La signification non-manifeste d’un obstacle

Lorsque nous rencontrons un obstacle dans la vie, nous avons habituellement un sentiment de contrariété, de révolte voire de colère. Nous sommes persuadés qu’il y a là quelque chose, d’animé ou d’inanimé, à l’extérieur de notre esprit qui s’oppose à notre intention initiale. Et parce que nous sommes attachés à l’objet de notre intention, nous avons de la peine à accepter la situation et nous souffrons. C’est oublier que la présence de cet obstacle sur notre chemin n’est pas dû à une cause extérieure, mais bien à notre seul état d’esprit. N’oublions pas que le monde qui se manifeste à nous est le monde auquel nous prêtons attention. Les objets et les phénomènes n’ont pas d’existence intrinsèque. Ils existent en relation dépendante de l’esprit qui les a créés. Si un obstacle semble en fait se manifester en ce moment, il n’est que le résultat ou l’image de l’état karmique de notre esprit.

La contemplation de la signification manifeste de l’obstacle, du moins celle que nous pensons habituellement être, est une vue erronée de la situation. Ce faisant, elle nous enlise dans la souffrance. Car nous pensons alors : « Ah *!*!, c’est toujours sur moi que ça tombe! Ça ne se passera pas comme cela, je vais protester!!! ». Et nous redoublons d’efforts pour conjurer le mauvais sort. Or, si nous continuons à faire ce que nous avons toujours fait, il est certain que nous obtiendrons ce que nous avons toujours obtenu, c’est-à-dire de buter contre cet obstacle.
La contemplation de la signification non-manifeste est plus subtile. Elle nous amène à une réflexion plus constructive de la situation. Et dans ce cas nous pensons : « Qu’est-ce que je dois comprendre de la présence de cet obstacle? » « Quel est le message induit par sa présence? » « Comment puis-je tirer profit de cette expérience apparemment contraire à mes idées? ». Pour confirmer le bien-fondé de cette démarche, il suffit de se souvenir d’un de ces obstacles qui pourtant a profondément bouleversé notre vie.

Ainsi, je me souviens de la première fois où j’ai été licencié de mon travail. Sur le moment, j’ai été complétement anéanti car j’étais très attaché à mon job. Mon mental criait vengeance et demandait réparation. C’était lutter contre la signification manifeste de cet obstacle qui mettait brusquement un terme à mon activité. Au chômage, j’ai eu tout le temps de méditer sur la signification non-manifeste de mon licenciement. Très vite, les réponses à mes questions du genre : « Qu’est-ce que je dois comprendre de ce qui m’est arrivé? »; « Comment puis-je voir cet événement de manière constructive pour mon avenir? » sont apparues à mon esprit. En fait, je venais de réaliser que je projetais dans cette activité des compétences que je n’avais pas vraiment et je réalisais que je n’étais pas à ma juste place.

Alors, au lieu de sombrer dans le défaitisme, mettant à profit ce temps de chômage j’ai rebondi de cette situation. J’ai révisé mes notions d’allemand, je me suis perfectionné dans un domaine informatique qui m’intéressait depuis longtemps, afin de retrouver une place correspondant mieux à mes aptitudes et qualifications. Quelques mois plus tard, j’obtenais une place inespérée dans les télécommunications à Bern dans laquelle il était notamment demandé de bonnes connaissances d’allemand et les notions d’informatique que je venais d’apprendre.

Il vous est sûrement arrivé une situation privée ou professionnelle où tout a basculé dans une direction alors totalement imprévisible. Quels sont les prémisses de la présence sournoise de cet obstacle et comment à posteriori vous en avez peut-être tiré profit?