S’épanouir dans le dharma

Epanouissement-01Souvent notre pratique du dharma est difficile et laborieuse et il nous semble qu’il est pénible de conjuguer celle-ci avec notre vie quotidienne. Alors que la pratique du dharma est sensée nous épanouir, nous libérer et nous rendre heureux, en fait ce n’est pas le cas. Pourquoi? Parce que notre esprit est fortement sollicité par les distractions et les plaisirs du samsara qui prennent trop de place dans notre vie. Ou encore parce que nous sous-estimons l’importance de mettre le dharma en priorité dans notre vie. Savoir comment s’épanouir dans le dharma, devrait par conséquent nous réjouir tous les jours de notre vie. Si nous arrivons à faire fleurir notre pratique, cela aura une incidence majeure dans tout ce que nous entreprenons. Puisque la pratique du dharma est un processus qui se passe à l’intérieur de notre esprit, celui-ci va générer des expériences intérieures, lesquelles transformeront nos expériences quotidiennes. La vie elle-même, influencée par la pratique du dharma nous conduira vers l’harmonie, le bonheur et la paix intérieure.

Dans le glossaire du livre « La voie Joyeuse » Dharma se définit par les enseignements de Bouddha et les réalisations intérieures que nous atteignons en dépendance de ceux-ci. La raison pour laquelle nous n’arrivons pas à réaliser celles-ci et à nous épanouir dans notre vie est en fait très simple. Nous ne prenons pas assez en compte le potentiel de pureté en nous, notre nature de Bouddha. Depuis des temps sans commencement cette nature pleinement réalisée, cet esprit très subtil est présente sur notre continuum, c’est notre vrai Soi. D’une certaine manière, cette nature nous suggère constamment de nous « tourner » vers l’intérieur, plutôt que de nous laisser absorber par ce qui nous apparaît comme existant à l’extérieur. Lorsque nous faisons ce voyage intérieur vers qui nous sommes réellement avec la bonne attitude, nous avons la possibilité de nous épanouir dans le dharma. Cette attitude dépend de notre manière de pratiquer, de notre habileté, de notre patience et de notre sagesse pour lesquelles nous devons nous entraîner constamment pour en acquérir une certaine familiarité. Certes, nous allons rencontrer en chemin beaucoup d’obstacles et de difficultés, mais nous allons aussi progressivement les surmonter. Pour que cet entraînement soit un voyage agréable, détendu et plein de félicité, il y a quelque chose que nous devons apprendre à maîtriser.

Epanouissement-02Habituellement nous nous identifions à notre JE ordinaire à nos perturbations mentales au lieu de nous référer à notre potentiel pur, notre vrai Soi. Nous imputons notre JE sur cet être ordinaire constitué d’un corps et d’un esprit contaminés par les trois poisons que sont l’attachement, la colère et l’ignorance. Tant que cet être contaminé que nous sommes est mélangé à toutes ses perturbations mentales, essaie de faire sa pratique du dharma, celles-ci auront un impact défavorable sur l’épanouissement du dharma dans notre vie. Autrement dit, nous devons identifier les causes qui entravent notre pratique et apprendre à nous en libérer. Nous devons nous libérer de l’attachement désirant à notre pratique, de la colère de ne pas obtenir des résultats et à l’ignorance de ses raisons profondes. Inconsciemment toutes ces causes interfèrent négativement dans notre pratique. Tant que nous essayons  de faire notre pratique sous l’influence de l’attachement, nous rencontrerons beaucoup d’obstacles pour finalement générer de l’aversion pour celle-ci. Pour cette raison nous devons être capables de repérer les situations dans lesquelles cet attachement se manifeste. Plus précisément lorsque notre pratique du dharma devient distraite, oppressante  ou simplement inconfortable. Nous rendre compte de cela nous permettra de prendre les bonnes dispositions pour améliorer notre pratique.

En dépendance de notre ignorance, lorsque nous pensons à notre corps et à notre esprit, la préoccupation de soi se manifeste et fait naître en nous l’attachement désirant, notre volonté de nous épanouir coûte que coûte. Cette préoccupation de soi peut fonctionner de deux manières dans notre pratique. Soit elle induit une idée exaltée de nous-mêmes en tant que pratiquant à notre niveau d’expériences, soit elle voudrait que nous soyons déjà un pratiquant accompli qu’en réalité nous ne sommes pas. Dans le premier cas, une idée flatteuse de nous-mêmes assortie de l’orgueil nous rend incapable de reconnaître nos défauts et nos perturbations mentales qui détruisent notre paix intérieure et dans le deuxième cas nous avons beaucoup d’attentes et un attachement désirant à l’image que nous voudrions avoir déjà de nous-mêmes. Cette attitude induit en nous un jugement, une forte pression, une crispation qui vont nous décourager dans notre pratique, par des pensées du genre : « Tu n’es bon à rien! La pratique du dharma, ce n’est pas ton truc, tu peux arrêter quand tu veux! », qui ne va pas nous épanouir dans le dharma. Nous devons avoir de la bienveillance et de la compassion pour nous-mêmes et nous accepter là où nous sommes avec toutes nos imperfections et nos défauts. Et nous devons apprendre à être confortable avec cette image tout en sachant qu’avec effort et patience un jour nous y arriverons aussi.

Epanouissement-03Nous devrions en toute circonstance essayer de faire de notre mieux. Ce faisant, nous créons une action qui laisse une empreinte sur notre esprit sous la forme d’un effet qui est une tendance similaire à la cause. Nous créons ainsi une familiarité avec de telles actions qui feront que nous serons à l’avenir capables de faire de mieux en mieux. Nous sommes des êtres du règne du désir et partant nous n’avons pas d’autre choix que de suivre nos désirs. Dans ce sens, nous sommes comme une marionnette que notre esprit manipule à sa guise. Les désirs en eux-mêmes ne sont pas un problème. Il y a des désirs et des aspirations dites vertueuses tels que l’envie de devenir un bouddha, d’atteindre l’illumination, d’avoir la patience et ainsi de suite. En ayant ces désirs, nul doute que nous allons dans la bonne direction. Mais dès que ces mêmes désirs sont mélangés avec de l’attachement désirant, ils deviennent non vertueux et nous empêchent de nous épanouir. Lorsque nous n’arrivons pas à obtenir ce que nous voulons, nous créons immanquablement une frustration en nous. Lorsque nous rencontrons dans notre vie des choses que nous ne désirons pas cela crée en nous une forte aversion ou même de la colère.

Le dharma est une expérience intérieure qui transforme notre manière de nous relier au monde et qui aura une incidence directe sur notre vie. Mais pour que ces expériences du dharma se développent dans notre esprit et qu’elles produisent des effets bénéfiques, nous devons absolument libérer notre pratique du dharma de nos perturbations mentales. La pureté de notre esprit est dissimulée sous une couche de perturbations mentales. Nous sommes en quelque sorte un joyau recouvert de boue. Nous devons accepter qu’actuellement nous sommes quelqu’un de perturbé. Et ces perturbations mentales actuellement sur notre esprit se mélangent à notre pratique du dharma. Et donc elles ont un impact négatif sur notre pratique. Pour nous épanouir dans notre pratique et nous libérer de ces aspects négatifs, nous devons apprendre à les reconnaître et progressivement les abandonner.

Article inspiré d’un enseignement donné par Timothy Leighton, reçu au Centre Atisha de Genève en 2011