rencontrerons et que nous n’arriverons jamais à nous protéger en toute circonstance. C’est une vue réaliste de notre vie, car nous ne pouvons garantir de ne pas tomber malade, malgré toutes nos précautions de perdre un être cher. Finalement nous ne pouvons éviter la mort. Si nous pouvons nous guérir d’une maladie ou de plusieurs maladies nous ne pouvons pas nous guérir de toutes les maladies, des maladies incurables. En conclusion, nous ne trouvons pas dans des moyens extérieurs une protection totale et indéfectible de notre intégrité dans la vie. Il est alors très important de nous rendre compte que : « Je ne peux pas me protéger de toutes les souffrances en utilisant des moyens extérieurs ».
La question qui se pose maintenant est de savoir pourquoi ce n’est pas possible? Pourquoi ne pouvons-nous pas nous protéger efficacement et consciemment des dangers, des difficultés et des problèmes dans notre vie. Bouddha nous donne la réponse dans ses enseignements. C’est parce que nous avons une vie impure. En d’autres termes, notre corps et notre esprit ne sont pas purs. Ils sont impurs parce qu’ils sont la conséquence de notre ignorance de saisie d’un soi. Cette ignorance qui ne comprend pas très bien comment tous les objets et les phénomènes existent réellement. Nous en avons certes une idée, mais elle n’est pas très claire et suffisante. De plus, cette saisie d’un soi nous crispe sur un MOI, un JE qui à son tour génère une préoccupation de soi. Celle-ci inconsciemment nous fait croire que nous sommes suprêmement important et que nous sommes le centre du monde.
Tout ce que nous pensons et faisons, la manière dont nous réagissons part de notre MOI, de notre JE. Et si chacun d’entre-nous réagit de cette manière, nous sommes naturellement prédestinés à avoir des conflits. Delà viennent tous nos problèmes et toute notre souffrance. Si au lieu de l’ignorance nous pouvions cultiver la sagesse, nous n’aurions plus de haine, de jalousie et ainsi de suite. À la place, nous aurions l’amour pour les autres, la compassion, la patience et la sagesse qui comprend les choses et les autres personnes. Mais aussi longtemps que nous sommes dans le samsara, nos peurs, nos problèmes et nos souffrances perdureront. Étant satisfaits uniquement de joies et de bonheurs impurs, nous ne pourrons jamais vraiment nous débarrasser de la peur et de la souffrance résultante de nos problèmes. Ce sont des choses que nous connaissons bien.
Bouddha nous propose la solution pour atteindre cette paix mentale et cette libération de la souffrance. Dans son livre « Transformez votre vie », Guéshé Kelsang Gyatso nous dit, je cite : « Nous devons créer des actions vertueuses ou positives parce qu’elles sont la base pour notre bonheur futur, nous devons abandonner les actions non vertueuses ou négatives parce qu’elles sont la base pour notre souffrance future et nous devons contrôler nos perturbations mentales parce qu’elles sont la cause des renaissances impures ». Sur la base de ces trois choses et selon notre motivation nous pouvons commencer à construire cette protection intérieure qui nous manque, si nous voulons nous libérer à 100% de toute souffrance. Cette protection intérieure consiste à prendre refuge dans les trois précieux joyaux qui sont Bouddha, le dharma et la sangha. Ils sont qualifiés de précieux parce qu’ils exaucent nos souhaits de libération de la souffrance au sens le plus profond.