Apprendre à accepter la souffrance

La souffrance est un état d’esprit, qui survient le plus souvent lorsque notre ignorance de saisie du soi, croit qu’il y a vraiment là en ce moment quelque chose ou une situation à l’extérieur de nous et qui nous fait souffrir. Notre esprit éprouve de l’aversion, de la colère ou une simple frustration face à une situation contrariante. C’est un état d’échec inavouable face à une situation non voulue.

Pour accepter la souffrance, nous devons trouver une façon réaliste de négocier avec de telles situations. Comme déjà mentionné par ailleurs, nous avons dans chaque situation deux possibilités. Une solution simple, immédiate et disponible et le problème est ainsi résolu sans complication supplémentaire. Soit aucune solution simple et immédiate n’est disponible et nous devons rechercher la meilleure stratégie pour nous défaire de cette situation inconfortable. Dans ce dernier cas, la colère, l’aversion, la frustration sont autant de souffrances supplémentaires que nous pouvons éviter.

Pour être à même de surmonter cette souffrance le premier pas est d’accepter que les choses ou les événements se soient passés différemment que prévu. Cela fait certes grincer les dents et nous fait bouillir intérieurement, mais c’est une étape nécessaire. Dans un cas aigu et critique il sera peut-être sage de faire appel à un médecin qui soulagera les conséquences physiques d’une telle situation.

Alors finalement comment accepter ce qui nous paraît inacceptable? De manière générale toute méthode envisagée est basée sur le fait que nous avons le choix de notre état d’esprit de répondre de manière constructive à la situation vécue. Prenez du recul dans votre esprit face aux événements et observez ce qui s’y passe. La « réponse » courante aux sensations désagréables à l’esprit est la colère. Le terme clé dans ce cas précis est le mot « réponse ». En fait nous ne devons pas répondre aux sensations désagréables de l’esprit par la colère. Essayons juste d’observer ces sensations désagréables.

Par cette expérience, nous pouvons nous rendre compte que les sensations désagréables proviennent de notre esprit et non pas d’un objet externe ou une situation extérieure. Cela nous aide à comprendre la nature de l’esprit. Nous devons mettre de la distance entre nous-mêmes et les sensations. Tant que nous nous identifions à nos sensations désagréables nous nous y attachons en leur donnant plus de pouvoir sur nous. Le fait de minimiser ou pire encore d’ignorer la présence de la sensation désagréable ne résout rien non plus. Par analogie, ce serait de dire à un enfant blessé « ce n’est rien » en tentant de lui apprendre la tolérance zéro par rapport à sa douleur!

Nous exagérons souvent notre propre inconfort, mais d’une perspective universelle ce n’est pas si catastrophique, mais nous y répondons comme si tel était le cas. On  peut vouloir affronter la « tempête » mais à ses risques et périls. Mieux vaut peut-être la laisser passer en restant au large.

Utiliser la situation de souffrance pour améliorer notre compréhension de la loi du karma. La loi du karma est un cas particulier de la loi de cause à effet, qui démontre notamment que toutes nos actions sont des causes et que toutes nos expériences en sont les effets. Il n’y a rien que nous puissions éprouver sans que nous n’en n’ayons créé la cause. Ainsi, lorsque nous souffrons dans une situation précise, cela est dû à la maturation de notre karma négatif, effet produit par nos actions non-vertueuses passées. Dans ce cas nous augmentons notre détermination d’abandonner toute action non-vertueuse ainsi que notre motivation de purifier tout karma négatif similaire à cette expérience. Car cela revient à avoir une bombe à retardement dans son dos et on ne sait jamais à quel moment elle va exploser.

Observez les sensations désagréables de la souffrance elles-mêmes comme une purification karmique : en éprouvant les effets et en purifiant les graines responsables de la situation. Nous pouvons par analogie voir cela comme le remboursement d’une très ancienne dette. Nous devons chercher à utiliser toute situation pour augmenter notre souhait d’échapper à la souffrance. D’une perspective bouddhiste nous sommes tous piégés dans le samsara et aussi longtemps que nous y resterons nous seront confrontés à la souffrance. C’est en nous libérant complétement du samsara que nous trouverons le vrai bonheur.