Le monde qui nous apparaît est celui auquel nous prêtons attention. Comment bien comprendre cela. Dans le passé, la communauté scientifique affirma à maintes reprises que seul ce qui pouvait être observé, analysé, mesuré existait. Si l’hypothèse de l’existence d’une chose n’était pas vérifiée elle conduisait naturellement à la conclusion de l’inexistence de celle-ci. Cette réflexion me conduisit au constat suivant que : « Rien n’existe de manière intrinsèque, de son propre côté, mais existe en relation dépendante de l’esprit qui perçoit. C’est lorsque mon esprit perçoit un objet, que je peux le designer, le nommer ». Nous disons alors que les objets existent de manière conventionnelle.
Imaginez que vous vous observer dans un miroir. Celui-ci vous renvoie votre image conforme à qui vous êtes en ce moment. Vous ne pourriez pas imaginer l’absence de votre image dans le miroir. Cette image existe en dépendance de votre présence devant le miroir. Si cette image avait une existence intrinsèque, elle existerait indépendamment de votre présence et par exemple, une fois partit, quelqu’un d’autre pourrait la voir! Ainsi, de la même façon que votre esprit perçoit votre visage dans le miroir, celui-ci perçoit toute chose dans le champ de votre vision.
Imaginez maintenant que vous remarquez que quelqu’un vous regarde en ce moment. Si vous l’avez remarqué, c’est bien parce que vous regardiez cette personne. Dans le cas contraire, vous n’auriez pas aperçu cette personne qui vous regardait et dès lors cette personne pour vous n’existerait pas. Ce qui démontre que la personne observée n’existe qu’en dépendance du regard de l’observateur. Autre exemple : Une personne dans votre champ de vision semble vous regarder avec insistance au point que vous pensez : « Qu’est-ce que j’ai d’étrange pour qu’elle me regarde comme cela? ». Alors qu’en fait ce n’est pas vous qu’elle regarde mais quelqu’un juste derrière vous ! Quelle méprise ! Pourtant vous aviez la certitude que c’est vous qu’elle regardait. Et l’autre personne, complètement obnubilée par celle qui était derrière vous, ne vous avait probablement même pas remarqué.
Que s’est-il passé dans votre esprit? La présence de la personne qui vous observe agit comme un écho karmique qu’une graine potentiellement mûre vient d’activer en vous. Parfois la nature de cette graine ou la perturbation mentale qui est à son origine peut ne pas être évidente et mérite votre attention. D’autres fois cela paraît très clair et un travail intérieur peut commencer, comme par exemple dans le cas de timidité ou une mauvaise image de soi que la situation révèle. En fait, tout ce qui vous apparaît, sans exception agît tels d’innombrables échos karmiques qui interfèrent avec les graines potentiellement mûres présentes dans votre esprit. Nous ne devrions pas nous laisser piéger par notre ignorance de la saisie du soi qui tente systématiquement de nous faire croire à l’existence intrinsèque des objets perçus. Comme effectivement tout se passe dans notre esprit, nous sommes directement concernés par ce que nous percevons.
Nous pouvons imaginer notre esprit en tant que téléspectateur d’une multitude d’écrans qui constituent le tissu de notre esprit. Nous avançons dans un environnement dynamique semblable à une interminable galerie tapissée d’écrans. Chaque écran produisant une image en trois dimensions est conforme à notre perception visuelle et correspond au déroulement de notre vie actuelle. Si bien que, lorsque nous prêtons attention à un écran, nous nous imprégnions de son contenu qui n’est autre qu’un aspect karmique de notre esprit. Nous poursuivons notre vie continuellement confronté au mûrissement de nos expériences. À chaque pas de nouvelles images apparaissent et grâce aux enseignements du dharma, nous pouvons leurs donner une signification qui nous feront progresser vers la libération du samsara. En conclusion : « C’est bien moi qui regarde le monde! Et si je change ma manière de le regarder, le monde que je perçois changera! »