Accepter ce que l’on est sans culpabilité ni jugement

Un pratiquant bouddhiste sincère est celui qui s’accepte où il est sans culpabilité ni jugement. Accepter où l’on est, c’est se situer entre deux limites qui sont la culpabilité d’un côté et la complaisance de l’autre côté et de se rapprocher de la voie du milieu.

Qu’est-ce que la culpabilité? La culpabilité est une colère dirigée vers soi-même. c’est en fait la même émotion, la même perturbation mentale que la colère. Cette dernière est un état d’esprit qui pense que quelque chose ou quelqu’un d’externe est la cause de notre souffrance. Il s’en suit le désir d’éliminer ou de détruire cette cause. Ce qui différentie la culpabilité et la colère est l’objet, soi-même ou quelque chose d’autre.

En développant la culpabilité, nous générons un énorme karma négatif. Souvent à tort, nous pensons que la culpabilité est acceptable et normale parce qu’elle nous motive d’abandonner notre négativité. C’est du moins  l’attitude adoptée dans la vie ordinaire de tous les jours et cela permet de mettre des règles sociales à ne pas transgresser afin de garantir aux individus une certaine protection et une existence sans soucis.

D’après la définition du Larousse, la culpabilité  est l’état dans lequel se trouve une personne coupable d’une infraction ou d’une faute, comme par exemple selon le Code pénal ou le Code des obligations. Toutes ces lois et ces codes sont nécessaires pour régler la vie de tous les jours, mais elles ne font aucune allusion à leur impact du point de vue spirituel.

Dans notre société occidentale moderne, la culpabilité est associée à la notion de punition, punition que l’on inflige à celui qui est coupable. Dans notre éducation parentale qui n’a pas été puni pour avoir commis une faute ou désobéi. Dans notre éducation religieuse, très tôt nos enseignants nous ont appris la notion de péché, du bien et du mal en pensant nous motiver à ne plus recommencer. Tout ceci n’explique pas ce qui se passe au niveau de notre esprit.

D’un certain point de vue nous pouvons imaginer utiliser la négativité pour nous motiver, mais à quel prix. En fait nous abandonnons une négativité pour une négativité encore plus grande.  Nos perturbations mentales nous convainquent que la culpabilité est une bonne chose parce que cela nous permettra d’éviter les petites négativités, mais malheureusement pour être confrontés à de bien plus grandes négativités.

Depuis des temps sans commencement nous avons donné notre assentiment à nos perturbations mentales. La culpabilité  nous incite à mettre des attentes très haut pour nous-mêmes. « Je dois être parfait, maintenant déjà! ». Et quand nous n’y arrivons pas, « Tu es nul … tu es horrible! » entraîne une déception encore. Si nous n’arrivons pas à accomplir nos hautes attentes, nous ressentons du découragement et de l’amertume et nous devenons encore moins capable de réussir. Et c’est un cercle vicieux vers le bas. Au pire, cela mène à la dépression.

La complaisance permet à nos perturbations mentales et à notre négativité de demeurer sur notre esprit comme si ce n’était pas un problème. Nous pensons utiliser la culpabilité pour nous empêcher de nous engager dans la négativité. Si nous réfutons la culpabilité nous avons tendance à aller vers l’autre extrême la complaisance, ce qui n’est pas mieux. Ce faisant nous disons : « Oui, je suis négatif, mais ce n’est pas grave! ». « Je fais une bêtise, mais je m’en fiche ». « Je suis perturbé, je sais que c’est l’attachement, mais c’est normal! Et je le fais quand même! ». Avec la complaisance on laisse libre court à nos perturbations mentales qui nous trompent.

La voie du milieu entre ces deux extrêmes, est le regret. Celui-ci est différent de la culpabilité et de la complaisance de trois manières différentes.

  1. le regret nous accepte nous-mêmes sans jugement. Nous acceptons l’existence de nos perturbations mentales, mais pas leur validité.
  1. le regret blâme nos perturbations mentales pas nous-mêmes. Le regret fait la distinction entre nous-même qui est un potentiel pur et au-delà de la contamination des perturbations mentales, et nos perturbations mentales elles-mêmes qui sont comme le cancer dans notre esprit.
  2. le regret est un esprit qui voit vers l’avenir et non pas dans le passé. Nous acceptons d’avoir fait une erreur, et nous apprenons comment faire mieux la prochaine fois.

Si nous nous acceptons nous-mêmes sans culpabilité et sans jugement, nous allons naturellement avoir un esprit joyeux et paisible.

Texte compilé d’après un enseignement de Kadampa Ryan, reçu au Centre Atisha à Genève

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