L’attachement est l’une des perturbations mentales les plus dévastatrices de notre paix intérieure. D’après les écrits bouddhistes nous, tous les êtres vivants, sommes dans le règne du désir. Notre attitude est donc fondamentalement orientée vers la quête du bonheur et l’évitement de la souffrance. Et notre principale erreur vient du fait que nous recherchons le bonheur à l’extérieur de notre esprit.
En méditant ces temps passés, j’ai réalisé à quel point l’attachement et plus précisément l’attachement à la réussite peut se transformer en souffrance voire en cauchemar dans notre vie. Pourquoi cela?
Depuis notre plus tendre enfance, nous somme confrontés à ce problème de réussite. Dans notre société, notre statut social est étroitement lié à notre degré de réussite. Notre auto-préoccupation renforce sensiblement notre besoin de réussir, en nous insinuant : « Je suis important, je dois gagner, je dois me battre pour être le meilleur ». Ainsi, grandit en nous un esprit de compétition qui nous pousse constamment à réussir. Si nous ne réussissons pas, nous nous exposons à la critique et au blâme de nos proches et des autres. Nous nous sentons alors coupable de ne pas réussir, nous perdons confiance ce qui à son tour réduit nos potentialités de réussir comme dans un cercle vicieux. Ainsi se développent en nous ce « devoir de réussir ».
Particulièrement dans le monde d’aujourd’hui celui qui n’a pas de réussite rencontrera des obstacles de toutes sortes. Les medias et la publicité nous conditionnent de manière subtile chaque instant de réussir. Durant notre scolarité, nous avons rencontré cette compétition pour être le premier de classe. Plus tard dans les études supérieures, l’accès à celles-ci était conditionnée par un concours d’entrée, comme par exemple « Seuls les 25 meilleurs seront admis ». Souvent, il en va de même pour une place dans le monde du travail. Les cas de figure seraient nombreux et chacun a sûrement vécu à un moment ou à un autre dans sa vie une situation similaire.
Cela ne veut pas dire qu’il faut refreiner sa motivation et sa détermination de réussir. La réussite en soi est constructive et bienfaisante. Mais c’est l’attachement à la réussite qui mène à toutes sortes de perturbations telles que la culpabilité, la perte de l’estime de soi et la perte de confiance.
Dans les pires des cas l’attachement à la réussite peut même mener à la dépression. Certains font des « sacrifices déraisonnables » pour réussir une carrière, mettant en péril leur santé physique et psychique en prenant des drogues. Certaines personnes vont jusqu’à mal agir envers et contre tous pour réussir coûte que coûte créant des souffrances pour eux-mêmes et leur entourage et la perte de la paix intérieure si importante au bonheur.
Nous avons l’habitude d’attribuer notre manque de réussite à des causes extérieures, en ne prenant en considération que les effets immédiats et manifestes auxquels nous attribuons toute la responsabilité. C’est une mauvaise interprétation de la réalité. Ce sont là des causes circonstancielles qui viennent faire mûrir les causes substantielles que sont les graines karmiques présentes sur notre esprit. Par conséquent l’attachement à la réussite n’est simplement qu’un état d’esprit qui observe de manière partiale et subjective qu’une seule partie de l’expérience tout en ignorant la partie karmique de celle-ci.
Comment pouvons-nous alors objectivement éviter le piège de l’attachement à la réussite? Tout d’abord en acceptant, quelle que soit la dureté de l’expérience, que celle-ci est l’effet karmique de causes multiples provenant de nos vies antérieures. Puis de prendre en compte tous les aspects manifestes de l’expérience et de rechercher les moyens constructifs d’action qui nous permettrons d’éviter une expérience similaire dans le futur et en s’acceptant tel que l’on est au lieu de souffrir de ne pas être ce que l’on voudrait être.