Les gens « bien adaptés » au samsara

Les personnes « bien adaptées » au monde samsarique ne nous indiquent pas pour autant la voie à suivre. Car cette voie est à l’opposé de la voie spirituelle de la libération de la souffrance.

S’adapter pour la plupart d’entre-nous signifie s’habituer. Mais si cette adaptation se fait sans la sagesse elle est la raison de notre attachement à ce monde. Cet attachement aux activités mondaines se développe à partir d’une forme de paresse. Dans l’esprit de certains, l’adaptation à une situation est synonyme de résignation. Combien de fois j’entends dire : « Ah! Je n’y peux rien … je dois m’y faire! » ou bien encore : « De toute façon, cela ne dépend pas de moi … et je ne peux qu’accepter ».

Changement-01 Si nous sommes déprimés ou découragés et que nous pensons que c’est trop difficile de renoncer à nos mauvaises habitudes, ou si nous remettons notre renoncement au lendemain pensant que c’est mieux de le faire à un autre moment, aucun changement d’état d’esprit ne sera possible. La véritable adaptation demande de faire un effort avec souplesse d’esprit et une bonne dose de sagesse parfois.

Nous devons réaliser que le samsara dans son entier est dans la nature de la souffrance, et nous avons un très fort attachement  pour le samsara. Pour vaincre cet attachement, nous devons réaliser comment chaque aspect de celui-ci est dans la nature de la souffrance. Parmi les nombreuses souffrances rencontrées dans le samsara, l’incertitude, l’insatisfaction et les renaissances incontrôlées sont les plus significatives.

  • L’incertitude : Aucune condition n’est assurée dans le samsara. Tout change si rapidement. Il en va ainsi de nos expériences bonnes ou mauvaises, de nos relations, de notre santé, de notre richesse et ainsi de suite.
  • L’insatisfaction : La plupart de nos problèmes viennent du fait que nous recherchons  notre satisfaction dans les plaisirs du samsara. Si nous continuons  à rechercher la satisfaction dans des plaisirs aussi limités, nous allons créer de nombreuses mauvaises habitudes et des problèmes pour nous-mêmes et pour les autres.
  • Les renaissances incontrôlées : Puisque nous avons eu d’innombrables renaissances, nous avons dû supporter toutes les souffrances des diverses sortes d’existence vécues. Et si nous n’atteignons pas la libération complète du samsara dans cette vie, nous sommes certains de renaître dans ce cycle de renaissances incontrôlées.

Bouddha nous enseigne que chaque expérience de bonheur ou de jouissance provenant des plaisirs du samsara est une souffrance changeante. Si nous augmentons la cause de notre bonheur samsarique, notre bonheur se transformera en souffrance, mais si nous augmentons la cause de notre souffrance, la souffrance ne se transformera jamais en bonheur. Pour comprendre cela avec clarté, je vais prendre deux exemples.

  • Changement-02Certains restaurants proposent « Pizza à discrétion » pour un prix forfaitaire. Si vous raffolez de pizza Marguerita, vous allez manger votre pizza avec bonheur  et vous serez tenté d’en prendre une deuxième. Si tel est le cas, vous allez voir rapidement votre bonheur se transformer progressivement en nausées et devenir malade.
  • Changement-03Et si, en bricolant, malencontreusement vous vous tapez avec un marteau sur un doigt, vous allez ressentir une douleur, une souffrance. Et vous n’allez certainement pas taper une seconde fois pensant transformer votre douleur en bonheur … d’être un bricoleur expérimenté.

Le samsara est une simple projection de notre esprit contaminé par d’innombrables perturbations mentales. S’adapter à cette projection signifie donner notre assentiment aux perturbations mentales  qui nous retiennent en otage dans le samsara. Nous percevons le monde à travers le filtre des perturbations de notre esprit. C’est comme regarder à travers des lunettes sales, tout nous paraîtra sale. Ainsi les êtres « bien adaptés » au samsara sont des personnes qui n’entreprennent rien pour changer leur état d’esprit.

Réflexions compilées à partir d’explications données dans « La voie Joyeuse » de Guéshé Kelsang Gyatso Ed. Tharpa