L’effort dans le contexte spirituel diffère complètement de ce que nous entendons dans la vie quotidienne ordinaire. L’effort dans ce cas est associé à quelque chose de désagréable et pénible. Il suffit pour illustrer cette perception de citer des expressions courantes telles que : « Je dois travailler dur », « Je dois faire quelque chose que je n’aime pas », « Je dois faire un effort pour y arriver » et ainsi de suite. La définition de l’effort selon le dharma est totalement autre. Ici l’effort est le fait d’entreprendre quelque chose de manière ludique, avec un esprit serein. En nous engageant avec un esprit vertueux, l’effort que nous faisons n’est plus pénible du moment que nous créons de bonnes causes pour le bien de celui-ci. Notre effort correspond dans ce cas au degré de plaisir obtenu en nous engageant dans des actions vertueuses. Franchement, est-ce qu’il y a quelque chose d’autre que nous préférerions faire que d’entraîner notre esprit? Honnêtement, nous connaissons la réponse, car toutes sortes de suggestions nous viennent à l’esprit.
Lorsque nous disposons de temps libre, nous trouvons sans difficulté une activité de loisir qui nous ferait plaisir, mais ce n’est pas toujours le cas pour notre pratique spirituelle. Or, nous devons savoir utiliser notre temps à bon escient et nous allons naturellement faire un effort s’il s’agit de créer des bonnes causes pour notre esprit. Dans ce cas, souvent nous avons tendance à minimiser l’importance de notre effort que nous jugeons bien faible. Cela n’a pas d’importance car celui-ci correspond à nos capacités au point où nous en sommes actuellement. Nous ne devons pas pour autant mésestimer nos efforts, si petits soient-ils mais plutôt accepter leurs résultats sans jugement. En fait, nous avons tous en nous un certain désir de faire ce genre d’efforts, mais pour cela nous devons bannir la culpabilité et le sentiment d’obligation de notre esprit. Comme mon enseignant nous l’expliquait : « Mieux faire moins avec joie que davantage avec culpabilité ». En prenant cette attitude sur le long terme, notre motivation ne sera pas perturbée par la culpabilité et le sentiment d’obligation.
La voie de l’illumination est longue et demande de la persévérance et de la patience. Pour cette raison, il est stratégiquement plus avantageux pour nous de rester dans la joie quoi qu’il advienne. Notre principale difficulté est de croire que les choses plaisantes et agréables nous procurent joie et bonheur de manière intrinsèque. Par ignorance, nous sommes persuadés que le pouvoir de susciter le plaisir ou de l’aversion vient de l’objet. C’est pour cette raison par exemple qu’une activité, qui au début était agréable, devient ennuyeuse si nous la faisons telle une routine sans joie. Elle nous lassera au point de finalement l’abandonner. Pire encore est de faire cette même activité tout en pensant à autre chose qui nous paraît bien plus agréable. Ainsi nous sommes sous l’emprise de la culpabilité et intérieurement nous sommes en conflit parce que nous n’avons simplement pas envie de la faire. Une activité ne peut jamais être super-agréable tant que nous ne nous engageons pas totalement dans celle-ci. En mettant le 100% de nous-mêmes dans tout ce que nous faisons, nous évitons de nous disperser avec un gaspillage d’énergie mentale et spirituelle.
Quelle que soit la situation que nous expérimentons, nous avons l’intérêt de la vivre intégralement et en conscience. Ainsi, lorsque nous sommes au travail, faisons le totalement; lorsque nous sommes dans une activité de loisir, vivons celle-ci pleinement sans retenue et avec joie. De même, lorsque nous faisons notre pratique spirituelle quotidienne nous nous laissons complètement absorber par elle sans distraction. C’est de cette façon que nous pouvons véritablement trouver la joie de le faire. La joie ne vient pas de ce que l’activité nous donne, mais de faire cette activité pleinement. Ainsi nous découvrirons les limites de notre capacité à le faire que nous pourrons repousser progressivement en faisant de mieux en mieux. Notre joie et notre satisfaction seront d’autant plus grandes qu’elles proviennent d’un sentiment d’avoir bien fait les choses. Tant qu’en faisant une activité, peu importe laquelle, nous pensons : « Bah, je devrais être en train de faire quelque chose d’autre en ce moment », nous ne trouverons pas le sentiment de cet effort joyeux.
Pourquoi pratiquons-nous le dharma? Est-ce que nous pratiquons le dharma parce que nous « devons »? pour éviter « d’être punis »? Non. Il n’y a qu’une seule raison de pratiquer le dharma, c’est parce que cela fonctionne pour nous et de progresser spirituellement. Dans tous les cas, cela fonctionne mieux de faire les choses d’après les enseignements du dharma que de faire les choses en suivant nos perturbations mentales. Lorsque nous arrivons à la frontière de nos capacités, et que nous essayons de faire mieux, de faire mieux ce que nous sommes en train de faire, nous allons réaliser que nous pouvons faire mieux ce que nous sommes en train de faire en le faisant avec moins de perturbations mentales. Notre objectif est de faire les choses bien, sans attachement au résultat et en mettant toute notre attention dans ce que nous sommes en train de faire. Nous pouvons faire mieux tout ce que nous entreprenons du moment que nous avons un esprit en paix, libre de toute perturbation mentale. Nous pouvons être très performants si nous savons rester décontractés, sans se crisper sur le résultat attendu. Nous pouvons extraire plus de plaisir d’une activité, du moment que nous le faisons dans l’esprit du dharma pour être heureux.
Compilé à partir d’une transcription de l’enseignement du PF « La voie Joyeuse » donné au Centre Atisha à Genève par Kadam Ryan
Cher Max, merci beaucoup pour cet article qui m’aide énormément et qui tombe à pic! Tout de bon et à bientot!