Avez-vous déjà fait cette simple expérience ? Prenez place devant une grande feuille de papier, un crayon dans chaque main. Puis, dessinez simultanément un cercle avec la main gauche et un carré avec la main droite ! Vous vous rendez compte immédiatement de l’impossibilité de le faire spontanément. Que se passe-t-il dans votre esprit? Votre esprit doit se concentrer à la fois sur deux actions, celle de tracer un rond de la main gauche et un carré de la main droite. Or, comme déjà mentionné à plusieurs reprises dans des articles précédents, du point de vue de l’esprit : « Le monde que nous percevons est celui auquel nous prêtons notre attention ». Par conséquent, vous ne pouvez focaliser votre attention en même temps sur le tracé du cercle et le tracé du carré. Bien sûr, lorsque nous observons ce qui se produit devant nous, nous avons une impression globale de ce qui s’y trouve. Mais nous procédons à la manière d’un scanner, comme par exemple lorsque nous entrons dans une demeure pour la première fois. Aussi, lorsque nous sommes dans un cinéma à regarder un film sous titré, soit nous lisons le texte soit nous regardons la scène du film, mais difficilement les deux en même temps.
En fait, nous rencontrons une problématique similaire lorsque nous faisons notre pratique. Habitués à faire ou à penser à plusieurs choses en même temps nous avons de la peine à nous focaliser uniquement sur notre pratique. Tant de choses et de pensées distrayantes sabotent notre concentration et nous sommes en alternance dans notre pratique et dans toutes sortes d’autres pensées. Dans son livre « La Voie Joyeuse », Vénérable Kelsang Gyatso explique que : « Un certain degré de concentration est nécessaire pour accomplir toute action vertueuse, car la concentration élimine les obstacles à notre pratique« . Actuellement, nous voulons garder notre esprit concentré, mais ne pouvons le faire à cause de nos perturbations mentales. Nous devons par conséquent les éliminer le plus possible. D’autres explications détaillées se trouvent dans le chapitre « L’entraînement de l’esprit au calme stable » du même livre.
Donc, je poursuis ma réflexion telle que je l’ai vécue dernièrement durant ma retraite. Pour assimiler des connaissances, nous utilisons principalement deux types de mémoire : une mémoire à court terme et une mémoire à long terme. D’après Wikipédia, la mémoire à court terme (MCT) permet de retenir et de réutiliser une quantité limitée d’informations pendant un temps relativement court et la mémoire à long terme (MLT) la mémoire au sens courant. L’entreposage de la connaissance dans celle-ci se fait par le « transfert » du contenu de la mémoire MCT, d’où l’importance de son contenu. Notre entraînement à la concentration consiste diminuer progressivement jusqu’à leur complète disparition le taux de perturbations et de distractions contenues dans la mémoire MCT de notre esprit. Avec ce préalable, nous pouvons atteindre le premier placement, le placement simple de l’esprit, c’est-à-dire de garder notre attention en un seul point sur l’objet de notre méditation. Puis avec persévérance notre entraînement nous permettra d’envisager les autres niveaux de placement de l’esprit. Également sur le sujet, vous pouvez consulter l’article « Notre manque de concentration » sur ce même blog.
Dans le « Nouveau Manuel de Méditation » Vénérable Kelsang Gyatso précise qu’au début de notre pratique méditative, notre concentration reste faible, car nous sommes facilement distraits et nous perdons souvent notre objet de méditation. C’est pourquoi, avec patience, persévérance et une forte motivation, nous allons alterner contemplation et méditation placée jusqu’à pouvoir garder notre objet de méditation. Parfois, nous pouvons demander au Bouddha Mandjoushri sa grande sagesse pour comprendre les objets que nous devons abandonner pour améliorer notre concentration.