Notre esprit n’est pas notre corps

Dans la vie courante, nous abusons parfois d’une altération de langage due à la confusion que nous faisons entre ce que nous sommes et ce que nous faisons. Nous nous identifions à ce que nous faisons et non à qui nous sommes. Nous entendons souvent les gens répondre à la question : « Qui êtes-vous? », par une affirmation du genre « Je suis plombier », « Je suis une mère au foyer », « Je suis … ». Cette confusion vient elle aussi de notre incompréhension de la différence qui existe entre notre esprit et notre corps. Comment clarifier cette différence? Un des fondements du bouddhisme repose sur la notion de réincarnation. Pour ceux que cette idée est encore difficile, pensez seulement  à faire temporairement une parenthèse sur cette croyance en admettant qu’elle nous aide à mieux comprendre cette différence. Dans son livre « Un Bouddhisme Moderne » Guéshé Kelsang Gyatso dit, je cite corps-esprit-01« La flamme d’une lampe à huile s’éteint lorsqu’il n’y a plus d’huile. Mais lorsque notre corps meurt, notre conscience ne s’éteint pas car la conscience n’est pas produite par le corps« . Ainsi, notre esprit n’est pas notre corps.

Suivant l’expérience que nous traversons, nos états d’esprit changent. Nous pouvons par moment être joyeux, triste, agacé, dépité et ainsi de suite et ressentir ces différents états d’âme. D’une certaine manière, nous pouvons voir nos états d’esprit changeants, nous pouvons le sentir. De la même manière, nous pouvons sentir notre corps. Si nous fermons les yeux, nous pouvons concevoir une image générique de notre corps. Nous pouvons très bien visualiser différentes parties de notre corps, comme nos épaules notre visage, notre poitrine, nos jambes, etc. Avec une certaine familiarité,  nous pouvons très bien localiser ses différentes parties de façon très concrète. De nos investigations des parties de notre corps-esprit-02corps, il devient évident qu’il y a quelque chose qui observe et quelque chose qui est observé. Il y a quelque chose qui perçoit et quelque chose qui est perçu. Ce qui est perçu c’est clairement notre corps et ce qui perçoit … c’est notre esprit. Nous sommes bien en présence de deux entités différentes et distinctes qui démontrent que notre corps n’est pas notre esprit.

Notre corps physique est un être constitué de matériel physiologique, c’est-à-dire que ses parties peuvent être touchées, photographiées, Par la chirurgie, un membre peut se réparer, peut être amputé. Par la neurochirurgie du cerveau il est possible de l’opérer après l’avoir passé au scanner. Les opérations à cœur ouvert sont courantes de nos jours. Tous ces organes sont des parties de notre corps mais ne sont pas l’esprit. L’esprit est défini par Bouddha comme une entité, un continuum sans forme, sans caractéristiques physiques propres à la matière et qui possède l’incroyable fonction de tout percevoir et de connaître. Ainsi, c’est grâce à notre esprit que nous appréhendons la complexité des objets et des phénomènes que nous rencontrons. En fait nous nous méprenons lorsque nous disons : « Je comprends cette chose », parce qu’en réalité c’est notre esprit qui comprend. Ou lorsque nous disons : « Je vois … je perçois … ceci ou cela », c’est notre esprit qui voit ou qui perçoit. Sans la présence de notre esprit, nous serions incapables de faire quoi que ce soit.

corps-esprit-03Ainsi, lorsque le cœur cesse de battre, lorsque le cerveau meurt, qu’il n’y a plus d’activité cardiaque, plus d’activité cérébrale, que notre corps est cliniquement mort cela ne veut pas dire que notre esprit a cessé. Puisque l’esprit est une entité différente du cœur et du cerveau, lorsque les fonctions vitales de ce corps cessent, il ne cesse pas. Il va s’incarner dans un autre corps, vie après vie. Son continuum ne peut cesser et notre esprit très subtil passe d’une vie à l’autre. Le karma qui mûrit au moment de la mort détermine le profil de la vie suivante, aussi longtemps que nous sommes dans le samsara. Au fur et à mesure que nous contemplons cela, nous serons naturellement amenés à comprendre la différence entre le corps et l’esprit. Alors, la prochaine fois que vous avez un ennui avec votre voiture, à votre garagiste au téléphone ne dites pas : « Je suis en panne », mais bien « Ma voiture est en panne ».